L’ AGONIE D’ UNE ARMÉE, METZ – I870, JOURNAL DE GUERRE D’UN PORTE-ÉTENDARD DE L’ ARMÉE DU RHIN, ÉPISODE XIII

Précédemment
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   Dans la position que nous occupions on apercevait à 5 ou 600 mètres en arrière de nous, un immense drapeau à croix de Genève ["À Genève, le 22 août I864, la croix rouge, qui est le drapeau de la Suisse aux couleurs inversées, devait être le seul symbole reconnu par les Conventions de Genève. L'unicité et l'universalité de l'emblème protecteur vont de pair avec sa neutralité,.... "; sur le Web] : c'était une ambulance vers laquelle se dirigeait les blessés assez valides pour l'atteindre. Le premier qui passa près de nous était un maréchal des logis d'artillerie, nommé Dardard; il avait le bras gauche emporté au-dessus du coude, tranché net par un obus, ce qui restait du bras était serré fortement par un mouchoir pour empêcher l' hémorragie. En dépit de cette précaution, il perdait du sang en abondance; mais il avait conservé toute son énergie. Avec la main qui lui restait il comprimait son cœur; son teint était pâle comme celui d'un cadavre.
  C'était le commencement; cela nous fit impression. Puis le nombre de ceux qui se succédèrent devint si grand qu'on n'y fit plus attention; qu'était-ce, comparativement à ce que nous devions voir dans cette journée.

Drapeau de la Croix-Rouge utilisée durant la guerre Franco-Prussienne de I870-7I; musée de la Croix Rouge à Genève.

  Pourtant, un autre blessé, un colonel, attira notre attention et remua nos cœurs. Il était monté sur un cheval gris pommelé qu'un soldat conduisait lentement, avec précaution; un deuxième soldat marchait à côté de son chef qu'il maintenait sur sa monture. Celui-ci était blessé à l'épaule et avait reçu une balle dans le ventre, ce qui l'obligeait à se courber sur sa selle.
  C'était un homme, à figure énergique, qui paraissait jeune pour son grade; il essaya de se redresser en passant à côté de nous pour saluer nos généraux, qui déjà s'étaient découverts à son approche. Il brandissait son bras libre et d'une voix épuisée, qui faisait mal à entendre, il articula :  " Ils l'ont vu de près le drapeau du, 75e, je crois. J'ai mon affaire, vengez-moi, mes amis ! ".
  J’entends encore cette parole résonner à mon oreille. Les traits de ce mourant sont restés ineffaçables dans ma mémoire. Il poursuivit sa route, mais, à une centaine de mètres plus loin, le cheval s'arrêta : le colonel venait de rendre le dernier soupir. Des blessés s'approchèrent tout émus; les deux soldats qui avaient guidé le colonel pleuraient.
  La lutte devint violente de par et d'autre; je n'entrerai pas dans la description de ce qui se passa sous nos yeux; fusillade, canonnade, cris inhumains, incendies des villages, désespoir des paysans, affolement des femmes et de toute la population qui ne sait où se réfugier. Tel est le tableau adouci de la guerre !
  Le succès se dessinait en notre faveur vers I0 heurescxix du matin par la suite de la conduite admirable de la division Bataille, [Henri Jules Bataille, I8I6-I882, général de brigade] dont le chef grièvement blessé, sut, malgré sa souffrance, donner une vigoureuse impulsion à ses soldats qui commençaient à plier. 
  C'était alors qu'il aurait fallu lancer notre cavalerie pour précipiter la déroute de l'ennemi, qui paraissait se désagréger. On en comprenait la nécessité. Le maréchal n'en eut pas la pensée. Il croyait l'effectif des troupes allemandes très supérieur; il n'était jamais très renseigné, ou ne voulait pas l'être. L'ennemi, se sentant faiblir, engagea le reste de ses réserves; nos lanciers chargèrent sans résultat appréciable. C'est alors qu'eut lieu la charge des cuirassiers de la Garde, conduite par le général Dupreuilcxx.[Marguerite Jacques Vincent Octave, I8I9-I895, général de brigade] Elle fut meurtrière pour les deux escadrons; le capitaine commandant Thomas [Gustave Frédéric Maximin, I827-I9I2] se couvrit de gloire; il ne resta debout que quelques hommes de son escadron.[I8] Cet officier, devenu colonel des dragons, est un écrivain de grand mérite; il fut blessé très grièvement dans cette affaire.[deux balles dans le genou gauche, qui entraineront son amputation quelques années plus tard]

 BATAILLE Henri. Bibliothèque nationale de France.

THOMAS Gustave. Photo Bastier, Limoges.

  Ce spectacle que nous apercevions à distance, était pour nous d'un intérêt poignant. Les chevaux démontés se sauvaient dans toutes les directions; la selle de quelques-uns ayant tourné, ils s'empêtraient dans les sangles, dans les rênes de bride; d'autres traînaient des lambeaux de manteaux rouges, ou tombaient avec des blessures hideuses. C'est ainsi que ces pauvres bêtes, voyant le reflet de nos cuirasses, se rallièrent sur nous. Dans l'affolement de la douleur elles se ruaient sur nos régiments, semant le désordre dans nos rangs; elles se collaient contre nos chevaux sans qu'on puisse les faire déloger. Cela était sinistre et impressionnant. On fut obligé de tuer ceux dont les blessures ne laissaient pas d'espoir de les utiliser.
  Vers midi et demi une charge de cavalerie prussienne faillit enlever le maréchalccxi. Il fut séparé de son escorte, formée par le 5e hussards. Le capitaine Chavérondier, en couvrant son chef, reçut un coup de sabre en travers de la figure, qui lui fit une superbe balafre, sans mettre ses jours en danger.
  Les obus se succédaient. Le général de Gramont reçut sur sa botte une forte contusion; un éclat atteignit la bombe de mon casque, le bossela et me fit chanceler sur ma selle.
  Vers I heure de l'après-midi, Vionville était en flammes; attaqué, pris et repris, ce village, si gai l'avant-veille, n'était plus qu'un monceau de cendresccxii. Les habitants, errant au hasard, avaient tout perdu.
  Se battre, c'est la vocation et le devoir du soldat ! Mais les habitants en larmes, spectateurs de leur ruine, ne sachant où se réfugier ! On ne peut rendre cette épouvante et cette désolation ! Combien nous plaignions ces vieux ménages réduits désormais à la misère, voyant flamber leurs maisons, leur mobilier, sans même pouvoir sauver leurs pauvres économies si laborieusement amassées. Le bétail pris ou dispersé, les volailles grillées dans les cours, des habitants étouffés dans leur cave où ils s'étaient réfugiés, par crainte des projectiles; des femmes, des enfants tués ou brûlés, beaucoup d'estropiés pour le restant de leur vie.
  Oh ! la guerre, cruel fléau ! Que ceux des contrées épargnées, qui n'ont pas connu ces malheurs, viennent en aide à ces misérables, dans la mesure du possible. Ce n'est pas par la plume que l'on peut retracer de pareils désastres, donner une idée du dénuement de ces victimes de la guerre. Eux, si heureux et si tranquilles la veille encore ! Ils aimaient à se vanter joyeusement d'avoir rentré de belles récoltes qui leur permettraient de nourrir beaucoup de bestiaux et de faire de l'élevage. Toutes ces espérances étaient anéanties ! Les émotions éprouvées à la vue de tant de douleurs doivent être de courte durée chez l'officier; il lui faut refouler au fond de l'âme tout ce qui peut attrister son cœur de soldat, et donner l'exemple du calme, de l'insouciance, sinon de gaieté.
   Beaucoup d'hommes valides avaient pris des fusils pour se venger; dans leur rage et leur désespoir, ils déclaraient qu'ils ne mourraient pas avant de " descendre des Prussiens ".
   Pendant que nous nous entretenions de tout ce qui se passait sous nos yeux, avec mon ami Chemin, un camarade du début de nos premières armes et de Saumur, un obus passa de plein fouet entre lui et moi, à hauteur de visage; nos têtes se tournèrent avec une violence telle, que respiration et parole furent coupées pendant un instant; je le vis blêmir et chanceler, puis il reprit ses sens.
  L'obus éclata sur la cuirasse de l'ordonnance de Chemin, qui était à quelques mètres en arrière de nous; ce pauvre garçon fut foudroyé.
  Je conserve dans une panoplie un morceau de cet obus prussien, je l'ai arraché de l'épaule d'un cheval mortellement atteint d'une autre blessure plus grave qui lui avait ouvert le ventre. Ce même projectile blessa plusieurs chevaux, et trois autres cavaliers, dont un seul sérieusement.
 

XIII

 

LA " CHEVAUCHÉE DE LA MORT "


 L'ennemi, ayant échoué dans sa tentative de tourner notre aile droite, fit, après avoir essayé de percer notre centre, un effort désespéréccxiii pour s'emparer de Rezonville, qu'il considérait comme la clé de la position.
  L'artillerie du camp de Canrobert s'était portée en avant sous les ordres du commandant Vignotti, [Auguste, chef d'escadron] dont il sera question plus loin; elle devait s'opposer à cette marche. Nos batteries firent d'abord beaucoup de mal à l'ennemi. C'est alors que celui-ci fit converger sur nos artilleurs le feu de quarante pièces de position, assez mal pointées, heureusement pour notre artillerie, mais malheureusement pour les soutiens.
  Le 93e de ligne [93e régiment d'infanterie, 93e RI; le Ier janvier I79I, tous les régiments prennent un nom composé du nom de leur arme avec un numéro d'ordre donné selon leur ancienneté; ainsi, le régiment d'Enghien devient le 93e régiment d'infanterie de ligne; après plusieurs changements de nom, il prit en I854, le nom de 93e régiment d'infanterie de ligne] se trouvait à 300 mètre en arrière pour appuyer nos artilleurs. Les obus destinés à nos batteries tombèrent sur ce régiment. Cette attaque si brusque mit un peu de désordre parmi les nôtres. Le porte-drapeau fut renversé, atteint mortellement; le drapeau resta enfoui dans la poussière sous les morts et les blessés, il devint la proie de l'ennemi.
  Un cuirassier blanc le ramassa au cours de la charge qui suivit; ce cuirassier ne peut fuir assez vite pour mettre à l'abri son trophée, le drapeau lui fut repris par le cavalier Manginccxiii. Après avoir tué ce cuirassier prussien, il s'empressa de porter le drapeau au général Bourbaki, qui se trouvait non loin de là. C'est ainsi que le 93e rentra, à sa grande joie, en possession de cet emblème sacré.
  Les Allemands, n'obtenant pas le succès qu'ils espéraient, lancèrent sur nos artilleurs la fameuse cavalerie Bredow, qui avait acquis une grande réputation de bravoure dans les guerres précédentes. Cette brigade était composée de quelques cavaliers du I3e et du I6e uhlans, du 7e cuirassiers de Magdebourg en entier et enfin de quelques hussards rougesccxiv
  Cette cavalerie avait l'ordre de gravir la pente qui la séparait de nos batteries, un kilomètre environ. Elle commit la faute de partir à un galop précipité, pour charger ensuite à outrance et s'emparer de nos batteries. La charge fut si soudaine, que nos artilleurs n'eurent pas le temps d'arrêter l'adversaire par des salves de mitraille. Nos batteries furent traversées, nos artilleurs sabrés ou renversés par la lance des uhlans.
  Après ce succès incontestable mais de courte durée, les uhlans, apercevant le 9e bataillon de chasseurs à pied qui était en soutien à la gauche de nos batteries, firent une conversion pour se rabattre sur lui et le charger. Mais les chevaux essoufflés n'avaient plus la même vigueur; ils furent reçus par un feu de salve et repoussés en désordre sur les cuirassiers blancs qui les suivaient de près pour les appuyer.
  C'est alors que les cuirassiers, qui se portaient au secours des uhlans, abordèrent à leur tour ce qui restait de notre artillerie. Ce régiment magnifique, composés de beaux hommes à la tunique blanche, aux parements jaunes, chaussés de grandes bottes molles en cuir fauve qui atteignaient au-dessus des genoux, montés sur de superbes chevaux mecklembourgeois, [" race de chevaux d'origine demi-sang, élevée dans le Mecklembourg-Poméranie-Occidentale, région du Nord-Est de l'Allemagne. L'élevage de ces chevaux est étroitement lié au haras de Redefin... "; sur le Web] avaient pour colonel honoraire le chancelier de Bismarck. Le 7e de Magdebourg avait également le titre de Cuirassiers du Roicxxv et portait la marque distinctive de ce corps sur les pattes d'épaules de la tunique; sur leurs cuirasses étaient fixées des matelassures. 
  L'ennemi ne s'était pas aperçu de notre approche et ne connaissait pas la nouvelle position que nous venions d'occuper. Ses éclaireurs de terrain n'avaient pas eu le temps de le renseigner pendant sa marche au galop.
  Cette charge, vigoureusement conduite, était compromise par le galop précédent, sur un terrain légèrement montant, où les chevaux enfonçaient dans les terres labourées, ce qui augmentait leur fatigue. Cette cavalerie essoufflée, en désordre, affaiblie par la riposte de nos artilleurs et les feux du bataillon de chasseurs vint se briser, quelques minutes après, contre nos escadrons bien dans la main de leurs chefs.
  C'est alors en effet que le général de Forton, redevenu dans cette circonstance critique, ce qu'il aurait toujours dû être, un vrai général de cavalerie, ne laissa pas échapper l'occasion. S'il avait hésité, cette cavalerie qui se sentait perdue, aurait profité de la distance qui nous séparait pour se replier. Là, il a fait oublier un peu les fautes de la veille et de la matinée, en permettant à sa division de se couvrir de gloire.       
 
"... La cavalerie de von Bredow s'approche rapidement du sommet de la côte, qui dissimule en partie la cavalerie du général de Forton. Au moment où les Allemands ont commencé leur charge, cette dernière division venait d'exécuter l'ordre qu'avait donné le maréchal Bazaine, de changer le front de sa ligne de bataille, afin d'adosser ses deux brigades au bois de Villers, situé au nord du village de Rezonville, parallèlement à la route de Verdun et lui faisant face.[...] Nos cavaliers devinent, sans la voir, la charge impétueuse de la brigade von Bredow. Ils entendent la terre trembler sous le galop des chevaux., ... " ; sur le Web]

  Nous avancions avec calme, tout le régiment en ordre de bataille; saisissant d'un rapide coup d'œil la situation, le général de Forton s'approcha sans aucune hésitation de notre colonel et jeta ces mots d'une voix puissante : " Partez le 7e ! Colonel Friant, chargez à fond !
  Il faut être du métier et en présence de l'ennemi, pour comprendre ce que cet ordre tant désiré renfermait pour nous de joie délirante ! Ce fut un cri immense de soulagement de la droite à la gauche du régiment; on allait prouver aux camarades que les cuirassiers de Forton étaient capables d'autre chose que de se replier sans tirer la latte. 
  À ce moment on sentit un frisson de fierté parcourir les rangs, le colonel et tous les officiers à leur place de bataille en tête de leurs escadrons, n'eurent pas besoin d'exciter leurs cavaliers. Tout le 7e s'ébranla comme un seul homme, la terre tremblait sous les pas des chevaux dont l'animation était extrême. Excités par le vacarme du champ de bataille, on aurait dit qu'ils avaient l'intuition de ce que nous allions exiger d'eux. Chaque cavalier restait cependant maître de l'allure.
  Si je ne parle que du 7e cuirassiers de cette charge, c'est qu'il fut seul, avec un escadron du I0e, [le Ier, commandé par le général de Gramont] lancé sur l'ennemi. Les autres fractions de la division reçurent des missions différentes; elles demeurèrent en réserve ou poursuivirent cette cavalerie, qui cherchait à nous échapper. Tous prirent une part brillante à cette affaire. Sans entrer dans de plus grands détails sur les autres régiments, ca on est loin de voir tout ce qui se passecxxvi, je veux donner de suite un extrait du rapport du maréchal, sur cette charge appelée par les Allemands der Todesritt, la chevauchée de la mort.
  Voici cet extrait officiel : " La division de Forton dont ils ne soupçonnaient pas la présence, les prend en flanc et en queue, et cette masse de cavalerie est complètement anéantie sous le sabre de nos cuirassiers et de nos dragons. La droite est complètement dégagée. "
  C'est bien vite dit, mais il fallait voir ça !...
  Au moment propice, et en moins de temps qu'il n'en faut pour l'écrire, le régiment se précipita à fond de train avec ensemble, comme un seul homme, sabre en avant, les étriers fortement chaussés. Nos cavaliers, le corps penché sur l'encolure de leurs chevaux, solidement en selle, poussaient de véritables clameurs de sauvages. C'était sur notre recommandation; nous les avions engagés à faire beaucoup de bruit en abordant l'ennemi. 
  Rien ne peut rendre l'émotion d'un semblable moment ! Ce simple commandement : Partez le 7e ! signifia pour nous, que nous allions prouver aux Allemands que notre cavalerie était aussi brave que la leur, et que nous allions venger les camarades de Reischoffen. Quel élan dans cet instant inoubliable ! Quel enthousiasme ! Nous autres, les officiers, en tête de nos cuirassiers, nous frémissions d'une indicible fierté. Derrière nous, nos braves troupiers s'élançaient avec tant de courage passionné que nous ne doutions pas de la victoire.
 
La charge des cuirassiers, I886, Aimé Morot, I850-I9I3. Musée d'Orsay. 
  "... tandis que le 7e cuirassiers les charge avec furie, le Ier escadron du I0e cuirassiers reçoit l'ordre de culbuter le flanc de l'ennemi, tandis que les trois autres escadrons de ce régiment restent en réserve. Conduit par son bouillant lieutenant-colonel Pobéguin, cet escadron charge avec un entrain magnifique, et tombe comme la foudre au milieu des escadrons prussiens, dont les chevaux sont si essoufflés par la longue distance parcourue au galop, qu'ils sont à bout de forces. Le lieutenant-colonel Pobéguin est à la tête de ses cuirassiers. Il porte les premiers coups aux Allemands et tue de sa main un officier et trois cavaliers allemands. Ses soldats l'accompagnent et disparaissent dans cette épouvantable mêlée. Le choc de nos cuirassiers est décisif : les cuirassiers blancs, en désordre, abordés avec une vigueur inouïe, sont sabrés de la tête aux pieds. Leurs chevaux, haletants et blancs d'écume, refusent tout service. Le plus grand nombre de ces Allemands tombent sur le champ de bataille. Ceux qui jusqu'à ce moment ont échappé à la mort continuent leur marche au galop, résolus qu'ils sont à traverser les lignes françaises. Mais à leur retour nos cuirassiers se sont élancés à la charge et refoulent ces malheureux Allemands dans le vallon que ceux-ci viennent de traverser et où ils les détruisent presque entièrement., ... "; sur le Web]      
  
  À suivre...
 
cxix. La bataille passa par des alternatives de succès et revers; les Allemands ne vont pas tarder à reprendre à ce moment l'avantage sur le 2e corps.
 
cxx. Les Allemands s'avançant au nord de Flavigny, le général Frossard demanda au maréchal Bazaine de faire charger la cavalerie; le 3e lanciers chargea d'abord sans résultat appréciable mais sans grandes pertes; les cuirassiers de la Garde firent ensuite une charge superbe mais très meurtrière et, somme toute, sans grands résultats. Leurs pertes étaient énormes : 6 officiers tués, I2 blessés, I40 hommes tués ou disparus, 30 blessés.
 
ccxi. Quelques escadrons de hussards prussiens et un escadron de dragons lancés à la poursuite des cuirassiers de la Garde se dirigent d'abord au nord de Flavigny, puis vers les abords sud de Rezonville. Ils attaquent une partie de la 2e batterie à cheval de la Garde qui débouchait à Rezonville; Bazaine qui faisait placer les pièces faillit être enlevé par la charge et fut séparé du général Jarras et de son état-major. Pendant quelque temps on le crut tué ou pris. Les cavaliers ennemis furent chargés et ramenés par l'escorte du maréchal.
 
ccxii. Vionville avait été enlevé par les Allemands à 11 h. 30 et fut ensuite violemment attaqué par les Français dont l'artillerie cribla les lisières du village. 
 
Une batterie française pendant la guerre de I870. Brown University Providence, Rhode Island.
 
ccxiii. Le porte-drapeau, sous-lieutenant Labbrevoit, [Julien Ludovic, I840-?] ne fut pas tué mais culbuté dans un remous de la charge; le drapeau fut brisé, l'aigle seul lui resta dans la main: la hampe tombée à terre fut, suivant le lieutenant-colonel Picard et M.Germain Bapst, ramassée par le chasseur Mangin, du 5e chasseurs à cheval, qui la remit à son colonel, lequel l'envoya porter au général Bourbaki; d'après DICK DE LONLAY, loc. cit., III, I80, un uhlan allemand la ramassa et fut tué par le chasseur Mangin qui reprit ainsi le drapeau.
 
  LABREVOIT Julien Ludovic, en I889.
 
ccxiv. La brigade von Bredow comprenait le régiment des cuirassiers de Magdebourg n°7, le régiment de uhlans de l' Altmarck n° I6, et le régiment des dragons du Sleswig-Holstein n°I3... La charge fut faite par six escadrons du 7e cuirassiers et du I6e uhlans, car le général von Bredow avait détaché deux escadrons : 3e du 7e cuirassiers et Ier du I6e uhlans dans la direction du bois de Tronville pour garantir son flanc gauche; ce bois se trouvant occupé par de l'infanterie allemande, ces deux escadrons ne subirent aucune perte.  
 
La charge de la brigade Brelow. Musée de Gravelotte

cxxv. Le 7e régiment de cuirassiers était le régiment de Magdebourg et non le régiment du Roi.
 
cxxvi. Sur les illusions du champ de bataille, voir Colonel FIX, loc. cit., II, 39. Il cite cet exemple frappant d'un colonel, sous-chef d'état-major du corps Frossard qui, appelé à rédiger, après le I6 août, le rapport, sur la part que son corps d'armée y avait prise, écrivit que l'une des divisions occupait une position à gauche du point où il était. C'était le contraire, la division était à droite. Il mit vingt ans à le découvrir après comparaison de témoignages contradictoires et enquêtes réitérées. 
 

 COMMANDANT FARINET, L'Agonie d'une Armée, Metz-I870, Journal de guerre d'un porte-étendard de l' Armée du Rhin, ancienne librairie Furne, Boivin & Cie, Éditeurs, I9I4, p. I28-I39.
 
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