Où l'on découvre, pour nombre d'entre nous, que la France, en application des directives européennes et via le Réseau de transport d'électricité, RTE, utilise la production nucléaire, le meilleur ami du climat, comme back-up, " bouche-trou ", pour palier à la production prioritaire, mais intermittente, des éoliennes. Dans ces conditions, nous comprenons mieux pourquoi, dernièrement, le monde politique, des experts et les médias ont lynché EDF en place publique, du fait de l'arrêt de nombreux réacteurs!...
Ainsi, nous serions bien loin de l'argument de vente utilisé depuis toujours par les pro-éoliens, pour justifier cette production électrique : l'éolien remplace les énergies fossiles!... Or, aujourd'hui, il semblerait bien, que la production intermittente éolienne se substitue, essentiellement... au nucléaire! Et, cela à un coût financier pour tous les Français et, pour les " bouseux ", dépositaires des usines à pales, vient s'ajouter un coût SANITAIRE! Le tout, dans une relative indifférence nationale!
Les troupeaux de moutons ne broutent pas toujours là où l'on croit.
" Un État se trouve mieux de ministres médiocres qui restent en place, que de changer souvent de ministres, même en prenant de grands esprits. "
Napoléon Ier, 1769-1821
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La précarité électrique arrive
André Pellen
Le discours largement convenu dans ce pays est que conformément à la directive européenne concernée on a besoin de toutes les énergies, même des plus intermittentes.
L’irrecevabilité sera certes opposée à une classe politique au débit de laquelle doit être mis l’étiolement principalement industriel de notre économie mais elle le sera également à une population française par trop indifférente, au fait ou non de ce dont il est question dans ce live d’une heure.
De même que, après avoir lu le remarquable compte rendu intitulé « Texas, février 2021 : faillite d’un réseau électrique », l’une et les autres ne peuvent d’ores et déjà arguer de l’ignorance pour méconnaître délibérément ce que leur fait pendre au nez la récente fuite en avant éolienne du programme énergétique gouvernemental.
Je les exhorte donc à parcourir au moins partiellement ce que rapporte ce document d’une clarté et d’une exhaustivité étonnantes [1], dont les médias français ne se sont guère fait l’écho.
Xavier Chavanne, l’auteur, est physicien à l’Institut de physique du globe de Paris. Il nous apprend qu’un froid polaire et une présence éolienne excessive dans le parc de production texan conduisirent le RTE de l’État américain à procéder à de massifs délestages tournants, responsables d’au moins 250 morts et indirectement de plusieurs centaines d’autres entre le 14 et le 19 février 2021. Là-bas, 140 GW électriques potentiels, dont 30 GW éoliens probablement prioritaires, étaient et sont toujours chargés de couvrir une demande rarement supérieure à 75 GW. Le dramatique blackout apporta donc une nouvelle démonstration du caractère rédhibitoire du dépassement des 30 % éoliens de la puissance appelée par les consommateurs ; un caractère rédhibitoire contesté par le SER, Syndicat des Énergies renouvelables, et dont n’a manifestement cure le gouvernement d’Élisabeth Borne.
L’entrée en matière du live mentionné ci-dessus n’a par ailleurs que sommairement traité d’un des principaux handicaps dressés, année après année, sur le chemin de la pérennisation de notre industrie électronucléaire : le niveau de radioprotection toujours plus surréaliste que des décennies de propagande sont parvenues à faire adopter par les autorités civiles et militaires, tant pour les situations d’exploitation normale des installations que pour les situations accidentelles. Les considérables retours d’expérience de la radiothérapie et de l’imagerie médicale battent pourtant en brèche un aussi ruineux excès de précaution et de prévention contre toutes les formes de contamination radioactive.
On n’en veut pour preuve que l’exemple suivant.
Avant que, en 2013, la règlementation française ne transpose les directives Euratom de radioprotection, les limitations qu’elle imposait à la dose annuelle reçue par les professionnels fréquentant la zone dite contrôlée des INB, Installation Nucléaire de Base, étaient : 50 mSv en situation normale ; 120 mSv pour une intervention technique d’urgence ; 2 mSv/jour en pratique usuelle.
Aujourd’hui, on ne dénombre pas la moindre victime de ce que les défenseurs de la « relation linéaire sans seuil, de nocivité » considèrent sans doute comme un laxisme coupable.
De fait, Euratom exigea de diviser ces seuils par 2,5 ce qui eut pour conséquence de multiplier par autant le nombre des intervenants en maintenance, en réparation et même en exploitation, par conséquent de multiplier par autant le coût de leurs interventions ; ce dont EDF se serait bien passé en ce moment.
La démonstration est pourtant quasi faite depuis longtemps qu’un seuil de nocivité de la radioactivité s’établit autour de 100 mSv/an pour les plus pessimistes, les observations suivantes étant largement notoires : on a reçu 1 mSv après 6 aller-retour Paris-Tokyo ; une radiographie communique 1 mSv, un scanner abdomino-pelvien 15 mSv ; en France, on reçoit annuellement 2,5 mSv de dose naturelle, radon, et artificielle, quand certains pays comme le Kérala, en Inde, en reçoivent de 30 à 50 sans préjudice sanitaire connu sur les populations concernées.
S’agissant maintenant de la dérive du prix de l’électricité, le live confirme que les Français la doivent à la création d’un marché UE fallacieusement vendue comme une ouverture à la concurrence libre et non faussée et à la ruine préméditée de notre parc électronucléaire en ayant résulté. Pour autant, nos compatriotes ne doivent pas gober le rêve selon lequel le retour immédiat au marché national leur rendrait de facto un KWh bon marché : les dégâts causés à notre potentiel d’approvisionnement électrique demeureront irréversibles encore longtemps et le principe de la facturation du KWh au coût marginal de production, plus connu sous le nom de « merit order », régit de façon intangible l’exploitation de tout système électrique. C’est le mode commercial qui avait cours chez nous avant la dissolution d’EDF dans le marché européen, un marché SPOT établi la veille pour le lendemain dont EDF-production-transport-distribution avait autrefois la responsabilité sans partage.
Actuellement, tout marché de l’électricité est peu ou prou prisonnier de la marginalité gaz, y compris un marché qui redeviendrait national, auquel ne resterait que la négociation plus efficace du prix de ce gaz, la mise en concurrence de la marginalité de ce dernier avec les marginalités charbon et fuel pour atténuer la facture du consommateur. Car il est aujourd’hui impensable d’imaginer ajouter à ce qui précède une forme de redistribution de la rente nucléaire, tant EDF est endettée, tant les lois NOME et ARENH ont perverti le marché national à son détriment.
Reste que le marché UE est bel et bien vicié par un marché dit à terme – la possibilité de réserver jusqu’à 200 TWh, une semaine à 3 ans à l’avance – pervertissant dangereusement un marché SPOT déjà dénaturé par la priorité éolienne, en spéculant sur l’accessibilité et sur les coûts à venir des différents combustibles, de même que sur la disponibilité des divers moyens de production et sur toutes sortes d’externalités comme l’effacement à prix d’or de certains industriels. Résultat : les contrats de ce type arrivant aujourd’hui à maturité sont à des prix exorbitants, même avec un prix du gaz ayant sensiblement baissé. Non seulement les Français ont ainsi peu de chances de jouir de la baisse probablement momentanée du prix du gaz, mais, double peine, leurs tarifs sont soumis au lissage permanent des dépenses gouvernementales en ruineux chèques énergie.
Une heure de live n’aura pas suffi à épuiser les thèmes abordés, comme la stabilité des systèmes électriques gravement compromise par l’éolien, l’usage des STEP, Station de Transfert d’Énergie par Pompage, les Réacteurs à Neutrons Rapides, RNR, de quatrième génération dont Superphénix fut le plus célèbre précurseur, ASTRID et la loi NOME. À propos du scélérat dispositif ARENH, une nécessaire mise au point relative au financement du plan Messmer a pu néanmoins être exprimée.
Pour finir, il convient donc plus que jamais de s’attarder sur la périlleuse fragilisation de notre approvisionnement électrique ourdie par une extension inconsidérée des interconnexions commerciales européennes, combinée à la relégation progressive de l’usage de notre nucléaire à la fonction de supplétif de l’éolien.
Lundi 9 janvier 2023, la barre des 44 GW nucléaires disponibles fut franchie avec le retour de Tricastin 4 et, au total, 43 tranches en fonctionnement.
Jusque fin janvier, la France aura ainsi 66 GW mobilisables à la pointe et 62 GW en février, ce qui est assez peu lorsqu’on songe aux 100 GW appelés en février 2012, même si notre hydraulique semble reprendre quelques couleurs grâce à une fonte des neiges précoce. Or, dimanche dernier, quelle ne fut pas notre surprise de voir un Tricastin 4 déconnecté du réseau à peine revenu à sa puissance nominale, de même que neuf autres réacteurs la semaine précédente. En y regardant de plus près, ont découvrit que les 44 GW nucléaires n’avaient délivré ce jour-là qu’une puissance de 34 GW avec des creux à 32,6 GW. Pourquoi ? Parce que grâce à un vent momentanément généreux nos prioritaires éoliennes étaient arrivées en force sur le réseau, pardi ! Ce qui, sans surprise, n’a pas duré.
Peu importe à un RTE aux ordres qu’un suivi de charge servilement inféodé à une production éolienne aussi fantasque use prématurément des tranches certes modifiées pour ce faire, mais dans les limites raisonnables de l’erratique. Peu lui importe surtout que ce suivi de charge se traduise par la production abusive d’effluents liquides et de déchets, de concentrats d’évaporateurs, résines échangeuses ions, filtres…, et finisse par nécessiter à terme la construction de stockages supplémentaires, avant rejet.
Le discours largement convenu dans ce pays, y compris par RTE, est que conformément à la directive européenne concernée on a besoin de toutes les énergies, même des plus intermittentes. Cette directive pourtant en porte-à-faux avec l’article 5 du traité de Lisbonne, principe de subsidiarité, impose une croissance des interconnexions commerciales assez débridée servant surtout à mutualiser les instabilités, notamment l’allemande.
Aussi, étendre de plus en plus loin des échanges croissants d’énergie électrique – 10 % de la puissance de production en 2020, 30 % en 2030 ! – est-il confier notre sécurité d’approvisionnement à des secteurs de moins en moins sûrs… Ce qu’ont manifestement programmé les scénarios stratégiques esquissés par RTE en 2012, estimant que 35 à 50 milliards d’euros d’investissements sur le réseau de transport seraient à réaliser de 2012 à 2030 ; que, sur ce montant, 5 milliards d’euros porteraient sur le renforcement des interconnexions électriques avec les pays voisins et 5 à 10 milliards d’euros accompagneraient la transition énergétique.
À l’évidence, il y a une urgence française à forcer le retour au format des interconnexions de systèmes nationaux autonomes, des interconnexions dont l’utilité exclusive doit redevenir de permettre à un ou plusieurs de ces systèmes de se sustenter momentanément, lors de difficultés ponctuelle ou périodiques desquelles aucun n’a jamais été et ne sera jamais à l’abri. En d’autres termes, le marché de l’électricité doit redevenir une prérogative nationale responsabilisant directement les gouvernements nationaux. Ce faisant, les Européens s’en porteraient sans doute beaucoup bien mieux qu’aujourd’hui…
(1) La lecture de ce document va de 10-15 minutes à 35-40 minutes, selon qu’on en prend partiellement ou totalement connaissance.
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