Scientifique, génie civil
Comme promis, retour sur l’une des propositions, C3.2, de la Convention Citoyenne :
Avec la question qui se pose : promouvoir uniquement les contenants réutilisables en verre et se passer de plastique, même réutilisables, est-ce que cela permettra de réduire les émissions de CO2 ?
La réponse se concentrera uniquement sur ce sujet. Les autres aspects présentés dans la proposition C3.2 seraient bien trop long à expliquer ici.
Je vais commencer par les procédés de fabrication pour que vous compreniez bien les résultats des analyses de cycle de vie (ACV). Comme il y a beaucoup d’idées reçues sur le sujet, peut-être vous arrivera-t-il, parfois, au cours de votre lecture d'être surpris? Ne vous inquiétez pas, tout est normal.
1. Le verre, emballage
Constitué d’un mélange de minéraux dont le sable, fondu à 1500°C. Une fois le contenant formé dans un moule, il faudra réaliser des traitements thermiques en fonction des propriétés que l’on souhaite obtenir, recuit autour de 600°C. (source : Verre Avenir)
Vous comprenez donc pourquoi la fabrication du verre est énergivore. L’industrie du verre a pour objectif de réduire ces impacts, que ce soit dans le procédé de fabricant ou dans le poids des contenants. Tout comme l’intégration de recyclé dans la fabrication des emballages. Tous les objets en verre ne se recyclent pas. Les flacons, bouteilles, bocaux le sont mais pas la vaisselle par exemple. Le recyclage se fait comme pour le verre vierge mais à des températures plus faibles grâce à l’utilisation de la matière recyclée appelée calcin. Il y a également une économie côté quantité et traitement de la matière première. C’est en cela que le recyclage du verre génère moins d’impact que le verre recyclé. Par contre, il est nécessaire d’ajouter au moins 20% de matière première vierge pour le recyclage. Aujourd'hui, 86,5% du verre est recyclé (source : Citeo).
Le verre ne se recycle pas sans ajout de matière première… comme tous les matériaux qui se recyclent. Comprenez que le recyclé est un mélange de matériaux de formulations différentes. Il faut corriger ça avec l’ajout de non recyclés.
2. Le plastique, emballage
Les emballages en plastiques sont fabriqués à des températures n’excédant pas 280°C généralement en fonction du type de plastique. La température va dépendre du plastique et de l’emballage que l’on souhaite obtenir. Il est possible d’ajouter au moins 50% de recyclé dans les emballages, 100% pour d'autres applications. Les procédés de fabrication évoluent pour intégrer plus de plastique. Le nombre de cycles dépend de l’ajout et de la qualité du recyclé. Avec 50% de recyclé on arrive à atteindre les critères nécessaires pour l’utilisation dans l’emballage alimentaire sur de nombreux cycles. Les études actuelles montrent que l’ajout de matière vierge permet une régénération de la qualité du plastique au fur et à mesure des cycles.
Aujourd’hui le recyclage du plastique est possible pour les plus utilisés, sachant qu’en parallèle des filières de recyclage se créent et que la simplification de la consigne de tri, tous les plastiques, permet de récupérer tous les plastiques d’emballage.Une bouteille ou un contenant réutilisable en plastique pourra donc être recyclé via ce système. Actuellement, 29% des emballages en plastique sont recyclés, pour les bouteilles en plastique cela monte à 61% (source : Citeo)
3. Verre ou plastique réutilisable
L’impact du verre comparé au plastique est donc plus important si l’on compare une même application. La production du verre, même recyclé, nécessite beaucoup d’énergie comparé au plastique.Concernant le transport, le poids d’une bouteille en PET correspond à moins de 8% du poids d’une bouteille en verre de même contenance. On comprend mieux que pour une même distance, le transport de bouteilles en verre soit plus impactant que celui de bouteilles en plastiques. Ainsi, pour une utilisation identique et un même transport, l’impact CO2 d’un contenant en plastique est en moyenne 2 fois plus faible que celui en verre.
Dans le cas d’une consigne, par exemple en Allemagne, le verre est réutilisé 50 fois contre 15 fois pour le plastique. Même avec cette différence, le plastique génère moins d’impact comme le montre une étude de l’ IFEU pour l’Allemagne (2008) :
Ou un autre rapport pour l’Autriche (source ACV - parlement européen) :
A noter que même si le nombre de cycles de réutilisation pour le verre est de plus de 3 fois celui du plastique, il reste plus impactant à cause notamment du transport qui est comptabilisé. Les analyses de cycle de vie réalisées le sont avec le système et taux de recyclage du pays considéré, tout comme leur mix énergétique, le nombre de cycles d’utilisation et le système de consigne du pays. D’où les différences entre les graphes. C’est important de le signaler.L’équivalent en France ne changerait que les chiffres pas les tendances. Dans le cas du verre même si une amélioration du procédé de fabrication ou une réduction des Km impliquent une réduction importante des impacts, pour une même utilisation, le plastique reste moins impactant.
Prenons l’exemple des gobelets en France. Les incertitudes sont liées aux distances et au taux de retour des gobelets. Mais quel que soit le scénario considéré ce n’est pas le verre qui l’emporte mais
le gobelet PP réutilisable ou PLA jetable.
Ainsi, pour réduire les impacts CO2 et environnementaux il est préférable de choisir le plastique plutôt que le verre. Exemple : ici de la comparaison gobelet PP et verre en réutilisation, le verre n’est jamais meilleur, même pour un nombre de réutilisation important.
Pour les contenants utilisés chez soi, les contraintes thermiques pendant le lavage sont moins fortes. La durée de vie du contenant, verre ou plastique est plus importante. Sauf si endommagement comme un contenant en verre qui se brise ou en plastique qui se fend. Les sources biblio que j’ai pu lire sur le sujet précisent que remplacer, pour une même utilisation, le plastique par du verre génère une quantité importante d’impacts et notamment de CO2. Ces articles sont accessibles, même Zero Waste Europe les a pris en compte dans son analyse. Aucun expert ni ONG ne vous affirmera qu’à utilisation égale le verre a un impact CO2 plus faible que le plastique. Ce fait là n’est pas du tout remis en question. A part les anti-plastiques dogmatiques qui considèrent le plastique comme un poison. Mais ils ne sont pas pertinents.
Je ne dis pas qu’il faut utiliser uniquement du plastique. Il faut diversifier les sources de matériaux en s'assurant qu’ils puissent être recyclés dans les filières existantes et qu’ils puissent intégrer un maximum de matière recyclée tout en conservant leurs performances.
La question est donc de savoir pourquoi la Convocation Citoyenne a éliminé une possibilité de réduire l’impact de notre consommation, en proposant la suppression du plastique réutilisable au bénéfice du verre. C’est incompréhensible, parce que contradictoire avec les objectifs visés.
Sources
- ACV contenants boissons - parlement Européen https://europarl.europa.eu/RegData/etudes/note/join/2011/457065/IPOL-AFET_NT(2011)457065_EN.pdf - ACV bouteille PET vs verre https://sciencedirect.com/science/article/pii/S0048969720321987?via%3Dihub - ACV gobelets réutilisables vs jetablehttps://rdcenvironment.be/wp-content/uploads/2017/11/1985-IBGE-Gobelet-Recyclables.pdf
- ACV bouteille plastique vs verre https://sciencedirect.com/science/article/pii/S0048969720321987
- ACV emballage médical plastique vs verre https://epos.myesr.org/poster/esr/ecr2015/C-2599 - Zero Waste Europe https://zerowasteeurope.eu/2010/09/beverage-packaging-and-zero-waste/
- ACV boissons non gazeuses IFEU https://eco-circular.com/wp-content/uploads/2018/02/aguaencaja2.pdf
Potential trade-offs between eliminating plastics and mitigating climate change: An LCA perspective on Polyethylene Terephthalate (PET) bottles in Cornwall
Glass or Plastic: An Environmental Life Cycle Assessment (LCA) and Related Economic Impact of Contrast Media Packaging
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