DOCUMENTS CONCERNANT LES RELATIONS GERMANO-POLONAISES ET LE DÉBUT DES HOSTILITÉS ENTRE LA GRANDE-BRETAGNE ET L'ALLEMAGNE LE 3 SEPTEMBRE 1939, ÉPISODE XVII

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  Mon télégramme à Berlin donne le texte de la réponse du Gouvernement de Sa Majesté à la communication allemande qui vous a été également transmise.
  2. Prière de la communiquer à M. Beck. Ce faisant vous voudrez bien indiquer que si la première partie de la réponse du Gouvernement allemand constitue une présentation indéfendable et fallacieuse de la cause allemande, la partie réellement importante de la réponse consiste en l'acceptation par l'Allemagne de la proposition visant une discussion directe, et de la garantie internationale suggérée, aussi bien que dans l'affirmation que l'Allemagne entend respecter les intérêts vitaux de la Pologne.
  3. Il est peut-être inutile, en ce moment, de relever bien des choses qui se trouvent dans la réponse allemande et que le Gouvernement de Sa Majesté critiquerait tout autant que, sans aucun doute, le Gouvernement polonais, mais le Gouvernement de Sa Majesté a fait une réserve expresse en ce qui concerne la présentation des demandes particulières contenues dans la note allemande. Le point qui semblait exiger un commentaire immédiat, est soulevé par la demande allemande qu'un représentant polonais arrivât à Berlin aujourd'hui même. M. Beck constatera l'attitude que nous avons prise sur ce point : mon télégramme à Berlin ; une autre allusion a été faite à ce sujet dans notre réponse à la dernière communication du Gouvernement allemand. Le Gouvernement allemand rédige en ce moment des propositions en vue d'une solution, et les décisions sur la procédure à suivre, sur l'endroit et les conditions de la discussion, devront être prises à la lumière de ces propositions et d'autres circonstances.
  4. M. Beck verra par la réponse du Gouvernement de Sa Majesté que la proposition a été faite de suspendre les préparatifs militaires pendant les pourparlers, et le Gouvernement de Sa Majesté espère sincèrement que le Gouvernement polonais n'y verra point d'objection.
  5. Le Gouvernement de Sa Majesté serait heureux d'apprendre d'urgence les vues du Gouvernement polonais. Étant donné le fait que le Gouvernement polonais a autorisé le Gouvernement de Sa Majesté à dire qu'il était prêt à entrer en pourparlers directs avec le Gouvernement allemand, le Gouvernement de Sa Majesté espère que, pourvu qu'une méthode et des dispositions générales pour ces discussions puissent être déterminées de façon satisfaisante, le Gouvernement polonais sera prêt à s'y conformer sans délai. Nous considérons comme de la plus haute importance, du point de vue de la situation intérieure en Allemagne et de l'opinion mondiale, qu'aussi longtemps que le Gouvernement allemand professera qu'il est prêt à négocier, nulle occasion ne lui soit fournie pour faire incomber à la Pologne la responsabilité morale d'un conflit.
  6. Vous aurez, naturellement, à insister sur le point que le Gouvernement de Sa Majesté a déclaré de la façon la plus nette à Herr Hitler qu'il était irrévocablement résolu à remplir sans réserve ses obligations. À cet égard, il n'y a pas de malentendu à Berlin. La situation du Gouvernement polonais est très différente de celle qui était la sienne au mois de mars dernier, puisqu'il est soutenu aujourd'hui à la fois par une garantie britannique directe, et par la promesse d'une participation britannique à la garantie de tout accord qui pourrait être réalisé sur les bases que nous avons indiquées ; les pourparlers se poursuivraient donc en présence de ces réalités.

N° 9I

Sir N. Henderson au Vicomte Halifax, reçu à 2 h. 45 du matin, le 3I août ; Berlin, 30 août I939


Télégramme

  J'ai informé cette nuit, Herr von Ribbentrop du conseil transmis au Gouvernement polonais par votre télégramme à Varsovie du 30 août.
  2. Pratiquement, son seul commentaire fut que toutes les provocations venaient du côté de la Pologne. J'ai fait observer que le Gouvernement de Sa Majesté avait constamment averti le Gouvernement polonais de s'opposer vigoureusement à tout acte de provocation, et que j'avais des raisons de croire que les articles de la presse allemande à ce sujet étaient grandement exagérés. Herr von Ribbentrop répondit que les conseils du Gouvernement de Sa Majesté avaient eu, sacredieu, " verflucht ", peu d'effet. J'ai doucement répliqué que j'étais surpris d'entendre un pareil langage dans la bouche d'un ministre des Affaire étrangères.

N° 92

Sir N. Henderson au Vicomte Halifax, reçu à 9 h. 30 du matin, le 3I août 1939 ; Berlin, le 30 août I939


Télégramme

  J'ai dit ce soir à Herr von Ribbentrop que le Gouvernement de Sa Majesté estimait difficile de conseiller au Gouvernement polonais d'accepter la procédure esquissée dans la réponse allemande, et j'ai suggéré qu'il prit un contact normal, c'est-à-dire qu'il invitât, dès que les propositions allemandes seraient prêtes, l'Ambassadeur polonais à lui rendre visite et qu'il lui remit ces propositions pour transmission à son Gouvernement, en vue d'une ouverture immédiate de négociations. J'ai ajouté que si leur base ouvrait des perspectives d'arrangement, l'on pouvait compter que le Gouvernement de Sa Majesté ferait de son mieux à Varsovie pour que l'on acceptât de négocier.
  2. En réponse, Herr von Ribbentrop produisit un document d'une certaine longueur, qu'il me lut à haute voix, en Allemand, et à toute vitesse. Croyant qu'il me le remettrait à un moment donné, je n'essayai pas de suivre avec trop d'attention les I6 articles au moins qui en formaient la substance. Bien que je ne puisse donc pas en garantir l'exactitude absolue, les points principaux en étaient : restitution de Dantzig à l'Allemagne ; établissement de la frontière sud du Corridor sur la ligne Marienwerder, Graudenz, Bromberg, Schönlanke ; plébiscite organisé dans le Corridor sur la base de la population au Ier janvier I9I9, la décision appartenant à la majorité absolue ; formation d'une Commission internationale comprenant des membres britanniques, français, italiens et russes, pour organiser la police dans le Corridor et garantir les communications réciproques entre Dantzig et Gdynia, en attendant le résultat du plébiscite ; Gdynia réservé à la Pologne, Dantzig devant être une ville purement commerciale et démilitarisée.

Graudenz, Bromberg, Schönlanke ; "...Avec la création du corridor polonais en 1919, la ligne de l'Ostbahn [Chemin de fer de l'Est] devint une importante liaison de transit entre la Prusse orientale, devenue une enclave, et le reste de l'Allemagne... " Source

  3. Quand j'ai demandé à Herr von Ribbentrop de me remettre le texte de ces propositions, en conformité avec l'engagement contenu dans la réponse allemande d'hier, il affirma qu'il était maintenant trop tard, étant donné que le représentant polonais n'était pas arrivé à Berlin à minuit.
  4. J'ai fait observer que cette façon de procéder signifiait que l'exigence visant l'arrivée à Berlin, le 30 août, d'un représentant polonais, avait en fait constitué un ultimatum, en dépit des assurances que lui et Herr Hitler m'avaient donné hier. Il le nia, disant que l'idée d'un ultimatum était une fiction de mon imagination. Pourquoi, demandai-je alors, ne pouvait-il pas adopter une procédure normale, me remettre copie des propositions et demander à l'Ambassadeur de Pologne de lui rendre visite, tout comme Herr Hitler m'avait convoqué il y a quelques jours, et lui remettre alors ces propositions pour communication au Gouvernement polonais? Dans les termes les plus violents, Herr von Ribbentrop répondit qu'il ne demanderait jamais à l'Ambassadeur de lui rendre visite. Il indiqua que si l'Ambassadeur de Pologne sollicitait de lui une entrevue, les choses pourraient changer d'aspect. Je répondis que, naturellement, j'informerais immédiatement mon Gouvernement dans ce sens. Sur ce, il dit que c'était là son opinion personnelle, mais qu'il porterait tout ce que j'avais dit à la connaissance de Herr Hitler. C'était au Chancelier qu'appartenait la décision.
  5. Nous nous sommes séparés sur cette note, mais je dois vous dire qu'au cours de cet entretien déplaisant, toute la conduite de Herr von Ribbentrop singeait celle de Herr Hitler dans ses pires moments. Incidemment, il tempêta contre la mobilisation polonaise, mais je répliquai qu'elle n'était guère surprenante, puisque l'Allemagne avait elle aussi mobilisé, ainsi que Herr Hitler lui-même l'avait admis hier devant moi.

Sir N. Henderson, coiffé d'un chapeau et Herr von Ribbentrop

N° 93

Sir H. Kennard au Vicomte Halifax, reçu à 8 h. du matin, Varsovie, 3I août I939


Télégramme

  J'ai communiqué à M. Beck la réponse du Gouvernement de Sa Majesté à Herr Hitler, en la commentant dans le sens de votre télégramme du 30 août.M. Beck déclara qu'avant de me donner une réponse définitive, il lui faudrait consulter son Gouvernement, mais qu'il pouvait me dire immédiatement qu'il ferait tout ce qui était en son pouvoir pour faciliter les efforts du Gouvernement de Sa Majesté, efforts qu'il appréciait hautement. Je pense qu'il était grandement soulagé d'apprendre que le Gouvernement de Sa Majesté n'avait en aucune façon pris ses engagements en ce qui concerne les demandes formulées par le Gouvernement allemand, et il comprenait pleinement l'importance essentielle que le Gouvernement de Sa Majesté attache à la nécessité de ne fournir au Gouvernement allemand aucune occasion de rejeter sur la Pologne la responsabilité morale d'un refus quelconque à entrer en négociations directes.
  2. Il m'a promis de me transmettre demain à midi, c'est à dire le 3I août, la réponse formelle de son Gouvernement.
  3. J'ai saisi l'occasion pour insister de nouveau auprès de lui sur la nécessité d'éviter entre temps des incidents, et je lui ai demandé s'il s'en était produit récemment. Il me répondit qu'il venait d'apprendre qu'il y avait eu une rencontre entre des forces allemandes et polonaises, mais que pour autant qu'il fût informé présentement, il ne croyait pas qu'il s'agit d'autre chose qu'un échange de coups de feu, sans pertes sérieuses.

N° 94

Le Vicomte Halifax à Sir H. Kennard, à Varsovie ; Foreign Office, 3I août I939, midi


Télégramme

  Veuillez vous concerter avec votre collègue français pour suggérer au Gouvernement polonais qu'il devrait dès maintenant faire savoir au Gouvernement allemand, par préférence de façon directe et sinon par nous, qu'il a eu connaissance de notre dernière réponse au Gouvernement allemand, et qu'il confirme son acceptation du principe de négociations directes.
  Le Gouvernement français craint que le Gouvernement allemand ne fasse son profit d'un silence de la part du Gouvernement polonais.

N° 95

Le Vicomte Halifax à Sir H. Kennard, à Varsovie ; Foreign Office, 3I août I939, I h. 45 de l'après-midi


Télégramme

  Télégramme de Berlin du 30 août, N° 92
  Prière d'informer immédiatement Gouvernement polonais et lui conseiller, compte tenu du fait qu'il accepté principe de discussions directes, d'informer immédiatement Ambassadeur de Pologne à Berlin de dire au Gouvernement allemand que si ce dernier avait quelques propositions à faire, il était prêt à les transmettre à son Gouvernement, de façon à ce qu'il puisse les étudier
immédiatement et faire des suggestions pour ouverture rapide des pourparlers.

N° 96

Sir H. Kennard au Vicomte Halifax, reçu à 7 H. I5 de l'après-midi, Varsovie, 3I août I939


Télégramme

  Mon télégramme du 3I août
  M. Beck vient de me remettre par écrit la réponse polonaise à ma démarche de la nuit dernière, c'est-à-dire de la nuit du 30 au 3I août. Il a demandé de façon particulière de la considérer comme des plus confidentielles.
  2. J'ai demandé à M. Beck quelles mesures il comptait prendre pour établir le contact avec le Gouvernement allemand. Il me dit qu'il donnerait maintenant des instructions à M. Lipski de demander un entretien, soit au Ministre des Affaires étrangères, soit au Secrétaire d'État, pour lui dire que la Pologne avait accepté les propositions britanniques. J'ai insisté pour qu'il le fît sans aucun délai.
  3. Je lui demandai ensuite quelle attitude l'Ambassadeur de Pologne adopterait si Herr von Ribbentrop, ou le personnage qu'il verrait, lui remettait les propositions allemandes. Il me répondit que M. Lipski ne serait pas autorisé à accepter un document de cette nature, étant donné qu'à la lumière des expériences du passé, il se pourrait qu'il fût accompagné de quelque sorte d'ultimatum. À mon avis, il était essentiel, avant tout, d'établir le contact pour discuter en détail où, avec qui, et sur quelles bases les négociations devraient commencer.
  4. En ce qui concerne Dantzig, il indiqua que la situation y devenait extrêmement sérieuse [ " À 21 h. 55, le 31 août 1939, l’ambassadeur de France à Varsovie, Léon Noël écrit à Georges Bonnet, le ministre français des Affaires étrangères : « À la suite des événements de ces derniers jours à Dantzig, les Polonais se voient dépouillés provisoirement de toutes leurs prérogatives, à l’exception de leur participation à l’administration du port qui jusqu’ici n’a pas été directement atteinte. Les chemins de fer leur échappent, la gare de Dantzig a été occupée par les hitlériens, les trains ont été réquisitionnés. La sécurité des citoyens polonais n’est plus assurée. La Gestapo a arrêté deux fonctionnaires, venus négocier avec les représentants du Sénat à propos de l’approvisionnement de Dantzig et de la circulation des trains de voyageurs. Tous ces faits sont relatés par la presse polonaise qui a la prudence de ne pas insister. La presse a visiblement reçu des instructions en vue d’éviter de fixer l’attention publique sur cette question. Tous ces faits figurent en général, au même titre que les incidents de frontière et les actes de terrorisme, dans la rubrique des provocations allemandes ». De son côté, l’ambassadeur de France à Berlin, Roger Coulondre adresse par téléphone ce message qui est réceptionné au Quai d’Orsay le 31 août à 23 h. 15 : « J’ai été convoqué à 21 h. 25 chez le secrétaire d’État qui m’a fait la communication suivante : « Je suis chargé par mon Gouvernement de vous remettre pour l’orientation du Gouvernement français, les deux documents que voici : Il s’agit des propositions lues dans la soirée du 30 août par M. de Ribbentrop à Sir Neville Henderson et que la radio allemande diffusait le 31, à 21 heures, en indiquant que le Gouvernement du Reich les considérait comme refusées. Le premier est un communiqué à la presse. Le second est un projet allemand pour le règlement de la question de Dantzig et du Corridor et du problème germano-polonais des minorités. En recevant ces documents, j’ai pris acte qu’ils m’étaient communiqués pour information et indiqué que c’était à ce titre que je le transmettrais à mon Gouvernement. Mon collègue britannique a reçu la même communication à 21 h. 15″. À 23 h. 30, Roger Coulondre téléphone un nouveau message : » Nous nous trouvons en présence d’une nouvelle manœuvre pour faire apparaître la Pologne comme se dérobant à toute tentative de solution pacifique. Pour déjouer cette manœuvre et mettre en lumière le procédé, il suffit de faire ressortir que, malgré le ton de la note allemande, les conditions qui y étaient inscrites et la forme d’ultimatum qu’elle revêtait, le Gouvernement polonais n’a pas cherché à éluder la conversation, mais y a au contraire donné son accord de principe dans la communication qu’il a fait faire par M. Lipski à M. de Ribbentrop » ; source] Les fonctionnaires polonais étaient arrêtés, le trafic ferroviaire suspendu, et il pensait qu'il était essentiel de prendre des mesures immédiates, de façon à réaliser un modus vivendi dont le résultat serait la mise en liberté des personnes arrêtées et la reprise du trafic ferroviaire. Je lui ai suggéré que M. Burckhardt pourrait être à même de le réaliser.
  5. Il me confirma qu'aucun autre incident sérieux n'était survenu, mais déclara qu'il craignait en ce qui concerne n'importe quelle négociation, il lui faudrait en appeler à l'intervention du Gouvernement de Sa Majesté.
  6. Il ajouta que s'il était invité à se rendre à Berlin, il n'irait certainement pas, étant donné qu'il n'avait pas la moindre intention de se laisser traiter comme le président Hacha [voir l'Accord de Munich, septembre I938].

N° 97

Sir H. Kennard au Vicomte Halifax, reçu à 6 h. 30 de l'après-midi, Varsovie, 3I août I939


Télégramme

  Ci-dessous texte de la réponse de la Pologne, datée du 3I août I939
  " I. Le Gouvernement polonais confirme qu'il est prêt, ainsi qu'il l'a déjà indiqué auparavant, à un échange de vues direct avec le Gouvernement allemand sur la base proposée par le Gouvernement britannique, et communiquée à moi par le télégramme de Lord Halifax du 28 août, adressé à l'Ambassadeur de Grande-Bretagne à Varsovie : télégramme communiquant l'essentiel du N° 74.
  2. Le Gouvernement polonais est également prêt à donner, sur une base de réciprocité, les garanties formelles que dans le cas de l'ouverture des négociations, les troupes polonaises ne violeront pas la frontière du Reich allemand, pourvu qu'une garantie correspondante soit donnée pour la non-violation des frontières de la Pologne par des troupes du Reich allemand.
  3. Dans la situation actuelle, il est également essentiel de créer un modus vivendi simple et provisoire dans la Ville Libre de Dantzig.
  4. En ce qui concerne les suggestions communiquées au Gouvernement polonais le 28 août, par le truchement de l'Ambassadeur de la Grande-Bretagne à Varsovie, il serait nécessaire de donner une explication de ce que le Gouvernement britannique entend par " garantie internationale nécessaire " en ce qui concerne les relations entre la Pologne et le Reich allemand. Faute d'une réponse sur cette question essentielle, le Gouvernement polonais est obligé de pleinement réserver son attitude en cette question jusqu'au moment où des explications complètes auront été reçues.
  5. Le Gouvernement polonais exprime l'espoir que, dans le cas où des pourparlers s'ouvriraient avec le Reich allemand, il pourrait continuer à en appeler aux bons offices du Gouvernement de Sa Majesté.
"

N° 98

Message communiqué à l'Ambassadeur de Sa Majesté à Berlin, par le Secrétaire d'État, le 3I août I939, à 9 h. I5 du soir


   Le Gouvernement de Sa Majesté s'est déclaré prêt, dans sa note du 28 août I939 au Gouvernement allemand, à offrir sa médiation en vue de négociations directes entre l'Allemagne et la Pologne sur les problèmes litigieux. Le Gouvernement britannique a montré clairement qu'il se rendait compte, de son côté, en présence des incidents continuels et de la tension générale en Europe, de l'urgence de cette manière de procéder. Dans sa réponse du 29 août I939, le Gouvernement allemand, malgré son scepticisme quand à la volonté du Gouvernement polonais au sujet d'une entente en général, s'est déclaré prêt, dans l'intérêt de la paix, à accepter la médiation ou la suggestion britannique. Le Gouvernement allemand, tenant compte de toutes les circonstances actuelles, à jugé nécessaire de faire remarquer dans sa note, que pour éviter une catastrophe, il fallait, en tout état de cause, agir vite et sans retard. Dans ce sens, il s'est déclaré prêt à recevoir jusqu’au 30 août I939 au soir un émissaire du Gouvernement polonais, à condition que cet émissaire fût vraiment muni de pouvoirs non pas seulement pour discuter, mais aussi pour mener des négociations et conclure.
  En outre, le Gouvernement allemand a laissé entendre qu'il croyait pouvoir, en attendant l'arrivée de ce négociateur à Berlin, communiquer également au Gouvernement britannique les bases de cette offre d'accord.
  Au lieu d'une déclaration sur l'arrivée d'une personnalité polonaise autorisée, le Gouvernement du Reich, comme réponse aux dispositions qu'il avait manifestées en vue d'un accord, a reçu tout d'abord la nouvelle de la mobilisation polonaise et, seulement le 30 août I939 vers minuit, une assurance rédigée en termes plutôt généraux, que le Gouvernement britannique était, de son côté, prêt à favoriser l'ouverture de négociations.
  Bien que, par l'absence du négociateur polonais attendu par le Gouvernement du Reich, la condition posée pour faire connaître aussi au Gouvernement de Sa Majesté la conception du Gouvernement allemand sur des bases possibles de négociation ne se trouvât pas remplie, mais considérant d'autre part que le Gouvernement de Sa Majesté avait lui-même plaidé en faveur de négociations directes entre l'Allemagne et la Pologne, le Ministre des Affaires étrangères du Reich von Ribbentrop, a donné à l'Ambassadeur de Grande-Bretagne, à l'occasion de la remise de la dernière note britannique, connaissance exacte du texte des propositions allemandes comme prévues comme base de négociations pour le cas de l'arrivée du plénipotentiaire polonais.
  Le Gouvernement du Reich allemand croyait que, dans ces conditions, il était en droit de s'attendre à la désignation immédiate d'une personnalité polonaise, tout au moins rétroactivement.
  On ne peut pas, en effet, exiger du Gouvernement allemand de confirmer toujours son accord en vue de l'ouverture de tels pourparlers et de se tenir prêt dans l'attente, tandis que du côté polonais, on ne procède que par subterfuges et des échappatoires vides de sens.
  Il ressort à nouveau d'une démarche faite entre temps par l'Ambassadeur de Pologne que celui-ci non plus n'est pas autorisé à discuter, ni même à négocier.
  Ainsi, le Führer et le Gouvernement allemand ont attendu vainement pendant deux jours l'arrivée d'un plénipotentiaire polonais.
  Dans ces conditions, le Gouvernement allemand estime que, cette fois encore, ses propositions sont pratiquement repoussées, bien qu'il soit d'avis que ses propositions, dans la forme où elles sont portées à la connaissance du Gouvernement britannique, aient été plus que loyales, honnêtes et exécutables.
  Le Gouvernement du Reich estime opportun de faire connaître à l'opinion publique ces bases de négociations qui ont été communiquées par le Ministre des Affaires étrangères von Ribbentrop, à l'Ambassadeur de Grande-Bretagne.
  La situation entre le Reich allemand et la Pologne est aujourd'hui telle que tout nouvel incident peut conduire à une explosion des forces militaires respectives en position. ["... Le 31 août, en constatant que Lipski n'a reçu aucun pouvoir de négocier la cession de Dantzig, Hitler adresse un ultimatum à la Pologne et ordonne en secret le déclenchement de « l’opération Himmler ». Car, même un dictateur a besoin d'un prétexte pour déclencher une guerre ! Le plan a été conçu au début de l'été, par Heinrich Himmler et Heinrich Müller, chef de la Gestapo. Il est simple : le 31 août, à 20 h. 00 après avoir reçu l'ordre codé : Großmutter ist gestorben, " Grand-mère est morte ", Alfred Naujocks [alias Hans Mueller, alias Alfred Bonsen, ou Rudolf Möbert, 1911-1966 ; SS-Sturmbannfuhrer, major, en octobre 1944, il est fait prisonnier ou il se rend? par les Américains dans les Ardennes ; en 1946, il réussit à s'évader du camp. Jusqu'à sa mort à Hambourg, il vivra tranquillement dans cette ville] et un commando de SS déguisés en soldats polonais attaquent la station radio de Gleiwtiz/Gliwice, ville frontalière, située du côté allemand, connue pour sa tour émettrice en mélèze de 111 m. de haut. Après avoir ligoté les techniciens et tiré en l'air, ils diffusent un court message, interrompu par une mauvaise manipulation : « Attention ! Ici Gliwice. Le poste de radio est en mains polonaises. » Puis, ils se retirent en laissant derrière eux les cadavres de 12 déportés de Mathausen vêtus en Polonais, préalablement tués par injection de poison, et de Franciszek Honiok [1896-1939, fermier et vendeur de matériel agricole] un Silésien connu pour ses activités anti-allemandes, arrêté la veille par la Gestapo ; drogué et traîné sur les lieux du forfait, il fut exécuté par balle, lors de l'opération. Ce furent les premières victimes de la guerre... " ; source]

Alfred Naujocks : photo d'identité prise par l'armée américaine après la désertion? de Naujocks au profit des forces américaines le 19 octobre 1944. Crédit photo : U.S. National Archives and Records Administration

  Toute solution pacifique doit être de telle nature, qu'à la prochaine occasion les évènements qui ont causé cet état de chose ne puissent pas se renouveler et que la même tension ne puisse pas s'étendre, non seulement à l' Est de l'Europe, mais à d'autres territoires.
  Les causes initiales de cette évolution résident :
  I° Dans l'impossible délimitation de frontières, telle qu'elle a été faite par le diktat de Versailles ;
  2° Dans le traitement impossible de la minorité dans les territoires cédés.
  Dans ses propositions, le Gouvernement du Reich allemand part de l'idée de trouver une solution définitive qui mette fin à cette situation impossible du tracé de la frontière, qui assure aux deux parties leurs voies de communication d'importance vitale, qui supprime autant que cela est possible le problème des minorités et qui, pour autant que cela n'est pas possible, puise donner aux minorités l'assurance d'un avenir tolérable par une sûre garantie de leurs droits.
  Le Gouvernement du Reich est convaincu qu'il est nécessaire pour cela d'établir les dommages économiques et physiques occasionnés depuis I9I8 et de les réparer complètement. Il considère naturellement que cette obligation doit s'appliquer aux deux parties.
  Partant de ces considérations, il fait les propositions pratiques suivantes :
  I° En vertu de son caractère purement allemand, ainsi que la volonté unanime de sa population, la Ville Libre de Dantzig revient au Reich allemand ;
  2° Le territoire du soi-disant " Corridor " qui va de la mer Baltique jusqu'à la ligne Marienwerder-Graudenz-Kulm-Bromberg, ces villes y compris, et ensuite jusqu'à environ à l'ouest de Schœnlanke, décidera lui-même de son appartenance à l'Allemagne ou à la Pologne ;
  3° Dans ce but, un plébiscite aura lieu sur le territoire. Participeront à ce plébiscite tous les Allemands qui habitaient ce territoire le Ier janvier I9I8 ou qui y étaient nés jusqu'à ce jour, de même que tous les Polonais habitant ce territoire ce même jour, ou qui y étaient nés jusqu'à ce jour. Il en est de même pour les Kachoubes [Slaves poméraniens établis à l'ouest de Gdańsk. ; Larousse], etc.
  Les Allemands expulsés de ce territoire y rentreront pour exercer leur droit de vote ; en vue de garantir un plébiscite objectif et d'assurer les préparatifs nécessaires, le territoire sus-indiqué sera placé, comme cela a eu lieu dans le territoire de la Sarre, sous la surveillance d'une Commission internationale à former immédiatement et où seront représentées les quatre grandes puissances : Italie, Union soviétique, France, Angleterre.
  Cette Commission exercera sur ce territoire tous les droits de la souveraineté. Dans ce but, ce territoire sera, dans un délai le plus bref possible, à fixer, évacué par l'armée polonaise, par la police polonaise et par les autorités polonaises ;
  4° Est exclu de ce territoire, le port polonais de Gdynia, qui est, en principe, territoire souverain polonais, pour autant qu'il se limite territorialement à l'établissement polonais. Les frontières exactes de ce port polonais seront à fixer par un accord entre l'Allemagne et la Pologne et, s'il le faut, par une Commission arbitrale internationale ;
  5° Afin de donner le temps nécessaire en vue de réaliser les vastes préparatifs d'un plébiscite équitable, ce plébiscite n'aura pas lieu avant un délai de douze mois ;
  6° Afin de garantir, pendant ce temps, à l'Allemagne, d'une façon illimitée, sa liaison avec la Prusse orientale, et à la Pologne sa communication avec la mer, des routes et des chemins de fer seront établis qui rendront possible un libre trafic de transit ;
  7° L'appartenance de ce territoire sera décidée à la simple majorité des voix émises ;
  8° Afin de garantir après le plébiscite — quel que soit le résultat — la sécurité des libres communications entre l'Allemagne et sa province de Dantzig-Prusse-orientale d'une part, et d'assurer à la Pologne sa communication avec la mer d'autre part, l'Allemagne recevra, au cas où le territoire plébiscitaire reviendrait à la Pologne, une zone de communication extraterritoriale, à peu près en direction de Bütow-Dantzig ou Dirschau, pour y établir une autostrade [de l'italien autostrada : autoroute] ainsi qu'une ligne de chemin ferroviaire à quatre voies.
  La construction de la route et du chemin de fer serait faite de manière que les voies de communications polonaises ne soient pas coupées par eux, c'est-à-dire que les croisements se feront soit par viaducs, soit par tunnels. La largeur de cette zone est fixée à un kilomètre et elle sera territoire allemand.
  Si le plébiscite se prononce en faveur de l'Allemagne, la Pologne recevra, pour la communication libre et sans restriction vers son port de Gdynia, les mêmes droits pour une communication extraterritoriale par route et par fer, comme les aurait reçus l'Allemagne ;
  9° En cas de retour du Corridor au Reich allemand, celui-ci se déclare disposé à faire avec la Pologne un échange d'habitants dans la mesure où le Corridor convient à cette fin ;
  I0° Les droits spéciaux demandés éventuellement par la Pologne dans le port de Dantzig seront négociés à parité avec les mêmes droits de l'Allemagne dans le port de Gdynia ;
  II° Pour supprimer dans ce territoire tout sentiment de menace de part et d'autre, les villes de Dantzig et de Gdynia recevraient le caractère de villes commerciales proprement dites, c'est-à-dire sans installations ou fortifications militaires ;
  I2° La presqu' île de Héla [Hel, en polonais], qui reviendrait à la Pologne ou à l'Allemagne, selon les résultats du plébiscite, serait également démilitarisée dans tous les cas ;

Fermant la baie de Gdansk, la presqu'île de Hel est en forme de croissant, 34 km de long pour, à peine, 500m de large ; elle est le point le plus au nord de la Pologne ; prise par l'armée allemande le 2 octobre 1939, elle devint un centre de formation majeur des équipages des sous-marins U-Boot de la Marine allemande : Kriegsmarine. Aujourd'hui, elle est un site très fréquenté par les touristes.

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  I3° Du fait que le Gouvernement du Reich a à faire valoir les doléances les plus vives en ce qui concerne le traitement de la minorité allemande en Pologne et que le Gouvernement de la Pologne croit, de son côté, devoir faire des remontrances à l'Allemagne, les deux parties se déclarent d'accord pour soumettre ces plaintes à une Commission d'enquête de composition internationale qui aura pour tâche d'examiner toutes les plaintes relatives aux dommages économiques et physiques, ainsi qu'aux actions terroristes.
  L'Allemagne et la Pologne s'engagent à réparer tous les dommages économiques et autres éprouvés par les minorités respectives depuis I9I8, ainsi qu'à rapporter les expropriations suivant le cas, et à dédommager intégralement les victimes de toutes ingérences dans la vie économique de ce fait et d'autres faits ;
  I4° Afin de supprimer chez les Allemands établis en Pologne et chez les Polonais établis en Allemagne le sentiment d'être privés de droits internationaux, et pour leur donner l'assurance qu'ils ne pourront pas être forcés d'accomplir des actes ou des services incompatibles avec leur sentiment national, l'Allemagne et la Pologne conviennent de garantir les droits des minorités respectives par des accords les plus généraux et obligatoires pour assurer le maintien, le développement libre et l'activité de leur caractère ethnique : Volkstum. En particulier, les minorités seront autorisées à entretenir des organisations nécessaires à cet effet.
  Les deux parties s'engagent à ne pas soumettre les membres des minorités respectives au service militaire ;
  I5° En cas d'arrangement sur la base de ces propositions, l'Allemagne et la Pologne se déclarent disposées à ordonner et à exécuter la démobilisation immédiate de leurs forces armées ;
  I6° Les autres mesures requises en vue d'accélérer les accords ci-dessus seront prises d'un commun accord par l'Allemagne et la Pologne.

N° 99

Le Vicomte Halifax à Sir N. Henderson, Berlin ; Foreign Office, 3I août I939, II h. du soir


Télégramme

  Veuillez informer le Gouvernement allemand que nous croyons savoir que le Gouvernement polonais prend des mesures pour entrer en contact avec lui par l'Ambassadeur de Pologne à Berlin.
  Veuillez aussi lui demander s'il est d'accord sur la nécessité d'assurer immédiatement un modus vivendi provisoire en ce qui concerne Dantzig : nous avons déjà soumis ce point au Gouvernement allemand. Accepterait-il que Mr. Burckhardt pût être employé à cette fin, s'il était possible d'obtenir ses services?

N° I00

Le Vicomte Halifax à Sir H. Kennard, Varsovie ; Foreign Office, Ier septembre I939, minuit 50


Télégramme

  Vos télégrammes du 3I août :
  I. Je suis heureux d'apprendre que l'Ambassadeur de Pologne à Berlin a reçu des instructions d'établir le contact avec le Gouvernement allemand.
  2. Je suis pleinement d'accord sur la nécessité de discuter en détail les arrangements pour les négociations, ainsi que sur l'inopportunité d'une visite de M. Beck à Berlin.
  3. D'autre part, je ne vois pas les difficultés que découvre le Gouvernement polonais à autoriser l'Ambassadeur de Pologne à accepter un document du Gouvernement allemand, et j'espère sérieusement qu'il sera à même de modifier, sous ce rapport, les instructions qu'il lui a fait tenir. Aucun ultimatum n'était mentionné dans le rapport qui nous a été fourni au sujet des propositions allemandes, et la suggestion que la demande qu'un plénipotentiaire polonais fût présent à Berlin, le 30 août, équivalait à un ultimatum, a été, vigoureusement repoussé par Herr von Ribbentrop dans sa conversation avec l'Ambassadeur de Sa Majesté. Si le document contenait un ultimatum, le Gouvernement polonais refuserait évidemment de le discuter, jusqu'à ce que l'ultimatum fût retiré. D'un autre côté, tout refus de sa part de prendre connaissance des propositions, serait fort mal interprété par l'opinion étrangère.
  4. J'aurais pensé que l'Ambassadeur de Pologne aurait pu certainement recevoir des instructions pour accepter et transmettre un document, et pour dire
  a) que s'il contenait quoi que ce soit de la nature d'un ultimatum, il s'attendait à ce que le Gouvernement polonais fût sûrement hors d'état de discuter sur une telle base, et
  b) qu'en tout cas, dans l'opinion du Gouvernement polonais, les questions se rapportant au lieu où se tiendraient les négociations, à la base sur laquelle il faudrait les conduire, et aux personnes qui auraient à y prendre part, devraient être discutées et résolues d'un commun accord entre les deux gouvernements.
  5. Si des négociations venaient à s'ouvrir, le Gouvernement de Sa Majesté sera prêt, en tout temps, si le désir en était exprimé, à accorder toute l'assistance en son pouvoir en vue d'arriver à un arrangement équitable.
  6. En ce qui concerne la garantie internationale, il est hors de doute qu'elle devra être l'objet d'une discussion approfondie. Il s'agissait, dans l'esprit du Gouvernement de Sa Majesté, d'une garantie de l'observation intégrale et loyale de tout arrangement conclu.
  7. En ce qui concerne Dantzig, nous partageons pleinement l'opinion de M. Beck quant à l'importance qu'il y a d'y établir un modus vivendi quelconque. Nous avons déjà fait des suggestions dans ce sens au Gouvernement allemand et nous les réitérons en tenant compte du paragraphe 4 de votre télégramme du 3I août. Si le Gouvernement allemand est d'accord, je m'adresserai aussitôt à Mr. Burckhardt.
  8. Je vous prie de parler immédiatement à M. Beck dans le sens ci-dessus.

N° I0I

Sir H. Kennard au Vicomte Halifax, daté du Ier septembre, 7 h. 45 du soir et reçu le 2 septembre à 2 heures du matin ; Varsovie, Ier septembre I939


Télégramme

  Votre télégramme du Ier septembre a été déchiffré aujourd'hui à 4 heures du matin.
  2. M. Lipski avait déjà rendu visite au Ministre des Affaires étrangères allemand, hier, à 6 h. 30 du soir. Étant donné ce fait qui, à l'aube de ce jour, a été suivi de l'invasion allemande en Pologne ["...L’Allemagne lança l’attaque-surprise à l’aube du 1er septembre 1939, avec une force avancée composée de plus de 2 000 tanks, soutenue par près de 900 bombardiers et plus de 400 avions de combat. En tout, elle déploya 60 divisions et un peu moins de 1,5 million d’hommes pour l’invasion. Depuis la Prusse orientale et l’Allemagne au nord, et depuis la Silésie et la Slovaquie au sud, les unités allemandes brisèrent rapidement les défenses polonaises le long de la frontière et avancèrent sur Varsovie pour une attaque d’encerclement à grande échelle. (...) Un nouveau terme fut employé pour décrire la tactique victorieuse de l’Allemagne : Blitzkrieg, la « guerre éclair », qui consistait à organiser une attaque-surprise avec une force massive et concentrée d’unités blindées rapides doublée d’un soutien aérien écrasant... " ; source ; "... 4 h. 45 : la Luftwaffe bombarde Wielun rasant la ville et provoquant la mort de plus de 1.200 civils. Les pilotes Allemands sont les anciens pilotes de la légion condor, responsables du bombardement de Guernica ; 4 h. 45 : le croiseur cuirassé et navire école Schleswig-Holstein ouvre le feu sur la Westerplatte à Dantzig où ce trouve l'arsenal de la marine polonaise ; 5 h. 00 : la I0e armée du groupe sud traverse la frontière et débute la bataille de Mokra ; 5 h. 11 : Hitler fait une proclamation à l'armée accusant la Pologne de refuser ses offres de paix, de persécuter les Allemands en Pologne et de violer régulièrement la frontière Germano-Polonaise ; 5 h. 20 : la Luftwaffe attaque les villes de Puck, Gdynia, Cracovie et Katowice ; 6 h. 00 : la Luftwaffe bombarde Varsovie ; entre 6 h. 00 et 8 h. 00 : Albert Forster, Chef de l'État de Dantzig, proclame le rattachement de la ville libre au Reich ; 8 h. 00 : sur le flanc nord, la 4em armée débute la bataille de Krojanty ; 8 h. I0 : l'Ambassadeur de France à Varsovie avertit le Gouvernement français que les Allemands ont traversé la frontière ; 9 h. 00 : la Luftwaffe bombarde les villes de Varsovie, Vilnius, Grodno, Brest-Litovsk, Lodz, Katowice et Cracovie ; I0 h. I5 : Hitler s'adresse au Reichstag et à la radio pour annoncer le début des hostilités entre l'Allemagne et la Pologne. Il annonce aussi ses successeurs : Hermann Goering et Rudolf Hess... " ;  source] il était nettement inutile pour moi de faire la démarche suggérée.

Le Figaro, le 2 septembre I939. Crédit : Bibliothèque nationale de France : BNF

N° I02

Sir N. Henderson au Vicomte Halifax, reçu le Ier septembre, à minuit I0, Berlin le 3I août I939

Télégramme

  Ci-dessous, traduction du texte de la communication remise ce soir de la main à la main par l'Ambassadeur de Pologne au Ministre allemand des Affaires étrangères,
  " Au cours de la nuit, le Gouvernement polonais a été informé par le Gouvernement britannique de l'échange d'informations avec le Gouvernement allemand, en ce qui concerne la possibilité de pourparlers directs entre le Gouvernement du Reich et le Gouvernement polonais.
  Le Gouvernement polonais examine favorablement la suggestion du Gouvernement britannique ; une réponse formelle en la matière sera communiquée à ce dernier dans un avenir immédiat.
"
  Je crois savoir qu'il n'y a eu aucune discussion.

N° I03

Sir N. Henderson au Vicomte Halifax, reçu aux premières heures du Ier septembre I939, Berlin, le Ier septembre I939

Télégramme

  Communication écrite a été faite, tôt ce matin, au Ministre des Affaires étrangères, dans le sens du paragraphe 2 de votre télégramme du 3I août.

N° I04

Note explicative sur le cours réel des évènements

  La réponse du 28 août au Gouvernement du Reich a été communiquée, avant sa remise, aux Gouvernements français et polonais. Le Gouvernement polonais a autorisé le Gouvernement de Sa Majesté à informer le Gouvernement du Reich que la Pologne était prête à engager immédiatement des discussions directes avec l'Allemagne. On verra que le paragraphe 4 de la réponse britannique du 23 août exposait nettement l'attitude du Gouvernement polonais sur ce point.
  La réponse britannique fut remise à Herr Hitler, le 28 août, à I0 h. 30 du soir et il promit d'y répondre le lendemain, par écrit.
  La réponse par écrit de l'Allemagne fut remise à l'Ambassadeur de Sa Majesté, le 29 août, à 7 h. I5 du soir. Sans compter la déformation complète des évènements qui conduisent à la crise, la réponse du Gouvernement du Reich exigeait l'arrivée à Berlin, dans le courant du lendemain, d'un émissaire polonais muni de pleins pouvoirs.
  La réponse du Gouvernement de Sa Majesté s'explique d'elle-même. Elle fut communiquée par l'Ambassadeur de Sa Majesté au Ministre allemand des Affaires étrangères, le 30 août, à minuit. La réponse de M. von Ribbentrop fut d'exhiber un long document qu'il lut rapidement en Allemand. C'était, apparemment, le plan en seize points que le Gouvernement du Reich a publié depuis.  Lorsque Sir N. Henderson demanda qu'il lui fût remis le texte de ces propositions conformément à l'engagement contenu dans la réponse allemande du 29 août, M. von Ribbentrop affirma qu'il était alors trop tard, puisque le plénipotentiaire polonais n'était pas arrivé à Berlin à minuit, comme le stipulait le Gouvernement du Reich dans sa communication de la veille au soir.
  Le Gouvernement polonais, en apprenant les faits, informa le Gouvernement de Sa Majesté, dans le courant de l'après-midi du 3I août, qu'il autoriserait son ambassadeur à informer le Gouvernement du Reich que la Pologne avait accepté les propositions britanniques en vue de négociations.
  L'Ambassadeur de la Pologne à Berlin, M. Lipski, ne fut reçu par M. von Ribbentrop que le soir du 3I août. Après cette entrevue, le Gouvernement du Reich radiodiffusa immédiatement ses propositions. M. Lipski tenta aussitôt de se mettre en contact avec Varsovie, mais ne put le faire, tout moyen de communication entre la Pologne et l'Allemagne ayant été supprimé par le Gouvernement du Reich.

N° I05

Discours du Premier ministre à la Chambre des Communes, Ier septembre I939

  Le Premier ministre : M. Chamberlain. —


  À suivre...

Livre bleu anglais n° I, Documents concernant les relations germano-polonaises et le début des hostilités entre la Grande-Bretagne et l'Allemagne le 3 septembre I939, présenté au Parlement par Ordre de Sa Majesté par le Secrétaire d' État aux Affaires étrangères ; traduction Autorisée et Officielle du document publié par His Majesty's Stationery Office, Paris, I939, pp.135-146. 
 
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