DOCUMENTS CONCERNANT LES RELATIONS GERMANO-POLONAISES ET LE DÉBUT DES HOSTILITÉS ENTRE LA GRANDE-BRETAGNE ET L'ALLEMAGNE LE 3 SEPTEMBRE 1939, ÉPISODE V

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  [Edward Frederick Lindley Wood, baron Irwin puis, 3e vicomte d'Halifax et 1er comte d'Halifax, 1881-1959 ; en poste de 1938 à 1940]

  Il est parfaitement exact, comme l'on fait observer le noble Lord et Lord Crewe [Robert Crewe-Milnes, 1858-1945 ; Ambassadeur du Royaume-Uni en France, 1922-1928 ; un des signataires de l' Accord de Tanger, Quai d'Orsay, Paris, 1928] que les récents évènements ont profondément choqué tous les esprits réfléchis, en Grande-Bretagne comme au loin. Il sera peut-être utile que je présente à l'Assemblée, très brièvement, un compte rendu sommaire, de façon d'être sûr que nous ayons un tableau exact de ce qui s'est passé durant ces quelques derniers jours.

17/7/28, signature de l'accord de Tanger [assis de g. à d., MM. Berthelot, lord Crewe, Quinones de Léon et Manzoni] : [photographie de presse] / [Agence Rol] Agence Rol. Agence photographique : commanditaire. Sur le Web

  L'occupation allemande de la Bohème et de la Moravie a commencé le 15 mars, au matin, et s'est achevée, nous le savons, sans incident sérieux. Il est à noter, et le fait ne laisse pas d'être significatif, que les villes de Mährisch-Ostrau [aujourd'hui Ostrava, située au nord-est de la Tchéquie ; elle est la capitale de la région de Moravie-Silésie, proche de la frontière avec la Pologne] et de Witkowitz [Vítkovice en tchèque, ancienne ville jusqu'en 1924 ; puis, est devenue un quartier de Mährisch-Ostrau] furent occupées par les détachements de S.S. [(abréviation de l'allemand Schutzstaffel, échelon de protection ; Organisation paramilitaire et policière nazie fondée en 1925 pour assurer la protection personnelle d'Adolf Hitler et qui devint une des principales organisations du régime national-socialiste. Larousse] le 14 au soir, alors même que le Président et le Premier ministre tchéco-slovaques étaient en route pour Berlin, et que nulle discussion n'avait encore lieu. Le 16 mars, Herr Hitler, publiait le décret auquel le noble marquis vient de faire allusion, affirmant que l'ancien territoire tchéco-slovaque occupé par les troupes allemandes appartenait désormais au Reich et passait sous sa protection au titre de " Protectorat de Bohème et de Moravie ".
  Il n'est pas nécessaire de récapituler les termes du décret — il a été publié — mais il est à noter que si le chef du Gouvernement qui va être établi doit occuper le rang de Chef d'État, et si le Protectorat doit être prétendument autonome et s'administrer lui-même, un protecteur nommé par le Reich doit résider à Prague avec plein droit de veto à l'égard de la législation. Les affaires étrangères et la protection des nationaux à l'étranger incombent au Gouvernement allemand, qui maintiendra, d'autre part, dans le Protectorat, des garnisons et des établissements militaires. Le Protectorat fait partie, qui plus est, de l' Union douanière allemande [Zollverein ; Association douanière des États allemands, entrée en vigueur le 1er janvier1834, sous l'impulsion de la Prusse. Elle comprenait à l'origine, outre la Prusse, la Bavière, le Wurtemberg, la Saxe et les États de Thuringe ; dès 1842, elle groupait 25 États. Pratiquant le libre-échange en son sein, mais protectionniste à l'extérieur, le Zollverein accéléra l'unification économique de l'Allemagne au profit de la Prusse. Il dessina le cadre territorial à l'intérieur duquel se constitua le IIe Reich en 1871. Larousse] et enfin le Gouvernement allemand pourra promulguer des décrets valables dans le Protectorat et prendre toutes mesure en vue du maintien de l'ordre et de la sécurité.
  Il me sera peut-être permis de citer un bref article qui me semblait résumer la situation. Il déclare que " le Protectorat de Bohème et de Moravie exercera ses droits souverains en tenant compte des intérêts politiques militaires et économiques du Reich ".
  L'indépendance de la Slovaquie fut proclamée le 14 mars, mais sur la demande du docteur Tiso [Jozef, 1887-1947 ; Ecclésiastique ; Chef du gouvernement autonome slovaque,1938, puis chef de l'État slovaque indépendant, 1939-1945 ; En mars 1939, il déclara la Slovaquie comme un pays indépendant et en fit un satellite du régime nazi. Même après le soulèvement national slovaque de 1944, au cours duquel des milliers de Slovaques se sont rebellés contre les nazis, Tiso est resté fidèle à Hitler et à ses activités meurtrières. Il avait la possibilité d'exempter des personnes des déportations, mais il n'a utilisé cette possibilité que pour aider quelque 1 100 juifs riches ou juifs devenus catholiques. En avril 1945, Tiso s'est enfui en Autriche. Il a été attrapé et renvoyé en Tchécoslovaquie, où il a été jugé et exécuté ... ; source], Chef de l'État slovaque, Herr Hitler avait entrepris de placer la Slovaquie sous la protection de l'Allemagne, et l'occupation militaire du territoire par les troupes allemandes s'effectue en ce moment. Pour ce qui est de la Ruthénie, l'occupation de la région par les Hongrois, commencée le 14 mars, s'est également poursuivie, et, dès le 16 mars, les troupes hongroises avaient atteint la frontière polonaise, complétant ainsi, virtuellement, l'occupation de la province. À la suite de ces diverses opérations, il est donc permis d'affirmer que le démantèlement de la Tchéco-Slovaquie est désormais chose faite.



Mars 1939 : le Premier ministre slovaque Josef Tiso, 2e à partir de la gauche, et le ministre des Affaires étrangères Dr. Durczansky, à gauche, avec Adolf Hitler dans la salle de réception de la nouvelle chancellerie du Reich, Otto Meissner en arrière-plan. Crédit Photo © SZ Photo / Bridgeman Images

  Avant que d'en arriver à l'un ou l'autre des points soulevés par le noble Lord, je voudrais dire quelques mots au sujet des motifs par lesquels le Gouvernement allemand cherche à justifier l'action qu'il a entreprise. La cause immédiate de la crise actuelle en Europe centrale a son origine en Slovaquie et on prétend que le Gouvernement allemand était fondé à intervenir dès la réception de la demande d'assistance que lui adressait le Premier ministre slovaque destitué. Vos Seigneuries le savent, il a toujours existé en Slovaquie un parti qui réclamait l'autonomie. Cette autonomie a été réalisée, en fait, après Munich, dans l'accord intervenu entre les divers partis Slovaques et le Gouvernement central de Prague.
  Cependant, les éléments extrémistes , en Slovaquie, n'étaient satisfaits de ces arrangements. Mais en présence de toutes les informations dont je dispose, il me semble impossible de croire que la décision subite prise par certains dirigeants slovaques de rompre avec Prague, décision suivie de si près par la sollicitation de la protection du Reich allemand, fut prise indépendamment de toute influence extérieure. On prétend que l'intervention allemande en Tchéco-Slovaquie était justifiée par l'oppression de la minorité allemande par les Tchèques. Mais là encore, en réalité, ce n'est que fort peu de temps avant l'ultimatum adressé par Herr Hitler au Président tchèque que la presse allemande commença à renouveler sa campagne de l'été dernier, au sujet des prétendues brutalités des Tchèques à l'égard des citoyens allemands.
  En fait, la minorité allemande, dont le chiffre s'élève à environ 250.000 âmes, semble depuis l'Accord de Munich jouir d'une situation qu'on pourrait qualifier d’exceptionnellement privilégiée. Malgré le droit d'option accordé en vertu de l'article 7 dudit accord, les membres de la minorité allemande ont été encouragés à rester en Tchéco-Slovaquie afin de pouvoir continuer des centres utiles d'activité et de propagande allemandes, et des conseils dans ce sens ont été donnés à la minorité par son leader. C'est à la suite de l' Accord Germano —Tchéco— Slovaque relatif à la protection mutuelle des minorités que le Gouvernement allemand obtint le droit légal de s'intéresser directement à sa minorité en Tchéco-Slovaquie et que cette minorité obtint aussitôt celui de créer des organisations distinctes. De plus, le Gouvernement tchéco-slovaque convint ultérieurement de conférer au parti national-socialisme allemand en Tchéco-Slovaquie le plein droit de poursuivre son activité en Bohème et en Moravie.
  Il est difficile de ne pas aboutir à cette conclusion que la majeure partie des incidents qui se sont produits avant l'invasion allemande furent provoqués de propos délibéré et que les effets en furent considérablement grossis. Il y a lieu d'ajouter, me semble-t-il, en toute justice, que les autorités tchéco-slovaques reçurent l'ordre d'agir et agirent en effet avec une grande modération en présence de cette provocation.
  Il n'est pas nécessaire, je crois, d'insister sur l'affirmation émise par d'aucuns, que le Président tchéco-slovaque lui-même consentit à la subjugation de son peuple. Étant donné les circonstances dans lesquelles il vint à Berlin et l'occupation du territoire tchèque déjà effectuée, je pense que la plupart des esprits sensés devront arriver à la conclusion qu'il n'y a pas eu eu même un semblant de négociations et qu'il est plus probable que les représentants tchèques se trouvèrent mis en présence d'un ultimatum et de menaces de violence, et qu'ils capitulèrent afin d'éviter à leur peuple les horreurs d'un bombardement aérien rapide et destructeur.
  On prétend, enfin, que l'Allemagne était, dans une certaine mesure, menacée par la Tchéco-Slovaquie. On m'accordera pourtant que le Gouvernement allemand lui-même ne pouvait guère s'attendre à que cette prétention fût sérieusement retenue par qui que ce soit. Au vrai, s'il m'est permis de résumer mon opinion, après l'examen de ces diverses questions, je serais porté à souhaiter qu'au lieu des communications et des explications qui ont été publiées, et qui ne sont guère convaincantes, on eût franchement reconnu la force supérieure de l'Allemagne comme étant l'arbitre suprême, ainsi qu'elle le fut en réalité.
  Dans ces conditions, comme vous le savez, le Gouvernement de Sa Majesté a cru devoir procéder immédiatement à une certaine action. J'en arrive ici à un point qui a été touché à la fois par le noble Lord, auteur de la motion et par le noble Marquis qui lui a succédé. Le Gouvernement de Sa Majesté a immédiatement ajourné la visite à Berlin du Ministre du Commerce et du Secrétaire du département du Commerce d'outre-mer, visite qui devait permettre, on l'espérait du moins, au Gouvernement de Sa Majesté d'intervenir dans ces contrats officieux qui s'établissaient précisément à ce moment-là, entre représentants de l'industrie. Nous estimions et nous estimons toujours, ainsi que je pense l'avoir dit il y a quelques jours, que, dans les conditions qui se sont produites, tout développement de notre effort dans ce sens était, comme le noble Marquis l'a dit, franchement exclu et qu'il y avait lieu d'ajourner indéfiniment cette affaire et bien d'autres encore. Le Gouvernement de Sa Majesté, comme Vos Seigneuries, le savent également, a rappelé, aux fins d'information, l'Ambassadeur de Sa Majesté à Berlin, et il est arrivé hier à Londres.
  En plus de ces deux mesures concrètes, nous avons saisi le Gouvernement allemand d'une protestation formelle tendant à l'informer que nous sommes bien obligés de voir, dans les évènements des quelques derniers jours, la répudiation complète de l'Accord de Munich et la négation de l'esprit dans lequel les négociateurs dudit accord s'étaient engagés à coopérer en vue d'un règlement pacifique. Nous avons également saisi cette occasion pour protester contre les changements effectués en Tchéco-Slovaquie par l'action militaire allemande, et nous avons déclaré qu'à notre avis ces changements sont dépourvus de toute base juridique.
  C'est pourquoi je pense que nous pouvons dire que nous avons laissé au Gouvernement allemand aucun doute quant à l'attitude du Gouvernement de Sa Majesté et bien que je ne fonde pas d'espoirs exagérés sur l'effet que peuvent avoir les protestations, je pense que Vos Seigneuries approuveront entièrement le fait de les avoir adressées.
  J'ai vu de temps à autre les efforts faits par certains apologistes allemands pour justifier l'action de leur gouvernement par des allusions à l' Empire britannique [expression qui désigne jusqu'en 1931 l'ensemble des territoires reconnaissant la souveraineté de la Couronne britannique... ; La promotion à l'indépendance des pays les plus évolués de l'Empire, impliquant l'abandon d'une union fédérale dirigée depuis Londres, est reconnue par les conférences impériales de 1926 et 1930, et consacrée par le statut de Westminster de 1931. Les dominions sont reconnus absolument indépendants du gouvernement britannique et prennent rang d’États souverains à la Société des nations, SDN, créée en 1919. L'Empire a vécu ; le Commonwealth lui succède. Larousse].

 
« Achetez les produits de notre Empire, qu'ils soient de métropole ou d'outre-mer ». Affiche de Mac Donald Gill : 1884-1947. Ph. © Archives Larbor

  Il n'est pas nécessaire de vous rappeler que les principes sur lesquels se fondent la politique de l'Empire britannique sont l'éducation en vue d'un gouvernement libre. Partout où nous sommes allés dans le monde nous avons laissé un sillage de liberté et de gouvernement autonome et notre histoire n'a rien en commun avec la suppression de la liberté et de l'indépendance des peuples à qui leur développement politique avait déjà procuré toute faculté de s'exprimer librement.
  On a aussi objecté que ce qui se passait en Tchéco-Slovaquie n'intéressait ni ne concernait ce pays. Il est parfaitement vrai que nous avons toujours reconnu que, pour des raisons géographiques, sinon pour d'autres, l’Allemagne devait, à certains points de vue, être plus intéressée à la Tchéco-Slovaquie ou au Sud-Est de l'Europe que nous-mêmes.
  C'est un champ naturel pour l'expansion du commerce allemand. Mais, en dehors du fait que les changements dans toute partie de l'Europe produisent de graves effets ailleurs, la situation est entièrement transformée lorsque nous nous trouvons devant la suppression arbitraire d'un État souverain indépendant par la force, et en violation de ce que je dois considérer comme les règles de conduite élémentaires en matière internationale.
  Il est assez naturel qu'à la lumière de ces évènements, on dise au Gouvernement de Sa Majesté, comme l'a fait le noble Lord cet après-midi, que la politique de Munich fut une erreur tragique. Je ne puis, bien entendu, prétendre influer sur l'opinion très sincère du noble Lord, mais je crois pouvoir rectifier une observation précise qu'il a faite. Il a parlé de la politique poursuivie par le Premier ministre comme d'une politique personnelle. Si, en parlant ainsi, il a voulu dire que c'était une politique à laquelle le Premier ministre a consacré toute son énergie, son imagination, sa résolution, je ne le contredirai pas ; mais s'il a voulu suggérer que c'était une politique poursuivie sans mon entière coopération en tant que Secrétaire d'État aux Affaires étrangères et sans celle de tous les membres du Gouvernement, je dois prendre la liberté d'opposer à ce qu'il a dit la dénégation la plus formelle.
  Mes Lords, l'accord de Munich qui a été approuvé par cette Chambre et dans une autre enceinte, a été accepté par le Gouvernement de Sa Majesté avec deux intentions tout à fait distinctes. La première était d'arriver à régler, autant que possible, dans les circonstances extrêmement difficiles du moment, un problème très réel, dont la solution était une nécessité urgente, si l'on voulait sauver la paix de l'Europe. Et quant à cela je puis dire, comme je l'ai déjà dit dans cette Chambre, que je suis absolument convaincu que le Gouvernement de Sa Majesté avait raison de faire ce qu'il a fait, étant donné toutes les informations qu'il possédait.
  Le second objet de l'Accord de Munich était d'édifier une Europe plus sûre, sur la base de consultations. librement acceptées, comme moyen d'ajuster toutes les divergences futures. Comme nous pouvons tous le constater, mes Lords, ce dessein à long terme a été désastreusement ruiné par les évènements. On nous accuse d'avoir trop facilement ajouté foi aux assurances que nous avait données Herr Hitler quand il nous avait dit qu'après Munich il n'avait plus d'ambitions territoriales, ni aucun désir d'incorporer dans le Reich des éléments non-Allemands.
  Le noble Lord a parlé d'un " Premier ministre par trop crédule ". Je puis assurer Vos Seigneuries que ni le Premier ministre, ni moi-même, ni aucun membre du Gouvernement de Sa Majesté n'a manqué aucun moment d'être profondément conscient de la différence entre une croyance et un espoir. Mais nous avons toujours agi — et je mets au défi l'un quelconque des nobles Lords, d'apporter une preuve du contraire — nous avons toujours agi en nous rappelant que seul le temps pouvait transformer un espoir en une croyance assurée.
  Il est un fait certain : des assurances antérieures n'avaient pas été tenues, qu'elles qu'avaient pu être les justifications présentées par Herr Hitler au nom de sa mission, telle qu'il la conçoit, pour incorporer au Reich des territoires qui ont appartenu autrefois à l'Allemagne et les régions où les Allemands prédominent. On pouvait dire que, jusqu'à Munich, Herr Hitler, dans ses actes, était resté fidèle à ses principes, à l'union des Allemands au Reich et l'exclusion des non-Allemands. Mais ces principes, il les a maintenant rejetés. En englobant 8 millions de Tchèques sous l'administration allemande il est certain qu'il n'est pas resté fidèle à sa propre philosophie. 
 

Lord Halifax, à droite, secrétaire aux Affaires étrangères, avec un fonctionnaire de l'ambassade allemande à l'aérodrome de Heston avant le départ du Premier ministre britannique Neville Chamberlain pour des entretiens avec Adolf Hitler à Munich ; 15 septembre 1938. Source

  Le monde n'oubliera pas qu'en septembre dernier Herr Hitler a fait appel au principe de l'auto-détermination dans l'intérêt de 2 millions d'Allemands des Sudètes. Ce principe est un de ceux sur lesquels l'Empire britannique lui-même a été édifié et auquel, par conséquent, Vos Seigneuries se le rappelleront, nous nous trouvions obligés d'accorder de l'importance en considérant les demandes de M.Hitler. Mais ce principe vient d'être brutalement contredit par une suite d'actes déniant les droits mêmes sur lesquels se basait l'attitude allemande, il y a six mois, et qu'elle que puisse être la vérité au sujet du traitement qui fut appliqué aux 250.000 Allemands, il m'est impossible de croire qu'on puisse jamais y remédier par l'assujettissement de 8 millions de Tchèques. Quelle conclusion, a demandé le noble Marquis, devons-nous donc tirer de cette conquête de la Tchéco-Slovaquie?
  Devons-nous croire que la politique allemande soit entrée dans une phase nouvelle? La politique allemande continue-t-elle de se limiter à la consolidation de territoires habités en majeure partie par des personnes de race allemande? Ou bien la politique allemande va-t-elle maintenant viser à la domination sur les peuples non-Allemands? Telles sont les très graves questions qu'on se pose aujourd'hui dans toutes les parties du monde.
  L’action allemande en Tchéco-Slovaquie a été menée avec de nouvelles méthodes et ces derniers temps le monde a été témoin de plus d'une innovation dans le domaine de la technique internationale ; guerres sans déclaration de guerre, pression exercée sous la menace de l'emploi immédiat de la force, intervention dans les luttes intérieures d'autres États. Les pays se trouvent placés maintenant devant l'encouragement au séparatisme, non dans l'intérêt des éléments séparatistes ou minoritaires, mais dans l'intérêt impérial de l'Allemagne. Les prétendus sévices infligés aux minorités allemandes en pays étrangers, sévices qui, à vrai dire, ont peut-être été dus à des causes naturelles, mais qui ont aussi pu être le sujet et le résultat de provocations venus de l'extérieur, sont utilisés comme prétextes d'intervention. Ces méthodes sont simples et, à mesure que notre expérience s'étend, elles sont très faciles à reconnaître. Avons-nous la moindre assurance qu'elles ne seront pas employées ailleurs?
  Tout pays qui est voisin de l'Allemagne est désormais incertain du lendemain, et tout pays tenant à son identité nationale et à sa souveraineté est mis en garde contre le danger intérieur, inspiré de l'extérieur. Au cours de ces derniers jours, le bruit a couru que le Gouvernement allemand adoptait une attitude un peu rude dans ses négociations avec le Gouvernement roumain sur des questions économiques. Je suis heureux de dire que le Gouvernement roumain a lui-même démenti une information qui allait jusqu’à parler d'un ultimatum. Mais même s'il n'y a aujourd'hui aucune menace à l'égard de la Roumanie ou même si cette menace ne s'est pas précisée jusqu'ici, et même si elle ne doit pas se préciser sous cette forme, il n'est pas surprenant que, tout comme d'autres gouvernements, le Gouvernement de Bucarest considère avec les plus vives appréhensions les évènements de ces quelques derniers jours.
  Depuis des années le peuple britannique n'a cessé de désirer être en termes d'amitié avec le peuple allemand. Il n'y a pas chez notre peuple d'instinct national plus fort que l'instinct qui le pousse, après la bataille à serrer la main de l'adversaire et à se réconcilier avec lui. Notre peuple n'a pas hésité à reconnaître quelques-unes des erreurs qui avaient besoin d'être réparées dans le Traité de Versailles ; mais chaque fois, au cours de ces dernières années, qu'il est apparu une chance de faire des progrès vers la compréhension, le Gouvernement allemand a pris des mesures qui ont rendu ces progrès impossibles ; et ce fut le cas plus particulièrement au cours de ces derniers mois. Très peu de temps après Munich, le Gouvernement allemand a pris des mesures qui choquèrent profondément l'opinion mondiale. Tout récemment, on pouvait espérer, bien qu'il y eût beaucoup de nuages au-dessus et au-dessous de l'horizon, que nous pourrions envisager une collaboration économique plus étroite ; et c'est dans l'espoir de transformer cette collaboration économique en quelque chose de plus vaste, Vos Seigneuries le savent, que nous avions décidé ces visites dont j'ai tant parlé il y a un instant. Toute cette initiative a été rendue vaine par les mesures auxquelles a recouru le Gouvernement allemand la semaine dernière, et l'on ne voit guère quand on pourra facilement la reprendre.
  Ces affaires, ainsi que je le disais il y a quelques instants, ont soulevé de vastes problèmes et les évènements de Tchéco-Slovaquie exigent que le Gouvernement de Sa Majesté, et tous les peuples libres, examinent à nouveau quelle attitude ils doivent adopter à leur égard. En gros, depuis la guerre, deux thèses se sont affrontées quand à la meilleure méthode d'éviter les conflits et de créer de la sécurité pour les nations de ce monde. La première recommande la création, et assure le fonctionnement d'un mécanisme de consultation, de conciliation et d'arbitrage avec, si possible, la sanction d'une force collective, et cela veut dire que tous les États bien disposés sont invités à accepter des obligations étendues vis-à-vis les uns des autres et à reconnaître qu'une attaque dirigée contre l'un d'entre eux doit être considérée comme dirigée contre eux tous. Telle est, Vos Seigneuries le savent bien, la thèse qu'exprime le Covenant [Alliance] de la Société des Nations [ Le Traité de Versailles a été signé à la Galerie des Glaces du Château de Versailles le 28 juin 1919. Le Pacte de la Société des Nations est la première partie du traité. À travers ses 26 articles, le Pacte de la Société des Nations précisait ses trois objectifs principaux: assurer la sécurité collective, favoriser la coopération fonctionnelle et exécuter les mandats des traités de paix... ; I. MEMBRES ORIGINAIRES DE LA SOCIÉTÉ DES NATIONS SIGNATAIRES DU TRAITÉ DE PAIX : ÉTATS-UNIS D'AMÉRIQUE, BELGIQUE, BOLIVIE, BRÉSIL, EMPIRE BRITANNIQUE, CANADA, AUSTRALIE, AFRIQUE DU SUD, NOUVELLE ZÉLANDE, INDE, CHINE, CUBA, ÉQUATEUR, FRANCE, GRÈCE, GUATEMALA, HAÏTI, HEDJAZ [Royaume hachémite de Hedjaz. État d'Asie occidentale situé dans le Hedjaz, sur la côte de la mer Rouge de la péninsule arabique. Sa capitale était La Mecque. D'abord royaume hachémite indépendant, 1916-1925, puis occupé par le sultanat du Nejd, 1925-1926, il fit ensuite partie du royaume du Nejd et du Hedjaz, 1926-1932, puis incorporé dans le royaume d'Arabie saoudite. Son territoire correspond aux actuelles provinces saoudiennes de Tabuk, Médine, La Mecque, Al Bahah, Jizan et Asir... ; source], HONDURAS, ITALIE, JAPON, LIBERIA, NICARAGUA, PANAMA, PÉROU, POLOGNE, PORTUGAL, ROUMANIE, ÉTAT SERBE-CROATE-SLOVÈNE, SIAM, TCHÉCO-SLOVAQUIE, URUGUAY / ÉTATS INVITÉS À ACCÉDER AU PACTE : ARGENTINE, CHILI, COLOMBIE, DANEMARK, ESPAGNE, NORVÈGE, PARAGUAY, PAYS-BAS, PERSE, SALVADOR, SUÈDE, SUISSE VÉNÉZUÉLA... ; source] Il est peut-être vrai de dire que le Protocole de Genève s'était efforcé de lui donné une portée plus pratique, et lui-même a provoqué la formation d'un certain nombre d'accords régionaux en vue d'organiser l'assistance mutuelle des puissances intéressées. C'est la première thèse.

"... Pendant la majeure partie de son histoire, le Hedjaz a été contrôlé par les puissances régionales de l'époque, d'abord l'Égypte puis l'Empire ottoman, et avait pour souverain local le shérif de La Mecque. Elle a connu une indépendance de courte durée après la première guerre mondiale, lorsque le soulèvement connu sous le nom de révolte arabe, auquel Lawrence d'Arabie a participé, a chassé les dirigeants ottomans. Le pays, qui a proclamé son indépendance en 1916, est ensuite passé sous l'égide de la dynastie hachémite, dont le chef, Husayn ibn Ali, régnait sur la Mecque en tant que chérif de la Mecque... ". Sur le Web

  La seconde, en contradiction avec la première, a été soutenue par ceux qui considèrent que les systèmes visant à assurer la sécurité collective, comme on l'a appelée, entrainent des obligations d'un vague dangereux, très disproportionnées à la sécurité réelle qu'elles procurent. Ceux qui partagent cette opinion sont persuadés que les États conscients du caractère pacifique de leurs propres buts feraient sagement de s'abstenir de ces engagements susceptibles de les entraîner dans une guerre dans laquelle leurs propres intérêts vitaux ne sont pas menacés. Il s'ensuivrait que les États doivent éviter de se grouper pour intervenir dans les conflits, à moins d'être eux-mêmes directement attaqués. Il s'agit là d'un conflit de doctrines philosophiques, que Vos Seigneuries connaissent parfaitement, parce que, d'une façon ou d'une autre, il a fait constamment l'objet de débats dans cette Chambre.
  Je suis certain que, dans l'examen de ces deux thèses, bien des gens ont laissé influencer leur jugement par l'opinion qu'ils avaient, à tort ou à raison, relativement à la probabilité d'une attaque directe. S'il était possible, à leur sens, d'estimer cette éventualité peu probable, ce peu de probabilité se comparait dans leur esprit à un risque plus grand, celui de voir les États entraînés dans des conflits qui ne naîtraient pas nécessairement à propos de leurs propres intérêts.
  Mais quand il devient évident qu'il n'existe pas apparemment de garanties contre des attaques successives dirigées à tour de rôle contre tous ceux qui paraissent gêner d'ambitieux projets de domination, aussitôt les plateaux de la balance basculent, de tous côtés se découvre, vraisemblablement et aussitôt, une bien plus grande disposition à se demander si l'acceptation de vastes obligations mutuelles destinées à assurer la défense commune n'est pas imposée par les nécessités de la légitime défense, à défaut d'autres raisons.
  Le Gouvernement de Sa Majesté n'a pas manqué de tirer la morale des évènements en question et n'a pas perdu de temps pour se mettre en consultation étroite et directe, non seulement avec les Dominions [État membre autonome de l'Empire britannique puis du Commonwealth], mais avec d'autres gouvernements intéressés aux problèmes qui sont soudainement apparus avec tant de clarté.
  Il n'est pas encore possible d'apprécier toutes les conséquences de l'acte de l'Allemagne. L'histoire, à laquelle le noble Marquis fait si souvent allusion pour notre plus grand profit et notre grand plaisir, a enregistré de nombreuses tentatives pour imposer une domination à l'Europe. Mais elles se sont toutes, tôt ou tard, terminées en désastre pour ceux qui les ont faites. Il n'a jamais été possible à la longue d'étouffer l'esprit des peuples libres. Si l'on peut se guider sur l'histoire, le peuple Allemand regrettera peut-être l'acte commis en son nom contre le peuple de Tchéco-Slovaquie.
  Ce peuple, il y a vingt ans, a recouvré ses libertés avec l'appui et l'encouragement de la plus grand partie du monde. Il en est maintenant dépouillé par la violence. Au cours de sa longue histoire, ce n'est pas la première fois que ce peuple tenace, vaillant et industrieux a perdu son indépendance, mais il n'a jamais perdu ce qui est à la base de l'indépendance : l'amour de la liberté.
  Cependant, de même qu'après la dernière guerre le monde a été témoin de l'ascension de la nation Tchèque, de même aujourd'hui, il suivra ses efforts pour conserver intacte sa personnalité culturelle, et, ce qui est plus important, sa liberté spirituelle, en dépit du dernier coup, le plus cruel de tous, dont elle a été victime.

N°II

Question et réponse du Premier ministre à la Chambre des Communes, le 23 mars 1939

Mr Attlee, posant une question personnelle, demande au Premier ministre s'il avait quelqu'autre déclaration à faire au sujet de la situation européenne.

Réponse

  Le Premier ministre : Le Gouvernement de Sa Majesté a déjà indiqué clairement que les actes récents du Gouvernement allemand ont posé la question de savoir si ledit gouvernement ne cherche pas, par ses efforts successifs, à dominer l'Europe, peut-être même à aller plus loin.
  Si cette interprétation des intentions du Gouvernement allemand s'avérait exacte, le Gouvernement de Sa Majesté se croirait tenu de dire qu'un tel dessein se heurterait à la résistance victorieuse de la Grande-Bretagne et des autres pays qui attachent du prix à la liberté, ainsi que ce fut le cas dans le passé pour d'autres tentatives analogues.
  Je ne suis pas encore en mesure de faire une déclaration au sujet des consultations que nous avons eues avec d'autres gouvernements, à la suite des évènements récents. Je tiens à indiquer nettement, toutefois, que le Gouvernement de Sa Majesté n'a nul désir de faire obstacle aux efforts raisonnables que peut faire l'Allemagne pour développer son commerce d'exportation. Au contraire, nous étions sur le point de discuter de la manière la plus amicale les possibilités d'arrangements commerciaux avantageux pour les deux pays, lorsque se produisirent les évènements, qui, momentanément du moins, mirent fin à ces pourparlers. Notre Gouvernement ne souhaite pas, non plus, dresser l'un contre l'autre, en Europe, deux blocs antagonistes ayant des idées différentes sur les formes de leur administration intérieure.
  Le seul point qui nous intéresse ici, est que nous ne pouvons pas admettre une procédure en vertu de laquelle des États indépendants sont soumis sous la menace de la force, à une pression telle qu'ils se voient contraints à renoncer à leur indépendance, et nous sommes résolus à nous opposer par tous les moyens en notre pouvoir aux tentatives qui pourraient être faites en vue de mettre pareille procédure en application

N°12

Sir N.Henderson au Vicomte Halifax, Berlin, le 28 mai 1939

  Milord,
  J'ai fait une courte visite au Feldmarschall Gœring à Karinhall [ou Carinhall ; ancien pavillon de chasse devenue la résidence da campagne du dignitaire nazi ; situé à une soixantaine de kilomètres au nord de Berlin ; baptisée ainsi en hommage à la première femme du dignitaire : la Suédoise Carin, morte en 1931 ; "...Cette résidence secondaire devient rapidement la destination de nombreuses œuvres d’art que Goering a pillées à travers l’Europe occupée. Il commence à se constituer une collection d’œuvres d’art dès la fin de la Première Guerre mondiale. Son ambition avec Carinhall est de créer un musée portant son nom. L’ouverture était prévue pour le 12 janvier 1953, jour du soixantième anniversaire de Goering. À la fin de la guerre et pendant la débâcle nazie, une partie de la collection de Goering est mise à l’abri dans les mines de sel d’ Altaussee en Autriche. En janvier 1945, Goering fait transporter l’autre partie de sa collection à Berchtesgaden, au sud de l’Allemagne. Afin de l’empêcher de tomber dans les mains des Russes devant l’avancée de l’Armée Rouge, Goering donne l’ordre de dynamiter son immense pavillon de chasse le 28 avril 1945. ; source], dans la journée d'hier.
  2. Le Feldmarschall Gœring qui, très évidemment, venait d'avoir avec quelqu'un d'autre une conversation sur ce sujet, commença par invectiver contre l'attitude adoptée en Angleterre contre tout ce qui était allemand et plus particulièrement à propos de l'or qui y était détenu pour le compte de la banque de Tchéco-Slovaquie. Avant cependant que j'eusse le temps de répondre, il fut appelé au téléphone, et, à son retour, ne revint pas sur cette question particulière. Il se plaignit par contre de l'hostilité britannique en général, de l'encerclement politique et économique de l'Allemagne poursuivi par nous et de l'activité de ce qu'il appelait " le parti de la guerre en Angleterre ", etc...
  3. Je dis au Feldmarschall qu'avant de parler d'une hostilité britannique, il lui fallait comprendre pourquoi cette indubitable modification des sentiments prévalant en Angleterre contre l'Allemagne s'était produite. Ainsi qu'il devait fort bien le savoir, lui dis-je, la base de toutes les discussions entre M. Chamberlain et Herr Hitler, l'année dernière, supposait qu'une fois que les Sudètes auraient été intégrées dans le Reich, l'Allemagne ne s'occuperait plus des Tchèques et ne ferait rien qui pût porter atteinte à leur indépendance. Herr Hitler avait donné une très nette assurance à cet égard dans la lettre qu'il adressait au Premier ministre en date du 27 septembre [1938]. En cédant au conseil de ses " hommes sauvages ", wild men, et en annexant délibérément la Bohème et la Moravie, Herr Hitler n'avait point seulement trahi la parole donnée à M. Chamberlain, mais il avait en outre porté atteinte à tous les principes de la liberté des peuples à disposer d'eux-mêmes, sur lesquels reposait l'Accord de Munich.
  4. Arrivé à ce point, le Feldmarschall m'a interrompu pour me faire un récit de la visite du président Hacha à Berlin. Je répondis au Feldmarschall Gœring qu'il n'était pas possible de parler d'une libre volonté alors que je savais fort bien que lui-même avait menacé Prague d'un bombardement par avion, si le Dr. Hacha refusait de signer. Le Feldmarschall n'a pas nié le fait, mais se mit à expliquer comment cet incident s'était produit. Selon lui, le Dr. Hacha aurait été dès le premier instant prêt à tout signer, mais aurait dit que, constitutionnellement, il ne pouvait le faire sans en avoir d'abord référé à Prague. Après de considérables difficultés, la communication téléphonique avec Prague aurait été établie, et le Gouvernement tchèque aurait alors donné son acquiescement, en ajoutant cependant qu'il ne pouvait pas garantir qu'au moins un bataillon tchèque n'ouvrirait pas le feu contre les troupes allemandes. Ce ne fut, me dit-il, qu'à ce moment qu'il aurait menacé le Dr. Hacha de bombarder Prague, s'il y avait des pertes de vies allemandes. Le Feldmarschall répéta également, en réponse à certains commentaires de ma part, l'histoire selon laquelle l'occupation préliminaire de Witkowitz n'aurait été effectuée que pour devancer les Polonais dont, disait-il, on savait qu'ils avaient l'intention d'occuper, à la première occasion, ce territoire précieux.

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L'évolution de Karinhall ; dans sa forme définitive :

  • aile nord : occupée par le personnel et l'intendance,
  • aile au centre : accueil des hôtes,
  • aile sud : la bibliothèque,
  • bâtiment transversal : le grand hall et la galerie,
  • Le lieu comprenait également les bâtiments où logeaient les gardes, les pompiers ; une infirmerie, un bureau d'étude pour les travaux et une maquette du château dit " Sans-souci ", ancien palais d'été du roi de Prusse Frédéric II, offert à sa fille Edda, pour son anniversaire.

Carinhall,la résidence de Goering Speise10

La pièce la plus grande : la salle a manger principale, avec 411 m². Sur le Web     

  À suivre...

 Livre bleu anglais n° I, Documents concernant les relations germano-polonaises et le début des hostilités entre la Grande-Bretagne et l'Allemagne le 3 septembre 1939, présenté au Parlement par Ordre de Sa Majesté par le Secrétaire d' État aux Affaires étrangères ; traduction Autorisée et Officielle du document publié par His Majesty's Stationery Office, Paris, 1939, pp. 10-18

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