UNION EUROPÉENNE, ÉNERGIES RENOUVELABLES : QUAND LA COMMISSION SANCTIONNE FINANCIÈREMENT LA FRANCE POUR NON REPRODUCTION DE LA MÊME ERREUR QUE L'ALLEMAGNE

Production d'électricité
  "... bilan des 12 derniers mois du site Electricity maps, reproduit ci-dessous ; montrant ainsi la moyenne française à 81gCO2/kWh, celle de l’Allemagne à 387gCO2/kWh et celle de la Pologne à 698gCO2/kWh. [...] Le plus ahurissant de l’histoire, c’est que l’Allemagne, qui, malgré son pitoyable bilan CO2 dans ce domaine, affiche fièrement une part de 50,3% de renouvelable dans sa production d’électricité, 2020, "
  AVEC SES " AMIS " À SON CHEVET, TELS LES MÉDECINS DU " MALADE IMAGINAIRE "*  LE CLIMAT, MAL EN POINT, PEUT DÉJÀ PRÉPARER SA PIERRE TOMBALE ET NOUS AVEC!

* Molière, 1622-1673, Le malade imaginaire, comédie-ballet, musique de scène composée par Marc-Antoine Charpentier, 1673.

 

Représentation du 19 juillet 1674 lors des fêtes de Versailles. Marc-Antoine Charpentier, sans doute, dirige la musique. Bibliothèque en ligne Gallica 

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L’amende de trop


Jean Pierre Riou

  En menaçant la France d’une lourde amende pour n’avoir pas atteint ses objectifs en matière d’énergies renouvelables, la Commission européenne consacre sa confusion entre objectifs et moyens, et stigmatise surtout une politique illusoire et brouillonne de sortie du nucléaire et son gâchis d’argent public engagé dans une impasse dogmatique.
  Selon Novethic, la France, seul pays européen à ne pas avoir atteint ses objectifs en matière d’énergies renouvelables, négocierait pour racheter « des mégawatts statistiques à l’Italie et à la Suède ». Ce qui lui coûterait des centaines de millions d’euros, afin d’éviter une lourde amende de la part de la Commission européenne.
  Selon le texte qui les régit : « Ce développement des énergies renouvelables s’insère dans la politique climatique européenne en tant que « L'augmentation de l'utilisation de l'énergie produite à partir de sources renouvelables, ou «énergie renouvelable», constitue un élément important du paquet de mesures requises afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre et de se conformer aux engagements pris par l'Union au titre de l'accord de Paris de 2015 sur le changement climatique ».
  Ce mélange des genres entre objectifs et moyens pose la question de la condamnation de la France dès qu’on se penche sur les faits et non sur les seuls chiffres supposés permettre ces faits.

 

Source Banque mondiale

  La France apparaît ainsi une très bonne élève grâce, essentiellement à son parc nucléaire qui l’avait déjà démarquée de ses voisins avant 1990.
  Et si la Suède, avec 3,4 tCO2/habitant fait mieux encore, d’autres comme la République tchèque, 9tCO2/h, ou le Luxembourg, 15,3 tCO2/h, font bien pire que les 8,1 tCO2/h de la Belgique.
  Que cette amende soit infligée ou non, cette situation met au grand jour des manœuvres politiciennes dont le grand perdant est le climat.

Comment en est-on arrivés là ?
La LOI n° 2015-992 du 17 août 2015 relative à la Transition énergétique pour la croissance verte stipule notamment les objectifs :
   … " 4° De porter la part des énergies renouvelables à 23 % de la consommation finale brute d'énergie en 2020 et à 32 % de cette consommation en 2030 ; à cette date, pour parvenir à cet objectif, les énergies renouvelables doivent représenter 40 % de la production d'électricité, 38 % de la consommation finale de chaleur, 15 % de la consommation finale de carburant et 10 % de la consommation de gaz ;
   "De réduire la part du nucléaire dans la production d'électricité à 50 % à l'horizon 2025 "
  Le caractère irréaliste de cette loi a été acté 3 ans plus tard.
  La réduction de la part du nucléaire à 50% a tout d’abord été jugée irréaliste et repoussée à 2035 dans la Programmation pluriannuelle de l’énergie, PPE, de 2018, avant qu’Emmanuel Macron annonce, lors de son discours du 10 février 2022 à Belfort, qu’EDF devra au contraire se préparer à une prolongation au-delà de cinquante ans pour les réacteurs qui atteindront cet âge. Donc jusqu’à soixante. Renonçant ainsi à toute fermeture anticipée d’un réacteur en bon état d’ici là.

Quand le nucléaire s’invite au GIEC
  À l’occasion de l’évènement Atoms4Climate qui s’est déroulé lors de la COP27 sur le climat à Sharm el-Sheikh en Égypte, Rafael Grossi, directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique, AIEA, a vanté le potentiel du « héros méconnu de la lutte contre le réchauffement climatique, qui, est l’exploitation à long terme, des réacteurs », son faible coût et son grand potentiel. L’Agence internationale de l’énergie avait en effet déjà chiffré le coût de la prolongation des réacteurs, Long term operation, ou LTO, comme la moins chère des filières de production d’électricité, dans un rapport qui proposait notamment un calculateur interactif permettant la comparaison avec toutes les autres. Rafael Grossi, rappelant qu’avec des investissements bien moindres, les réacteurs peuvent fonctionner avec des conditions de sûreté parfaites, non pas seulement pendant 70 ans, mais pendant 100 ans.

Rêves et réalité
  Le défi climatique demande de réduire les émissions de gaz à effet de serre et non d’atteindre des objectifs de moyens réputés y parvenir. En l’espèce, des moyens en termes d’énergies renouvelables qui ont montré leurs limites avec les 2 plus gros pollueurs européens pour la production d’électricité, comme le montre leur bilan des 12 derniers mois du site Electricity maps, reproduit ci-dessous ;  montrant ainsi la moyenne française à 81gCO2/kWh, celle de l’Allemagne à 387gCO2/kWh et celle de la Pologne à 698gCO2/kWh. La France dernière de la classe pour les énergies renouvelables avec 19,1% dans la foulée de son modèle allemand : 19,3% !

 

   Le plus ahurissant de l’histoire, c’est que l’Allemagne, qui, malgré son pitoyable bilan CO2 dans ce domaine, affiche fièrement une part de 50,3% de renouvelable dans sa production d’électricité, 2020, n’affiche, cette même année, que 19,3% d’énergies renouvelables pour « la part d'énergie produite à partir de sources renouvelables dans la consommation d'énergie finale brute, en 2020 », c'est-à-dire les termes exacts des engagement pris auprès de la Commission européenne.
  Notons qu’en 2021, la France est également parvenu à 19,3% de part de renouvelable, grâce à 7,1% de biomasse solide, 3,4% d’hydraulique, 2,4% de pompes à chaleur, seulement 2,2% d’éolien et 1,4% pour toutes les autres filières électriques, selon les statistiques du ministère de la Transition écologique. Ces 19,3% représentent exactement la part de renouvelables de la consommation allemande 2020, malgré ses 119,9 GW éoliens et photovoltaïques déjà installés à l’époque : quasiment le double de la puissance de notre parc nucléaire, 61,3 GW, que l’Allemagne a d’ailleurs dépassé depuis, avec 129,89 GW en 2022 et ce, malgré, donc, la part de 50,3% renouvelable de sa, très polluante, production d’électricité.
  Considérer que l’urgence serait d’accélérer le développement de notre parc éolien/solaire, dont la puissance est actuellement de 22,6 GW n’est assurément pas la voie royale pour atteindre ne serait-ce que l’objectif de part de renouvelable, un objectif sur lequel la commission européenne serait bien avisée de revenir, car le nucléaire, désormais considéré parmi les énergies vertes, ne nécessite pas l’ajout de centrales thermiques pour lisser la production selon les aléas météorologiques.

La botte italienne, et allemande
  Mais notre bon élève italien ne s’était engagé qu’à hauteur de 17% d’énergies renouvelables et notre champion allemand à 18%. Tandis que la Pologne doit parvenir à 15% et la Belgique à 13%, quand la loi de 2015 engageait la France à hauteur de 23%.

 

Source DIRECTIVE, UE, 2018/2001 DU PARLEMENT EUROPÉEN ET DU CONSEIL du 11 décembre 2018

  Rappelons enfin que cette même loi de 2015 prévoit « 32 % de cette consommation en 2030 ; à cette date, pour parvenir à cet objectif, les énergies renouvelables doivent représenter 40 % de la production d'électricité ». C'est-à-dire s’assurer de bien reproduire la même erreur que l’Allemagne en concentrant les énergies renouvelables dans la production d’électricité, sachant que nous n’obtiendrons même pas les mêmes résultats qu’elle, sachant que notre production d’électricité est déjà décarbonée à plus de 90% depuis ¼ de siècle grâce au nucléaire qui en assure l’essentiel.
  Il est difficile d’imaginer que l’obstination à suivre le modèle de production d’électricité allemand aurait pour objectif la réduction des émissions de CO2, objet ultime de la déclinaison des objectifs en termes d’énergies renouvelables.
  D’autant qu’on sait que les intérêts de la filière renouvelable électrique sont officiellement représentés dans les bureaux mêmes du ministère chargé de les mettre en œuvre.
  Pour l’anecdote, l’excellent élève estonien, avec 30,2% de part renouvelable est le champion toutes catégories de la production d’électricité la plus sale, avec une moyenne de 915gCO2/kWh sur ces 12 derniers mois. Son système énergétique se caractérise par une forte dépendance aux schistes bitumineux qu’elle exploita sur son sol, « réduisant peu à peu la part consacrée à la production d'électricité et de chaleur et en augmentant celle dédiée à la production d'hydrocarbures », ainsi que le rapporte Connaissance des énergies, selon un rapport de l’AIE de 2019. Mais l’Estonie envisage de porter cette part de renouvelable à 50% en utilisant davantage les importantes ressources forestières du pays. En 2019, l’Estonie émettait 7,7 tonnes de CO2 par habitant.

Le sens de la condamnation
  L’énergie nucléaire est désormais reconnue nécessaire face au défi climatique, en tant que " partie de l'ensemble de la taxonomie de l'UE, qui se concentre sur les énergies renouvelables ". Le spectre d’une amende de 500 millions d’euros infligée à la France consacre la gravité de l’erreur d’avoir mélangé objectifs et moyens en figeant les termes des objectifs en matière d’énergie renouvelable malgré leurs carences en regard de l’urgence climatique, et stigmatise avant tout une politique française brouillonne de sortie du nucléaire et le décalage entre ses rêves et la réalité qui a privé d’efficacité ses investissements dans une voie dogmatique, en négligeant le formidable potentiel laissé par la précédente génération.

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