AVEC L' AUTOMNE VENU, REVIENT LE TROU D' AIR ET LE SOLEIL NOIR DES ENR GERMAINES

  Un nouvel épisode grave de la " dunkelflaute "[i], cette pénurie de production d’énergie en raison du manque de vent et de soleil, survient à la même période que l'année dernière, et ce, chez nos voisins allemands. La nature, en quelque sorte, fait l'éloge de la répétition aux gouvernants, qui semblent sourds et aveugles face à la réalité ! Pendant ce temps, ce sont les citoyens et la planète qui en payent le prix.
  Croyez-vous que les déboires de la politique énergétique allemande aurait poussé l'Union européenne et ses dirigeants à reconsidérer la trajectoire qu'ils ont choisie ? Pas du tout ! L'avancée continue, sans remise en question.
  Quant à la France, il suffit d’écouter ou de lire les déclarations de la nouvelle ministre déléguée à l’Énergie, par intérim : tout va bien !, avec le sourire en prime.
 
 

 
 
 Source : X— ex twitter

  Cette obstination gouvernementale du renouvelable subventionné, avec les conséquences néfastes quotidiennes pour la population rurale, qui se voit imposer les usines des écornifleurs du vent et du soleil, avec le concours et la complicité de leurs soutiens locaux, se concrétise dans " sa nouvelle feuille de route énergétique et climatique pour la période 2025-2035 ".

Pour plus de détails, lire : Le Gouvernement lance une concertation pour sa feuille de route énergétique

  Et, si jamais le gouvernement venait à faiblir ou à hésiter sur ses ambitions renouvelables, le Conseil d'État saura rapidement lui rappeler son devoir. Il n’hésiterait pas à lui enjoindre d'accélérer la transition énergétique :
Lire :  France : Le Conseil d’État ordonne au gouvernement d’accélérer les énergies renouvelables.
" Le Conseil d'État a enjoint au gouvernement de prendre des mesures pour accélérer les projets d'énergies renouvelables, après une action judiciaire menée par la société Eolise, spécialisée dans l'éolien et le photovoltaïque. "[ii].
 
[i]. Un épisode similaire c' était déjà produit, à la même période, en 2023. Bis repetita en quelque sorte !...

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Graphique représentant la production d’électricité à partir de différentes sources et la consommation en Allemagne pendant deux semaines de novembre — décembre 2023. La période montre une " dunkelflaute ", lorsque peu d’énergie est fournie par le solaire et le vent pendant plusieurs jours. Malgré une capacité installée d’environ 68 GW éolien et 73 GW solaire, la production combinée a chuté sous les 3 GW, fournissant moins de 4% de l’énergie nécessaire pendant un certain temps. Auteur : Geek3 
 
[ii]. À noter que, le 6 novembre, le Conseil d'État a rendu une décision qui a partiellement donné raison à un promoteur présenté comme un bureau d'études. Ce dernier avait formulé une demande à l'État, lui reprochant de ne pas mettre en œuvre les mesures nécessaires pour atteindre les objectifs fixés en matière de développement des énergies renouvelables. Il avait demandé la mise en place de dix mesures spécifiques. Voici les mesures qu'il avait proposées :
  • accélérer et clarifier les phases d’instruction et de décision,
  • veiller à ce que la perturbation d’espèces protégées ne fasse pas obstacle au développement des projets,
  • augmenter les moyens humains consacrés à l’instruction des demandes et qu’ils soient formés de façon adéquate,
  • achever et communiquer la cartographie des zones favorables au développement éolien,
  • faciliter la mise en compatibilité des documents d’urbanisme en présence d’un projet d’implantation d’énergie renouvelable,
  • sensibiliser le public à la question des énergies renouvelables en luttant contre la désinformation sur leurs impacts,
  • encadrer dans le temps la procédure devant le juge administratif,
  •  exiger de l’État la publication du décret prévu à l’article L515-45 du code de l’environnement précisant les règles d’implantation d’éoliennes vis à vis des installations militaires et des équipements de surveillance météo et de navigation aérienne.
    À l'exception du dernier point, pour lequel l'État dispose de six mois pour publier le décret correspondant, tous les autres points relatifs à la demande de " mesures nécessaires pour assurer le respect des objectifs de développement des énergies renouvelables en France " ont été rejetés.
 
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Novembre 2024, nouvelle expérience d’une panne d’électricité verte en Allemagne — avec des conséquences importantes


  Au cours du premier semestre 2024, les énergies renouvelables ont assuré près de 60% de la production d’électricité /I/. Même si certains médias ont omis de le préciser, il s’agit bien entendu d’un volume de production lissé sur les six premiers mois de 2024.
  L’Energiewende a pour objectif une production d’électricité de presque 100% à partir des énergies renouvelables à l’horizon de 2035 en faisant des éoliennes et du photovoltaïque pratiquement le seul pilier de l’approvisionnement en électricité de l’Allemagne.
  Mais le 6.11.2024, vers 17 heures, ce pilier s’est effondré de façon spectaculaire. Les éoliennes terrestres et maritimes, ~72 GW, et les installations photovoltaïques, ~94 GW, ont pratiquement cessé leur production pendant des heures.
  Le prix de l’électricité a atteint 820 €/MWh sur le marché spot vers I7 h 00 ce jour-là et l’intensité carbone du mix électrique est passée à presque 600 g CO2/kWh /2/, /3/, car les centrales thermiques à flamme ont dû prendre le relais.
  Cet évènement montre à nouveau que, même dans les hypothèses les plus optimistes, le scénario à « I00% de renouvelables » est actuellement intenable techniquement sans des moyens de production pilotables en backup. Pour pallier la défaillance des énergies renouvelables variables, il faut donc, faute de moyens de stockage suffisants, conserver un deuxième parc de production, une solution très coûteuse pour le consommateur d’électricité.

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Épisode de vents faibles en fin d´automne ou en hiver, source RWE.

  Pour sécuriser l’approvisionnement c’est l´instant qui compte et non pas la production lissée sur une période donnée car il est nécessaire d’équilibrer instantanément la production et la consommation sur l’ensemble du réseau. Mais dans un système électrique caractérisé par des moyens de production dépendant des conditions météorologiques, un équilibre exact entre la production et la consommation d’électricité n’est assuré à aucun moment. Il faut maitriser soit un excédent, soit un déficit de production /4/.
  Les fameux « dark-doldrums »[ tambours sombres ], traduction anglaise du mot allemand « Dunkelflaute » [ période sombre ] sont un défi particulier. Ils désignent un épisode prolongé de production éolienne et photovoltaïque très faible, combiné à une demande d’électricité accrue en fin d’automne ou en hiver.
  L’association européenne des producteurs d´électricité et de chaleur VGB PowerTech e.V. avait déjà publié dans le passé deux études sur la performance des éoliennes en Allemagne et en Europe. Entre 20I0 et 20I6, l’étude montre environ I60 épisodes de 5 jours de production éolienne faible et pour chaque année un épisode prolongé de vents faibles de 10 à 14 jours /4/.
  Un tel évènement s’est produit à nouveau dans la première semaine de novembre 2024, cf. figure 1.
  Le photovoltaïque ne fournissait plus qu’un seul MWh mercredi, le 6.11.2024 à 17 heures. Les I 602 éoliennes maritimes de la mer du Nord et de la Baltique étaient complètement à l’arrêt, la production d’électricité était donc nulle. Les éoliennes terrestres ne produisaient à cette heure-là que 114 MWh pour une consommation d’électricité d’environ 66 GWh. Seules les énergies renouvelables telles que l’hydraulique et les bioénergies ont contribué avec environ 7 GWh à la production électrique.

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Figure 1 : Production et consommation d’électricité en première semaine de novembre 2024, source BNetzA/SMARD /2/.
 
  Les capacités fortement subventionnées de 94 GW de photovoltaïque et d’environ 72 GW d’éoliennes /5/ sont restées pratiquement inutilisées pendant des heures. Malgré cela, il n’y a pas eu de pénurie d’approvisionnement en électricité, car les gestionnaires des réseaux de transport ont pu maitriser la situation grâce aux moyens pilotables encore disponibles et à des importations d’électricité.
  La situation a perduré toute la journée de mercredi 4 et de jeudi 5 novembre et ne s’est améliorée que vendredi 6 novembre 2024. La capacité des dispositifs de stockage — batteries et stations de transfert d’énergie par pompage — STEP, étant épuisée au bout de quelques heures, il a fallu faire appel en masse aux centrales thermiques à flamme pour couvrir les besoins en électricité.
  Les centrales restantes à houille et au lignite soutenues par des centrales à gaz ont produit en continu au cours des ces trois jours pour stabiliser le réseau et satisfaire la demande. De plus environ 700 MW de centrales au fioul de la réserve stratégique ont été réactivés et ont contribué à nouveau à l’approvisionnement en électricité /6/.
  Une partie des besoins en électricité de l’Allemagne a été couverte par des importations, car les moyens pilotables nationaux n’ont pas été en mesure de couvrir à eux seuls la demande d’électricité, cf. figure 1.

Une flambée des prix de l’électricité sur le marché spot
  Depuis mercredi, les fournisseurs d’énergie ont été contraints de compenser l’absence de production d’électricité verte par des achats supplémentaires à court terme à la bourse de l’électricité EEX. Les prix journaliers de l’électricité — dit « day-ahead » [ jour précédent ] ont flambé et des pics de prix exceptionnellement élevés ont été observés à plusieurs reprises depuis mardi 5 novembre 2024, cf. figure 2.

https://allemagne-energies.com/wp-content/uploads/2024/11/fig-2-prix-spot.jpg

Figure 2 : prix de l’électricité —dite " day ahead ", sur le marché spot Allemagne/Luxembourg, source BNetzA/SMARD /2/.

  Ainsi, dès mardi 5 novembre, le prix a été supérieur à 500 €/MWh. Lorsque les prévisions météorologiques ont été connues pour mercredi 6 novembre, le prix à la bourse de l’électricité s’est même envolé jusqu’à 820 €/MWh. Après un pic à plus de 400 €/MWh jeudi 7/après-midi, le prix sur le marché spot était encore supérieur à I00 €/MWh vendredi 8 novembre. Par comparaison, le prix moyen était autour de 68 €/MWh au premier semestre 2024 /I/.
  Ces pics de prix de début novembre 2024 ne sont peut-être qu’un signe avant-coureur de ce à quoi il faut s’attendre pour l’hiver à venir. L’affirmation que « le vent soufflerait toujours quelque part en Europe », pouvant atténuer les effets de la variabilité, semble relever d’un solide bon sens populaire, mais ne correspond pas aux faits. L’Europe occidentale se comporte souvent comme une zone venteuse assez homogène, dominée par l’influence des grands courants océaniques ou continentaux.
  Selon l’agence spécialisée « Montel » /7/, des prix de I000€/MWh en cas de « Dunkelflaute » pourraient être attendus. En effet, en période de faible production d’électricité éolienne et photovoltaïque et de forte demande, le système doit faire appel à des unités dont les coûts marginaux sont plus élevés, ce qui renchérit le prix sur le marché spot. Ce principe est appelé « merit order » en anglais [ ordre de mérite ].
  Il est probable que les fluctuations de prix sur le marché de l’électricité continuent d’augmenter avec le développement des énergies renouvelables variables — éolien et photovoltaïque. Des phases estivales de prix bas de l’électricité alterneront avec des phases hivernales de prix élevés, les fluctuations de la production électrique devenant de plus en plus extrêmes.
  Déjà aujourd’hui la production d’électricité verte est supérieure à la demande pendant de nombreuses heures. En 2023, l’Allemagne avait connu 30I heures de production électrique à prix négatif. Aux trois premiers trimestres de 2024, le record de 2023 était déjà largement battu avec 4I3 pas d’horaires à prix négatif /8/.
  Les exploitants de réseau sont tenus par la Loi sur les énergies renouvelables d’absorber les kilowattheures sans valeur et de les vendre sur le marché de l’électricité. Dans ces situations, les vendeurs payent les acheteurs, ce qui constitue une situation de marché singulière. 

Références
/1/ Allemagne Energies (2024) Allemagne : La consommation énergétique baisse de nouveau au premier semestre 2024, en ligne : https://allemagne-energies.com/2024/07/18/allemagne-la-consommation-energetique-baisse-de-nouveau-au-premier-semestre-2024/

/2/ BNetzA/SMARD (2024), Marktdaten visualisieren, en ligne : https://www.smard.de/home/marktdaten?marketDataAttributes=%7B%22resolution%22:%22hour%22,%22from%22:1730242800000,%22to%22:1731193199999,%22moduleIds%22:%5B%5D,%22selectedCategory%22:null,%22activeChart%22:true,%22style%22:%22color%22,%22categoriesModuleOrder%22:%7B%7D,%22region%22:%22DE%22%7D

/3/ Electricity Maps Blog (2024), en ligne : https://app.electricitymaps.com/zone/DE

/4/ Allemagne Energies (2024) Énergies renouvelables : de nombreux défis, en ligne : https://allemagne-energies.com/energies-renouvelables/

/5/ UBA (2024) Monats- und Quartalsdaten der Arbeitsgruppe Erneuerbare Energien – Statistik (AGEE – Stat), Umweltbundesamt, en ligne : https://www.umweltbundesamt.de/themen/klima-energie/erneuerbare-energien/erneuerbare-energien-in-zahlen/monats-quartalsdaten-der-agee-stat#Monatsdaten

/6/ Die Welt (2024) Jetzt erlebt Deutschland den Ökostrom-Ausfall – mit gewaltigen Folgen, en ligne : https://www.welt.de/wirtschaft/plus254429264/Strom-Kein-Wind-keine-Sonne-Deutschland-erlebt-Dunkelflaute-mit-gewaltigen-Folgen.html?source=puerto-reco-2_ABC-V42.0.B_FCM_p35_extra_row

/7/ Montel News (2024) German hourly spot may hit EUR 1,000/MWh in winter on low wind, en ligne : https://montelnews.com/news/72a5f320-6d99-4afd-a6d7-049eeb08c151/german-hourly-spot-may-hit-eur-1000-mwh-in-winter-on-low-wind

/8/ BNetzA/SMARD (2024) Der Strommarkt im 3. Quartal 2024 –Höchstwerte bei Erneuerbaren, en ligne : https://www.smard.de/page/home/topic-article/444/215056
 
  Sur le Web.


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