SOMMAIRE
Les relations germano-polonaises de janvier 1934 à janvier 1939
L'élément essentiel des relations entre l' Allemagne et la Pologne pendant cette période était l'accord Germano-Polonais du 26 janvier 1934. Cet accord, prévu pour une validité de 10 ans, stipulait qu'en aucune circonstance, l'une ou l'autre des Parties " ne recourrait à l'emploi de la force, dans le but d'obtenir une décision " dans tout conflit entre elles. Au cours des cinq années qui suivirent la signature de ce pacte, Herr Hitler a fait un certain nombre de discours amicaux envers la Pologne. La Pologne était " la Patrie d'un grand peuple conscient de sa natalité " : 21 mai 1935. Il serait " déraisonnable et impossible ", reconnaissait Herr Hitler, " de refuser tout accès à la mer à un État d'une importance pareille à celui-ci " : 7 mars 1936. L'accord " s'était montré avantageux pour les deux Parties " : 30 janvier 1937.
Aggravation de la situation européenne et la suite de l'action de l' Allemagne contre la Tchéco-Slovaquie le 15 mars 1938
La situation existant après l'occupation allemande de la Tchéco-Slovaquie [ "... À la fin de l'été 1938, Hitler brandit la menace d'une guerre européenne si les Sudètes n'étaient pas cédés à l'Allemagne. En plus d'une importante population germanophone, c'est aussi là que se trouvaient les positions défensives de l'armée tchécoslovaque en cas de guerre avec l'Allemagne. Les 29 et 30 septembre 1938, les dirigeants britanniques, français, italiens et allemands prirent part à une conférence à Munich. Dans ce qui fut connu ensuite sous le nom d'« accords de Munich »https://fr.wikipedia.org/wiki/Accords_de_Munich, ils acceptèrent l'annexion allemande des Sudètes en échange de la promesse de paix d'Hitler. [...] Hitler viola les accords de Munich le 15 mars 1939 et envahit les provinces tchèques de Bohème et Moravie, qui devinrent un protectorat allemand, annexé directement au Reich, mais dirigé par un Protecteur du Reich... " ; source] a été résumé dans les discours prononcés par le Premier ministre [Arthur Neville Chamberlain, 1869-1940] le 17 mars, et par le Vicomte Halifax [Edward Frederick Lindley Wood, 1881-1959, premier vicomte d' Halifax ; Vice-roi et Gouverneur général des Indes, 1926-1931 ; source], Secrétaire d' État des Affaires étrangères, à la Chambre des Lords [Chambre haute en Grande-Bretagne. [...] Au cours de l'époque victorienne s'accentue la décadence de la Chambre des lords, représentant une aristocratie foncière dépassée par l'industrialisation du pays. Les pouvoirs encore considérables qu'elle détient paraissent anachroniques. Aussi la crise constitutionnelle de 1909 aboutit-elle à la loi de 1911, qui dépouille les lords de leur rôle législatif ; en 1948, une nouvelle loi réduit encore leur pouvoir, maintenant cependant leur droit de veto suspensif d'un an sur les projets de loi autres que financiers. La Chambre des lords conserve toutefois un pouvoir juridictionnel de tribunal supérieur d'appel. [...] Le principal reproche qui est fait à la Chambre de lords porte sur la contradiction qu'elle présente avec les principes de la démocratie participative : comment justifier la pérennité d'une institution qui est fondée non pas sur l'élection au suffrage universel, comme la chambre des Communes, mais sur le hasard de la naissance, pour les pairs héréditaires, ou sur les décisions personnelles d'un Premier ministre, pour les pairs à vie ? [...] une réforme limitée voit le jour dans le courant 2013..., elle donne le droit aux membres de la haute Assemblée de prendre leur retraite ou de démissionner, et prévoit la non-reconduction des lords pour cause d’absentéisme, d’activités délictueuses ou de casier judiciaire..., 826 membres de droit, auxquels s’ajoutent une cinquantaine de personnalités ne pouvant, pour différentes raisons, siéger et prendre part aux discussions et/ou aux votes, et en fait l’assemblée législative la plus importante du monde après le Congrès national populaire chinois... " ; source] le 20 mars 1939. M. Chamberlain déclarait que l'occupation allemande était " faite en contradiction absolue avec les principes posés par le Gouvernement allemand lui-même " et demandait : " Ceci est-il la fin d'une ancienne aventure? Ou est-ce le commencement d'une nouvelle? Est-ce la dernière attaque contre un petit État? Ou sera-t-elle suivie par d'autres? " Lord Halifax affirmait que l'action du Gouvernement allemand constituait " une répudiation complète de l'accord de Munich, et une négation de l'esprit dans lequel les négociateurs dudit accord s'étaient engagés à coopérer en vue d'un règlement pacifique ".
Le démembrement de la Tchéco-Slovaquie
1. L'Allemagne occupe les Sudètes, octobre 1938,
2. La Pologne envahit la région de Zaolzie, Teschen, octobre 1938,
3. La Hongrie occupe le Sud de la Slovaquie, novembre 1938,
4. Autonomie de la Ruthénie subcarpatique, novembre 1938, que la Hongrie occupera dès mars 1939,
5. L'Allemagne occupe et satellise le protectorat de Bohême-Moravie, mars 1939,
6. L'Allemagne satellise la République slovaque, mars 1939,
7. La Hongrie s'agrandit encore au détriment de la République slovaque à l'issue de la courte guerre hungaro-slovaque : avril 1939.
Source
Le 23 mars, le Premier ministre déclarait à la Chambre des Communes [Assemblée des représentants élus au suffrage universel en Grande-Bretagne, Larousse] que le Gouvernement de Sa Majesté, s'il entendait ne pas " faire obstacle aux efforts raisonnables de l' Allemagne pour développer son commerce d' exportation ", était résolu, " par tous les moyens en notre pouvoir ", de s'opposer à " une procédure par laquelle les États Indépendants sont soumis, sous menace de la force, à une pression telle, qu'ils se voient contraints à renoncer à leur indépendance ". Au cours d'une conversation qui eut lieu le 27 mai entre Sir Nevile Henderson [1882-1942], ambassadeur de Sa Majesté à Berlin, et le Feldmarschall Gœring [Hermann, 1893-1946, " Député nazi, 1928, fondé de pouvoirs de Hitler à Berlin, 1930, il devient président du Reichstag en août 1932 : il use alors de son influence sur le président Hindenburg pour que celui-ci nomme Hitler chancelier : janvier 1933. Cette même année, Göring est ministre du Reich sans portefeuille, ministre-président de Prusse, général de corps d'armée et commissaire à la navigation aérienne, en fait, ministre de l'Air ; il utilise les SA pour briser toute résistance à l'établissement de la dictature : incendie du Reichstag, février 1933, création de la police secrète, la Gestapo, avril 1933, mais doit cependant s'effacer devant Himmler..., se consacre à la reconstitution de la Luftwaffe – l'armée de l'air, qu'il considère comme sa chose et le gage de son influence sur Hitler. Celui-ci le charge de l'exécution du plan de quatre ans, le réarmement de l'Allemagne, 1936, et le met à la tête d'importants complexes industriels. Initialement populaire pour sa jovialité, remarié avec l'actrice Emmy Sonnemann et, devenu immensément riche, Göring est couvert d'honneurs par Hitler, qui lui donne le plus haut grade de l'armée allemande – Feldmarschall... ; Larousse], l'ambassadeur avertissait le Feldmarschall que la Grande-Bretagne et la France seraient entrainées dans une guerre contre l' Allemagne, si cette dernière essayait de mettre fin aux différends germano-polonais " par une action unilatérale telle qu'elle forcerait les Polonais à recourir aux armes pour sauvegarder leur indépendance ".
Les discussions germano-polonaises, avril-mai 1939
Dans un discours prononcé au Reichstag [Chambre législative allemande, 1867-1945 ; aujourd'hui, l'Assemblée législative de la République fédérale d'Allemagne a pour nom : Bundestag ; Larousse], le 28 avril, Herr Hitler annonçait qu'il avait soumis au Gouvernement polonais des propositions visant au retour de Dantzig dans le cadre du Reich en qualité de " Ville Libre " [ Le traité de Versailles de 1919 retira Dantzig à l'Allemagne bien que la majorité de ses habitants fussent allemands, 95 % de germanophones au recensement de 1923, contre 4 % de Polonais, les minorités cachoube, de confession russe orthodoxe et juive n'étant pas évaluées, car le recensement ne tenait compte que de la langue parlée, et en fit une ville libre. Son territoire, enclavé dans celui de la Pologne, était placé sous la protection de la Société des Nations : 1920. La Pologne conservait le contrôle d'un certain nombre de secteurs économiques, port, douane, communications ferroviaires extérieures, disposait d'une garnison et d'un arsenal portuaire, Westerplatte, et gérait une administration de Poste et des télégraphes, dite « Poste polonaise » : Polnisches Postamt... ; source] et à l'octroi à l' Allemagne d'une route et d'un chemin de fer nantis d'un statut d’extraterritorialité à travers le Corridor, en échange d'un Pacte de non-agression conclu pour 25 ans, et d'une reconnaissance du caractère définitif " des frontières germano-polonaises actuelles ". Le même jour, un mémorandum à cet effet était remis au Gouvernement polonais. Les propositions allemandes, qui avaient été présentées pour la première fois le 21 mars 1939, c'est-à-dire moins d'une semaine après l'occupation de Prague par l' Allemagne, était qualifié maintenant " le minimum des demandes à formuler au point de vue des intérêts allemands ". Herr Hitler prétendait aussi que l'accord Germano-Polonais de janvier 1934 était incompatible avec les promesses anglo-polonaises d'assistance mutuelle et cessait par conséquent d'être en vigueur :
Carte de la région de Dantzig en 1939. Source
À la date du 5 mai, le Gouvernement polonais répondait au Gouvernement allemand en fournissant une explication de son propre point de vue. La note polonaise reprenait les contre-propositions que le Gouvernement polonais avait mises en avant comme base pour une négociation en réponse aux propositions allemandes, et réfutait l'argumentation allemande selon laquelle la garantie anglo-polonaise était, sous quelques rapport que ce soit, incompatible avec l' accord Germano-Polonais. Le ministre polonais des Affaires étrangères [Josef Beck, 1894-1944, en poste de 1932 à 1939] exposait longuement la position de son pays, dans un discours prononcé au Parlement polonais le 5 mai. Le ministre déclarait que le Gouvernement polonais considérait les propositions allemandes comme une demande de " concessions unilatérales ". Il ajoutait que la Pologne était prête à étudier " objectivement " et avec " la plus extrême bonne volonté " tous les points soulevés par le Gouvernement allemand, mais que deux conditions étaient nécessaires si ces discussions devaient avoir une valeur réelle :
- Intentions pacifiques ;
- Méthodes de procédures pacifiques.
L'accord anglo-polonais
Le 31 mars 1939, le Premier ministre publiait l'assurance donnée par la Grande-Bretagne et par la France à la Pologne de venir à son secours " dans l'éventualité d'une action quelconque qui menacerait clairement l'indépendance polonaise et à laquelle, en conséquence, le Gouvernement polonais jugerait vital pour lui de résister. " Un communiqué anglo-polonais publié le 6 avril rappelait les assurances de secours mutuel sur lesquelles s'étaient entendus les Gouvernements britannique et polonais " dans l'attente de la conclusion d'un accord permanent ". L'accord d'assistance mutuelle était signé le 25 août. Ses articles définissaient la garantie mutuelle dans le cas d'une agression par une puissance européenne.
Les relations anglo-allemandes et l'attitude générale britannique face à la situation internationale, avril-juin 1939
Les relations anglo-allemandes, tout comme les relations germano-polonaises, s'étaient tendues après l'occupation par l' Allemagne de la Tchéco-Slovaquie. Le 1er avril, Herr Hitler prononçait un discours à Wilhelmshaven [ville portuaire de Basse-Saxe], dans lequel il attaquait la Grande-Bretagne et la politique britannique envers l'Allemagne et tentait une justification de la politique allemande. Herr Hitler parlait au Reichstag le 28 avril et annonçait la dénonciation par l' Allemagne de l'accord naval anglo-allemand. Le 27 avril, un mémorandum à cet effet était envoyé au Gouvernement britannique. Le 16 juin le Vicomte Halifax, dans une conversation avec l' Ambassadeur d' Allemagne à Londres, niait à nouveau que la Grande-Bretagne ou toute autre puissance visait à " encercler " l'Allemagne. Une semaine plus tard, 23 juin, le Gouvernement de Sa Majesté envoyait une protestation motivée au Gouvernement allemand et niait la validé de la dénonciation unilatérale par l' Allemagne de l'accord naval anglo-allemand ; il réfutait aussi les arguments de faits, c'est-à-dire l'hostilité persistante britannique contre l' Allemagne, par laquelle Herr Hitler avait tenté de justifier sa dénonciation des accords navals.
Étant donné ces faits, et devant la tension internationale croissante, le Vicomte Halifax saisissait l'occasion d'un discours à Chatham House [ elle est " également connu sous le nom de Royal Institute of International Affairs ; institut politique indépendant dont le siège est à Londres..., Les fondateurs de Chatham House ont été les premiers à proposer le concept unique et perturbateur d'une organisation dédiée à l'étude des affaires internationales. Leur vision a modifié le cours de la politique internationale et a contribué à créer le consensus international qui a suivi les guerres mondiales... ; source], le 29 juin, pour définir assez longuement l'attitude et la politique de la Grande-Bretagne. Il expliquait les raisons des obligations que la Grande-Bretagne avait contractées sur le continent européen. Il discutait les relations anglo-allemandes, affirmait que la Grande-Bretagne n'avait aucun désir d'isoler l'Allemagne et que, si l' Allemagne le désirait, " une politique de coopération " pouvait être immédiatement adoptée. " la politique britannique repose sur deux conceptions essentielles et indissolubles. L'une est la ferme volonté de s'opposer à l'emploi de la force, l'autre est la conscience que nous avons du désir qu'à le monde d'activer le travail constructif pour bâtir la paix. ".
Aggravation de la situation locale à Dantzig, 3 juin au 3 juillet 1938
Avec l'augmentation de l'agitation à l'intérieur du Reich, la situation locale à Dantzig empirait rapidement. Le 3 juin, le Président du Sénat de Dantzig [Arthur Karl Greiser, 1897-1946, général SS ; en poste entre 1934 et 1939 puis Reichsstatthalter et Gauleiter du Reichsgau Wartheland, jusqu'en capturé par les troupes américaines, impliqué dans la mort de dizaines de milliers de personnes lors de meurtres de masse et de la déportation des Juifs et Polonais, la systématisation du travail forcé et le pillage du peuple polonais, il est jugé en Pologne en 1946, condamné à mort et pendu... " ; source] lançait des accusations contre les inspecteurs des Douanes polonais. Le Gouvernement polonais répondait le 10 juin par un démenti de ces accusations et une affirmation des droits juridiques de la Pologne dans ses rapports avec Dantzig. Le 27 juin, le Vice-ministre polonais des affaires étrangères [Tomasz Stefan Arciszewski, 1877-1955, de 1938 jusqu'au début de la Seconde Guerre mondiale, il a été membre du conseil municipal de Varsovie..., après le début de l'invasion de la Pologne en 1939, il participe à la défense de Varsovie en tant qu'un des commandants des bataillons de volontaires ouvriers ; militant du Parti socialiste polonais, il fut Premier ministre du gouvernement polonais en exil, août 1944 ; il utilisait les pseudonymes " Stefan " et " Szymon "... ; source] disait à Sir H. Kennard [Howard William, 1878-1955, en poste de 1937 à 1941], Ambassadeur de Sa Majesté à Varsovie, qu'un corps libre se formait à Dantzig ; les 28 et 30 juin, et le Ier juillet, Mr Sheperd, Consul général de Sa Majesté à Dantzig, rapportait des préparatifs militaires dans la ville. Le 30 juin, étant donné la gravité de la situation, le Vicomte Halifax suggérait une consultation entre les Gouvernements britannique, français et polonais pour la coordination de leurs plans. Entre temps, le Gouvernement polonais observait une attitude réservée.
L'attitude britannique vis-à-vis les évènements à Dantzig, 10 au 15 juillet 1938
Le 10 juillet, alors que la situation à Dantzig paraissait devenir critique, le Premier ministre définissait l'attitude britannique vis-à-vis du problème de Dantzig dans une déclaration à la Chambre des Communes. Il indiquait que le Gouvernement polonais, avant même que la Pologne n'eût reçu une garantie quelconque de la Grande-Bretagne, et craignant de se trouver en face d'une action unilatérale allemande, avait répondu aux propositions allemandes en présentant certaines contre-propositions. La raison du refus polonais d'accepter les propositions allemandes se trouvait dans le caractère de ces propositions, dans la façon dont elles avaient été présentées ainsi que dans la date choisie, et non point dans la garantie britannique donnée à la Pologne.
Le 14 juillet, Sir Nevile Henderson discutait avec le Baron von Weizsäcker [Ernst Heinrich, 1882-1951, en poste de 1938 à 1943 ; la même année, il est nommé ambassadeur auprès du Saint-Siège ; S'étant mis sous protection papale, il n'a pas fait partie des dignitaires traduits en justice au premier procès de Nuremberg. Par la suite, il se présente aux autorités alliées, et est arrêté par les Américains en juillet 1947 : il est conduit à Nuremberg. Il est traduit au procès de la Wilhelmstrasse, nom donné par rapport à la rue où avait siégé le Ministère des Affaires étrangères, à Berlin, de 1871 à 1945 ; Il est condamné le 14 avril 1949 à sept ans de prison pour crimes contre l’humanité, pour sa participation à la déportation de juifs français vers Auschwitz ; il sera relâché à la faveur d’une amnistie générale en 1950... " ; source] Secrétaire d' État au Ministère des Affaires étrangères allemand, une déclaration faite par l'un des sous-secrétaires allemands " que Herr Hitler était convaincu que l' Angleterre ne se battrait jamais à propos de Dantzig ". Sir Nevile Henderson répétait l'affirmation déjà produite par le Gouvernement de Sa Majesté, que dans le cas d'une agression allemande, la Grande-Bretagne soutiendrait la Pologne dans sa résistance à la force par la force.
Détente passagère de la situation à Dantzig, 19 juillet au 2 août
Après la tension qui s'était produite à Dantzig à la fin du mois de juin, il y eut une accalmie passagère. Le Consul général britannique par intérim à Dantzig rapportait, le 19 juillet, que Herr Forster [Albert Maria, 1902-1952 ; à partir d'octobre 1939, il exerce en tant que Gauleiter et Reichsstatthalter son autorité sur le Reichsgau de Dantzig-Prusse Occidentale ; il dirige alors la campagne de persécution ou d'élimination menée contre les nationalistes, les intellectuels, les handicapés, les prêtres catholiques, les Juifs, les tsiganes, les Allemands de souche mariés à des Polonaises ; il est jugé par le Tribunal national suprême de Pologne à Gdansk du 5 avril au 29 avril 1948 ; condamné à mort, il est exécuté par pendaison le 28 février 1952... " ; source], Chef du Parti National-Socialiste à Dantzig, avait, après une entrevue avec Herr Hitler, déclaré que " rien ne serait fait du côté allemand pour provoquer un conflit " et que la question de Dantzig pourrait " attendre si nécessaire jusqu'à l'année prochaine, et même plus longtemps ". Le 21 juillet, le Vicomte Halifax donnait des instructions à Mr Norton, chargé d'affaires de Sa Majesté à Varsovie, d'insister auprès du Gouvernement polonais sur la nécessité d'être prudent. M. Beck, répondait, le 25 juillet, que le Gouvernement polonais était tout aussi désireux d'une détente. Le jour précédent, Herr Forster avait à nouveau affirmé que " la question de Dantzig pourrait, si nécessaire, attendre une année ou même plus ". Les 31 juillet et 2 août cependant, Sir H. Kennard faisait un rapport moins optimiste sur la situation.
Albert Maria Forster
Nouvelle aggravation de la situation à Dantzig, 4 au 16 août
Le 14 août, M. Beck communiquait au Chargé d' Affaires de Sa Majesté à Varsovie que le Sénat de Dantzig avait, ce jour même, informé les inspecteurs de douane polonais à quatre postes à Dantzig, que dorénavant il ne leur serait plus permis de s'acquitter de leur mission. Le Gouvernement polonais considéra cette mesure " comme extrêmement grave ". Des informations similaires parvenaient de Mr. Sheperd à Dantzig. Le 9 août, Sir H. Kennard rapportait que l'attitude polonaise était " ferme mais d'une modération étudiée ". Le lendemain, Sir H. Kennard transmettait au Gouvernement de Sa Majesté une communication faite par le Gouvernement allemand au Chargé d' Affaires à Berlin sur la question de Dantzig, ainsi que la réponse polonaise à cette communication. M. Beck attirait l'attention de Sir H. Kennard " sur la nature très grave de la démarche allemande, étant donné que c'était la première fois que le Reich intervenait directement dans un différend entre la Pologne et le Sénat de Dantzig ". Le Gouvernement polonais, dans sa réponse à la note verbale allemande, affirmait " qu'il réagira, en employant de tels moyens et de telles mesures de l'opportunité desquels il demeurait seul juge, contre toute tentative des autorités de la Ville libre qui tendrait à compromettre les droits et les intérêts que la Pologne y possède en vertu de ses accords, et qu'il considérera toute intervention future de la part du Gouvernement allemand au détriment de ces droits et intérêts, comme un acte d'agression ".
Le 15 août, Sir Nevile Henderson discutait avec le Baron von Weizsäcker de l'aggravation de la situation à Dantzig et indiquait que si les Polonais " se trouvaient obligés par un acte quelconque de l'Allemagne de recourir aux armes pour se défendre, il n'y avait pas l'ombre d'un doute que nous leur donnerions notre pleine assistance armée... L' Allemagne ferait une erreur stratégique si elle s'imaginait le contraire ". Le Baron von Weizsäcker, de son côté, observait que " la situation, sous un certain rapport, était même plus grave que l'an dernier, étant donné que M. Chamberlain ne pouvait pas à nouveau se rendre en Allemagne ". Le Baron von Weizsäcker mettait également en doute le caractère de l' aide russe à la Pologne et pensait " que l' U.R.S.S. [Union des républiques socialistes soviétiques ; État fédéral de régime communiste, 1922-1991 ; elle comprenait les pays suivants : la Russie, l'Ukraine, la Biélorussie, la Moldavie, l' Azerbaïdjan, l' Arménie, la Géorgie, le Kazakhstan, le Turkménistan, l'Ouzbékistan, le Tadjikistan et le Kirghizstan ; en 1991, ils deviendront soit des États indépendants ou autonomes], à la fin, se joindrait au partage des dépouilles polonaises " .
Entre temps, le 11 août, M. Burckhardt [Carl Jacob, 1891-1974, diplomate suisse, dernier Haut commissaire de la Société des nations, SDN, l’ancêtre de l' ONU, Organisation des Nations Unies, à Dantzig, 1938-1939 ; de 1944 à 1948, il a été président du Comité international de la Croix-Rouge, CICR ; il est l'auteur d'un ouvrage intitulé " La « Mission à Dantzig » ", Éditions fayard, 1962] avait une conversation avec Herr Hitler à Berchtesgaden [ville de Bavière ; elle est surplombée par la montagne du Kehlstein, 1 835 m, connue pour accueillir à son sommet le " Kehlsteinhaus , « nid d'aigle », où le führer aimait y recevoir ses hôtes de prestige. À l'issue de la guerre, il est resté relativement intact] et cela à la requête de ce dernier ; au cours de cet entretien, la question de Dantzig et la situation européenne générale furent discutées. Le Vicomte Halifax, espérant toujours que Herr Hitler pourrait éviter la guerre, conseillait au Gouvernement polonais d'indiquer clairement qu'il demeurait prêt à entrer en négociations à propos de Dantzig.
La Kehlsteinhaus et, en arrière-plan, les Alpes bavaroises : 2011. Photo, Ondřej Žváček @CC BY 2.5
Traitement de la minorité allemande en Pologne, 24 au 27 août
Au cours de la correspondance brièvement rapportée dans ce chapitre, Sir H. Kennard communiquait que la campagne de presse allemande, à propos de la persécution de la minorité allemande en Pologne, constituait " de grossières déformations et exagérations des faits ", le 26 août, Sir H. Kennard mentionnait des incidents de frontière qui avaient été provoqués par les Allemands. Ils n'avaient pas amené les Polonais à se départir de leur " calme et forte attitude défensive ". Des rapports concernant les allégations allemandes injustifiées contre les Polonais étaient également envoyés par Sir H. Kennard, les 26 et 27 août.
Les développements de la situation conduisant directement au commencement des hostilités entre la Grande-Bretagne et l' Allemagne, 24 août au 3 septembre
À suivre...
Livre bleu anglais n° I, Documents concernant les relations germano-polonaises et le début des hostilités entre la Grande-Bretagne et l'Allemagne le 3 septembre 1939, présenté au Parlement par Ordre de Sa Majesté par le Secrétaire d' État aux Affaires étrangères ; traduction Autorisée et Officielle du document publié par His Majesty's Stationery Office, Paris, 1939, pp XI-XVI.
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