LA QUÊTE DE LA JEUNESSE ÉTERNELLE RAVAGE LES FORÊTS AU PARAGUAY

  De la quête de la jeunesse éternelle aux projets d'énergies renouvelables, du Paraguay au Mexique, en passant par l'Écosse, etc., les firmes organisent la destruction des forêts et des modes de vie des populations locales, souvent propriétaires des lieux. 
  Dans ces conditions, la forêt, poumon de la planète, est asphyxiée par la soif de profit de ces entreprises mais, aussi, par tous leurs clients potentiels, des Faust modernes, toujours tentés par Méphistophélès*, qui en redemandent.
 
*  Héros d'innombrables œuvres littéraires, musicales, plastiques et cinématographiques. Il serait issu d'un humaniste allemand du début du XVIe s. L'imagination populaire — Historia von Dr. Johann Fausten, I587, donna très vite au personnage une dimension mythique : Faust vend son âme au diable en échange du savoir et des biens terrestres, bientôt fixée par la pièce de Christopher Marlowe — composée entre 1588 et 1593, et le théâtre forain allemand. Les écrivains s'emparèrent du personnage pour en faire le symbole de la connaissance dévoyée, le héros ambitieux de la conquête du savoir contre les puissances obscures, Lessing, Klinger, ou le porte-parole de leurs angoisses et de leurs fantasmes : Chamisso, Lenau. Le Faust de Goethe donne une vision panoramique de la légende, qui consacre celle-ci comme le grand mythe national allemand jusqu'au Doktor Faustus, 1947, de Thomas Mann. Vu à travers l'opposition essentielle des séductions de la vie et du dégoût de l'être — Valéry, Mon Faust, 1941-1945, ou les parcours multipliés d'une œuvre « mobile » — Michel Butor et Henri Pousseur, Votre Faust, 1963, le personnage de Faust apparaît surtout, comme celui de Don Juan, comme un matériau malléable dans lequel chacun peut façonner son mythe personnel. Larousse.

 

 


php
 
***

La jeunesse éternelle a un coût : le business du collagène déforeste le Paraguay


  Deux entreprises majeures de l’industrie bovine, Minerva Foods et Frigorífico Concepción, sont impliquées dans cette déforestation. En achetant des peaux de bovins destinées à la production de collagène auprès de seize entreprises d’élevage, ils sont estimés responsables de plus de 75 000 hectares de déforestation dans le Gran Chaco entre 2021 et 2023. Une superficie quasiment égale à la ville de New-York.
 
 
 

  La quête de la jeunesse éternelle a un coût environnemental et humain. L'ONG Global Witness révèle un lien alarmant entre l'industrie du collagène et la déforestation massive dans le Gran Chaco au Paraguay, deuxième plus grande zone boisée d'Amérique du Sud. Sa production, issue de l’élevage intensif de bétail par des entreprises de bovins, participe non seulement au déboisement de la forêt, mais menace également la biodiversité et les communautés autochtones.

La production de collagène entraîne la déforestation
  Étant l’un des plus grands exportateurs mondiaux de viande bovine et de soja, le Paraguay fait partie des pays d’Amérique latine où le taux de déforestation est le plus élevé. Depuis 1985, ce pays a défriché environ 20 % de sa couverture forestière d’origine, principalement dans le Chaco. Le prix bas des terres, la faiblesse des impôts et des lois environnementales pour les éleveurs de bétail contribuent fortement à cette crise.
  Deux entreprises majeures de l’industrie bovine, Minerva Foods et Frigorífico Concepción, sont impliquées dans cette déforestation. En achetant des peaux de bovins destinées à la production de collagène auprès de seize entreprises d’élevage, ils sont estimés responsables de plus de 75 000 hectares de déforestation dans le Gran Chaco entre 2021 et 2023. Une superficie quasiment égale à la ville de New-York.
  Depuis 2018, ces deux géants de l’emballage de viande avaient déjà été accusés d’avoir acheté du bétail élevé par deux éleveurs responsables d’accaparements illégaux de terres et de déforestation, le tout sur les terres ancestrales des peuples autochtones du Gran Chaco. Une déforestation soutenue financièrement par plusieurs grands groupes européens et américains, dont HSBC, BlackRock, Santander et le plus grand fonds de pension des Pays-Bas.


 
La marque française Rousselot impliquée
  En suivant les chaînes d’approvisionnement du collagène au Paraguay, Global Witness révèle que Rousselot s’approvisionne en grande partie auprès des tanneries de Frigorífico Concepción au Paraguay. Cette société française fabrique des peptides de collagène à partir des peaux de bovins, puis les commercialise sous forme de produits cosmétiques, pharmaceutiques ou alimentaires à travers le monde. Notamment via Peptan, décrite comme la « première marque de collagène au monde », qui utilise ce composant dans ces produits prisés pour leurs vertus prétendument anti-âge et bienfaisantes pour la peau et les articulations, vendus par des géants comme Amazon et Costco.
  Rousselot maintient également des accords de sponsoring avec des athlètes olympiques et s’est vanté d’un partenariat avec l’une des principales équipes cyclistes néerlandaises du circuit professionnel DSM Firmenich PostNL.
  Depuis 2022, plus de 3 000 tonnes de peaux de bovins ont été exportées du Paraguay vers les usines de Rousselot en France.


 La peau des bovins est utilisée pour faire du collagène
 
Les territoires autochtones de Gran Chao en péril
  Le rapport de Global Witness souligne les conséquences désastreuses de l’industrie du collagène. Notamment dans la région de Gran Chaco, deuxième plus grande forêt d’Amérique du Sud, partagée entre le Paraguay, l’Argentine et la Bolivie, d’une surface d’un million de kilomètres carrés. Depuis 25 ans, l’élevage de bétail et des cultures de soja destinées à l’exportation, alimente la déforestation, dégrade sa biodiversité et menace les peuples autochtones comme les Ayoreo, les Qom, les Sanapaná et d’autres.
  L’enquête de Global Witness se concentre sur une portion du territoire revendiqué par le peuple autochtone Ayoreo Totobiegosode, un des derniers groupes à vivre en isolement volontaire. Ce peuple, dépossédé de ses terres ancestrales, voit également ses droits violés. Les élevages empiétant sur leur territoire ont participé, entre 2021 et 2023, au déboisement de plus de 18 000 hectares.
  Pour cette communauté, la forêt représente bien plus qu’une simple ressource naturelle : elle constitue le cœur de leur identité et de leur conception du monde. En langue Ayoreo, le mot « Eami » incarne à la fois la forêt, le territoire et l’ensemble de leur environnement, témoignant de l’interdépendance profonde entre la nature et les peuples qui en vivent.
  Entouré de vastes élevages de bovins au sud et à l’ouest, le petit village de Chaïdi, au cœur du nord du Chaco, se bat depuis des années. Mais à ce jour, malgré les campagnes menées pour que l’État reconnaisse cette zone de 550 000 hectares, le statut juridique reste incertain, permettant ainsi aux éleveurs d’effectuer des défrichements.

 


Des engagements insuffisants et l’urgence d’une législation stricte
  Malgré ces preuves accablantes, Minerva Foods et Frigorífico Concepción n’ont pas encore adopté de politiques globales de « zéro déforestation » pour leurs opérations au Paraguay. Dans cette situation, la technologie de surveillance par satellite pour garantir la conformité de leurs fournisseurs avec leurs politiques de durabilité est jugée inefficace. Frigorífico Concepción assure ne pas acheter de bétail provenant de zones touchées par la déforestation illégale mais n’a pas répondu aux questions de Global Witness concernant ses fournisseurs, invoquant la confidentialité.
  Interrogée par Global Witness, Darling Ingredients, la maison mère de Rousselot, affirme « respecter son engagement à s’approvisionner de manière responsable et durable ». Cependant, cette déclaration ne convainc pas l’auteur du rapport, Charlie Hammans, qui pointe du doigt l’absence de transparence et d’engagement pour modifier leurs pratiques d’approvisionnement.


 Minerva Foods est responsable de déforestation au Paraguay pour produire du collagène.
 
  Il souligne l’hypocrisie d’une industrie qui vend la promesse d’une « jeunesse éternelle » tout en participant à la destruction irréversible de la forêt paraguayenne. Selon lui, il est urgent de mettre en place des lois strictes pour garantir que les chaînes d’approvisionnement soient réellement « zéro déforestation », à l’image de la législation européenne récemment adoptée, mais dont l’entrée en vigueur a été repoussée à fin 2025.
  Pire, aucune étude scientifique sérieuse ne prouve que l’ingestion de collagène permettrait effectivement de diminuer les rides ou améliorerait le « le confort articulaire » ainsi que le pointe une enquête de l’UFC-Que Choisir. Le président d’honneur de la Société française de rhumatologie, le Pr Francis Berenbaum, est catégorique : « Il n’y a aucune preuve que ça marche. Et, surtout, il n’y a aucune raison que ça marche. » La raison : le corps humain n’est pas capable d’assimiler le collagène sous forme de complément alimentaire, car il est dégradé en acides aminés lorsqu’on l’ingère. Si les taux actuels de déforestation se poursuivent, le Gran Chaco pourrait disparaître d’ici 2080, avec des conséquences catastrophiques pour les communautés locales et l’environnement. Les Ayoreo Totobiegosode continuent de lutter pour la reconnaissance et la protection de leur territoire. Comme l’explique un leader de la communauté de Chaïdi : « Pour nous, la déforestation est terrible car elle nous affecte énormément lorsqu’ils nous volent les richesses de notre territoire ancestral. C’est pourquoi nous continuons à nous battre ».
 
 Cet article est l'œuvre de la source indiquée. Les opinions qui y sont exprimées ne sont pas nécessairement celles de Les vues imprenables et PHP. 


 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

ENCORE ET ENCORE DES USINES ENR, JUSQU'AU BOUT DE LA NUIT FRANÇAISE

  Il était une époque où, nous, Français, avions l'extrême privilège grâce à une armada de réacteurs nucléaires, de vivre dans le confor...