DOCUMENTS CONCERNANT LES RELATIONS GERMANO-POLONAISES ET LE DÉBUT DES HOSTILITÉS ENTRE LA GRANDE-BRETAGNE ET L'ALLEMAGNE LE 3 SEPTEMBRE 1939, ÉPISODE XIV

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   Au commencement du mois d' août, un conflit a surgi entre le Gouvernement polonais et le Sénat de Dantzig, au sujet de la position et des fonctions de certains fonctionnaires des douanes polonais. Il ne s'agissait pas d'une question d'importance majeure. Bien des différends plus aigus ont été réglés facilement dans des conditions moins tendues, et même dans le cas présent, des discussions avaient été engagées, la semaine dernière, entre les parties. Pendant que ces discussions se poursuivaient, la presse allemande déclencha une violente campagne contre le Gouvernement polonais. Elle déclarait que Dantzig ne pourrait faire l'objet d'une conférence ou d'un compromis quelconques, mais que la Ville Libre devrait absolument faire retour au Reich, immédiatement et sans condition aucune.
  Elle alla plus loin. Elle rattacha la question de Dantzig à la question du Corridor. Elle s'en prit à toute politique, ainsi qu'à l'attitude du Gouvernement polonais, et elle publia des informations circonstanciées sur de prétendus mauvais traitements dont seraient victimes les Allemands demeurant en Pologne. Nous n'avons pas le moyen de contrôler la véracité de ces dires, mais nous ne pouvons nous empêcher d'être frappés par du fait qu'ils ressemblent étrangement à des allégations analogues présentées, l'an dernier, à propos des Allemands des Sudètes et de la Tchéco-Slovaquie. Nous devons nous rappeler, aussi, qu'il y a en Allemagne une nombreuse minorité polonaise et que le traitement réservé à cette minorité a fait l'objet, d'autre part, de plaintes amères de la part du Gouvernement polonais.
  Il n'est pas de sujet plus prescriptible de provoquer des ressentiments chez les habitants de n'importe quel pays, que des informations signalant de mauvais traitements subis, dans un autre pays, par des gens de leur propre race. C'est un sujet qui fournit la plus inflammable de toutes les matières, la matière qui a le plus de chances de déterminer une conflagration générale. Dans ces conditions, il est impossible de ne pas regretter profondément que les incidents de cette nature, qui, si la réalité en était indubitablement démontrée, éveilleraient évidemment la sympathie pour les victimes et l'indignation envers les auteurs des mauvais traitements allégués, soient traités d'une manière faite pour aigrir toujours plus l'atmosphère et porter la température au point de danger.
  Mais on m'accordera, je pense, qu'en présence de cette campagne, les hommes d'État polonais ont fait preuve d'un grand calme et d'une grande retenue. Les dirigeants polonais, s'ils ont été fermes dans leur résolution de résister à toute attaque contre leur indépendance, se sont abstenus de toute provocation. Ils ont toujours été prêts, et je suis certain qu'ils seraient prêts aujourd'hui, à discuter de leurs différents avec le Gouvernement allemand, s'ils pouvaient être certains que des discussions se poursuivraient sans menaces de recours à la force ou à la violence, et avec une certaine confiance que, si on aboutissait à un accord, les stipulations en seraient observées, par la suite, d'une façon permanente, dans la lettre et dans l'esprit.
  Cette campagne de presse n'est pas le seul symptôme qui évoque d'une façon inquiétante l'expérience du passé. On a procédé en Allemagne à des préparatifs militaires d'une telle envergure, que le pays est actuellement dans un état d'entière préparation à la guerre, et au commencement de cette semaine nous avons été avisés que les troupes allemandes commençaient à s'avancer vers la frontière polonaise. Il devint évident, dès lors, qu'une crise de la première grandeur approchait, et le Gouvernement décida que l'heure était venue de rechercher l'assentiment du Parlement à de nouvelles mesures de défense.
  Telle était la situation, mardi dernier, lorsqu'il fut annoncé, à Berlin et à Moscou, que des négociations s'étaient poursuivies et allaient sans doute aboutir, en vue d'un pacte de non-agression entre ces deux pays. Je ne chercherai pas à dissimuler à la Chambre que cette nouvelle fut pour le Gouvernement une surprise d'un caractère fort déplaisant. Il circulait depuis un certain temps des rumeurs au sujet d'une prochaine modification des relations entre l'Allemagne et l'Union soviétique, mais nous n'avions reçu du Gouvernement soviétique, ni nous, ni le Gouvernement français, le moindre renseignement au sujet de cette modification.
  La Chambre n'aura pas oublié, peut-être, que le 3I juillet, je fis observer que nous avions décidé des mesures d'un caractère presque sans précédent. Je déclarai que nous avions fait preuve de beaucoup de confiance et d'un vif désir de faire aboutir heureusement les négociations avec l'Union soviétique, lorsque nous avions consenti à envoyer en Russie nos officiers, nos marins et nos aviateurs, en vue de discuter ensemble des plans militaires, avant même d'avoir la moindre assurance de pouvoir aboutir à un accord sur les questions politiques. Et néanmoins, Monsieur, poussé par une observation du Ministre russe des Affaires étrangères, à savoir que si nous réussissions à faire aboutir nos discussions d’ordre militaire, un accord politique ne devrait pas présenter de difficultés insurmontables, nous envoyâmes la mission.


Début août 1939, des missions militaires anglaises et françaises arrivent à Moscou pour négocier avec l'Union soviétique. La photo montre l'amiral Sir Reginald Drax et le général Aimé Doumenc. Crédit photo : Sputnik

   Les missions britanniques et françaises arrivèrent à Moscou, le II août. Elles furent chaleureusement accueillies, d'une façon amicale, et les discussions étaient même engagées et se poursuivaient sur un pied de confiance mutuelle, quand cette bombe fut lancée. Il fut, pour le moins, extrêmement déconcertant pour nous d'apprendre que, pendant même que ces conversations se poursuivaient ainsi, le Gouvernement soviétique négociait secrètement un pacte avec l'Allemagne, à des fins manifestement incompatibles avec les buts de sa politique extérieure, telle que nous l'avions comprise ["... L’opposition de Chamberlain à une alliance avec les Soviétiques fut non seulement déterminante dans l’échec des négociations trilatérales de l’été 1939, mais elle constitua aussi une des causes majeures du déclenchement de la Seconde Guerre mondiale. Chaque fois que le premier ministre livrait intimement ses pensées sur l’URSS, son hostilité et sa méfiance étaient manifestes. « Je crains que les Russes ne nous causent davantage de problèmes », écrivit-il à sa sœur Hilda, le 14 mai, jour où Molotov rejeta la proposition britannique de garantie unilatérale soviétique. [...] Les Français étaient davantage disposés à une alliance avec l’URSS. Le 15 mai, Bonnet chargea Corbin d’insister auprès des Britanniques pour qu’ils répondent rapidement aux ouvertures soviétiques et qu’ils réexaminent la proposition française du 29 avril en faveur d’une triple alliance limitée. [...] La mollesse de Bonnet donna l’occasion aux Britanniques de prendre la tête des négociations et permit ainsi à Chamberlain d’empêcher toute précipitation en vue d’un accord. [...] Maiski consigna dans son journal, moins diplomatiquement, que la Grande-Bretagne pouvait soit conclure une alliance avec l’URSS soit affronter la défaite dans une guerre contre l’Allemagne. Mais Chamberlain ne pouvait toujours pas digérer psychologiquement une alliance avec l’URSS, « car cela allait le placer définitivement dans le camp antinazi et mettre un terme à tout projet de ressusciter l’ appeasement ». « C’est pourquoi il ruse avec nous comme un maquignon qui essaie perpétuellement de nous refiler un canasson. Ça n’arrivera pas !... " ; source]. Je ne me propose pas, ce soir, de porter sur cet incident un jugement définitif. Ce serait, à mon avis, prématuré, tant que nous n'aurons pas eu l'occasion de nous consulter avec le Gouvernement français, pour ce qui est de la signification et des conséquences de cet accord, dont le texte n'a été publié que ce matin ["... Du 15 juin au 2 août, des représentants britanniques, français et soviétiques se sont ainsi réunis à Moscou, afin de décider des conditions politiques d'une éventuelle convention. Il en est ressorti un projet d’accord, selon lequel les trois puissances s'accorderaient mutuellement, ainsi qu'à tout État limitrophe de l'Allemagne, Estonie, Lettonie, Lituanie, Pologne, Roumanie, Turquie, Grèce et Belgique, la garantie d'une aide militaire en cas d'agression allemande. Ils sont parvenus à un accord préliminaire, mais lorsque est venu le temps des pourparlers directs entre les missions militaires, tout s'est rapidement effondré. Alors que l'URSS était représentée par le maréchal Kliment Vorochilov, ministre soviétique de la Défense et proche collaborateur de Staline, la Grande-Bretagne et la France n'ont envoyé à Moscou que des responsables militaires mineurs : l'amiral Reginald Drax et le général Aimé Doumenc, qui n'étaient même pas autorisés à prendre des décisions sans l'approbation de leur gouvernement. « Les Soviétiques ont été consternés par des représentations aussi basses, et ils n'ont même pas pris ces négociations au sérieux », assure Oleg Boudnitski. De plus, les négociations se sont enlisées immédiatement après que Vorochilov a demandé si la Pologne et la Roumanie laisseraient l'Armée rouge traverser leur territoire pour combattre l'Allemagne. Drax et Doumenc n'avaient pas la compétence pour répondre à une question aussi importante, mais bien sûr, la Pologne et la Roumanie refuserait une telle éventualité... " ; source]
  La question que le Gouvernement avait à examiner lorsque cette information fut portée à sa connaissance était de savoir quel effet cette situation pourrait avoir sur sa politique. À Berlin, l'annonce en fut saluée avec un cynisme extraordinaire, comme une grande victoire diplomatique éliminant tout danger de guerre, puisqu'il n'y avait plus guère de chances que la Grande-Bretagne et la France remplissent leurs obligations envers la Pologne.
  Nous avons cru devoir, avant tout, dissiper toute dangereuse illusion de ce genre. La Chambre n'aura pas oublié que la garantie que nous avions donnée à la Pologne, l'a été avant qu'il ne fût question d'un accord avec la Russie, et qu'elle n'était nullement subordonnée à la conclusion de cet accord. Cela étant, comment pourrions-nous, sans forfaire à l'honneur, nous soustraire à cette obligation que nous avions si souvent et si nettement proclamée? C'est pourquoi notre premier acte a été de publier une déclaration établissant que nos obligations envers la Pologne et tels autres pays demeuraient inchangées. Ces obligations sont fondées sur des déclarations concertées, faites à la Chambre des Communes, et auxquelles on s'occupe de donner effet par des traités qui sont actuellement dans un état avancé de négociation. Ces traités, une fois conclus, définiront formellement nos obligations, mais ils ne modifient en rien les obligations d'assistance mutuelle acceptées déjà, ils n'y ajoutent rien, ils n'en retranchent rien.
  Le communiqué, que nous avons donné à la presse après la réunion du Cabinet, cette semaine, parlait aussi de certaines mesures de défense que nous avions adoptées. On se souvient que, comme je l'ai dit, l'Allemagne a déjà sous les armes une immense armée et que, dans ce pays, des préparatifs militaires de tout ordre ont été poursuivis sur une vaste échelle et le sont encore. Les mesures que nous avons prises jusqu'à présent ont un caractère défensif et de précaution. Elles sont destinées à mettre le pays en état de faire face à toute situation critique. Mais je tiens à répudier nettement toute suggestion possible, tendant à les présenter comme impliquant une menace.
  Rien de ce que nous avons fait, rien de ce que nous nous proposons de faire, ne menace les intérêts légitimes de l'Allemagne. Il n'y a pas de menace dans le fait de se préparer à aider des amis à se défendre contre la force. Si des voisins, voulant vivre ensemble pacifiquement, en ayant des relations amicales, s'aperçoivent que l'un d'entre eux paraît envisager un acte d'agression et fait des préparatifs en ce sens, ce n'est pas, de la part des autres, une menace, s'ils annoncent l'intention d'aider celui qui est exposé à ce péril.
  Une autre mesure a été prise aujourd'hui dans la sphère financière. La Chambre sait que le taux de la Banque d'Angleterre, qui était resté fixé depuis longtemps à 2%, a été élevé aujourd'hui à 4%. La Chambre reconnaîtra que c'est là une mesure normale de protection, adoptée pour défendre nos ressources en une période d'incertitude.
  Sous ce rapport, il y a une contribution qui peut être apportée par les citoyens britanniques, d'une manière générale. Le public peut coopérer pour le mieux, en réduisant, autant que possible, toutes demandes qui exigent directement ou indirectement l'achat de devises étrangères, puis en se conformant strictement à la demande du Chancelier de l'Échiquier [Ministre, Directeur des Finances publiques ; John Allsebrook Simon, 1er vicomte Simon, 1873-1954 ; en poste de 1937→1940] de ne pas faire sortir de capitaux du pays en ce moment, et finalement, en ne conservant pas plus d'avoirs à l'étranger qu'il n'en est strictement nécessaire pour les besoins normaux des affaires.



John Allsebrook Simon, 1er vicomte Simon, en 1916. Crédit photo : Bibliothèque du Congrès des États-Unis d'Amérique

  Devant l'attitude de Berlin, que j'ai indiquée, le Gouvernement de Sa Majesté a jugé que son devoir, en ce moment, était de ne laisser aucune possibilité de malentendu ; et pour qu'aucun doute ne puisse subsister dans l'esprit du Gouvernement allemand, l' Ambassadeur britannique à Berlin a été invité à rendre visite au Chancelier allemand, afin de lui remettre un message au nom du Gouvernement britannique. Ce message a été remis hier et la réponse nous est parvenue aujourd'hui. Le but de ma communication au Chancelier allemand était d'exposer de nouveau notre position et nous assurer qu'aucun malentendu ne pouvait subsister. Le Gouvernement de Sa Majesté jugeait que cela était d'autant plus nécessaire en raison des informations qu'il avait reçues, quant aux mouvements militaires en Allemagne et à l'Accord germano-soviétique qu'on préparait.
  C'est pourquoi j'ai exposé clairement, comme cela avait été fait dans le communiqué publié mardi après la réunion du Cabinet, que, si les circonstances l'exigeaient, le Gouvernement de Sa Majesté était résolu et prêt à employer sans retard toutes les forces dont il dispose. En de nombreuses occasions, j'ai exprimé ma conviction que la guerre entre nos deux pays, considérée partout comme la plus grande calamité qui pourrait survenir, n'était désirée ni par notre peuple, ni par le peuple allemand. Telle étant ma conviction, j'ai informé le Chancelier allemand qu'à notre avis il n'y avait rien, dans les questions qui ont surgi entre la Pologne et l'Allemagne, qu'il ne pût, et ne dût être, résolu sans le recours à la force, si seulement un état de confiance pouvant être rétabli.
  Nous avons fait savoir que nous étions prêts à apporter notre concours à l'établissement de conditions qui rendraient possibles ces négociations. La tension actuelle crée de grandes difficultés et j'ai exprimé l'opinion que, si toutes les parties aux prises réussissaient à faire trêve aux polémiques de presse, ainsi qu'à toutes autres formes d'excitation, on pourrait se trouver dans des conditions permettant des négociations directes entre l'Allemagne et la Pologne sur les points litigieux. Ces négociations pourraient naturellement s'étendre aux plaintes élevées, de part et d'autre, au sujet de la protection des minorités. La réponse du Chancelier allemand contient pratiquement la réaffirmation de la thèse allemande d'après laquelle l' Europe Orientale est une sphère dont l'Allemagne doit disposer librement. Si donc — ainsi le veut cette thèse — notre pays, ou tout autre, ayant des intérêts moins directs que l'Allemagne, pénètre dans cette sphère, c'est à lui qu'incombera la responsabilité du conflit qui suivra ce fait.
  Cette thèse méconnaît entièrement la position de la Grande-Bretagne. Nous ne prétendons pas à une place privilégiée pour nous-mêmes en Europe Orientale. Nous ne songeons pas à demander à l'Allemagne de sacrifier ses intérêts nationaux ; mais nous ne pouvons pas admettre que les intérêts nationaux exigent que l'on verse le sang, ou que l'on détruise l'indépendance d'autres États. En ce qui concerne les relations entre la Pologne et l'Allemagne, le Chancelier allemand a parlé, dans sa réponse, de la situation de Dantzig, et a attiré l'attention sur la position de cette ville, et du Corridor, ainsi que sur l'offre faite par lui, au début de l'année, de régler les questions par négociation.
  J'ai à diverses reprises réfuté l'allégation d'après laquelle c'est notre garantie à la Pologne qui a décidé le Gouvernement polonais à refuser les propositions faites à cette époque. À la vérité, cette garantie n'a été donnée qu'après le refus polonais eût été signifié au Gouvernement allemand. Étant donné le caractère délicat de la situation, je dois pour le moment m'abstenir de tout autre commentaire sur les communications échangées entre les deux Gouvernements.
  La catastrophe n'a pas encore fondu sur nous. Nous devons donc espérer encore que la raison et la sagesse trouveront moyen de se réaffirmer. Nos déclarations récentes, comme celles d'aujourd'hui, expriment, j'en suis certain, les vues du Gouvernement français [le président du Conseil, parfois désigné président du Conseil des ministres, était le chef du gouvernement, jusqu'en 1959 ; Édouard Daladier, 1884-1970, occupait alors la fonction : 1939→1940 ; " Le 24 août 1939 à 18 h 40, Georges Bonnet, ministre français des Affaires étrangères demande à l’ambassadeur de France à Varsovie, Léon Noël, une démarche officielle et urgente auprès du gouvernement polonais. Le souci a Paris est vraiment que la Pologne n’apparaisse pas comme un pays agresseur en raison des manœuvres allemandes et des pressions exercées par le Reich. Le Quai d’Orsay estime que les inconvénients qui résulteraient d’une vive réaction polonaise auraient des répercussions pour la Pologne et ses Alliés et sur les solidarités actuelles ou possibles. « Le Gouvernement français, dans cet esprit même, recommande instamment au Gouvernement polonais de se garder de toute réaction militaire dans l’éventualité d’une proclamation par le Sénat de Dantzig du rattachement de la Ville libre à l’Allemagne. A une décision éventuelle de cette nature, il importe que la Pologne ne réponde que par une action de même ordre en formulant toutes réserves et tous recours de droit opportuns par la voie diplomatique. Le Gouvernement de Varsovie est d’autant mieux à même de comprendre ce conseil que celui-ci rejoint en fait les intentions exprimées le 19 juillet au général Ironside par le maréchal Rydz-Smigly. Pour notre part, nous sommes d’autant plus fondés à formuler nettement cette recommandation qu’elle répond aux préoccupations de notre État-Major ; celui-ci considère en effet que du point de vue stratégique une armée polonaise engagée sur le territoire de la Ville libre se trouverait dans une situation extrêmement difficile ». Georges Bonnet demande encore à Léon Noël : « Vous marquerez nettement à M. Beck qu’à nos yeux, il ne s’agit là que d’une position d’opportunité, dont l’adoption ne tendrait qu’à sauvegarder la plénitude du jeu d’assistance et ne saurait entraver la liberté d’appréciation au Gouvernement polonais en présence d’une action militaire allemande caractérisée, ni la valeur de la position de la France au regard de la Pologne, telle que la définissent des engagement qu’il est inutile de rappeler ». ; source] avec lequel nous avons maintenu l'étroit contact habituel, conséquence de nos cordiales relations solidement établies.
  Notre pensée se tourne naturellement vers les Dominions. J'apprécie très vivement les déclarations faites par les Ministres d'autres parties du Commonwealth britannique. Les manifestations, faites à diverses reprises, dans certains cas pas plus tard qu'hier, de la sympathie avec laquelle ils suivent nos patients efforts pour la défense de la paix, ainsi que de l'attitude qu'ils prendraient, si malheureusement ces efforts échouaient, sont pour nous une source d'encouragement précieux en ces temps critiques.

Sépulture d' Édouard Daladier dans 72ème division du cimetière du Père Lachaise. Crédit photo : Stéphane Charton-Thomas

   La Chambre appréciera, j'en suis sûr, comme le Gouvernement de Sa Majesté l'a apprécié, l'appel de la paix fait hier par le roi Léopold [Léopold Philippe Charles Albert Meinrad Hubertus Marie Miguel de Saxe-Cobourg, Léopold III, roi des Belges, 1901-1983 ; roi de 1934 à 1951 ; "... Léopold III constate que la réaction française à l'occupation de la Rhénanie par Hitler en 1936 est purement académique. Pour la première fois, il songe à une révision des traités qui, désormais, à son avis, engagent plus la Belgique qu'ils ne la protègent. C'est le début de la " politique de la neutralité ". Le 14 octobre 1936, le roi la définit clairement devant ses ministres convoqués en conseil au palais de Bruxelles. " Nous devons, dit-il, poursuivre une politique exclusivement et intégralement belge. " Pour assurer sa neutralité, la Belgique doit se doter d'un système défensif suffisant pour " décourager tout agresseur éventuel... Le 23 août 1939, Léopold est à l'origine d'un " appel des sept pays du groupe d'Oslo ", Belgique, Pays-Bas, Danemark, Norvège, Suède, Finlande et Luxembourg. " Que la conscience du monde se réveille, dit le message (...), que soit évitée la catastrophe qui menace l'humanité... " ; source], au nom des Chefs des États d'Oslo, après la réunion des représentants de ces États, qui a eu lieu hier à Bruxelles. D'après tout ce que j'ai dit, il est évident que le Gouvernement de Sa Majesté partage les espoirs qu'exprime cet appel ; et il compte sérieusement qu'il y sera donné effet.


 Le roi Léopold III en 1934

   Le Secrétaire d'État des Affaires étrangères, dans un discours prononcé le 29 juin à l' Institut Royal des Affaires internationales, a formulé les bases fondamentales de la politique étrangère britannique. Ses observations à ce sujet ont été, je crois, accueillies par une approbation générale. La première base est notre détermination de résister aux méthodes de force. La seconde base est notre reconnaissance du fait que le monde désire poursuivre l'œuvre constructive de bâtir la paix. Si nous pouvions être certains, a dit mon noble ami, que les intentions des autres sont les mêmes que les nôtres et si nous étions assurés qu'ils veulent tous des solutions pacifiques, nous pourrions discuter les problèmes qui donnent actuellement tant d'anxiété au monde.
  Cette définition des bases fondamentales de la politique britannique est toujours exacte. Nous voulons voir s'établir un ordre international reposant sur une entente mutuelle et sur une confiance mutuelle ; et nous ne pouvons construire un tel ordre, que s'il concorde avec certains principes qui sont essentiels à l'établissement de la confiance et de la bonne foi. Ces principes doivent comprendre l'observation des engagements internationaux, une fois qu'ils ont été acceptés, et la renonciation à la force dans le règlement des différends. C'est parce que ces principes, auxquels nous attachons une importance si vitale, nous semblent être en péril, que nous avons assumé ces responsabilités formidables et sans précédent.
  Si, malgré nos efforts pour trouver le chemin de la paix — et Dieu sait si j'ai fait de mon mieux — si, en dépit de tout cela, nous devons entrer dans une lutte qui ne peut être que lourde de souffrance et de misère pour toute l'humanité, et dont personne ne peut prévoir la fin, si cette chose devait arriver, ce ne sera pas pour déterminer l'avenir politique d'une ville lointaine dans un pays étranger, que nous lutterons ; ce sera pour la préservation de ces principes dont j'ai parlé, principes dont la destruction entrainerait celle de toute possibilité de paix et de sécurité pour les peuples du monde.  Cette question de la paix ou de la guerre, la solution ne nous appartient pas ; mais je compte que ceux sur qui repose la responsabilité penseront aux millions d'êtres humains dont le destin dépend de leurs actes. Quant à nous, nous avons un pays uni derrière nous, et dans cette heure critique, je pense que dans cette Chambre des Communes nous saurons nous serrer, et que cet après-midi nous montrerons au monde que nous agirions comme nous pensons, en nation unanime!

N° 65

Discours du Secrétaire d'État des Affaires étrangères à la Chambre des Lords, le 24 août I939


  Milords,
  Je suis heureux de me rendre à l'invitation du noble Lord qui me fait face et, peut-être Vos Seigneuries me pardonneront-elles, si je fais une déclaration un peu plus longue que celle que l'on a accoutumé de faire en réponse à une question formelle. Il sera peut-être utile, dans une certaine mesure que, d'un mot ou deux, je brosse la toile de fond des évènements internationaux qui ont conduit au rappel du Parlement. Les évènements de cette années sont présents à toutes vos mémoires et leur effet cumulatif a amené bien des pays d'Europe à se trouver face à face avec une tentative de la part de l'Allemagne de dominer et de contrôler leurs destinées, et il y en eut fort peu qui n'eussent point raison de craindre de voir leurs libertés exposées à des dangers plus ou moins grands. C'est un fait historique que des Gouvernements britanniques successifs se sont sentis obligés de résister aux tentatives, émanant d'une seule Puissance, pour dominer l'Europe aux dépends des autres et pour imposer, par la force des armes, la volonté d'un seul pays. Le nôtre a toujours été partisan du maintien de l'indépendance de ceux d'entre ces États qui, à la fois, tenaient à leurs libertés, étaient prêts à les défendre, et s'étaient efforcés de maintenir le principe que les changements qui doivent inévitablement se produire dans les relations entre nations, peuvent et doivent s'effectuer dans la paix, et par de libres négociations entre tous les intéressés.
  Le Gouvernement de Sa Majesté est en conséquence entré en consultation avec les pays qui se sentaient le plus immédiatement menacés, et cela dans le seul but de concerter la résistance à opposer à une autre agression, si cette dernière devait être tentée. En même temps le Gouvernement de Sa Majesté s’efforçait, à la fois par la parole et par l'action, à définir nettement son attitude, de façon à ce que nulle part un doute quelconque ne puisse subsister quant à la politique qu' il était décidé à poursuivre. Il a introduit le service obligatoire, il a fait des efforts, sans précédent en temps de paix, pour augmenter et équiper les forces armées de la Couronne, et pour amener les défenses civiles et militaires de ce pays à un état de préparation complète. Les déclarations concernant sa politique qui ont été faites dans cette Chambre et dans une autre enceinte, ont cherché à la fois à établir les principes généraux de la politique britannique, et à fixer l'attitude du Gouvernement de Sa Majesté face à des questions particulières, telles que celles de Dantzig, qui, de temps en temps, ont occupé l'avant-scène politique. Les déclarations qui ont été faites dans ce sens, et l'action qui a été poursuivie, ont rencontré, je pense, l'approbation générale à la fois du Parlement et du pays.
  Avant l'ajournement au début de ce mois, mon très honorable ami, le Premier ministre, a dit que la situation, où l'accumulation des armements de guerre se poursuivait à une pareille allure, était telle que l'on ne pouvait que la considérer avec angoisse. Il a fait allusion au malaise que créait une propagande empoisonnée, et il a dit que si l'on pouvait mettre fin à cette dernière, et entreprendre quelque action qui pût rétablir la confiance en Europe, il n'existait pas de problème qui ne fût susceptible d'être résolu par des moyens pacifiques. Malheureusement, il n'y eut aucun signe d'une telle action, et depuis que la Chambre s'est ajournée, la situation internationale s'est aggravée, jusqu'au point de nous mettre aujourd'hui face à face avec le péril imminent d'une guerre.
  Au début du mois d'août, de nouveaux différends se sont produits entre le Gouvernement polonais et le Sénat de Dantzig, à propos de la situation et des fonctions des inspecteurs des douanes polonais dans la Ville Libre. Ces différends étaient relativement peu importants en eux-mêmes et, dans une atmosphère de moindre tension, il n'est pas douteux qu'ils n'eussent été susceptibles d'un arrangement amical, tout comme d'autres litiges analogues l'ont été dans le passé. En fait, la discussion de ces problèmes faisait des progrès à la fin de la semaine dernière. Mais alors qu'on s'efforçait de mettre en route le mécanisme de la négociation, la presse allemande a ouvert une violente campagne contre le Gouvernement polonais. Cette campagne, les nobles Lord l'ont peut-être noté, ne se limitait pas uniquement, ni même principalement, à la question de Dantzig. À propos de cette dernière, l'on affirmait qu'il ne pouvait pas y avoir de compromis ; Dantzig devait retourner inconditionnellement au Reich. La question dite du Corridor y était liée et l'attaque contre la Pologne s'étendait jusqu'à viser l'attitude générale et la politique du Gouvernement polonais, et en particulier la situation de la minorité allemande en Pologne.
  En ce qui concerne la minorité allemande, je voudrais dire ceci : tout pays doit avoir le souci d'assurer un traitement équitable des minorités, et doit, naturellement, porter un intérêt particulier à des minorités qui lui sont alliées par la race. Personne, dans ce pays, très certainement, ne voudrait défendre des conditions dans lesquelles un tel traitement serait refusé à une quelconque minorité, mais s'il existe des raisons de se plaindre, ne permettons pas qu'elles empoisonnent l'atmosphère jusqu' au point de rendre tout arrangement cent fois plus difficile ; soumettons-les à un examen honnête et sans passion pour que, devant l'opinion publique du monde, puisse s'établir quelque base qui permettra de les étudier et de les ajuster. Il est impossible d'ignorer le fait que les accusations portées contre la Pologne ressemblent fortement à celles que, l'an dernier, on lançait contre la Tchéco-Slovaquie, et il est juste aussi de se rappeler qu'il y a en Allemagne une minorité polonaise importante, et que le Gouvernement polonais, lui aussi, se plaint amèrement de son sort.
  Il faut admettre, je pense, en observant l'attitude générale de la Pologne, que devant une campagne qui paraît menacer non seulement sa liberté d'action, mais l'existence même de la Pologne en tant que nation, les déclarations des gouvernements polonais ont été fermes, mais non point provocantes. Je suis persuadé qu'ils ont été, et demeurent en même temps, prêts à discuter des différends entre eux-mêmes et l'Allemagne s'ils pouvaient être raisonnablement certains que la discussion s'établirait dans des conditions de liberté, sans menaces de violence, et avec l'assurance, que les accords, fruit de ces discussions, seraient observés loyalement et de façon permanente. Si parfois les journaux polonais ont répondu de la même encre aux attaques de la presse allemande, cette attitude ne s’est pas réfléchie dans celle du Gouvernement polonais. Parallèlement à la campagne de presse, les préparatifs militaires ont été très activement poussés en Allemagne, et ce pays est mis complètement sur pied de guerre. Au début de cette semaine, il y a eu des indications que les troupes allemandes se rapprochaient de la frontière polonaise et, face à ce qui évidemment devenait une situation très menaçante, le Gouvernement de Sa Majesté a décidé que le temps était venu où il lui fallait chercher l'approbation du Parlement pour d'autres mesures de défense.
  Telle était, rapidement indiquée, la situation quand, le 22 août, avant-hier, on annonça à Berlin et à Moscou, que des négociations avaient été poursuivies et devaient être immédiatement constituées en vue de la signature d'un pacte de non-agression entre l'Union des Soviets et l'Allemagne. Je ne cache point le fait que cette nouvelle ait été une surprise pour le Gouvernement de Sa Majesté. Depuis quelques temps déjà, des rumeurs avaient couru sur un changement dans les relations entre les Gouvernements allemand et soviétique, mais aucune allusion à un tel changement n'avait été faite par le Gouvernement des Soviets, ni au Gouvernement de Sa Majesté, ni au Gouvernement français, avec lesquels il était en négociation. Le 3I juillet dernier, le Premier ministre indiquait dans une autre enceinte que le Gouvernement de Sa Majesté montrait beaucoup de confiance et un vif désir de mener ses négociations avec le Gouvernement des Soviets à une conclusion heureuse, puisque, avant même qu'aucune entente n'eût pu être définitivement réalisée sur les problèmes politiques, il avait pris la décision d'envoyer à Moscou une Mission militaire chargée d'examiner des plans militaires. Les Missions militaires de France et de ce pays sont arrivés à Moscou le II août, et les conversations se poursuivaient selon toute apparence sur la base d'une confiance mutuelle ; il est, je ne le cacherai pas à Vos Seigneuries, certainement troublant d'apprendre qu'au moment même où se poursuivaient ces conversations, le Gouvernement des Soviets négociait secrètement avec l'Allemagne un pacte dont les buts sont de toute évidence incompatibles avec les objectifs de sa politique étrangère, tels que nous les avions compris. [Les négociations anglo-franco-soviétiques se déroulèrent d'avril → août 1939 ; les principaux participants étaient l'amiral Drax, 1880-1970, pour la Grande-Bretagne, le général Doumenc, 1880-1948, pour la France et le maréchal Vorochilov, 1881-1969, pour l' U.R.S.S. " ... Malgré toutes les concessions de Paris et de Londres motivées par leur désir d'aboutir à tout prix à un accord, ces discussions n'ont pas abouti. Une seule raison pour expliquer cet échec : la duplicité de Moscou qui dans le même temps négociait secrètement avec... Berlin. [...] toutes les concessions faites par la France et la Grande-Bretagne pour obtenir la participation de l'URSS à une alliance contre l'Allemagne nazie : a) la signature d'un pacte d'assistance mutuelle, stricto sensu, entre les trois puissances ; b) La garantie des États baltes : Finlande, Estonie et Lettonie ; c) L'agression indirecte : après avoir obtenu l'adhésion de la France et de l'Angleterre à la défense des États baltes contre une attaque allemande, le gouvernement soviétique a posé la question de l'agression indirecte de ces pays ; d) L' accord sur la clause du pacte interdisant toute paix séparée : en prenant l'engagement de ne pas signer de paix séparée avec l'Allemagne, les Français et les Anglais ont satisfait une énième revendication soviétique. e) Les négociations militaires : dans les exigences qu'il a formulées au mois d'avril, le gouvernement soviétique a demandé qu'à la conclusion du pacte fussent rapidement engagées des discussions entre les États-majors des trois pays pour définir les obligations militaires de chaque partie dans le cas où le pacte aurait été mis en œuvre. Accord des gouvernements français et anglais. ; source]


Sir Reginald Aylmer Ranfurly Plunkett-Ernle-Erle-Drax, en 1936. © National Portrait Gallery, London                                                                   

 Général Aimé Doumenc, en 1932. Crédit photo : Agence de presse Meurisse . Bibliothèque nationale de France



Kliment Vorochilov en 1961

  [...] La suite du discours est idem aux propos du Premier ministre devant le Parlement : voir le n° 64.

N° 66

Sir H. Kennard au Vicomte Halifax, reçu à 8 h. du soir, Varsovie, 24 août I939

Télégramme

  M. Beck m'a dit qu'il considérait la situation comme extrêmement grave. L'attitude des autorités de Dantzig devient plus provocante, mais il n'a pas l'intention pour le moment de rompre effectivement les négociations en ce qui concerne les inspecteurs des douanes, etc.
  2. M. Beck, comme on le lui avait demandé, a donné les instructions à l'Ambassadeur de Pologne à Berlin de rechercher une entrevue immédiate avec le Secrétaire d'État, et, à moins qu'il ne trouve l'attitude de Herr von Weizsäcker peu satisfaisante, il s'efforcera d'examiner tous les points litigieux, pour déterminer si quelque chose pourrait être fait pour diminuer la tension actuelle.
  3. M. Beck a fait allusion à certains incidents à la frontière et je lui ai demandé plus spécialement si l'un d'eux, qui a soulevé une grande indignation ici, était réellement vrai. L'on a raconté, ce matin, dans les journaux, que le corps d'un garde-frontière polonais, tué le I6 août avait été rendu dans un état de révoltante et atroce mutilation. M. Beck me dit que les faits étaient bien tels que les journaux l'avaient dit, et que le Commissaire général protestait auprès du Sénat de Dantzig, sans cependant exiger une réponse quelconque.

N° 67

Sir H. Kennard au Vicomte Halifax

Expédié le 25 août à 2 h. 35 du matin, reçu le 25 août à 9 h. 30 du matin, Varsovie, 24 août I939

Télégramme

  Mon télégramme du 24 août
  Le Ministre des Affaires étrangères m'informe que l'Ambassadeur de Pologne à Berlin a eu, cet après-midi, une entrevue avec le Feldmarschall Gœring. L'entretien a été des plus cordiaux et le Ministre me dit que le Feldmarschall avait exprimé ses regrets de ce que sa politique, visant un maintien des relations amicales avec la Pologne, s'était effondrée ; il admettait qu'il ne lui restait plus d'influence pour agir utilement en cette affaire, si ce n'est une remarque dont M. Beck avait l'impression qu'elle était particulièrement significative et qu'il m'a demandé de vous transmettre de façon tout à fait confidentielle. Le Feldmarschall a affirmé que la question de Dantzig, etc., était relativement peu importante, mais que le principal obstacle à tout relâchement de la tension entre les deux pays, était l'alliance de la Pologne avec la Grande-Bretagne.
  2. M. Beck avait consulté le Président et le Maréchal Smigly-Rydz, et il avait été décidé que si le Gouvernement allemand avançait d'une autre façon quelconque cette même suggestion, la réponse serait un refus catégorique. M. Beck est d'avis que le Gouvernement allemand pourrait bien faire un effort pour s'assurer par de telles méthodes les mains libres en Europe Orientale, et il croit qu'il est nécessaire que l'on comprenne clairement que la Pologne ne se laissera pas entraîner dans une intrigue de cette nature.
  3. J'ai interrogé M. Beck sur l'entrevue projetée entre M. Lipski et le Secrétaire d'État. M. Beck m'a dit que Herr von Weizsäcker était à Berchtesgaden, et ne reviendrait probablement pas avant la fin de la semaine, mais M. Lipski avait demandé un entretien et attendait la réponse.

N° 68

Communication supplétive du Chancelier allemand, remise de la main à la main à l'Ambassadeur de Sa Majesté, le 25 août I939

   À suivre...

   Livre bleu anglais n° I, Documents concernant les relations germano-polonaises et le début des hostilités entre la Grande-Bretagne et l'Allemagne le 3 septembre I939, présenté au Parlement par Ordre de Sa Majesté par le Secrétaire d' État aux Affaires étrangères ; traduction Autorisée et Officielle du document publié par His Majesty's Stationery Office, Paris, I939, pp. 102-113. 
 
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