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Excellence,
Votre Excellence aura déjà pris connaissance de certaines mesures prises par le Gouvernement de Sa Majesté, et publiées ce soir même dans la presse et par la radio.
Ces mesures, dans l'opinion du Gouvernement de Sa Majesté, ont été rendues nécessaires par les mouvements de troupes signalés d'Allemagne et par le fait qu'apparemment, l'annonce d'un accord germano-soviétique est considéré dans certains milieux de Berlin comme de nature à indiquer que l'intervention de la Grande-Bretagne en faveur de la Pologne n'est plus une éventualité avec laquelle il faut compter. L'on ne saurait commettre plus grave erreur. Quelle que puisse être finalement la nature de l'Accord germano-soviétique, il ne saurait modifier les obligation de la Grande-Bretagne vis-à-vis de la Pologne, telle qu'elles ont été confirmées en public de façon répétée et claire par le Gouvernement de Sa Majesté, et auxquelles ce dernier est fermement résolu à se conformer.
Il a été prétendu que si le Gouvernement de Sa Majesté avait, en I9I4, indiqué plus clairement sa position, la grande catastrophe aurait été évitée. Que cette allégation soit ou non justifiée, le Gouvernement de Sa Majesté est résolu à faire en sorte qu'à cette occasion il ne se produise pas un aussi tragique malentendu. Si la nécessité s'en présente, il est décidé et préparé à mettre sans délai en œuvre toutes les forces dont il dispose et il est impossible de prévoir la fin des hostilités, une fois qu'elles seront engagées. Ce serait une dangereuse illusion de croire que la guerre, une fois commencée, se terminerait rapidement, même si un succès avait pu être remporté sur l'un des divers fronts où elle s'engagera.
Pacte germano-soviétique, 23 août I939 : " Face à cet immobilisme, les dirigeants de l’URSS sont persuadés que leur propre territoire sera la prochaine cible. Depuis les années 1920, la « croisade contre le bolchevisme » est un leitmotiv nazi. Dès 1935, Staline dispose de preuves que cet objectif représente la « ligne tactique » de Hitler. Il cherche donc à convaincre les gouvernements britannique, français et américain de la nécessité d’un système de sécurité collective. En vain. Les pourparlers engagés à Moscou le 15 avril 1939 avec les délégués de la France et du Royaume-Uni débouchent sur une impasse. « Il n’est pas douteux même rétrospectivement, que la Grande- Bretagne et la France auraient dû accepter la proposition russe et proclamer (...) " ; source
Après avoir défini notre position de façon parfaitement claire, je désire vous répéter ma conviction qu'une guerre entre nos deux peuples serait la plus grande calamité qui pût survenir. Je suis certain qu'elle n'est pas désirée ni par notre peuple, ni par le vôtre, et je me refuse à voir qu'il y ait quelque chose dans les questions pendantes entre l'Allemagne et la Pologne qui ne puisse et ne doive être résolu sans recours à la force, si seulement une atmosphère de confiance pouvait être rétablie, et permettre que les discussions se poursuivent dans un climat différent de celui qui règne aujourd'hui.
Nous avons été, et nous serons en tout temps, disposés à prêter notre assistance à la création de conditions dans lesquelles pareilles négociations pourraient s'ouvrir, où il sera possible de discuter concurremment des problèmes plus vastes, affectant l'avenir des relations internationales, y compris les questions qui nous intéressent, nous et vous.
Cependant, les difficultés qui, dans l'état de tension actuelle, se présentent pour toute discussion pacifique, sont évidentes et, plus longtemps cette tension subsistera, plus la raison aura de peine à prévaloir.
Ces difficultés, cependant, pourraient être diminuées, sinon supprimées, si des deux côtés — et en fait de tous les côtés — pouvait, pour une période initiale, s'instaurer une sorte de trêve dans les polémiques de presse et dans toutes les manœuvres d'excitation.
S'il était possible de s'entendre pour une telle trêve, au cours de laquelle des mesures pourraient être prises pour étudier et ajuster les plaintes présentées des deux côtés en ce qui concerne le traitement des minorités, il est raisonnable d'espérer que l'on aurait pu établir les conditions favorables pour des négociations directes entre l'Allemagne et la Pologne, au sujet des problèmes existant entre elles, avec l'aide d'un truchement neutre, si les deux côtés l'on estimait qu'une telle intervention serait utile.
Je suis cependant obligé de dire que l'espoir de mener de telles négociations à une fin heureuse serait mince, s'il n'était pas entendu au préalable que tout arrangement auquel on pourrait arriver serait, une fois conclu, garanti par d'autres Puissances. Le Gouvernement de Sa Majesté serait prêt, si le désir en était exprimé, à apporter telle contribution en son pouvoir à la mise en application pratique de telles garanties.
Je confesse qu'en ce moment, je ne vois pas d'autre moyen d'éviter une catastrophe qui entraînerait l' Europe dans la guerre.
Devant les graves conséquences que l'action de ses dirigeants peut faire subir à l'humanité, je compte que Votre Excellence pèsera avec la plus extrême attention les considérations que je lui ai soumises.
À vous sincèrement.
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Excellence,
Votre Excellence aura déjà pris connaissance de certaines mesures prises par le Gouvernement de Sa Majesté, et publiées ce soir même dans la presse et par la radio.
Ces mesures, dans l'opinion du Gouvernement de Sa Majesté, ont été rendues nécessaires par les mouvements de troupes signalés d'Allemagne et par le fait qu'apparemment, l'annonce d'un accord germano-soviétique est considéré dans certains milieux de Berlin comme de nature à indiquer que l'intervention de la Grande-Bretagne en faveur de la Pologne n'est plus une éventualité avec laquelle il faut compter. L'on ne saurait commettre plus grave erreur. Quelle que puisse être finalement la nature de l'Accord germano-soviétique, il ne saurait modifier les obligation de la Grande-Bretagne vis-à-vis de la Pologne, telle qu'elles ont été confirmées en public de façon répétée et claire par le Gouvernement de Sa Majesté, et auxquelles ce dernier est fermement résolu à se conformer.
Il a été prétendu que si le Gouvernement de Sa Majesté avait, en I9I4, indiqué plus clairement sa position, la grande catastrophe aurait été évitée. Que cette allégation soit ou non justifiée, le Gouvernement de Sa Majesté est résolu à faire en sorte qu'à cette occasion il ne se produise pas un aussi tragique malentendu. Si la nécessité s'en présente, il est décidé et préparé à mettre sans délai en œuvre toutes les forces dont il dispose et il est impossible de prévoir la fin des hostilités, une fois qu'elles seront engagées. Ce serait une dangereuse illusion de croire que la guerre, une fois commencée, se terminerait rapidement, même si un succès avait pu être remporté sur l'un des divers fronts où elle s'engagera.
Pacte germano-soviétique, 23 août I939 : " Face à cet immobilisme, les dirigeants de l’URSS sont persuadés que leur propre territoire sera la prochaine cible. Depuis les années 1920, la « croisade contre le bolchevisme » est un leitmotiv nazi. Dès 1935, Staline dispose de preuves que cet objectif représente la « ligne tactique » de Hitler. Il cherche donc à convaincre les gouvernements britannique, français et américain de la nécessité d’un système de sécurité collective. En vain. Les pourparlers engagés à Moscou le 15 avril 1939 avec les délégués de la France et du Royaume-Uni débouchent sur une impasse. « Il n’est pas douteux même rétrospectivement, que la Grande- Bretagne et la France auraient dû accepter la proposition russe et proclamer (...) " ; source
Après avoir défini notre position de façon parfaitement claire, je désire vous répéter ma conviction qu'une guerre entre nos deux peuples serait la plus grande calamité qui pût survenir. Je suis certain qu'elle n'est pas désirée ni par notre peuple, ni par le vôtre, et je me refuse à voir qu'il y ait quelque chose dans les questions pendantes entre l'Allemagne et la Pologne qui ne puisse et ne doive être résolu sans recours à la force, si seulement une atmosphère de confiance pouvait être rétablie, et permettre que les discussions se poursuivent dans un climat différent de celui qui règne aujourd'hui.
Nous avons été, et nous serons en tout temps, disposés à prêter notre assistance à la création de conditions dans lesquelles pareilles négociations pourraient s'ouvrir, où il sera possible de discuter concurremment des problèmes plus vastes, affectant l'avenir des relations internationales, y compris les questions qui nous intéressent, nous et vous.
Cependant, les difficultés qui, dans l'état de tension actuelle, se présentent pour toute discussion pacifique, sont évidentes et, plus longtemps cette tension subsistera, plus la raison aura de peine à prévaloir.
Ces difficultés, cependant, pourraient être diminuées, sinon supprimées, si des deux côtés — et en fait de tous les côtés — pouvait, pour une période initiale, s'instaurer une sorte de trêve dans les polémiques de presse et dans toutes les manœuvres d'excitation.
S'il était possible de s'entendre pour une telle trêve, au cours de laquelle des mesures pourraient être prises pour étudier et ajuster les plaintes présentées des deux côtés en ce qui concerne le traitement des minorités, il est raisonnable d'espérer que l'on aurait pu établir les conditions favorables pour des négociations directes entre l'Allemagne et la Pologne, au sujet des problèmes existant entre elles, avec l'aide d'un truchement neutre, si les deux côtés l'on estimait qu'une telle intervention serait utile.
Je suis cependant obligé de dire que l'espoir de mener de telles négociations à une fin heureuse serait mince, s'il n'était pas entendu au préalable que tout arrangement auquel on pourrait arriver serait, une fois conclu, garanti par d'autres Puissances. Le Gouvernement de Sa Majesté serait prêt, si le désir en était exprimé, à apporter telle contribution en son pouvoir à la mise en application pratique de telles garanties.
Je confesse qu'en ce moment, je ne vois pas d'autre moyen d'éviter une catastrophe qui entraînerait l' Europe dans la guerre.
Devant les graves conséquences que l'action de ses dirigeants peut faire subir à l'humanité, je compte que Votre Excellence pèsera avec la plus extrême attention les considérations que je lui ai soumises.
À vous sincèrement.
NEVILLE CHAMBERLAIN
N° 57
Sir H. Henderson au Vicomte Halifax, reçu le 24 août
Télégramme
Deux difficultés ont été soulevées hier soir avant que ne fût fixée mon entrevue avec Herr Hitler. En premier lieu, on me demanda si je ne consentirais pas à attendre le retour de Herr von Ribbentrop. J'ai répondu que je ne pouvais attendre, mes instructions étant de remettre moi-même la lettre aussitôt que possible. Une heure environ plus tard, le Secrétaire d'État m'appelait à nouveau au téléphone, me demandant de lui communiquer le sens de la lettre et faisant allusion à la publication d'une certaine lettre personnelle, adressée l'année dernière à Herr Hitler. J'ai répondu au baron von Weizsäcker que je n'avais aucun souvenir qu'une lettre personnelle quelconque eût été publiée l'an dernier et je lui ai assuré que personne n'avait l'intention de publier celle-ci. En ce qui concernait la lettre du Premier ministre, je lui ai dit que les points principaux étaient les suivants :
I. que le Gouvernement de Sa Majesté était résolu à remplir ses obligations envers la Pologne ;
2. qu'il était prêt, pourvu qu'une atmosphère de paix fut créée, à discuter tous les problèmes qui affectaient nos deux pays et
3. que, pendant la période de " trêve ", il serait heureux de voir s'ouvrir, à propos du problème des minorités, des négociations directs entre la Pologne et l'Allemagne.
Le Secrétaire d'État parut considérer que ces explications seraient probablement satisfaisantes, mais remit sa réponse définitive à 8 heures, ce matin. À l'heure dite, il me téléphona pour m'annoncer que les arrangements pris avaient été confirmés, et qu'il m'accompagnerait à Berchtesgaden, le départ de Berlin étant fixé à 9 h. 30 du matin.
Nous arrivâmes à Salzbourg peu après II heures du matin, et partîmes en voiture pour Berchtesgaden, où je fus reçu par Herr Hitler un peu après une heure de l'après-midi. J'avais recueilli l'impression que l'atmosphère allait probablement être des plus inamicales, et qu'en toute probabilité l'entrevue serait extrêmement brève.
Afin de prendre mes précautions à cet égard, j'ai commencé la conversation en indiquant que j'avais reçu des instructions pour remettre personnellement au Chancelier une lettre du Premier ministre de la part du Gouvernement de Sa Majesté, mais qu'avant de le faire je désirais présenter quelques observations préliminaires. J'étais, dis-je, reconnaissant à Son Excellence de m'avoir reçu si promptement, étant donné qu'il m'eût été impossible d'attendre le retour de Herr von Ribbentrop, le Gouvernement de Sa Majesté craignant, en effet, que la situation ne supportât aucun retard. Je demandai à Son Excellence de lire la lettre, non pas du point de vue du passé, mais en se plaçant à celui du présent et de l'avenir. Il était impossible d'effacer ce qui avait été fait, et il ne pourrait pas y avoir de paix en Europe sans collaboration anglo-allemande. Nous avions garanti la Pologne contre une attaque et nous tiendrons notre parole. Au cours des siècles de l'histoire, nous n'avions jamais que je sache, manqué à notre parole. Nous ne pourrions pas le faire en ce moment et rester Britanniques.
Pendant toute cette première conversation, Herr Hitler se montra nerveux et intransigeant. Il ne fit pas de longs discours, mais son langage était violent et exagéré tout aussi bien envers l'Angleterre qu'envers la Pologne... Il commença par affirmer que la question polonaise aurait été résolue dans les conditions les plus généreuses, sans le soutien injustifié de la part de l'Angleterre. J'ai attiré son attention sur les inexactitudes contenues dans cette affirmation, notre garantie ayant été donnée le 3I mars, et la réponse polonaise datant du 26 mars. Il répliqua en disant que cette dernière avait été inspirée par une campagne de la presse britannique qui, dans la semaine précédente, avait inventé une menace allemande envers la Pologne. L'Allemagne n'avait pas déplacé un seul soldat, pas plus qu'elle ne l'avait fait à l'époque de la campagne de presse fallacieuse, similairement déclenchée le 20 mai de l'année dernière, à propos de la Tchéco-Slovaquie.
Il se livra ensuite à une violente attaque contre les Polonais, parla de I00.000 Allemands réfugiés en Pologne, de sévices contre les Allemands, de la fermeture d'institutions allemandes et de la persécution systématiquement mise en œuvre par les Polonais contre les Allemands en général. Il me dit qu'il recevait tous les jours des centaines de télégrammes de ses compatriotes persécutés, qu'il ne pourrait le supporter plus longtemps, etc. Je l'interrompis en faisant observer que si je ne voulais pas essayer de nier ces persécutions, pas plus que celles que les Polonais subissaient en Allemagne, les récits de la presse allemande étaient considérablement exagérés. Il avait mentionné des cas de castration d'Allemands. Le hasard voulait que je connusse un de ces cas. L'Allemand en question était un maniaque sexuel, qui avait eu le traitement qu'il méritait. Herr Hitler répliqua qu'il n'y avait pas un seul, mais bien six cas de ces cas.
Sa tirade suivante était dirigée contre le soutien britannique donné aux Tchèques et aux Polonais. Il affirma que les premiers seraient aujourd'hui indépendants, si l'Angleterre ne les avait pas encouragés dans une politique hostile à l'Allemagne, il insinua que les Polonais le seraient demain si la Grande-Bretagne cessait de les encourager aujourd'hui. Suivit une autre tirade contre l'Angleterre dont pendant vingt ans il avait recherché l'amitié, avec pour seul résultat de voir chacune de ses avances repoussée avec dédain. La presse britannique fut aussi insultée avec véhémence. J'ai contesté chaque point, j'ai sans cesse indiqué que ces affirmations étaient inexactes, avec pour seul effet de le lancer chaque fois dans une nouvelle tirade.Edouard VIII, abdique le 10 décembre 1936. Officiellement, il cède son trône pour pouvoir épouser l’Américaine Wallis Simpson. Mais, en vérité, ce serait le gouvernement de Sa Majesté de l'époque qui l'aurait poussé vers la sortie, pour ses sympathies affichées pour Herr Hitler et le régime nazi.
Discussion amicale avec Josef Goebbels, ministre de la propagande du Reich, le 12 octobre 1937. La visite du duc fut largement relayée par les médias allemands. © Popperfoto via Getty Images
Pendant toute la conversation je me suis fermement maintenu sur le point I, à savoir notre ferme décision de faire honneur à nos engagements vis-à-vis de la Pologne ; Herr Hitler, de son côté, revenait sans cesse sur le point 3, les persécutions contre les nationaux allemands en Pologne. Aucune allusion n'a été faite au point 2 qui paraissait ne pas l'intéresser, ainsi d'ailleurs qu'on m'en avait averti.
La plus grande partie de cette conversation était faite de récriminations, les seuls arguments réels étant ceux sur lesquels il insiste dans sa réponse, menaces contre la Pologne si les persécutions continuaient, contre l'Angleterre et la France si elles mobilisaient dans une proportion suffisante pour constituer un danger pour l'Allemagne.
À la fin de ce premier entretien, Herr Hitler, en réponse à mes avertissements répétés que toute action directe de l'Allemagne signifierait la guerre, observa que l'Allemagne n'avait rien à perdre, l'Angleterre par contre beaucoup, qu'il ne désirait pas la guerre, mais au besoin ne reculerait pas devant elle, que son peuple se tenait bien plus serré derrière lui qu'en septembre dernier.
J'ai répondu que j'étais convaincu qu'une solution sans guerre était toujours possible, et j'ai demandé pourquoi le contact avec les Polonais ne pourrait pas être repris. La réplique de Herr Hitler fut qu'aussi longtemps que l'Angleterre donnerait un chèque en blanc à la Pologne, le peu de raison de cette dernière rendrait toute négociation impossible. Je niai qu'il y eût un " chèque en blanc ", avec pour seul résultat de faire repartir Herr Hitler de plus belle, et finalement nous tombâmes d'accord qu'il m'enverrait ou me remettrait sa réponse dans deux heures.
N° 58
Sir N. Henderson au Vicomte Halifax, reçu le 24 août I939
Télégramme
Berlin, 24 août I939
Suite à mon télégramme du 23 août
Après notre première conversation d'hier, je suis retourné à Salzbourg, étend entendu que si Herr Hitler désirait me revoir, je serais à sa disposition, mais que s'il n'avait rien à ajouter, il m'enverrait simplement par porteur, sa réponse au Premier ministre.
Comme en l’occurrence il a demandé à me revoir, je suis revenu à Berchtesgaden. Cette seconde fois, il était très calme et n'a pas une seule fois élevé la voix. Notre entretien a duré de 20 à 30 minutes, sans apporter beaucoup de nouveau, sinon qu'en paroles il se montra bien plus catégorique que dans sa réponse écrite, quant à sa ferme décision d'attaquer la Pologne, si " un seul autre Allemand y était maltraité ".
J'ai parlé de la tragédie que serait la guerre et de l'immense responsabilité qu'était la sienne, mais son unique réponse fut d'en rejeter la faute éventuelle sur la seule Angleterre. Je réfutai cette affirmation, mais ce ne fut que pour apprendre de lui que l'Angleterre était décidée à détruire et à exterminer l'Allemagne. Il avait, me disait-il, 50 ans et préférait faire la guerre maintenant, plutôt qu'à 55 ou 60. Je lui ai répondu qu'il était absurde de parler d'extermination. Des nations ne pouvaient être exterminées, et l'intérêt britannique commandait une Allemagne pacifique et prospère. Sa réponse fut que l'Angleterre combattait pour des races inférieures, alors que lui ne combattait que pour l'Allemagne. Les Allemands, cette fois, lutteraient jusqu’au dernier homme ; s'il avait été Chancelier en I9I4, les choses se seraient passées autrement.
Il parla plusieurs fois des offres répétées d'amitié qu'il avait faites à l'Angleterre et de leur rejet invariable et dédaigneux. Je rappelai les efforts que fit le Premier ministre l'année dernière et son désir d'une coopération avec l'Allemagne. Il me répondit qu'à l'époque il avait cru en la bonne volonté de Mr. Chamberlain, mais qu'il n'y croyait plus, étant donné surtout les efforts d'encerclement qui s'étaient poursuivis au cours des derniers mois. Je lui fis remarquer combien cette opinion était erronée, mais il me répondit qu'il était enfin convaincu de l'exactitude de l'opinion que d'autres lui avaient soutenue dans le temps, à savoir que l'Angleterre et l'Allemagne ne pourraient jamais s'accorder.
En parlant du pacte de non-agression avec la Russie, il observa que c'était l'Angleterre qui l'avait forcé à conclure cet accord. Il n'en paraissait pas enthousiasme, mais il ajouta qu'une fois qu'un accord était signé par lui, ce serait pour une longue période. Le texte de l'accord signé aujourd'hui le confirme, et je serais surpris s'il ne venait s'y ajouter plus tard quelque chose qui dépasserait la simple non-agression.
J'indiquai à la fin, que la guerre me semblait totalement inévitable si Herr Hitler persistait à vouloir entreprendre une action directe contre la Pologne, et j'ai exprimé mes regrets de l'échec de ma mission générale à Berlin et de celui de ma visite auprès de lui. L'attitude de Herr Hitler se résume ainsi : l'Angleterre est fautive et rien, sinon un changement complet de sa politique envers l'Allemagne, ne pourrait maintenant jamais le convaincre du désir britannique d'entretenir de bonnes relations.
N° 59
Sir N. Henderson au Vicomte Halifax, reçu à 8 h. 30 du soir
Télégramme
Berlin, 24 août I939
Je n'ai pas fait jusqu'à présent une allusion particulière au passage souligne de la réponse de Herr Hitler, I, au Premier ministre, visant la mobilisation générale allemande en riposte aux mobilisations britanniques et françaises.
2. Quand Herr Hitler me remit sa réponse réajustée, je lui demandai ce qu'il fallait entendre exactement par cette phrase, étant donné, lui dis-je, que je considérais une mobilisation générale allemande comme équivalant à la guerre. La réponse que je reçus fut confuse, comme l'était d'ailleurs le texte allemand lui-même, mais le sens en était que si les mobilisations française et britannique étaient de nature à convaincre Herr Hitler que les Puissances occidentales avaient l'intention de l'attaquer, il mobiliserait, comme mesure de légitime défense. Je lui fis remarquer que toute mobilisation militaire britannique demeurerait en tout cas en dessous de ce qui existait déjà en Allemagne. La réponse de Herr Hitler fut que cette phase devait être prise plus particulièrement comme un avertissement à la France et que, ainsi que je l'ai compris, le Gouvernement français était ou serait informé en conséquence.
3. J'ai l'impression que la raison principale de l'insertion dans sa lettre de ce passage souligné était
a) d'indiquer que l'Allemagne ne pourrait être intimidée et
b) de servir de prétexte à une mobilisation générale, dans le cas et au moment où Herr Hitler prendrait sa décision à cet effet.
I) En Italique dans le N° 60
N° 60
Communication du Chancelier allemand au Premier ministre, remise de la main à la main, à l'Ambassadeur de Sa Majesté, le 23 août I939
Excellence,
L'Ambassadeur britannique vient de me remettre une communication dans laquelle, au nom du Gouvernement britannique, Votre Excellence attire mon attention sur un certain nombre de points qu'elle estime de la plus considérable importance.
Qu'il me soit permis de répondre à votre lettre ainsi que suit :
I. L'Allemagne n'a jamais cherché un conflit avec l'Angleterre et ne s'est jamais immiscée dans des intérêts anglais. Au contraire, depuis des années, elle s'est efforcée — malheureusement en vain — à se concilier l'amitié de l'Angleterre. Dans ce but, elle a accepté que, dans une zone étendue de l'Europe, des limitations fussent tracées à ses propres intérêts, alors qu'à un point de vue national-politique il lui eût été très difficile de les tolérer autrement.
2. Le Reich allemand, cependant, comme tous les autres États, a certains intérêts bien définis, auxquels il lui est impossible de renoncer. Ces intérêts ne débordent pas les limites des besoins déterminés par toute l'histoire allemande, et qui découlent d’exigences économiques vitales et préétablies. Certaines de ces questions ont présenté, et présentent encore toujours, une importance d'un caractère à la fois national-politique et psychologique, et aucun Gouvernement allemand n'est en mesure de les ignorer.
À ces questions, appartiennent celle de la ville allemande de Dantzig et le problème du Corridor qui lui est connexe. Même en Angleterre, de nombreux hommes d'État, des historiens, des gens de lettres, en ont eu conscience, tout au moins jusqu'à ces dernières années. Je voudrais ajouter que tous ces territoires, situés dans la sphère d'intérêts allemands ci-dessus mentionnée, et plus particulièrement les pays qui ont fait retour au Reich il y a I8 mois, ont reçu leur culture non point des mains des Anglais, mais exclusivement de celles des Allemands, et cela d'ailleurs à une époque remontant à plus de mille ans.
3. L'Allemagne était prête à régler les questions de Dantzig et du Corridor par la méthode des négociations et sur la base d'une proposition n'ayant vraiment pas son égale en magnanimité. Les allégations répandues par l'Angleterre visant une mobilisation allemande contre la Pologne, l'assertion que l'Allemagne nourrissait des desseins agressifs contre la Roumanie, la Hongrie, etc., tout comme les déclarations dites de garantie qui ont été données par la suite, ont cependant dissipé l'inclination des Polonais à négocier sur une base de ce genre, et qui eût été acceptable pour l'Allemagne également.
4. L'assurance inconditionnée donnée par l'Angleterre à la Pologne, qu'elle viendrait à l'assistance de ce pays en toutes circonstances, et sans égard pour des raisons dont pourrait surgir un conflit, n'a pu être interprété par lui que comme un encouragement à déchaîner dès lors, sous le couvert d'une telle charte, une vague d'abominable terrorisme contre le million et demi d'Allemands vivant en Pologne. Les atrocités qui, depuis, se sont produites dans ce pays, sont terribles pour les victimes, mais intolérables pour une Grande Puissance, telle que le Reich allemand, dont on semble attendre qu'il demeure un spectateur impassible de ces évènements. La Pologne s'est rendue coupable de nombreuses infractions aux obligations juridiques qu'elle avait envers la Ville Libre de Dantzig, elle a présenté des exigences ayant un caractère d'ultimatum, elle s'est mise en devoir de l'étrangler économiquement.
5. Le Gouvernement du Reich allemand a en conséquence fait récemment informer le Gouvernement polonais qu'il n'était pas prêt à tolérer passivement que cette situation se perpétuât, qu'il ne tolérait pas plus longtemps que des notes ayant un caractère d'ultimatum fussent adressées à Dantzig, qu'il ne tolérait pas non plus que continuassent les persécutions de la minorité allemande, qu'également il ne tolérait pas que la Ville Libre de Dantzig fût exterminée par l'application de mesures économiques, en d'autres mots que des bases vitales de la population de Dantzig fussent anéanties par une sorte de blocus douanier, et qu'enfin il ne tolérait pas d'autres actes de provocation envers le Reich. Ceci mis à part, les questions du Corridor et de Dantzig doivent être résolues et le seront.
6. Votre Excellence m'informe, au nom du Gouvernement britannique, que vous serez obligés de venir à l'assistance de la Pologne dans le cas de toute intervention de ce genre de la part de l'Allemagne. Je prends note de votre affirmation, et vous assure qu'elle ne peut apporter aucun changement dans la résolution du Gouvernement du Reich de sauvegarder les intérêts du Reich, énumérés dans le paragraphe 5 ci-dessus. L'opinion que vous exprimez, que dans une telle éventualité vous prévoyez une longue guerre, est partagée par moi-même. L'Allemagne, si elle est attaquée par l'Angleterre, se trouvera prête et résolue. Plus d'une fois déjà, j'ai déclaré devant le peuple allemand et devant le monde, qu'il ne pouvait subsister de doute sur la résolution du nouveau Reich allemand d'accepter toutes les misères et tous les malheurs, aussi longtemps qu'il le faudra, plutôt que de sacrifier ses intérêts nationaux, sans même parler de son honneur.
7. Le Gouvernement du Reich allemand a été informé que le Gouvernement britannique a l'intention de procéder à des mesures de mobilisation qui, aux termes des déclarations contenues dans votre propre lettre, sont nettement dirigées contre la seule Allemagne. L'on dit que ceci est vrai également pour la France. Étant donné que l'Allemagne n'a jamais eu l'intention de prendre contre l'Angleterre ou la France d'autres mesures militaires que celles ayant un caractère défensif, et que, comme il a déjà été déclaré avec insistance, elle n'a jamais eu, et n'aura pas dans l'avenir, l'intention d'attaquer l'Angleterre ou la France, il s'ensuit que cette déclaration, telle qu'elle est confirmée par vous, Monsieur le Premier ministre, dans votre propre lettre, ne peut que viser un geste de menace, dès maintenant prévu, et dirigé directement contre le Reich. En conséquence, j'informe Votre Excellence que, dans le cas où ces déclarations d'un caractère militaire seraient réellement mises à exécution, j'ordonnerai immédiatement la mobilisation des forces allemandes.
8. La question du traitement des problèmes européens, sur une base pacifique, n'est pas du domaine des décisions de l"Allemagne, mais incombe en première ligne à ceux qui, depuis le crime commis par le diktat de Versailles, se sont obstinément et constamment opposés à toute révision pacifique ; ce n'est qu'après un changement de mentalité chez les Puissances responsables, qu'il pourrait y avoir une modification réelle dans les relations entre l'Angleterre et l'Allemagne. Toute ma vie j'ai lutté pour l'amitié anglo-allemande ; l'attitude adoptée — en tout cas jusqu'à l'heure présente — par la diplomatie britannique, m'a cependant convaincu de la futilité de toute tentative de ce genre. Si dans l'avenir un changement quelconque devait se produire sous ce rapport, personne n'en serait plus heureux que moi.
N° 6I
Pacte de non-agression entre l'Allemagne et l'Union des Républiques soviétiques socialistes
Le Gouvernement du Reich allemand et le Gouvernement de l' Union des Républiques soviétiques socialistes, guidés par le désir de renforcer la cause de la paix entre l'Allemagne et l' Union des Républiques soviétiques socialistes, et prenant pour base les stipulations fondamentales de l' Accord de Neutralité conclut en avril I926 entre l'Allemagne et l' Union des Républiques soviétiques socialistes [dit le Traité de Berlin : "Le traité de Berlin entre l'Allemagne et l'URSS est signé le 24 avril 1926 par Gustav Stresemann et l'ambassadeur extraordinaire Nikolaï Krestinsky. Pour une durée de cinq ans. Cet accord politique confirme l'amitié entre les deux pays et le traité de Rapallo. Les deux pays se promettent ensuite une neutralité mutuelle en cas d'agression par un pays tiers et cela malgré une attitude amicale. Ils vont également exclure aussi tout boycottage financier ou économique dirigé contre le pays partenaire..." ; source], ont réalisés l'accord suivant :
Article premier. — Les deux Hautes Parties contractantes s'obligent à s'abstenir de toute acte de force, de toute action agressive et de toute attaque l'une contre l'autre, soit seules, soit conjointement avec d'autres Puissances.
Art. 2. — Dans le cas où l'une des Hautes Parties contractantes serait l'objet d'une action hostile de la part d'une tierce Puissance, l'autre Haute Partie contractante ne soutiendra en aucune façon cette tierce Puissance.
Art. 3. — Les Gouvernements des deux Hautes Parties contractantes resteront dans l'avenir, par voie de consultations, en contact permanent l'une avec l'autre, dans le but de s'informer mutuellement des questions touchant leurs intérêts communs.
Art. 4.— Aucune des deux Hautes Parties contractantes ne participera à un quelconque groupement de Puissances qui sera, directement ou indirectement, dirigé contre l'autre Haute Partie.
Art. 5.— Dans le cas où des litiges ou des divergences d'opinion se manifestaient sur les questions de tel ou de tel ordre, entre les Hautes Parties contractantes, les deux Hautes Parties résoudraient ces litiges ou ces divergences par le moyen exclusif d'un échange de vues amical, ou, si besoin, par l'office de commission d'arbitrage.
Art. 6.— Le présent Accord sera conclu pour une période de I0 ans, étant entendu que, si l'une ou l'autre des Hautes Parties contractantes n'exprime par son désir d'y mettre fin un an avant l'expiration de cette période, sa durée de validité sera tacitement reconduite pour une nouvelle période de cinq années.
Art. 7.— Le présent accord sera ratifié dans le délai le plus bref possible. Les instruments de ratification seront échangés à Berlin. L'accord entre en vigueur immédiatement après sa signature.
Pour le Gouvernement du Reich allemand, RIBBENTROP
Pour le Gouvernement de l'Union des Républiques soviétiques socialistes, MOLOTOV.
Moscou, 23 août I939
N° 62
Mr. F. M. Sheperd au Vicomte Halifax
Télégramme
Dantzig, le 26 août I939
Ci-dessous traduction du décret du Sénat, en date du 23 août
Décret
Article premier.— Le Gauleiter de Dantzig est le Chef d'État, Staatsoberhaupt, de la Ville Libre de Dantzig.
Art. 2. — Ce décret entre en vigueur le 23 août I939.
Ci-dessous traduction des lettres datées du 24 août, a), du Président du Sénat à Herr Forster, b), la réponse de ce dernier :
a) Dans la séance d'hier, le Sénat a adopté une résolution aux termes de laquelle vous avez été, à dater d'hier, déclaré Staatsoberhaupt de la Ville Libre de Dantzig. Ci-joint copie de la résolution certifiée. En outre un décret législatif a été rédigé et signé aujourd'hui pour l'entrée en vigueur de la résolution susmentionnée du Sénat. Par ces deux actes du Gouvernement, la Constitution de Dantzig a été modifiée dans le sens ci-dessus indiqué. Le Sénat m'a autorisé à vous prier, Herr Gauleiter, d'accepter immédiatement ces fonctions, de façon à donner à l'extérieur, dans ces derniers jours difficiles, mais admirables, une expression concrète de l'unité entre le parti et l'État, unité sur laquelle il a été si souvent insisté, et qui a toujours existé intérieurement.
b) J'ai pris connaissance du contenu de votre lettre du 24 courant et de la copie certifiée du décret, en date du 23 août I939, concernant le Staatsoberhaupt de la Ville Libre de Dantzig, ainsi que de la copie de la résolution du Sénat, en date du 23 août I939, qui y était également jointe. Il va évidemment sans dire qu'en ma qualité de Chef de la N.S.D.A.P. du district de Dantzig, je suis prêt, en ces jours où se décide le sort de Dantzig, à me charger également de la conduite des affaires de l'État. Par ce décret, promulgué le 23 août I939, un état de choses qui depuis l'ascension au pouvoir des Nationaux-Socialistes en I939, existai déjà en pratique, se trouve officiellement sanctionné.
N° 63
Sir H. Kennard au Vicomte Halifax
Télégramme
Varsovie, 24 août I939
Ci-dessous traduction de la note polonaise au Sénat de Dantzig :
Mr. le Staatsrat [conseiller d'État] Boetter a informé aujourd'hui le Conseiller du Commissariat général polonais, de la résolution du Sénat de la Ville Libre, conférent au Gauleiter Forster les fonctions et la dignité de Chef de l'État, Staatsoberhaupt, de la Ville Libre ; cette nouvelle est confirmée aujourd'hui par la presse de Dantzig. Je m'adresse au Sénat de la Ville Libre en sa qualité de corps constitué qui, en vertu de la Constitution légale de la Ville Libre, exerce dans le territoire l'autorité suprême, pour lui faire, au nom de mon Gouvernement, la déclaration suivante :
Mon Gouvernement ne voit aucune base légale à l'adoption par le Sénat de la Ville Libre, d'une résolution instituant une nouvelle fonction d'État qui n'est en aucune façon prévue par la Constitution de la Ville Libre, et à laquelle il semblerait que les autorités jusqu'à présent en fonction dans la Ville Libre, seraient subordonnées. Le Gouvernement polonais se réserve le droit d'adopter subséquemment une attitude à cet égard.
À ce propos, le Gouvernement polonais croit nécessaire de rappeler aux autorités de la Ville Libre qu'il a déjà plus d'une fois, et de la façon la plus décisive, mis en garde le Sénat de la Ville Libre contre une politique de fait accompli, dont les conséquences pourraient être des plus sérieuses, et dont la responsabilité incomberait exclusivement aux autorités de la Ville Libre de Dantzig.
N° 64
Discours du Premier ministre à la Chambre des Communes, le 24 août I939
Lorsque, au commencement du mois, la Chambre s'est ajournée pour les vacances d'été, je pense qu'il n'a pu y avoir que peu d'entre nous à s'attendre qu'il s'écoulât de longues semaines avant que nous nous retrouvions ici. Malheureusement cette attente s'est réalisée et le Gouvernement s'est vu dans la nécessité de demander que le Parlement fût convoqué à nouveau, afin de prendre telles mesures nouvelles et radicales, exigées par la gravité de la situation.
Au cœur de notre dernier débat sur les affaires étrangères, débat qui a eu lieu le 3I juillet, j'ai fait observer que la situation de Dantzig demandait à être suivie de très près. J'ai exprimé l'anxiété que m'inspirait la cadence à laquelle s'effectuait dans toute l'Europe l'accumulation des armements militaires. J'ai signalé le fait que l'opinion publique était empoisonnée par la propagande qui se poursuivait et j'ai déclaré que si on pouvait y mettre fin et entreprendre quelques actions de nature à rétablir la confiance, je ne croyais pas qu'il y eût aucune question qui ne pût être réglée par des discussions pacifiques. J'ai le regret de déclarer qu'il n'y a eu, depuis, aucun signe d'une action de ce genre. Au contraire, la situation internationale a progressivement empiré, si bien qu'à l'heure actuelle nous nous trouvons en présence d'un danger de guerre imminent.
Paris-Soir, le 25 août I939. Source
À suivre...
Livre bleu anglais n° I, Documents concernant les relations germano-polonaises et le début des hostilités entre la Grande-Bretagne et l'Allemagne le 3 septembre I939, présenté au Parlement par Ordre de Sa Majesté par le Secrétaire d' État aux Affaires étrangères ; traduction Autorisée et Officielle du document publié par His Majesty's Stationery Office, Paris, I939, pp. 92-102.
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