Allemagne, Energiewende : l' échec, jusqu'au bout de la nuit européenne

  "La liberté d'opinion est une farce si l'information sur les faits n'est pas garantie et si ce ne sont pas les faits eux-mêmes qui font l'objet du débat. "
   Hannah Arendt, 1906-1975 
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L’ EnergieWende allemande : un échec total !

Marc Deffrennes et Samuele Furfari1
   La Commission européenne a publié ce 18 mai 2022 une mise à jour de son plan REPowerEU afin de répondre à la crise énergétique en cours depuis octobre 2021. Se retrancher derrière la guerre en Ukraine pour expliquer l’envolée des prix de l’énergie n’est pas élégant. Les causes sont bien plus profondes et étaient attendues depuis des années.
Une politique énergétique équilibrée doit reposer sur trois piliers :
  • La sécurité de l’approvisionnement.
  • Une saine économie.
  • La protection de l’environnement.

  Cet équilibre est au cœur des actions de weCARE et la Société Européenne des Ingénieurs et Industriels [SEII ; à pour "mission de promouvoir le rôle primordial des ingénieurs dans le développement durable d’une « société de la connaissance » ".], à savoir : promouvoir un mix énergétique fiable, abordable et propre pour la durabilité sociétale. Cela va bien au-delà du dogme vert qui pollue le débat européen sur l’énergie depuis deux décennies, l’Allemagne tenant haut le drapeau vert.
  Rappelons que c’est la chancelière Angela Merkel qui a imposé l’ EnergieWende, un terme qui signifie retournement énergétique, et traduit par la Commission européenne par transition énergétique, un terme d’apparence plus paisible.
  En 2005, elle avait demandé une road map à José Manuel Barroso, président de la Commission européenne à l’époque, pour que l’Union européenne, UE, mette en œuvre elle aussi l’EnergieWende. Après le succès de la réunification avec les pays d’Europe centrale et orientale, Barroso avait lui-même besoin d’une feuille de route pour donner du sens à sa Commission. Il s’est donc exécuté en pensant que cela serait une opportunité pour donner un nouveau dynamisme au fédéralisme européen. De là découlent presque toutes les politiques et mesures de l’UE en matière d’énergie.

Où en est l’Allemagne, et l’UE, aujourd’hui ?
  En ce qui concerne le pilier environnement, propre, la combinaison de deux décennies de promotion et de subvention des sources d’énergie renouvelables intermittentes, avec l’élimination progressive du nucléaire, n’a pas conduit à une réduction des émissions de CO2 proportionnelle à l’effort financier consenti. En effet, la ruée vers les énergies renouvelables a entraîné la ruée inévitable vers le gaz passant de 60 à 94 TWh en vingt années. Échec !
  Sur le pilier économique, abordable, les citoyens allemands ont payé 500 milliards d’euros sur 20 ans en subventions pour les sources d’énergie renouvelable. C’est en moyenne 1000 euros par famille et par an. En outre, dans le marché européen de l’électricité, le prix de l’électricité étant fixé par le dernier kilowattheure produit pour satisfaire la demande, c’est le prix du gaz — remplaçant le nucléaire en Allemagne, et bientôt en Belgique, qui fixe le prix de l’électricité. Nous voyons aujourd’hui avec consternation les souffrances sociétales où cette politique a conduit, non seulement pour les citoyens allemands, mais aussi pour ceux d’autres États membres. Le cas de la France est exemplaire : les citoyens doivent payer leur électricité plus que ce qui aurait été le cas si les coûts du nucléaire avaient fixé le prix de l’électricité en France. Échec !
  Sur le pilier de la sécurité d’approvisionnement, fiable, le manque de vision et d’anticipation géopolitique de l’Allemagne, poursuivant ses propres intérêts, gazoducs Nord Stream 1 et 2, et construisant sa politique énergétique sur les mythes verts et le gaz russe, a amené le continent européen vers une crise majeure, dont toutes les conséquences restent à anticiper. Échec !
  En conclusion, par sa non-durabilité sociétale, l’échec de l’ EnergieWende allemande est total. La politique verte à l’allemande n’est pas durable. C’est maintenant prouvé.
  Malheureusement, cela ne semble même pas soulever des questionnements dans l’esprit des dirigeants politiques allemands… ni d’ailleurs à la Commission européenne.
  En effet, la communication REPowerEU du 18 mai ne mentionne pas une fois la contribution importante nécessaire que l’énergie nucléaire, qui produit un quart de l’électricité de l’UE, doit jouer dans le mix énergétique bas carbone actuel, mais aussi à moyen et long terme… La Commission propose même de renforcer la politique type EnergieWende de promotion de l’hydrogène que l’Allemagne s’apprêtait à importer… de Russie par les gazoducs Nord Stream, Gazprom se vantant d’avoir mis au point un projet de pyrolyse qui permettrait de laisser le carbone en Russie et de vendre du gaz vert aux Allemands.
  On aurait espéré que la Commission européenne allait se ressaisir en observant l’échec de sa stratégie comme le révèle la crise actuelle. On aurait attendu qu’elle prenne ses distances une fois pour toutes de l’échec de l’ EnergieWende verte et ose réformer l’ensemble du système électrique dans le but de le rendre sociétalement durable. L’électricité est un bien commun qui doit être géré sous le contrôle étroit des pouvoirs publics, responsable du bien-être des citoyens. Tout en reflétant de manière transparente tous les coûts du système, les prix doivent être maîtrisés en optimisant le mix énergétique… dans lequel l’énergie nucléaire doit rester une part importante.
  Si l’UE n’est pas en mesure de s’attaquer en profondeur au problème, des États membres développeront des approches nationales, ce qui entraînera un nouveau risque pour la cohésion de l’Union.

 

Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission Européenne. Alexandros Shutterstock.com


1. Hauts fonctionnaires retraités de la Commission européenne, Direction générale de l’énergie,
Ingénieurs, Responsables respectivement de weCARE et de la SEII. 

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