LA FACTURE D' ÉLECTRICITÉ DES FRANÇAIS FLUCTUE AU RYTHME DES MODULATIONS DE LA PRODUCTION DES RÉACTEURS NUCLÉAIRES

   Sous l'impulsion de l'Union européenne, menée par l'Allemagne, le développement accéléré des énergies renouvelables a conduit à une situation paradoxale : le nucléaire doit désormais s'adapter aux aléas météorologiques, devenant ainsi " intermittent ", comme ses maîtres que sont l'éolien et le solaire. Une absurdité sans précédent !
  Depuis 25 ans, cette stratégie a été approuvée par les gouvernements successifs, qui nous convient au bal du sauvetage de la planète, tout en omettant de préciser que c'est nous qui réglons la note des musiciens.
" Nous, nous avons voulu l'Europe, nous avons toujours voulu une Europe indépendante, une Europe qui soit elle-même, qui se suffise à elle-même, qui ne soit pas à la remorque des Anglo-américains. (...) On me demande : pourquoi nos cinq partenaires du marché commun ne veulent-ils pas nous suivre ? Ma réponse tient en peu de mots : ils ont peur de la France. Ils ont peur que la France ne dirige. Alors, il vont chercher l'aide des Américains et essaient de soulever des tempêtes contre nous, pour ne pas être dominés par nous. C'est pourtant dans la nature des choses que nous soyons les premiers en Europe. (...) L’Europe supranationale, vous le savez, s'appelle l'Europe sous commandement américain. Et les Allemands sont dominés par les Américains, les Italiens sont dominés par les Américains, les Belges de même, et les Pays-Bas itou. Même les Anglais sont dominés par les Américains, d'une autre manière. Seule, la France n'est pas dominée. Et pour la dominer aussi, on voudrait la faire entrer dans une machine supranationale aux ordres de Washington. " (...) L'Europe a été, avant tout, un moyen de dédouaner l'Allemagne et l'Italie de tout ce qu'elles avaient fait pendant la guerre. C'était le meilleur moyen de leur donner une virginité nouvelle et d'en refaire des pays qui tiennent debout, sans trop en avoir l'air ". 
DE GAULLE Charles
 
TOURNOUX Raymond, La Tragédie du Général, Libraire Plon, Pierre Charron, I967, pp. 447-449. 

  Les temps ont bien changé !...
 

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La modulation du parc nucléaire est-elle à l’avantage des consommateurs ?

 
  La modulation nucléaire est un choix souvent méconnu de notre système électrique. Parfois utile pour ajuster l’offre à la demande, cette modulation apparaît souvent en faveur de la marginalité gaz. La conséquence : une contribution à la hausse peu justifiée des prix de l’électricité pour les consommateurs français. La régulation de cette pratique par les pouvoirs publics nous semble trop floue et pas assez opérationnelle. 

 

Crédit photo : © Gilles Paire - stock.adobe.com
 
 
La modulation électrique : un outil pour ajuster la production ou un levier pour tirer les prix à la hausse ?
  Un des aspects majeurs de notre étude, qui couvre une période de plus de dix ans, a été de mettre en évidence la modulation — alternance de hausses et de baisses — très régulière de la production nucléaire entraînant une augmentation et une persistance de la production de gaz. Le gaz est donc souvent utilisé dans le mix énergétique et parfois en quantité relativement faible. Ce phénomène est appelé « la marginalité gaz ». Le gaz étant plus coûteux à produire, les prix de l’électricité sont impactés à la hausse. La composition du mix énergétique dépend uniquement du choix de l’opérateur historique et de ses contraintes. Cette variation dans la composition lui permet d’ajuster l’offre et la demande électrique. Nous avons constaté que ce changement dans le mix énergétique a souvent tendance à être en faveur d’une utilisation régulière du gaz. Nous pouvons estimer qu’il y a eu une certaine tendance à ne pas forcément être au maximum de la production nucléaire.
  Le dimanche est le jour de la semaine où la consommation électrique est la plus faible, néanmoins sur notre échantillon de dix ans, nous avons constaté que les dimanches étaient régulièrement en marginalité gaz à la suite d’une baisse de la production nucléaire. Ce choix de mix énergétique est discutable lorsque l’on sait que parfois la production nucléaire suffisait à elle seule pour répondre à la demande électrique. La conséquence directe est encore une fois des prix de l’électricité souvent plus chers pour les consommateurs. 
 
Une dégradation du parc nucléaire français impactant tous les consommateurs français
  Après une étude du fonctionnement du mix électrique en France et son impact sur les prix de l’électricité, les conclusions sont plus que mitigées. Nous avons constaté une dégradation structurelle importante du parc nucléaire français impactant fortement la production nucléaire. Les centrales nucléaires produisent de moins en moins. La conséquence directe : l’utilisation d’autres ressources, gaz, charbon, bien plus coûteuses à produire et donc induisant une hausse des prix de l’électricité pour les consommateurs français.
  Si le problème de corrosion est la cause évidente de la chute de production nucléaire en 2022, il conviendrait que le régulateur détermine s’il existe une relation entre la modulation du parc nucléaire et la baisse de sa productivité sur le moyen terme.
  Un contrôle indispensable de la modulation et une définition explicite de la marginalité
  Beaucoup d’attentions sont portées par les gouvernements et les régulateurs sur le « design » du marché de gros de l’électricité — le fameux « électricité au prix du gaz ». Néanmoins la notion de modulation du nucléaire et son impact sur marginalité gaz restent peu traités. En dépit, il reste primordial que la modulation soit contrôlée de manière plus minutieuse afin de prévenir de tout risque de modification de l’offre électrique à des fins hasardeuses.
  Sur le plan technique, il serait pertinent que les différents régulateurs aboutissent à une définition claire et unique de cette notion de marginalité et plus encore à une évaluation de la pertinence des choix d’EDF en matière de modulation du nucléaire. Il semblerait que la seule évaluation sur le dernier point remonte à 2009.
  Ces constats viennent renforcer l’idée que la régulation du marché de gros est trop faible comme le soulignait en janvier 2023 la Cour des comptes européenne. Il s’agit du principal « impensé » des projets de réforme du marché de gros de l’électricité à l’échelle européenne.
  Ce présent rapport a été envoyé à EDF en date du 23 février 2023. L’entreprise nous a opposé le plus parfait silence ce qui est fortement critiquable au regard de l’importance de la thématique. Il n’est pas acceptable qu’une association de consommateurs soit considérée de la sorte par EDF.
La Commission de régulation de l’énergie, CRE, a aussi reçu ce rapport et nous avons eu un échange constructif avec ses membres. La CRE doit désormais creuser le sillon.
 
 
 Cet article est l'œuvre de la source indiquée. Les opinions qui y sont exprimées ne sont pas nécessairement celles de Les vues imprenables et PHP.

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