ÉTATS-UNIS D'AMÉRIQUE : LA RÉSISTANCE RURALE À L'ESSOR ÉOLIEN EST BIEN ACTIVE

  " Se réunir est un début ; rester ensemble est un progrès ; travailler ensemble est la réussite. "
  Henry Ford, I863-I947, industriel

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Le comté de l' Ohio met son véto à un projet éolien, démontrant qu'il est grand temps de mettre fin aux subventions fédérales pour cette filière

Real Clear Energy
Robert Bryce
2022 05 19

  Les Américains des zones rurales continuent de rejeter les projets éoliens. Le 5 mai, les commissaires du comté de Crawford, dans l'Ohio, ont voté à 2 contre 1 en faveur d'une mesure interdisant la construction de projets éoliens dans le comté. Cette mesure met un terme à un projet de 300 mégawatts promu par Apex Clean Energy, appelé Honey Creek Wind.
  Le vote du comté de Crawford est important pour plusieurs raisons. Tout d'abord, il fournit un nouvel exemple de la réaction des zones rurales américaines face à l'empiètement des éoliennes géantes sur le paysage, et ces refus s'accumulent. Le vote dans le comté de Crawford est la 330e fois que des entités gouvernementales, du Maine à Hawaï, rejettent ou restreignent des projets éoliens depuis 2015 : les détails de ces rejets peuvent être trouvés dans la base de données des rejets des énergies renouvelables.
  Le vote du comté de Crawford est également important parce qu'il se produit au moment même où l'administration Biden et les promoteurs des énergies renouvelables dans le milieu universitaire font pression pour une énième prolongation du crédit d'impôt sur la production [PTC], la subvention fédérale qui est le principal moteur du secteur éolien. Le PTC, qui a expiré au début de cette année, est la disposition la plus coûteuse du code fédéral des impôts en matière d'énergie. Entre 2020 et 2029, le PTC coûtera quelque 34 milliards de dollars au Trésor fédéral. Les grandes entreprises de services publics comme NextEra Energy et MidAmerican Energy, qui perçoivent des centaines de millions de dollars en crédits d'impôt, veulent encore plus de recettes fiscales fédérales.
  Le Congrès ne devrait pas le leur accorder. Les universitaires, les activistes climatiques et les politiciens ne se lassent pas de clamer que les énergies renouvelables dépendantes des conditions météorologiques sont les formes de production d'énergie les moins chères. Mais si l'éolien est si bon marché, alors l'industrie n'a sûrement pas besoin du PTC, une subvention qui a déjà été prolongée 13 fois.
  L'administration Biden veut poursuivre les cadeaux. Le 10 mai, le président Joe Biden a prononcé un discours sur l'inflation au cours duquel il a déclaré que " pour réduire notre dépendance à l'égard du pétrole étranger et des autocrates imprudents comme Poutine, je travaille avec le Congrès pour faire passer des investissements historiques afin d'aider à construire un avenir énergétique propre ", notamment " des crédits d'impôt pour les entreprises qui produisent des énergies renouvelables. " Mais davantage de crédits d'impôt pour l'éolien et les autres énergies renouvelables ne feront rien pour réduire nos besoins en pétrole.
  Le secteur de l'éolien - qui est en pleine crise en raison de la flambée des prix des matières premières et de l'incertitude réglementaire - souhaite désespérément une prolongation du PTC, qui verse aux producteurs jusqu'à 25 dollars [aujourd’hui = un peu plus de 23€] par mWh pour l'électricité qu'ils produisent. Mais l'octroi de nouvelles subventions ne fera qu'alimenter les batailles d'aménagement du territoire dans l'Amérique rurale et incitera davantage les géants des services publics comme NextEra Energy et Mid-American Energy à poursuivre leur accaparement des terres dans les villes et comtés ruraux.
  En fait, ces sociétés ont à plusieurs reprises poursuivi les gouvernements ruraux dans leurs efforts pour détruire les paysages ruraux avec des éoliennes. Par exemple, NextEra a poursuivi la ville de Hinton, en Oklahoma, devant les tribunaux de l'État et fédéraux, après que cette ville de 3 200 habitants ait adopté une ordonnance qualifiant les éoliennes de nuisance et limitant leur construction. NextEra a même poursuivi une Canadienne, Esther Wrightman, pour avoir appelé la société " NextError " sur Internet.
  MidAmerican, filiale de Berkshire Hathaway, a poursuivi le comté de Madison, dans l'Iowa, province célèbre pour ses ponts couverts en bois, pour le forcer à accepter des éoliennes dont les électeurs du comté ne voulaient pas. Dans ce litige, MidAmerican a effectivement intimidé un superviseur du comté pour qu'il change d'avis sur les éoliennes. En l'emportant dans ce litige, la société a obtenu le droit d'ajouter 30 turbines supplémentaires dans le comté, pour lesquelles elle pourrait percevoir environ 81 millions de dollars en crédits d'impôt : dans un courriel qui m'a été adressé, MidAmerican a affirmé qu'elle ne cherchait pas à intimider les fonctionnaires du comté.
  La réaction contre l'industrie éolienne met également en évidence le clivage social croissant sur le changement climatique et sur ce que chaque Américain devra faire pour le ralentir. Ces combats opposent les rouges aux bleus, les ruraux aux urbains, les grandes entreprises aux petites villes américaines. Les gouvernements locaux et les propriétaires terriens rejettent les projets éoliens en raison de leurs préoccupations concernant la baisse de la valeur des propriétés, la destruction des panoramas et la perte potentielle de revenus touristiques. Ils s'inquiètent également, à juste titre, de la pollution sonore qui perturbe le sommeil et qui est émise par des éoliennes de 600 à 700 pieds de haut.
  Pour contrer le " Big Wind ", les autorités locales imposent des limites de bruit et de hauteur aux éoliennes, établissent des zones de retrait et demandent même des permis pour construire des héliports, ce qui empêcherait la construction d'éoliennes dans un rayon d'un mile [~1.609km] autour des aires d'atterrissage. Ils se battent également contre bon nombre de ces mêmes entreprises pour les projets solaires. Tout comme l'énergie éolienne, les grands projets solaires sont également rejetés, notamment, selon NBC News, plus de 40 rejets à travers les États-Unis depuis le début de l'année 2021.
  Il est certain que ce retour de bâton ne correspond pas au discours véhiculé par les plus grands médias du pays, notamment la National Public Radio, le New York Times et le Washington Post. Il convient également de noter que le New York Times n'a jamais fait état de la réaction hostile aux énergies renouvelables dans l'État. C'est extraordinaire! ; pourtant, la rédaction ne peut ignorer que, l'année dernière, devant l'impopularité grandissante dans le nord de l' État de New York des projets solaires et éoliens, l'État a fait adopter des réglementations qui donneront aux fonctionnaires d'Albany le pouvoir de passer outre les objections des communautés locales et de délivrer des permis pour les grands projets d'énergie renouvelable.
  La conclusion qui s'impose est que les conflits fonciers, de plus en plus nombreux, rapport au secteur de l'éolien, prouvent que les affirmations des activistes climatiques selon lesquelles nous pourrions faire fonctionner notre économie uniquement grâce à l'énergie éolienne et solaire sont absurdes, et ce, pour de nombreuses raisons ; mais la plus évidente étant qu'il n'y aura jamais assez de terres pour accueillir le nombre impressionnant de turbines et de panneaux solaires qui seraient indispensables pour valider un tel scénario. Surtout qu'il se confirme, que les américains des zones rurales — comme les comtés de Crawford et d' Otoe, au Nebraska, qui ont adopté le mois dernier un moratoire d'un an sur les projets éoliens — rejettent les projets d'énergie renouvelable et disent aux promoteurs de placer leurs turbines là où le vent ne souffle pas.
  L'industrie éolienne n'a pas besoin de l'argent de nos impôts fédéraux. Elle devrait plutôt être obligée de se débrouiller seule. Comme je le montre dans le graphique ci-devant, qui est basé sur des données du Congressional Research Service de 2018, l'industrie éolienne obtient environ 158 fois plus de crédits d'impôt que l'industrie nucléaire et environ 44 fois plus que le secteur des hydrocarbures, à quantité d'énergie produite équivalente.
  Le comté de Crawford et des centaines d'autres communautés rurales à travers l'Amérique ont opposé leur veto à l'énergie éolienne. Le Congrès devrait faire de même lorsqu'il s'agit d'augmenter les subventions à l'industrie éolienne.

 

 

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