Énergies renouvelables, interconnections, réseaux : la concurrence pour les câbles sera rude !
Pourtant habituellement très optimistes sur les programmes
renouvelables, les experts de l’Institut Jacques Delors commencent à
s’inquiéter : « L'Europe a besoin d'un plan d'urgence pour maintenir l'équilibre du réseau électrique à partir des étés de la prochaine décennie,
lorsque la part des énergies renouvelables dans le mix électrique sera
beaucoup plus élevée et le risque de canicules estivales plus fréquent
... Ce qui manque est un véritable " stress test " qui inclut la plus
grande part de variabilité des renouvelables surtout à l'horizon 2030
» a ainsi déclaré Phuc-Vinh Nguyen, chercheur sur les politiques
française et européenne de l’énergie à l'Institut Jacques Delors.
On peut en effet s’étonner de l’accumulation d’objectifs irraisonnables et hors de propos, comme la récente décision des législateurs européens d'augmenter l'objectif contraignant en matière d'énergies renouvelables pour 2030 à 42,5% de la consommation d'énergie contre 32% auparavant. Une décision prise sans étude d’impacts, sans " stress tests " et hors de propos, car, enfin, ce qu’il s’agit de baisser, ce sont les émissions de gaz à effet de serre, et cela ne va pas de pair avec l’augmentation des ENR dans la production électrique, bien au contraire, comme l’a souvent expliqué Fabien Bouglé sur ce blog.
Face à cette inquiétude, la solution promue par la Commission européenne est l’expansion des réseaux et des interconnexions, considérée comme clef de voûte de la sécurité d’alimentation. Interconnecter toujours plus des pays qui, dans une sorte de course malavisée à l’ échalote, ont tous diminué leur production d’électricité pilotable et augmenté celle d‘énergies variables intermittentes peut laisser dubitatif, mais la faisabilité elle-même est en cause. Des analystes ont en effet exprimé des doutes quant à la capacité des pays de l'UE à renforcer les réseaux et les liaisons transfrontalières à temps, certains projets étant techniquement difficiles à réaliser, notamment l'installation de câbles sous-marins. Par exemple, la France prévoit de doubler ses interconnexions pour atteindre 30 GW d'ici à 2035, pour un coût de EUR 33 milliards, selon RTE. « Il s'agit de projets lourds », a déclaré Nicolas Goldberg de Colombus Consulting, surtout dans le cas des liaisons sous-marines : « Il y aura plus d'interconnexions à l'avenir, mais doubler la capacité est un peu ambitieux. »
Déjà des retards importants
La raison : « la congestion imprévisible du marché du câble ». Et ces retards évidemment s’accompagnent d’une forte augmentation des coûts. Ainsi Inelfe, le développeur du projet Gascogne annonce un budget en augmentation de I,75 milliard d’euros à 2,85 milliards en raison de la saturation du marché des câbles courant continu haute tension due à la « demande sans précédent de projets éoliens et d’interconnexion offshore ».
Ce qui n’était pas du tout imprévisible, c’est en effet l’incompatibilité du développement des interconnexions et de l’éolien off-shore. Ceci est clairement expliqué dans un article remarquable du Financial Time, Will there be enough cables for the clean energy transition ? : 29 juillet 2023.
Développement des interconnexions et de l’éolien en mer sont incompatibles
Les experts consultés expliquent que :
I) La demande de câbles pour les projets éoliens flottants prévus en Europe n’est guère soutenable.
Financial Times, Will there be enough cables for the clean energy transition ? (29 juillet 2023)
L’UE a besoin d’un plan d’urgence pour les étés après 2030.
https://www.prix-du-cuivre.fr/
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire