DOCUMENTS CONCERNANT LES RELATIONS GERMANO-POLONAISES ET LE DÉBUT DES HOSTILITÉS ENTRE LA GRANDE-BRETAGNE ET L'ALLEMAGNE LE 3 SEPTEMBRE 1939, ÉPISODE XV

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  Ci-dessous, traduction du texte d'une communication verbale, faite à Sir Nevile Henderson par Herr Hitler lors de leur entrevue en date du 25 août :
   En guise d'introduction, le Führer a déclaré que l'Ambassadeur de Grande-Bretagne avait exprimé l'espoir, à la fin de leur dernière conversation, qu'après tout, une entente entre l'Allemagne et l'Angleterre pouvait être encore possible. Lui, le Führer, a donc réfléchi une fois de plus et désire prendre, en ce qui concerne l'Angleterre, une initiative qui soit aussi décisive que celle concernant la Russie, et dont le résultat a été le présent accord. La séance d'hier à la Chambre des Communes, les discours de Mr. Chamberlain et de Lord Halifax ont aussi incité le Führer à s'entretenir une fois de plus avec l'Ambassadeur de Grande-Bretagne. L'affirmation que l'Allemagne prétend conquérir le monde est ridicule. L'Empire britannique comprend 40 millions de kilomètres carrés, la Russie 19 millions de kilomètres carrés, les États-Unis 9.500.000 kilomètres carrés, tandis que l'Allemagne comprend moins de 600.000 kilomètres carrés. Il est facile de distinguer qui désire conquérir le monde.
   Le Führer fait la communication suivante à l'Ambassadeur de Grande-Bretagne :
  I. Les véritables provocations de la Pologne sont devenues intolérables. Peu importe les responsables. Si le Gouvernement polonais nie sa responsabilité, cela ne contribue qu'à montrer qu'il ne possède plus lui-même aucune influence sur les autorités militaires qui lui sont subordonnées. La nuit dernière, il y a eu encore vingt et un nouveaux incidents de frontière ; du côté allemand, la plus grande discipline a été observée. Tous les incidents ont été provoqués par les Polonais. En outre, on a tiré sur des avions de commerce. Si le Gouvernement polonais déclare qu'il n'est pas responsable, cela démontre qu'il n'est plus capable de maîtriser son propre peuple.
  2. L'Allemagne est, en tout cas, décidée à mettre fin à cette situation macédonienne ["... L'époque des Guerres balkaniques, 1912-1914 ; Ière guerre balkanique : 10/1912-05/1913 : cette guerre opposa la Ligue balkanique, la Serbie, la Bulgarie, la Grèce et le Monténégro, à l'Empire Ottoman. Les armées des états des Balkans en supériorité numérique furent rapidement victorieuses. À la fin de cette guerre, issue de la Paix de Londres, la quasi-totalité des anciens territoires européens de l'Empire ottoman furent partagés entre les membres de la Ligue balkanique. Malgré ses succès, la Bulgarie fut mécontente de la répartition des gains en Macédoine, ce qui provoqua la début de la 2ème guerre balkanique : 16/06/1913-18/07/1913 : cette guerre opposa la Bulgarie, mécontente du partage des gains de la Ière guerre balkanique à ses anciens alliés, la Serbie et la Grèce. Les armées serbes et grecques échouèrent à repousser l'offensive bulgare. La nouvelle guerre provoqua l'entrée en guerre de la Roumanie alors en différent frontalier avec la Bulgarie. Lorsque les troupes roumaines approchèrent de la capitale Sofia, la Bulgarie demanda un armistice qui déboucha sur le Traité de Bucarest, dans lequel la Bulgarie céda la majeure partie de ses gains issus de la Ière guerre balkanique à la Serbie, à la Grèce, à la Roumanie et à l'Empire Ottoman. 10 août 1913 : les alliés de la Ière guerre balkanique se font la guerre pour dominer la Macédoine. Le traité de paix de Bucarest partage la Macédoine entre la Bulgarie, Prinin-Macédoine, la Grèce, Egée-Macédoine et la Serbie : Vardar-Macédoine [...] 1919 : lors de la conférence de paix de Paris, après la Première guerre mondiale, on sanctionne la division de la Macédoine, Traité de Neuilly, entre la Yougoslavie, la Grèce et la Bulgarie. La période entre les deux guerres mondiales abonde en nombreuses tentatives d'unification du peuple macédonien divisé ; 1935 : formation du Mouvement national macédonien : MANAPO... " ; source] sur sa frontière orientale, et, qui plus est, à le faire non seulement dans l'intérêt du calme et de l'ordre, mais aussi dans l'intérêt de la paix européenne.

Le partage de la Macédoine en 1913

  3. Le problème de Dantzig et du Corridor doit être résolu. Le Premier ministre a prononcé un discours qui n'a pas fait le moindrement pour inciter l'Allemagne à changer d'attitude. Au plus, le résultat de ce discours pourrait être une guerre cruelle et aux conséquences incalculables entre l'Angleterre et l'Allemagne. Cette guerre serait plus sanglante que celle de I9I4 à I9I8. Contrairement à ce qui s'est passé durant la dernière guerre, l'Allemagne n'aurait plus à combattre sur deux fronts. L'Accord avec la Russie est inconditionnel et signifie un changement dans la politique étrangère du Reich, et qui durera très longtemps. La Russie et l'Allemagne ne prendront plus jamais les armes l'une contre l'autre. En dehors de cela, les accords conclus avec la Russie assureront également la sécurité économique de l'Allemagne pour la plus longue durée de guerre possible. Le Führer a toujours désiré une entente anglo-allemande. La guerre entre l'Angleterre et l'Allemagne pourrait tout au plus apporter quelque profit à l'Allemagne, mais aucun à l'Angleterre.
  Le Führer a déclaré que le problème germano-polonais devait être résolu, et qu'il le sera. Il est toutefois prêt et résolu, après la solution de ce problème, à faire une fois de plus des ouvertures à l'Angleterre par une offre importante et étendue. Il est l'homme des grandes décisions et, en cette circonstance, il sera capable aussi de se montrer grand dans son action. Il admet l'Empire britannique et il est prêt à s'engager personnellement pour la continuité de son existence, et à mettre la puissance du Reich à la disposition de ce dernier, si :
  I) Ses revendications coloniales, qui sont limitées et peuvent être négociées par des méthodes pacifiques, sont satisfaites ; et, dans ce cas, il est prêt à fixer le délai le plus long.
  2) Si on ne touche pas à ses obligations envers l'Italie ; en d'autres mots, il n'exige pas que l'Angleterre renonce à ses obligations envers la France et, de même, pour sa part, il ne peut se dégager de ses obligations envers l'Italie.
  3) Il désire aussi souligner la décision irrévocable de l'Allemagne de ne plus jamais entrer en conflit avec la Russie. Le Führer est prêt à conclure des accords avec l'Angleterre qui, comme il a déjà été souligné, garantiraient, non seulement l'existence de l'Empire britannique en toutes circonstances, en ce qui concerne l'Allemagne, mais aussi, si nécessaire, assureraient à l' Empire britannique l'aide de l'Allemagne, en quelques points que cette assistance pût être nécessaire. Le Führer serait alors également prêt à accepter une limitation raisonnable des armements qui correspondit à la nouvelle situation politique et qui fût économiquement tolérable. Finalement, le Führer a renouvelé l'assurance que les problèmes occidentaux ne l'intéressaient pas et qu'une modification de frontières à l' Ouest n'entrait pas dans ses considérations. Les fortifications occidentales, qui ont été construites au prix de milliards, constituent la frontière définitive du Reich à l’Ouest.
  Si le Gouvernement britannique voulait prendre en considération ces idées, il pourrait en résulter une bénédiction pour l'Allemagne et aussi pour l' Empire britannique. S'il les rejette, il y aura la guerre. En aucun cas, la Grande-Bretagne n'en sortirait plus forte : la dernière guerre l'a prouvée.
  Le Führer répète qu'il est l'homme des décisions ad infinitum [à l'infini], qui le lient lui-même et que c'est là sa dernière offre. Immédiatement après la solution de la question germano-polonaise, il adresserait une offre au Gouvernement britannique.

 Échec d'une mission. L'exposition finale d'Hitler par Sir Neville Henderson ; " Je travaille pour la paix, mais quand je leur en parle, ils les préparent au combat. "

N° 69

Sir . Henderson au Vicomte Halifax, reçu à 7 heures du soir, Berlin le 25 août I939


Télégramme

  Dans mon télégramme immédiatement précédent, je vous ai transmis le texte d'une communication verbale que le Chancelier m'a faite ce matin. Il était absolument calme et normal, parlait avec grand sérieux et une sincérité apparente. Le Ministre des Affaires étrangères était présent, mais n'a pratiquement pas pris part à la conversation.
  2. Herr Hitler commença par dire qu'il avait toujours désiré et désirait encore de bonnes relations avec la Grande-Bretagne et que sa conscience le poussait à faire ce dernier effort pour les assurer. C'était sa dernière tentative. Il m'a suggéré de prendre moi-même l'avion pour l'Angleterre afin de présenter la chose au Gouvernement de Sa Majesté.
  3. La conversation a duré une heure, mon attitude étant que le Pacte russe ne modifiait en aucune façon l'attitude du Gouvernement de Sa Majesté, que je devais lui dire, très honnêtement, que la Grande-Bretagne ne pouvait revenir sur la parole donnée à la Pologne, et que je savais que son offre ne serait pas prise en considération, à moins qu'elle ne signifiât un arrangement par voie de négociation de la question polonaise. Herr Hitler se refusa à le garantir, en donnant pour raison qu'une provocation polonaise pouvait à chaque instant rendre inévitable une intervention allemande pour la protection de nationaux allemands. Je suis sans revenu sur ce point, mais j'ai toujours reçu la même réponse.
  4. J'ai dit à Herr Hitler que je ne pouvais discuter de qui avait raison ou tort dans ces provocations et incidents réciproques ; il appartenait, dis-je, à l'Ambassadeur de Pologne d'en discuter avec Herr von Ribbentrop et je suggérais qu'il en fit ainsi. Herr Hitler répondit que M. Lipski avait vu le Feldmarschall Gœring, mais qu'il n'avait pas été à même de proposer quoi que ce fût de nouveau.
  5. J'ai dit à Herr Hitler que nous ne pouvions abandonner la Pologne à son sort, mais j'ai présenté la suggestion tout à fait personnelle que M. Beck et Herr von Ribbentrop se rencontrassent quelque part et discutassent la solution qui seule pût convenir encore pour sauver l' Europe de la guerre. La réponse de Herr Hitler fut qu'il avait invité, en mars dernier, M. Beck à venir discuter l'affaire, mais que ce ne fut que pour voir son invitation froidement déclinée... La seule intervention de Herr von Ribbentrop dans la discussion fut pour confirmer ce fait, et pour dire que M. Lipski, chargé de transmettre ce message, avait été obligé d'en modifier les termes, pour en amoindrir la brutalité.
  6. Comme je répétais que le Gouvernement de Sa Majesté ne pouvait pas, selon moi, prendre son offre en considération, si elle ne signifiait pas, en même temps, un réglement pacifique avec la Pologne, Herr Hitler me dit : " Si vous la croyez inutile, abstenez-vous donc simplement de la transmettre. " Il admit les bonnes intentions de M. Beck et de M. Lipski, mais affirma qu'ils n'avaient pas le contrôle de ce qui se passait en Pologne. Les seuls signes de nervosité chez Herr Hitler apparurent quand il fit allusion aux persécutions polonaises. Il mentionna que Herr von Ribbentrop, à son retour de Russie en Allemagne, avait dû, à partir de Kœnigsberg, survoler la mer pour éviter d'essuyer les coups de feu des Polonais, qui tiraient sur tout avion allemand survolant le territoire polonais par les routes normales. Il affirma aussi qu'il y avait eu un nouveau cas de castration.
  7. Parmi les divers points mentionnés par Herr Hitler, il faut citer : que le seul vainqueur d'une nouvelle guerre européenne serait le Japon ; qu'il était de sa nature un artiste, et non un homme politique, et qu'une fois la question polonaise réglée, il finirait sa vie en artiste [ " Adolf Hitler, après avoir échoué deux fois à l'examen d'entrée de l'Académie des Beaux-Arts de Vienne, qui lui aurait assuré un emploi, a malgré tout persévéré dans la peinture en vendant ses tableaux entre 1909 et 1914 ; ses peintures sont longtemps restées cachées [...] À partir de 2006, des aquarelles d'Adolf Hitler sont vendues aux enchères Ces ventes provoquent de vives polémiques médiatiques, mais aucune action en justice ne semble possible car les peintures ne contiennent aucune allusion au nazisme ou à l'antisémitisme. Elles ont été pour la plupart peintes avant l'engagement politique de Hitler. De plus, une partie du produit des ventes est parfois reversée à des associations caritatives. En 2006, une des œuvres de jeunesse de Hitler est vendue pour 11 000 euros, par la maison allemande de vente aux enchères Weidler. La même année, vingt-et-une autres de ses toiles sont achetées en Grande-Bretagne pour 118 000 livres. En avril 2009, treize autres tableaux trouvent acquéreur pour 95 589 livres, 107 645 euros, en Grande-Bretagne, et le 25 avril, à Nuremberg, haut-lieu des grands rassemblements nazis, la maison Weidler vend deux aquarelles attribuées à Hitler pour respectivement 14 000 et 18 000 euros. Depuis le premier janvier 2016, soixante-dix ans après la mort de Hitler, il est possible de reproduire librement ses tableaux, car tombés dans le domaine public... " ; source] et non point en fauteur de guerre ; qu'il n'avait pas l'intention de transformer l'Allemagne en une énorme caserne, et qu'il n'agirait ainsi que s' il y était forcé ; qu'une fois la question polonaise réglée, lui-même prendrait sa retraite ; qu'il n'avait pas d'intérêt de pousser la Grande-Bretagne à rompre sa parole vis-à-vis de la Pologne ; qu'il n'avait aucun désir de se montrer étroit d'esprit dans un arrangement quelconque avec la Pologne, et que tout ce qu'il demandait, pour arriver à un accord avec elle, était un geste de la part de la Grande-Bretagne , indiquant qu'elle ne serait pas déraisonnable.
   Après mon départ, Herr von Ribbentrop envoya le Dr. Schmidt à l'Ambassade, avec le texte de la communication verbale accompagnée d'un message de sa part, disant que Herr Hitler avait toujours souhaité, et qu'il souhaitait encore, un accord avec la Grande-Bretagne, et me demandant instamment d'insister auprès du Gouvernement de Sa Majesté pour qu'il prenne cette offre au sérieux.

Adolf Hitler croqué à l'âge de 16 ans par F. Sturmlechner, un camarade de l'établissement de Steyr, vers 1904-1905. Cette esquisse a été reproduite pour la première fois dans l'ouvrage d'Hugo Rabitsch, Aus Adolf Hitlers Jugendzeit [La jeunesse d'Adolf Hitler], Munich, Deutscher Volksverlag, 1938.

Tableau d' Adolf Hitler, Marie et Jésus, 1913

N° 70

Foreign Office, 25 août I939, II heures du soir

Télégramme

  Prière de sonder Gouvernement polonais sur propositions pour corps observateurs neutres qui, en cas d'acceptation, ne prendraient leurs fonctions que s'il était possible d'ouvrir des négociations.

N° 71

Vicomte Halifax à Sir H. Kennard, Varsovie, Foreign Office, du 26 août I939, 5 heures du soir

Télégramme

  Il est clair que Herr Hitler insiste au premier chef sur les sévices contre la minorité allemande, et pourrait à tout moment s'en saisir comme prétexte à quelque acte irrévocable.
  2. N'est-il pas possible pour le Gouvernement polonais d'accueillir la suggestion d'approcher le Gouvernement allemand en lui demandant s'il ne pourrait envisager l'échange des populations contre un élément susceptible de fair l'objet d'une négociation? Il est vrai que cela n'offrirait pas une sauvegarde immédiate, étant donné que c'est un remède dont l'application prendrait un certain temps, mais cela indiquerait que le Gouvernement polonais reconnaît la difficulté et recherche sincèrement les moyens de la vaincre, et fournirait au Gouvernement polonais un point à la fois bien défini et nouveau sur lequel ouvrir des négociations.
  3. Si le Gouvernement polonais entendait prendre une initiative dans ce sens, il faudrait qu'elle soit immédiate.

N° 72

Sir H. Kennard au Vicomte Halifax, reçu 5 h. 05 du soir, Varsovie, 27 août I939

Télégramme

  J'ai reçu vos télégrammes des 25 et 26 août.
  J'ai discuté ce matin avec M. Beck les questions d'un échange de population et des observateurs neutres.
  2. En ce qui regarde la première, il m'a dit qu'en principe, il n'y voyait pas d'objection et consentait à faire savoir au Gouvernement allemand qu'il était prêt à prendre en considération une telle proposition. Il ne s'adresserait peut-être pas directement au Secrétaire d'État, mais emploierait un moyen tel qu'il était certain que le message atteindrait les plus hautes autorités.
  3. En ce qui concerne la question des observateurs neutres, il avait à ce propos consulté à nouveau le Président du Conseil, et me ferait connaître sa décision dans le courant de la journée.
  4. Comme il me disait que le Pape [Eugenio Maria Giuseppe Giovanni Pacelli, 1876-1958 ; cardinal secrétaire d'État en Allemagne de 1929 à 1939 ; il devient le 260e pape de l'Église catholique en mars 1939, sous le nom de Pie XII ; en fonction de 1939 à sa mort] avait, au cours de la nuit, demandé par le truchement du nonce [Prélat chargé de représenter, de façon permanente, le pape auprès d'un gouvernement étranger : on dit aussi nonce apostolique ; Larousse], s'il était quelque chose qu'il pût faire, j'ai suggéré à M. Beck d'informer Sa Sainteté qu'il était à prendre en considération un échange de populations et également à en appeler à des observateurs neutres, de façon à démontrer que les accusations allemandes de mauvais traitements étaient dénuées de tout fondement. Le Pape pourrait alors, avec l'approbation du Gouvernement polonais, communiquer ces propositions au Gouvernement allemand. M. Beck parut vouloir considérer favorablement cette idée et me promit qu'il l'étudierait immédiatement. Je lui ai dit qu'il n'y avait pas de temps à perdre.
  5. En ce qui concerne Dantzig, M. Beck, d' après ses dernières informations, ne s'attendait pas à un fait accompli là-bas, ni pour aujourd'hui, ni même dans un très immédiat avenir. Pour autant qu'il le sût, tout y était tranquille en ce moment.
  6. J'ai à nouveau insisté auprès de Son Excellence sur l'importance qu'il y avait à ce qu'il avertit assez tôt le Gouvernement de Sa Majesté de toute action que le Gouvernement polonais ou l'armée envisagerait dans le cas de n'importe quel fait accompli à Dantzig. Son Excellence me l'a de nouveau promis, mais en faisant la réserve qu'une situation pourrait surgir, qui rendrait nécessaire une action immédiate.


PIE XII, 260eme pape, dans la succession de Pierre. Crédit photo : CCP/CIRIC

N° 73

Le Vicomte Halifax à Sir H. Kennard, Varsovie, Foreign Office, 28 août I939, 2 h. de l'après-midi

Télégramme

  La réponse que nous nous proposons de faire à Herr Hitler établit une nette distinction entre la méthode d'en arriver à un accord dans les différents germano-polonais, et la nature de la solution qui doit être trouvée. En ce qui concerne la méthode, nous désirons exprimer la nette opinion que les discussions directes, sur pied d'égalité, entre les parties, nous apparaissent comme le moyen indiqué.
  2. Le Gouvernement polonais jouit de la protection que lui confère le Traité anglo-polonais.
  3. Le Gouvernement de Sa Majesté a indiqué clairement et le répète dans sa réponse à Herr Hitler en date aujourd'hui, que tout arrangement des différends germano-polonais devra sauvegarder les intérêts essentiels de la Pologne, et être assuré par une garantie internationale.
  4. Nous avons, naturellement, été informés de la réponse de Herr Hitler à M. Daladier, mais nous considérerions pas qu'une indication du Gouvernement polonais qu'il serait prêt à engager des discussions directes, impliquerait de façon quelconque une acceptation des exigences de Herr Hitler, qui devront, ainsi que nous l'indiquons ci-dessus, être étudiées à la lumière des principes que nous avons établis.
  5. Le Gouvernement polonais paraissant dans sa réponse au Président Roosevelt, prêt à assister l'idée de négociations directes, le Gouvernement de Sa Majesté espère fermement que, compte tenu des considérations exposées dans les paragraphes précédents, le Gouvernement polonais l'autorisera à informer le Gouvernement allemand que la Pologne est prête à ouvrir immédiatement une discussion directe avec l'Allemagne.
  6. Je vous prie de tâcher à voir M. Beck immédiatement, et de me téléphoner sa réponse.

N° 74

Réponse du Gouvernement de Sa Majesté, datée du 28 août I939, aux Communications du Chancelier allemand des 23 et 25 août I939

  Le Gouvernement de Sa Majesté a reçu par les soins de l'Ambassadeur de Sa Majesté à Berlin, le message du Chancelier allemand, et l'a étudié avec le soin qu'il exige. Il note l'expression par le Chancelier de son désir de faire de l'amitié la base des relations entre l'Allemagne et l'Empire britannique, et il partage pleinement ce désir. Il croit avec lui que, si une entente complète et durable entre les deux pays pouvait être établie, elle leur apporterait des bienfaits incalculables.
  2. Le message du Chancelier traite de deux groupes de questions : celles qui constituent les affaires actuellement en litige entre l'Allemagne et la Pologne, et celles affectant l'ensemble des relations entre l'Allemagne et la Grande-Bretagne. Concernant ces dernières, le Gouvernement de Sa Majesté remarque que le Chancelier allemand a indiqué certaines propositions qu'il serait prêt à faire, sous une condition, au Gouvernement britannique pour une entente générale. Ces propositions sont naturellement énoncées sous une forme très générale et auraient besoin d'être précisées, mais le Gouvernement de Sa Majesté est tout prêt à les prendre, avec quelques additions, comme sujets de discussion, et il serait prêt, si les différends entre l'Allemagne et la Pologne sont réglés pacifiquement, à procéder, dès que la chose sera possible, à une discussion de ce genre avec un sincère désir d'arriver à un accord.
  3. La condition que pose le Chancelier allemand est qu'il faut d'abord qu' intervienne un réglement du différend entre l'Allemagne et la Pologne. Quant à cela, le Gouvernement de Sa Majesté est entièrement d'accord avec lui. Toutefois, tout dépend de la nature du règlement et de la méthode à employer pour y arriver. Sur ces points, dont l'importance ne peut échapper à l'esprit du Chancelier, son message est silencieux, et le Gouvernement de Sa Majesté a envers la Pologne des obligations qui le lient et auxquelles il a l'intention de faire honneur. Il ne pourrait pas, en échange de n'importe quel avantage offert à la Grande-Bretagne, consentir à un règlement qui mettrait en danger l'indépendance d'un État auquel il a donné sa garantie.
  4. De l'avis du Gouvernement de Sa Majesté, une solution des différends entre l'Allemagne et la Pologne pourrait et devrait intervenir par accord entre les deux pays, dans le sens d'un règlement qui comporterait la sauvegarde des intérêts essentiels de la Pologne, et le Gouvernement de Sa Majesté rappelle que, dans son discours du 28 avril dernier, le Chancelier allemand a reconnu l'importance de ces intérêts pour la Pologne. Mais, comme l'a déclaré le Premier ministre dans sa lettre au Chancelier allemand en date du 22 août, le Gouvernement de Sa Majesté considère comme essentiel au succès des discussions qui précèderaient l'accord, qu'il soit préalablement entendu que tout règlement auquel on arriverait serait garanti par d'autres Puissances. Le Gouvernement de Sa Majesté serait prêt, si on le désirait, à apporter sa contribution au fonctionnement effectif de cette garantie. Selon le Gouvernement de Sa Majesté, il s'ensuit que la prochaine mesure devrait être l'ouverture de pourparlers directs entre les Gouvernements allemand et polonais, sur une base qui comporterait les principes énoncés plus haut, c'est-à-dire la sauvegarde des intérêts essentiels de la Pologne, en même temps qu'on assurerait le règlement par une garantie internationale. Le Gouvernement de Sa Majesté espère que le Gouvernement allemand sera, pour sa part, disposé à consentir à cette méthode. Si, comme l'espère le Gouvernement de Sa Majesté, ces pourparlers amenaient un accord, la voie serait ouverte à la négociation de cette entente plus étendue et plus complète entre la Grande-Bretagne et l'Allemagne que désirent l'un et l'autre pays.
  5. Le Gouvernement de Sa Majesté admet avec le Chancelier allemand que l'un des principaux dangers de la situation germano-polonaise naît de ce qu'on rapporte concernant le traitement des minorités. L’état présent de tension, avec les incidents de frontière qui l'accompagnent, avec les bruits concernant les mauvais traitements et les excitations de la propagande, est un danger constant pour la paix. C'est manifestement une question de la plus extrême urgence que tous les incidents de ce genre soient rapidement et rigoureusement supprimés et qu'on ne permette pas à des rumeurs non vérifiées de circuler, de sorte qu'on puisse avoir du temps, sans provocation d'aucun des deux côtés, pour un examen détaillé des possibilités de règlement. Le Gouvernement de Sa Majesté a confiance que l'un et l'autre des gouvernements intéressés attachent à ces considérations toute l'importance qu'elles méritent.
  6. Le Gouvernement de Sa Majesté en a dit assez pour éclairer pleinement son attitude dans les questions particulières en litige entre l'Allemagne et la Pologne. Il a confiance que le Chancelier allemand ne croira pas que, parce que le Gouvernement de Sa Majesté se montre scrupuleux concernant ses obligations envers la Pologne, il n'est pas sérieux d'user de toute son influence pour aider à ce qu'on aboutisse à une solution qui puisse se recommander à la fois à l'Allemagne et à la Pologne. La réalisation de ce règlement semble essentielle au Gouvernement de Sa Majesté, non seulement pour des raisons ayant trait directement au règlement lui-même, mais aussi à cause des considérations plus étendues dont le Chancelier allemand a parlé avec tant de conviction.
  7. Il n'est pas nécessaire, dans la présente réponse, de souligner les avantages d'un règlement pacifique sur une décision de régler la question en litige par la force des armes. Les résultats qu'entraîneraient une décision de recourir à la force ont été clairement exposés dans la lettre du Premier ministre au Chancelier en date du 22 août, et le Gouvernement de Sa Majesté ne doute pas que le Chancelier s'en rende compte aussi exactement que lui-même. D'autre part, le Gouvernement de Sa Majesté, prenant note avec intérêt de ce que dit le Chancelier allemand dans le message actuellement soumis à son examen, concernant une limitation des armements, croit que, si un règlement pacifique peut intervenir, on pourrait escompter avec confiance l'aide du monde pour des mesures pratiques, de nature à permettre de passer sans danger ni à-coups, de la préparation à la guerre à l'activité normale d'un commerce pacifique.
  8. Un règlement équitable de ces questions entre l'Allemagne et la Pologne peut ouvrir la voie à la paix mondiale. Le fait de ne pas arriver à ce règlement, ruinerait les espoirs d'une meilleure entente entre l'Allemagne et la Grande-Bretagne, ferait entrer les deux pays en conflit, et pourrait bien plonger le monde entier dans la guerre. Un tel résultat serait une calamité sans précédent dans l'histoire.
 

Le Populaire : " En plein premier conflit mondial nait, sous l’impulsion de Jean Longuet, l’un des journaux les plus emblématiques de la gauche française : Le Populaire. En 1927, Léon Blum prend la tête de la rubrique politique ; dès lors, de grandes personnalités du socialisme français se succèdent parmi les collaborateurs. De 1940 à 1944, le journal continue de paraître, de façon clandestine, dans la zone sud. À la Libération, il jouit d'une popularité exacerbée par le succès politique de la SFIO. "
Sur le Web

 
Le Populaire en date du 28 août 1939. Sur le Web

N° 75

Sir N. Henderson au Vicomte Halifax, reçu le 29 août, 2 h. 35 du matin, Berlin, 28 août I939

Télégramme

  J'ai vu le Chancelier, ce soir, à I0 h. 30. Il m'avait demandé de venir à I0 heures, mais je lui ai fait tenir un mot, l'informant que j'en n'aurais pas terminé de la traduction avant l'heure plus tardive. Herr von Ribbentrop était présent, de même que le docteur Schmidt. L'entrevue a duré I heure I ¼.
  2. Herr Hitler commença par lire la traduction allemande. Quand il en eut terminé, je dis que je désirais faire un certain nombre d'observations d'après les notes que j'avais prises au cours de mes entretiens avec le Premier ministre et le Secrétaire d'État de Sa Majesté aux Affaires étrangères. En premier lieu, dis-je, je désirais établir que nous, en Grande-Bretagne, considérions comme absurde que le Gouvernement allemand pût supposer que la Grande-Bretagne poursuivait l'écrasement de l'Allemagne comme but d'une politique établie. Nous tenions comme non moins étonnant que quiconque en Allemagne, pût douter un moment que nous combattrions pour la Pologne, si son indépendance ou ses intérêts vitaux étaient menacés.
  3. Notre parole était notre parole ; jamais nous ne l'avions trahie, et nous ne la trahirions jamais. Dans les temps anciens, la parole de l'Allemagne avait la même valeur ; et je citais d'un livre allemand, que Herr Hitler avait lu, l'exhortation du Maréchal Blücher [Gebhardt Leberecht von, 1742-1819 ; Chef militaire de l'armée prussienne ; " Le plus célèbre et talentueux chef militaire de l'armée prussienne de la période. Blücher fut peut-être le général le plus agressif employé par les belligérants. Doué d'une énergie singulière, d'une inconscience face au danger, il occupe une place particulière dans la culture allemande au même titre que Wellington en Angleterre. (...) En constante mésentente avec les commandants alliés, Blücher conduisit son armée vers la France en tant que feld-maréchal au début 1814, poussant vers Paris par l'Est. Conduit par une haine farouche envers Napoléon, il fit tout pour convaincre les monarques alliés de conduire une action vers la capitale française, mais il fut appelé à suivre une stratégie plus prudente. Après la victoire de Laon, il entra dans Paris avec son armée à la fin mars. Blücher revint donc en Prusse auréolé de gloire, visitant en passant l'Angleterre. Il se retira quand Napoléon revint de l'Ile d'Elbe pour sa campagne des Cent jours. Blücher disparut, présumé tué durant les derniers moments de la défaite de Ligny. Mais il revint à temps lors de la déroute de son armée pour intervenir de façon décisive à Waterloo. Devenu Prince du Wahlstadt, Blücher passa ses dernières années retiré en Silésie. " ; source] à ses troupes au moment où il se hâtait de se porter au secours de Wellington [Arthur Wellesley, Ier duc de Wellington, 1769-1852 ; Général et homme politique britannique ; le vainqueur de Napoléon Ier à Waterloo ; Larousse] à Waterloo : " En avant, mes enfants! J'ai donné ma parole à mon frère Wellington, et vous ne voudriez pas que je la trahisse... "
  4. Herr Hitler interrompit immédiatement pour observer qu'il y a I25 ans, les choses étaient différentes. Je le niai en ce qui concerne l'Angleterre. Il désirait, dis-je, l'amitié de la Grande-Bretagne. Quelle valeur attacherait-il à notre amitié si nous l'inaugurions par une déloyauté envers un ami? En dépit de ce que certains pouvaient dire, le peuple britannique désirait sincèrement une entente avec l'Allemagne et nul ne la désirait plus que le Premier ministre : Herr von Ribbentrop remarqua que Mr. Chamberlain lui avait dit un jour que c'était là son plus cher désir. Aujourd'hui l'opinion publique britannique toute entière soutenait le Premier ministre. Le vote récent à la Chambre des Communes en était la preuve irréfutable. Le Premier ministre était à même de poursuivre sa politique d'entente, si Herr Hitler était prêt à coopérer, mais dans ce cas seulement. Si l'on croyait parfois en Allemagne que le Cabinet britannique était désuni et que le pays n'était pas unanime, on se trompait totalement. L'accord se ferait maintenant ou jamais, et la chose était entre les mains de Herr Hitler. S'il était prêt à sacrifier cette entente, pour faire la guerre à la Pologne ou lui présenter des exigences démesurées, la responsabilité lui en incomberait. Notre amitié lui était offerte, mais uniquement sur la base d'une solution pacifique et librement négociée du problème polonais.

La tombe du Feld-maréchal von Blücher fut dévastée et sa dépouille profanée par les troupes soviétiques en 1945.

  5. Herr Hitler répondit qu'il consentirait à négocier s'il existait un Gouvernement polonais prêt à être raisonnable et qui contrôlerait réellement le pays. Il s'étendit sur les méfaits des Polonais, fit allusion à son offre généreuse de mars dernier , dit qu' elle ne pourrait être réitérée, et affirma que rien, sinon le retour de Dantzig et de l'intégralité du Corridor, ne pourrait le satisfaire, plus une rectification en Silésie, où 90% de la population avait voté pour l'Allemagne lors du plébiscite d'après guerre, mais où, à la suite du " coup " Haller-Korfanti [Józef Haller de Hallenburg, 1873-1960 ; Général polonais ; Wojciech Korfanty, de son vrai nom Adalbert Korfanty, 1873-1939 ; militant indépendantiste et homme politique polonais, chef de fils de la démocratie chrétienne en Pologne. Premier député polonais au parlement prussien ; "... Le 31 mai 1919, Haller est remplacé par le général Iwaszkiewicz. On lui convie ensuite à prendre le commandement du front sud-ouest, devant sécuriser le bassin houiller de Dąbrowa, soumis à d’éventuelles attaques de la part des Allemands, se battent contre les insurgés polonais de Silésie. Malgré des ordres venus de Varsovie, demandant la neutralité, Haller envoie secrètement de l’aide aux insurgés. On fait passer en Silésie des officiers, médecins, armes, munitions, vivres et matériel médical. Après l’échec de la Première insurrection silésienne, Haller prend soin des 22 mille insurgés, qui viennent se réfugier derrière les frontières polonaises. Contrairement aux espérances de Korfanty, le traité de Versailles, ne règle pas le sort de la Haute Silésie. Un plébiscite doit être organisé pour que ses habitants se prononcent eux-mêmes sur leur appartenance. Le 11 février 1920, une Commission interalliée présidée par le général français Henri Le Rond s'installe donc à Opole afin de superviser le plébiscite et assurer la gouvernance provisoire de la région. (...) Korfanty est nommé par le gouvernement polonais le président du comité polonais. (...) Le 17 août, les Allemands provoquent des émeutes à Katowice, en protestant contre les envois d'armes pour Varsovie, qui combat contre les bolcheviks. Lors des affrontements Andrzej Mielęcki, un médecin polonais, porte secours aux blessés par des soldats français qui tirent sur les milices allemandes démolissant des magasins polonais. Reconnu comme polonais, le médecin est enlevé et torturé par les militants allemands. Son corps mutilé est retrouvé plus tard dans la rivière Rawa à Katowice. En réponse, la nuit du 19 à 20 août 1920, Korfanty déclenche la deuxième insurrection. Les insurgés veulent évincer la police de sécurité allemande de la zone du plébiscite et de liquider les organisations paramilitaires et les milices allemandes. Les forces alliées interviennent et le soulèvement s'arrête le 25 août. La police allemande est remplacée par une police mixte germano-polonaise, et les personnes venues en Haute Silésie après août 1919 sont expulsées de la zone du plébiscite. Néanmoins, la campagne de plébiscite qui se déroule le 20 mars 1921 est brutale. Les résultats donnent 707 000 suffrages pour l’Allemagne et 479.000 pour la Pologne. Aux vues des résultats, le gouvernement allemand pense alors pouvoir conserver la totalité de la Haute Silésie mais les Polonais s’en tiennent au partage prévu par le traité de Versailles et soulignent la nécessité de mettre en place une ligne de démarcation. Ils évoquent le fait que 191.000 des votants allemands ont été amenés par trains spéciaux de quatre coins de l'Allemagne dans les deux semaines précédant le vote. La rumeur que seulement seulement Pszczyna et Rybnik restent à la Pologne provoque des grèves suivies par la troisième insurrection polonaise déclenchée le 3 mai 1921. Korfanty prend la tête du soulèvement. L'intervention de la Société des Nations permet de mettre un terme au conflit et le tracé définitif est établi en octobre 1921. La Pologne récupère 29% du territoire et 46% de la population la Haute-Silésie avec le bassin minier de Katowice, cependant les grandes villes telles que Bytom, Gliwice et Zabrze restent toujours de l'autre côté de la frontière... " ; source], la Pologne s'était néanmoins emparée de ce que la Commission de Plébiscite avait alloué à l'Allemagne.
 
192I, insurgés polonais armés, gardant une route en Haute Silésie : photographie de presse / Agence Meurisse

  6. J'ai répondu à Herr Hitler qu'il lui fallait choisir entre l'Angleterre et la Pologne ; s'il posait des exigences démesurées, il n'y avait plus d'espoir d'une solution pacifique. Le Corridor était habité à peu près intégralement par des Polonais. Herr Hitler m'interrompit ici pour observer que cela n'était pas vrai que parce qu' un million d'Allemands avaient été chassés de ce district depuis la guerre. Je répétai que le choix lui incombait. Il avait offert en mars un Corridor par-dessus le Corridor, et je devais, lui dis-je, l'avertir honnêtement que tout ce qui dépasserait de cette demande n'aurait aucune chance d'être accepté, à supposer même que cette dernière le fût. Je l'ai prié avec la plus grande insistance de réfléchir avant d'augmenter son prix. Il me répondit que sa première offre avait été dédaigneusement repoussée et qu'il ne la ferait pas une seconde fois. Je lui fis observer qu'elle avait été soumise sous la forme d'une " diktat " et que là était toute la différence.
  7. Herr Hitler poursuivit en affirmant que la Pologne ne ferait jamais preuve de raison. Elle sentait l'Angleterre et la France derrière elle et s'imaginait que, même si elle était battue, elle récupérerait plus tard, grâce à leur aide, plus qu'elle ne pourrait perdre. Il parla d'annihiler la Pologne. Je répondis que cela me rappelait un langage similaire, quand l'an dernier il était question d'annihiler les Tchèques. Il répliqua que nous étions incapables d'amener la Pologne à la raison. Je dis que c'était précisément parce que nous nous souvenions de l'expérience de la Tchéco-Slovaquie l'année dernière, que nous hésitions aujourd'hui à pousser la Pologne trop loin. Néanmoins, nous nous réservions le droit de nous faire notre propre jugement sur ce qui était, ou non, raisonnable en ce qui concernait la Pologne ou l'Allemagne. Nous gardions nos mains libres à cet égard.
  8. D'une façon générale, Herr Hitler s'obstinait à invectiver la Pologne, et de mon côté, je continuais tout aussi opiniâtrement à répéter à Herr Hitler qu'il lui fallait choisir entre l'amitié offerte par l'Angleterre et des exigences excessives envers la Pologne, qui mettraient fin à tout espoir de l'amitié britannique. Un accord entraînerait des sacrifices de notre côté. S'il n'était pas prêt à en faire du sien, il n'y avait rien à faire. Herr Hitler dit qu'il devait satisfaire aux exigences de son peuple, que son armée était prête et brûlait de se battre, que son peuple se tenait serré derrière lui, et qu'il ne pouvait pas tolérer d'autres sévices contre les Allemands en Pologne, etc., etc.
  9. Il est inutile de rappeler les détails d'une conversation longue et sérieuse, au cours de laquelle Herr Hitler ne s'emporta d'une façon quelconque qu'à un seul moment, quand j'observai que ce n'était pas la question de Dantzig, pas plus que celle du Corridor, qui se posait, mais bien celle de notre décision à résister à la force par la force. Cela déclencha une tirade à propos de la Rhénanie, de l'Autriche, des Sudètes, et de leur réacquisition pacifique par l'Allemagne. Il se montra également piqué de mes allusions au I5 mars [ "... Le 15 mars 1939, Hitler viola l'accord de Munich, 1938, et lança une attaque contre l'Etat tchécoslovaque. Les provinces tchèques de Bohême et de Moravie furent occupées et le protectorat de Bohème-Moravie proclamé. La Slovaquie devint un Etat indépendant, étroitement allié au Reich. La Hongrie, qui avait déjà annexé des territoires en Slovaquie méridionale après la conférence de Munich, intégra dans ses frontières l'Ukraine transcaspienne. La Tchécoslovaquie cessa d'exister... " ; source].
  I0. À la fin, je lui posai deux questions nettes. Était-il prêt à discuter directement avec les Polonais, consentirait-il à examiner la question d'un échange de population? Il répondit par l'affirmative en ce qui concerne la seconde : bien que je sois certain qu'il pensait simultanément à une rectification des frontières. En ce qui concerne la première, il me dit qu'il ne pouvait me répondre avant d'avoir étudié la réponse du Gouvernement de Sa Majesté avec cette attention scrupuleuse que méritait un tel document. À ce propos, il se tourna vers Herr von Ribbentrop et lui dit : " Il faudra convoquer le Feldmarschall Gœring pour en discuter avec lui. "
  II. Pour conclure, j'insistai à nouveau très solennellement sur la note essentielle que, pour ma part, j'avais voulu donner à toute cette conversation, à savoir qu'il lui appartenait de décider s'il préférait une solution unilatérale contre la Pologne, qui signifierait la guerre, ou l'amitié britannique. S'il était prêt à payer le prix de cette dernière d'un geste généreux envers la Pologne, il pouvait, d'un seul coup, modifier en sa faveur toute l'opinion publique, et cela non seulement en Angleterre, mais dans le monde entier. Je n'ai pas laissé de doute en son esprit sur le sens de l'autre alternative, et il n'objecta rien sur ce point.
  I2. Enfin Herr von Ribbentrop me demanda si je pouvais garantir que le Premier ministre pourrait entraîner le pays dans une politique d'amitié envers l’Allemagne. Je dis qu'il n'était pas douteux qu'il le pût, et qu'il le ferait, si l'Allemagne coopérait. Herr Hitler demanda si l'Angleterre consentirait à accepter une alliance avec l'Allemagne. Je répondis, parlant en mon nom personnel, que je n'excluais pas semblable possibilité, à supposer que le cours des évènements la justifiât.
  I3. La conversation a été conduite dans une atmosphère parfaitement amicale, en dépit d'une fermeté absolue des deux côtés. L'attitude générale de Herr Hitler fut qu'il ne pouvait me donner une réponse formelle avant d'avoir étudié avec soin la réponse du Gouvernement de Sa Majesté. Il me dit qu'il me ferait tenir demain, mardi, une réponse écrite. Je lui répondis que j'y comptais, mais que j'étais tout prêt à attendre. Herr Hitler répliqua que le temps manquait pour attendre.
  I4. Je n'ai pas soulevé la question d'une trêve ; je le ferai demain, si sa réponse m'offre quelque raison réelle d'espérer qu'il est prêt à abandonner la guerre pour la cause d'une entente avec la Grande-Bretagne.

N° 76

Sir N. Henderson au Vicomte Halifax, reçu à 4 h. 55 du soir, Berlin, 29 août I939

Télégramme

  Voici quelques points additionnels pour compléter mon télégramme du 28 août.
  Herr Hitler affirma avec insistance qu'il ne bluffait pas, et que le monde ferait une grave erreur s'il le croyait. Je répondis que je me rendais pleinement compte du fait, et que, de notre côté, nous ne bluffions pas non plus. Herr Hitler déclara qu'il comprenait parfaitement qu'il en était ainsi. À l'une de ses suggestions, à savoir que la Grande-Bretagne pourrait, comme preuve de ses bonnes intentions, faire une offre immédiate dans le domaine colonial, je répliquai que les concessions étaient plus faciles à faire dans un bon, que dans un mauvais climat.

N° 77

Discours du Premier ministre à la Chambre des Communes, le 29 août I939

Le Premier ministre : Mr. Chamberlain


   À suivre...

   Livre bleu anglais n° I, Documents concernant les relations germano-polonaises et le début des hostilités entre la Grande-Bretagne et l'Allemagne le 3 septembre I939, présenté au Parlement par Ordre de Sa Majesté par le Secrétaire d' État aux Affaires étrangères ; traduction Autorisée et Officielle du document publié par His Majesty's Stationery Office, Paris, I939, pp.113-124. 
 
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