L' AGONIE D'UNE ARMÉE, METZ I870, JOURNAL DE GUERRE D'UN PORTE-ÉTENDARD DE L' ARMÉE DU RHIN, ÉPISODE III

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  Après le repas on passa la nuit à causer des évènements, puis, de bon matin, on se rendit au bivouac; nos cuirassiers s'étaient bien reposés, par une nuit superbe, couchés à terre, enveloppés dans leurs grands manteaux gris. La conscience en repos, sachant que nos cavaliers et leurs montures étaient pourvus, nous nous dirigeâmes vers l'hôtel pour déjeuner. On fit honneur au menu avec cet appétit et cet entrain si naturel à la jeunesse en bonne santé.
   Tout à coup, le repas fut interrompu par le son joyeux et entraînant d'une musique militaire qui se rapprochait; nous nous précipitions aux fenêtres, et nous assistons, comme à une revue, au défilé d'un régiment d'infanterie, magnifique d' attitude, en tenue de campagne : " Vive la ligne ! Bravo les camarades ! Vive la ligne ! " puis la riposte nourrie : " Vivent les cuirassiers ! Vivent les gros frères ! "
   Toutes ces acclamations se croisant en quelques secondes firent sourire le colonel, homme d'un certain âge, la poitrine couverte de décorations, le visage empreint de cette énergie que l'on aime à voir chez un chef; il se tenait bien en selle d' ailleurs, sur son arabe bai foncé.
   En passant devant nous, il salua du sabre, gravement, ainsi qu'il convient à un chef en tête de son unité.
   Pendant que le régiment défile, des camarades de promotion se reconnaissent, on s'interpelle, on prononce des noms; les vivats se continuent jusqu'au dernier rang de quatre : " Rendez-vous en Prusse ! ", — " à Berlin ! " Quels bons moments ! Comme tout cela vous empoigne ! Les visages reflètent ce que l'âme ressent; combien tout le décousu de ces exclamations nous exaltait ! nous étions tous radieux. Le souvenir ne vieillit pas; on dirait, à ce que j'éprouve en écrivant, que tout cela vient de se passer il y a quelques instants.
   Au début de la guerre la confiance ne pouvait ne point paraître entière, absolue; il n'aurait pas fait bon qu'un intrus eût osé pressentir nos futurs revers; mais cela ne pouvait germer dans l'idée d'aucun de nous. On insinuait bien que la lenteur de la mobilisation pouvait compromettre le plan de campagne, en partie connu dans ses grandes lignes9. On savait que l' Empereur avait recommandé la plus grande célérité pour tâcher de franchir le Rhin et détacher de l' Allemagne du Nord l' Allemagne du Sud, qui se trouvait, dit-on, entraînée malgré elle dans cette guerre.
 
24 juillet.
  Le 24 juillet, je suis nommé porte-étendard en remplacement de mon ami Reboul entré à l’hôpital et évacué sur le dépôt. Cette nomination emplit mon âme de fierté. Quel honneur peut être comparé à la confiance dont je viens d' être l' objet de la part de mes chefs ? Quel est le soldat qui ne se sentirait pas ému à la pensée de tenir haut et ferme le drapeau du régiment pendant les batailles ? Quand mon colonel me fit appeler et me présenta notre étendard, j'embrassai l'aigle, j'embrassai cet emblème sacré de la patrie et je jurai de le défendre jusqu'à la mort; j'étais ému et reconnaissant d'une telle faveur à la veille de la guerre.["... En janvier I8I2, l’Empereur prescrit la confection de nouveaux étendards, à renouveler tous les trois ans, demandant à ce que l’étoffe choisie soit d’une double soie bien serrée et brodée avec soin. (... ) En réponse, le comte de Cessac,[Jean Girard Lacuée, I752-I84I; le nom de Lacuée est inscrit sur la I8e colonne, pilier Est, de l'Arc de triomphe de l’Étoile] ministre de l’administration de la Guerre consulte le premier peintre de l’Empire, Jacques-Louis David, (...) Sur les étendards eux-mêmes, David recommande une forme « à la romaine », trapèze d’étoffe monté sur une barre transversale, pour une raison toute simple, que nous livre l’œil exercé du peintre, sensible au mouvement : « Le drapeau des Romains (…) a le grand avantage d’être toujours déployé et par conséquent visible à chaque instant. Le pavillon de l’aigle actuelle de nos régiments ne peut au contraire être déployé que par l’action du vent. L’art du mouvement, cher à l’artiste, transparaît également dans son analyse du drapeau de la cavalerie : « [L’actuel] est je pense le meilleur que l’on puisse lui donner, parce que l’action du cheval produisant un déplacement continuel dans l’air, le pavillon s’en trouve toujours déployé sans le secours du vent. », ... "; sur le Web]

Études autour des projets d’étendards de l’armée, J.-L. David : porte-drapeau de cavalerie © Archives nationales
 
  La ville est encombrée de troupes qui arrivent et se succèdent sans interruption : cavalerie, infanterie, artillerie, génie, ambulances, équipages de ponts; tambours, trompettes, musiciens font un vacarme assourdissant.
  Je ne saurais dépeindre l'enthousiasme contagieux qui s'était emparé de tous; jamais armée n'a été plus confiante et plus certaine de marcher à la victoire. Il fallait voir défiler ces belles tropes martiales, alignées comme à la parade, malgré la charge du sac et la fatigue provoquée par la grande chaleur.
  Dans la soirée nous apprenons que toutes les fractions de la division Forton sont arrivées.
  On attend plus que nos généraux.
 
26 juillet.
  Nos grands chefs sont annoncés pour 5 heures du soir, en gare de Pont-à-Mousson. Les officiers qui ne sont pas retenus par le service ont ordre d'aller les recevoir. 
 On était un peu intrigué, beaucoup d'officiers de la division ne connaissant pas nos trois généraux10. Le train arrive sans retard, à l'heure fixée, amenant un grand nombre d' officiers de l' état-major.
  Nous étions heureux, nous, les cuirassiers, de conserver à la tête de notre brigade le général de Gramont qui nous commandait à Chartres depuis trois ans.
  Nous avions pour chef d'état-major de la division, le colonel Durand de Villiers [Jean Jacques Paul, I8I4-I886; chef d'état-major du génie; commandant de l'École polytechnique : I873-I876], officier supérieur on ne peut plus aimable et bienveillant, toujours préoccupé du bien-être du soldat; mes relations de service presque journalières avec ce chef actif m'ont permis de l'apprécier; sa ferme bonté était inépuisable.
  Notre divisionnaire descendit du train un des premiers. Petit, âgé, sans vivacité apparente : ce n'est pas ce que nous attendions chez un chef de cavalerie; aussi notre première impression fut-elle franchement défavorable. Elle se précisa entre nous dans la soirée; chez presque tous les officiers de la division l'opinion fut la même; instinctivement nous sentions que ce n'était pas le chef rêvé. Nous connaissions tant de généraux vigoureux et énergiques laissés à l'écart.
  Cependant, notre nouveau chef nous tint un petit discours où vibraient quelques chaudes paroles, puis il nous serra les mains; tout cela fit assez bon effet. Le commentaires allaient bon train ! : néanmoins, nous disions-nous, il faut attendre et voir le général à la tête de la division; ne nous pressons pas de le juger.
  La chose était grave, car du général qui arrivait là, pouvait dépendre notre avenir, notre vie et la gloire de nos régiments.
  Après le général de Forton, vint le général de Gramont. Il sauta à terre avec une vivacité qui contrastait singulièrement avec celle de notre divisionnaire. Le prince Murat, ancien colonel des guides, distingué, grand, svelte, imposait par sa haute mine et son maintien dignes de son illustre aïeul.
  Le prince serra les mains qui se tendirent vers lui; me tenant à l'arrière-plan, je n'eus pas cette faveur. Jadis, je m'étais trouvé souvent avec lui pendant mes fréquentes promenades, avec les frères de Cools et le comte Friant, soit au Bois de Boulogne, soit aux chasses à tir et à courre à Fontainebleau ou à Compiègne. Il se montrait parfois familier, me questionnant souvent sur l'équitation et les chevaux, qu'il aimait passionnément. Il me fixa du regard, et j'avouerai que j'eus une petite désillusion en me sentant trop infime pour qu'il fit attention à moi.
 
 
Durand de Villers, colonel, I860, puis général de brigade : I869. Sur le Web.

  La division étant réunie dans la plaine,on ordonna une nouvelle réinstallation des bivouacs. Une vie nouvelle commence pour nous; les officiers s'organisent en " popote " et doivent coucher sous la tente; il était interdit d'aller en ville sans autorisation.
  Cette existence, par un temps superbe, était très attrayante, elle faisait diversion à la vie monotone de garnison. La nuit, nous couchons sur notre peau de mouton, enveloppés dans notre grand manteau d'uniforme, le siège de notre selle servant d'oreiller. Notre sommeil était souvent interrompu par les chevaux échappés qui, ayant cassé leurs entraves, trébuchaient dans les cordeaux de tente, abattant celle-ci sur le corps du dormeur.
  Au réveil, notre première préoccupation était de nous informer si des ordres de mouvement étaient arrivés. Depuis cinq jours que nous étions débarqués, le travail journalier reprenait son cours habituel comme à la garnison : pansage, promenade de chevaux, etc... Ce n'est pas ce que nous attendions. On se questionnait sur cette inaction; était-ce bien là le rôle d'une cavalerie en campagne, à proximité de l'ennemi ? Ni raid d'officiers, ni service d' exploration, ni grande garde, rien ?   L'impatience commençait à gagner nos chefs dans chaque régiment. Quand un echo de celle-ci arrivait aux oreilles de notre divisionnaire, il répondait que " le service d'avant-garde était sans doute fait par la cavalerie légère des autres divisions "  et " qu'il n'avait pas d'ordre11. "

27juillet.
  La journée du 27 fut bien pénible pour moi; si j'entre dans quelques détails c'est pour que le lecteur puisse nous suivre chaque jour jusqu'à la fin, comme s'il assistait aux opérations qui vont se dérouler.
  Appelé par mes nouvelles fonctions chez le colonel De Villiers, il me donna les bons pour aller toucher au magasin central de Metz les objets qui manquaient à Chartres au moment de notre départ. Puis, cet excellent chef me remit un deuxième ordre avec des ménagements inaccoutumés dans le service militaire : cette attitude m'impressionna, il s'agissait d'aller prendre l' étendard chez le colonel Nitot et de le déposer à l'arsenal de Metz contre un reçu.
  Mon colonel me dit que cet ordre lui paraissait extraordinaire, qu' " il est pénible pour un régiment de se séparer de son drapeau ", mais l'ordre était formel, il fallait obéir.
  Quelle déception pour moi ! La deuxième fois que je touchais à l'étendard, c'était pour m'en séparer ! Il fallait donc renoncer au légitime orgueil de le porter dans les combats... J'en fus très affecté... Était-ce un pressentiment ? Hélas ! notre étendard, comme tant d'autres drapeaux, ne devait plus sortir de l'arsenal que pour être livré à l'ennemi, au jour douloureux de la capitulation.
  Décidément, mes débuts n'étaient pas couronnés de succès ! En arrivant au magasin central du campement, je fus reçu par M. Joba, sous-intendant, [Joseph Ernest, I836-I900; capitaine] que j'avais connu aux cuirassiers de la garde, quand il faisait son stage de lieutenant d' état-major, en même temps  que le lieutenant de Boisdeffre; [Raoul Le Mouton, de, I839-19I9; "... C'est à son initiative que les bicyclettes sont introduites dans l'armée. Il est impliqué dans l’affaire Dreyfus, en tant que chef d'État-Major et cité dans le J'accuse…! de Zola. À la découverte du « faux Henry », il démissionne le 2 septembre I898, en raison du scandale provoqué et se retire de la vie publique., ... "; sur le Web] il me dit, que " tout le stock avait été épuisé les jours précédents ". Puis il me donna une lettre pour assurer notre colonel de l'impossibilité où il se trouvait de faire quoi que ce soit pour le régiment; qu'il ne lui restait plus que du drap de troupe12. Que faire ? Je n'avais plus qu'à rentrer les mains vides avec mon détachement et mes fourgons.
  
 
  Le général de Boisdeffre, alors chef d'état-major général, défendant l'honneur de l'armée, caricaturé par Charles Léandre lors de l'affaire Dreyfus, dans Le Rire, I7 septembre I898.
 
  On pouvait supposer que la lenteur en toutes choses étaient érigée en principe; je ne pus m'empêcher de songer que si notre divisionnaire qui devait signer ces bons était arrivé plus tôt, on aurait pu toucher ce qui nous manquait pour notre installation au bivouac, car, quarante-huit heures avant, le magasin était encore suffisamment approvisionné, si j'en crois les renseignements entendus de la bouche du sous-lieutenant Joba.
  Ce résultat négatif causa une grande surprise à nos chefs. Qui pouvait supposer une telle pénurie au début d'une entrée en campagne ? Un régiment ne peut se passer longtemps de ses ustensiles; ceux emportés de Chartres étaient en mauvais état et incomplets.
  Nous voici donc, dès le début, obligés de reconnaître que les bruits propagés par les journaux n'étaient pas exagérés et qu'ils étaient même, hélas ! au-dessous de la réalité.
  Pour tâcher de parer à notre dénuement, je proposai à notre colonel de recourir aux industriels de la ville et des villages environnants pour faire confectionner piquets ferrés, cordes, entraves, bidons, marmites, etc.
  Ma proposition fut agréée, et mon colonel mit à ma disposition le personnel d'ouvriers et d'hommes nécessaires. Je me mis à l'œuvre, secondé par le chef armurier; nous rencontrâmes une première difficulté par suite du manque d'ouvriers spéciaux incorporés dans les réserves, puis une seconde qui était de trouver du métal pour les gamelles et autres objets. Les ouvriers travaillèrent nuit et jour, chacun dans sa spécialité rivalisant de patriotisme; je pus, quelques jours après, réunir notre matériel au complet, au grand étonnement de notre intendant, M. Birouste. [ Fernand, Jean, Maximilien, César, I826-I907; Contrôleur général de Ière classe; Saint-Cyr : " Promotion "de Djemmah", 28e promotion : I844-I846; Ce nom évoque l’action, en 1845, de la colonne du lieutenant-colonel Lucien, François de Montagnac, composée du 8e bataillon de chasseurs à pied et d’un escadron du 2e régiment de hussards. Partie de Djemmah-Ghazaouet, Nemours, à la recherche d’Abdel-Kader, elle est détruite au cours d’une série d’engagements dont le combat de Sidi Brahim., ... "; source] Je me présentai dans ses bureaux pour la régulation des mandats, afin de solder le matériel. Il parut un peu vexé de ce procédé, " car, disait-il, ceci m'incombait directement ". Il avait auparavant répondu au colonel qu'il était impossible de procéder ainsi; que la tentative serait inutile13.
  
28 juillet.
  Nous restons toujours les bras croisés. Dans la matinée de ce jour, nous avons été vivement impressionnés par la vue d'un détachement de cinq à six cents réservistes, conduit par deux capitaines d'infanterie et quelques officiers. Ces hommes allaient, débraillés, sans aucune allure militaire, marchant à la débandade. Les pauvres diables étaient exténués de fatigue et de faim ainsi que leurs officiers d' ailleurs, par suite de leurs marches et contre-marches à la recherche des régiments qui devaient les recevoir et qu'ils ne trouvaient pas aux emplacements désignés.
  Ces réservistes avaient l'air d'un troupeau sans cohésion; ils tenaient sur leurs bras leur capote ou leur tunique, le col de leur chemise était déboutonné, ils essuyaient la sueur ruisselant sur leur front14.
  C'était un début peu encourageant pour des soldats arrachés depuis peu de temps à leur famille; nous entendîmes leurs plaintes, elles étaient justifiées. Les pauvres gens manquaient de tout. Nous leur remontâmes le moral par quelques conseils; ils nous répondirent que la fatigue n'était rien pour eux, mais ce qui les exaspérait, c'est qu'avec de l'argent, ils se voyaient refuser des vivres par les paysans qui les cachaient à leur approche; qu' ils en avaient eu la preuve, etc.
  Que faire ? Ils suivaient leurs chefs qui devaient avoir recours aux réquisitions pour les faire vivre, mais les municipalités affirmaient que, par suite du passage des troupes, toutes les provisions étaient épuisées; qu'elles ne pouvaient faire droit à ces espèces de sommation malgré l' urgence évidente. Alors ces réservistes entraient dans les maisons, se livraient parfois à des perquisitions et prenaient de force ce qu'on leur refusait, s"accoutument au désordre et au pillage. 
  Ces détails nous furent racontés par leurs officiers. Que penser de tout cela avant que le premier coup de fusil ait été tiré ?

29 juillet.
   Le 29 juillet j'eus le plaisir de revoir mon ancien régiment des cuirassiers de la garde, mes anciens chefs et mes anciens camarades. Nous parlâmes du bon vieux temps, quand la cour était à Compiègne, pendant le séjour du " petit prince ", comme nous appelions alors le fils de l' Empereur. On aimait à le voir, chaque jour, venir au manège de cavalerie prendre sa leçon d' équitation avec son écuyer, M. Bachon. 
  Que l'on me pardonne cette digression, j'aime à me rappeler ce passé et j'en parle parce que le passage de l' Empereur et du prince impérial est annoncé. Je revois encore le bataillon de grenadiers de service de garde présentant les armes, et les tambours battant " aux champs ". Le prince faisait le salut militaire pour répondre au notre et nous tendait sa petite main que nous serrions avec émotion; ceci se passait en I863 et 64, pendant l'été et la belle saison.
  Pauvre petit prince ! pauvre enfant destiné à mourir si jeune, exilé, loin de sa patrie ! [Napoléon Eugène Louis Jean Joseph Bonaparte, prince impérial, I856-I879; "...  En février I879, à 23 ans, il annonce à sa mère qu’il a demandé à accompagner les troupes anglaises envoyées au Zoulouland, alors colonie de l’empire britannique en proie à une révolte des autochtones ; la reine Victoria accepte et le prince est intégré dans une unité d’éclaireurs. (...) Le Ier juin I879, lors d’une halte, sa patrouille est prise en embuscade par des zoulous qui abattent deux soldats et mettent en fuite le reste de son unité. Le prince tente de la suivre mais la selle qu’il utilise, celle de son père à Sedan, cède et il chute. Il tente de se défendre armé d’un pistolet mais il est alors transpercé de dix-sept coups de sagaie. Déshabillé et désarmé, son corps est laissé intact, ainsi que ses bijoux : les zoulous ont reconnu en lui un guerrier valeureux. La mort du Prince impérial, Napoléon IV, mort en quête d’honorer la mémoire de Napoléon Ier et de son père Napoléon III, soulève un immense mouvement de sympathie. Sa dépouille, rapatriée en Grande-Bretagne, est inhumée à Chislehurst puis auprès de celle de Napoléon III, à l’abbaye Saint-Michel de Farnborough qu’Eugénie a fait construire pour recueillir les dépouilles de son époux et son fils. "; sur le Web]  



Le Prince impérial montant son poney favori. (C) RMN-Grand Palais, domaine de Compiègne / Michèle Bello 
  "... Le Prince impérial fut formé à l'art équestre par un fidèle de l'Empereur, Auguste Bachon, qui devint rapidement son écuyer personnel. Son entraînement quotidien commença dès son plus jeune âge comme le montre une célèbre photographie de Mayer et Pierson où l'on peut voir le Prince attaché sur la selle de son poney au manège du Quai d'Orsay. "Loulou" devint rapidement un excellent cavalier, qualité indispensable pour l'héritier du trône. Dès le mois d'août I860, alors qu'il avait quatre ans, il passa en revue les troupes à dos de poney au camp de Chalons. Ce tableau de Pichat, qui serait la première représentation équestre du Prince, n'est pas une effigie officielle en uniforme militaire comme l'artiste en peindra par la suite. C'est un portrait à la fois digne et tendre, où Loulou porte une tenue de son âge, composée d'une veste courte et d'un kilt. Pichat s'est inspiré très directement d'une photographie de Mayer et Pierson prise à Fontainebleau le 24 juin I860., ... ". Sur le Web.
 
  Le train impérial doit passer à 5 heures du soir, se rendant à Metz. Quelques généraux et d'autres officiers allèrent à la gare; mon colonel me donna l'ordre de l'accompagner.
  L' Empereur descendit de son superbe wagon avec sa suite. Malgré son calme habituel il paraissait très fatiguéI5. Le prince impérial sauta au cou du général Murat en l'appelant "mon cousin ", distribuant des poignées de main en passant devant le rang des officiers.
  Il ne m'oublia pas : je fus si surpris, si ému en l'entendant m'adresser la parole que je ne sus point répondre; machinalement, je pris la position militaire et me hasardai à dire : " Monseigneur ! vous vous souvenez des cuirassiers de la garde ? " Il me répondit : " Parfaitement, et de vous aussi, à Compiègne. " Il était pourtant bien jeune à cette époque ! ... J'ai conservé de cet instant un touchant souvenir.
  Le train se remit en marche; je ne devais plus revoir le prince impérial. Cet incident me valut un souvenir du prince Murat qui se rappela mes excursions à cheval et m'en reparla.
 
30 et 3I juillet.
  Toujours au repos depuis une dizaine de jours que nous sommes au bivouac de Pont-à-Mousson ! Cela nous semble d'autant plus incompréhensible que l'on entend répéter qu'il faut gagner l'ennemi de vitesse. Nous sommes là à nous ronger  les poings en attendant l'ordre de marcherI6.

  À suivre... 
 
9. Il est ici question du plan préconisé par l' archiduc Albert [Albert Frédéric Rodolphe Dominique de Habsbourg-Lorraine, archiduc d'Autriche et duc de Teschen, I8I7-I895] : passer le Rhin, séparer l' Allemagne du Nord de celle du Sud et donner la main aux Autrichiens et aux Italiens qui viendraient par le Tyrol. On se faisait beaucoup d'illusions sur les dispositions des Allemands du Sud.
 
I0. Les divisions et corps d'armée, n'étaient pas constitués en temps de paix, on les constituait brusquement pour la guerre avec des unités amenées de partout. Un des graves inconvénients de ce système, c'est que les troupes ne connaissaient pas leurs chefs, et que ces derniers ne connaissaient ni leurs troupes ni même leur état-major. Voir LEHAUTCOURT, loc. cit., I72.
 
11. L' Empereur avait recommandé la plus grande prudence jusqu'à son arrivée : " Il faut éviter des engagements qui pourraient nous entraîner loin de la frontière avant le moment que Sa Majesté veut fixer elle-même, nos reconnaissances ne devront jamais être agressives. " : ordre de Bazaine. L'effet de cette inaction fut indubitablement mauvais : " On lasse et on mécontente ainsi les troupes, de même qu'on affaiblit leur moral, par un luxe de précautions tout à fait exagérées. " LEHAUCOURT, II, 28I. La cavalerie se faisait donc de son rôle une autre idée que celle qu'on lui attribue généralement. On lui reproche, en effet, de négliger le service d' éclaireur pour ne se préoccuper que de grandes charges. Il ne faut pas oublier que c'est un officier de cuirassiers qui parle. Toutefois on ne peut s'empêcher de croire avec lui, que si cette arme trop décriée ne joua pas un rôle plus utile, ce ne fut pas toujours de sa faute : on ne voulut pas l'employer ou on l'employa mal.  
 
I2. Les choses les plus indispensables à une armée en campagne font défaut, c'est une des causes qui empêcheront l' Empereur de donner suite à son projet d'offensive immédiate. Voir lieutenant-colonel ROUSSET, I, 54. — CHUQUET, 26. — LEHAUTCOURT, I80-I88 et 299.
 
I3. Voilà un exemple caractéristique de ce qu'on appelait dans l'armée impériale  " se débrouiller "; l'intendance dans cette affaire joue un rôle qui semble confirmer l'accusation portée contre elle : d'avoir été trop souvent à cette époque une simple machine à signatures. Voir LEHAUTCOURT, II, 86.
 
I4. Sur les pérégrinations des réservistes et sur l'état d'esprit et l'indiscipline de ces troupes, voir CHUQUET, I7. — lieutenant-colonel ROUSSET, I, 110-11-12. —LEHAUTCOURT, II, I3I-36.
 
I5. Il souffrait beaucoup de la maladie de vessie qui lui rendait l'usage du cheval intolérable, sont état physique ne lui permettait guère d'exercer la tâche de généralissime déjà beaucoup trop lourde pour lui. Voir LEHAUTCOURT, II, I8-I9-20. Comparer aussi colonel d' ANDLAU, Metz,campagnes et négociations, 37. [Joseph Hardouin Gaston, comte d' Andlau, I824-I892; sénateur de I876 à I887;  "  Dans ces dernières années, le colonel d' Andlau, dont la situation pécuniaire était de plus en plus embarrassée, avait peu à peu délaissé la politique pour s'occuper d'affaires. Compromis en I887 dans les scandales de la « vente des décorations », il fut impliqué, au mois de novembre, dans un procès correctionnel, qui se termina par sa condamnation à 5 ans de prison et 3 000 francs d'amende pour « délit d'escroquerie ». Mais, il avait déjà fuit en Argentine. "; sur le Web]

  D' Andlau, colonel :  photo Appert : Paris.

I6. Les mécomptes de la mobilisation, le manque de matériel amenèrent l' Empereur à ajourner l'offensive; il s'ensuivit une période d'indécision qui nous fut infiniment préjudiciable. Toutefois les projets d'offensive ne sont pas abandonnés, mais Napoléon III ne croit pas à la concentration allemande aussi avancée qu'elle l'est et s'imagine avoir le temps de prendre un parti. Voir LEHAUTCOURT, II, 299-305-6. 

  COMMANDANT FARINET, L'Agonie d'une Armée, Metz-I870, Journal de guerre d'un porte-étendard de l' Armée du Rhin, ancienne librairie Furne, Boivin & Cie, Éditeurs, I9I4, p. I2-23.

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