Haute-Marne : il était une fois la ville de Fayl-Billot et des villages du canton, Épisode X

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Haute-Marne : il était une fois la ville de Fayl-Billot et des villages du canton, Épisode I
Haute-Marne : il était une fois la ville de Fayl-Billot et des villages du canton, Épisode II
Haute-Marne : il était une fois la ville de Fayl-Billot et des villages du canton, Épisode III
Haute-Marne : il était une fois la ville de Fayl-Billot et des villages du canton, Épisode IV
Haute-Marne : il était une fois la ville de Fayl-Billot et des villages du canton, Épisode V
Haute-Marne : il était une fois la ville de Fayl-Billot et des villages du canton, Épisode VI
Haute-Marne : il était une fois la ville de Fayl-Billot et des villages du canton, Épisode VII
 
Haute-Marne : il était une fois la ville de Fayl-Billot et des villages du canton, Épisode VIII
Haute-Marne : il était une fois la ville de Fayl-Billot et des villages du canton, Épisode IX  
 

Claude-Jules Briffaut est né à Vicq, le 25 août 1830. Ordonné prêtre à Langres le 3 mars 1855, il fut nommé vicaire à Fayl-Billot le 16 mars de la même année et occupa cette fonction jusqu'au 1er septembre 1866, date à laquelle il devint curé de Pierrefaites-Montesson. Le 17 février il fut nommé curé de Bussières-les-Belmont. Sous une apparence sévère, il se dévoua toute sa vie pour les pauvres et les malheureux, allant même jusqu'à créer un hôpital. La paralysie qui le frappa deux ans avant sa mort, survenue le 7 avril 1897, à Bussières-les-Belmont, lui interdit ensuite toute activité, à son plus grand désarroi.

  Broncourt ou Beroncourt vient du latin curtis (30), ferme ou maison de campagne, et Bero, Beronis, nom du premier seigneur qui en fut propriétaire. 
On voit, en 1553, frère Guy Lebœuf, chevalier de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem (31), commandeur des commanderies de la Romagne, Thors, Avalleurs, Beroncourt et Arbigny.
  Il y avait donc une commanderie à Broncourt. On montre l'emplacement qu'elle occupait ; l'enceinte est encore très-bien tracée. On y a découvert, il y a quelques années, des outils de maréchal et une batterie de cuisine.


Source : https://www.templiers-chevaliers.com/departements/Les%20Maisons%20et%20commanderies%20des%20Templiers%20de%20France52

 Le commandeur était le seigneur du village. Il y avait établi un bailli et d'autres officiers pour rendre la justice en son nom. La partie de Charmoy qui dépendait du même commandeur, était soumise au bailliage de Broncourt. Quand il y avait lieu, on en appelait au bailliage de Langres.
  Le commandeur percevait les dîmes du finage, à raison de sept l'un. Elles valaient douze cents francs, année commune. En 1790, elles étaient relaissées avec la maison seigneuriale, les droits seigneuriaux, l'enclos, les terres labourables et les prés pour trois mille sept cent cinquante francs. L'amodiateur payait cette somme aux fermiers principaux qui résidaient à Fayl-Billot.
  Les biens de cette seigneurie furent déclarés propriétés nationales et vendus par les administrateurs du district de Bourbonne, le 27 germinal an III, 16 avril 1795. D'après l'affiche, les terres labourables étaient estimées trente-six mille francs.
  Avant la révolution, l'église de Broncourt, dédiée à la sainte Vierge en sa Nativité, était une église paroissiale, ayant pour annexe celle de La Quarte, desservie par un vicaire. Elle dépendait du doyenneté de Pierrefaite. Le curé avait, entre autres revenus, trois cent cinquante francs que lui payait le fermier de la seigneurie. 
  Au rétablissement du culte, Broncourt fut annexé à Pressigny et desservi par le curé de ce lieu. Il fut érigé en succursale le 3 mai 1846. On y avait bâti un presbytère en 1840, et l'on va y construire une nouvelle église pour répondre aux besoins religieux de la population. Celle qui existe n'est ni solide, ni digne de culte que l'on doit à Dieu.
  Les habitants sont des agriculteurs. Le territoire est excellent. Il n'y a pas de vignes.


Broncourt : l'église, reconstruite entre 1867 et 1870 et consacrée en 1871. De style néo-gothique, elle est identique à celle de Fayl-Billot, en moins imposante. @Google streetview

Bussières-lès-Belmont

 
@Collection particulière

  Bussières-lès-Belmont, appelé autrefois Bussières-les-Nonnes, Bussières-les-Aumonières, Buxières, La Bussière, Buissière, en latin Buxeriæ, tire son nom de Buxus, Buis. Cette étymologie n'indique pas que tout le territoire était planté de buis, mais que cet arbrisseau s'y faisait remarquer parmi d'autres essences. Les dénominations  de Buisson-Marie, Planches-des-Charmes, Charmoy, Chasnoy, Espenoy, Genesvres, Breuil, Garenne ou Varenne, Essarts, etc, employés pour désigner diverses parties du finage, prouvent suffisamment que ce lieu n'était qu'une vaste forêt.
  Le bourg n'existait pas au temps de la domination romaine ; mais il y avait déjà sur le territoire quelques établissements ; car on y a découvert, en 1838, à côté du chemin qui conduit  à Fayl-Billot, dans un terrain très-incliné, des débris de constructions qui appartiennent évidemment à cette époque. Voici le rapport fait alors par M.Thiberge, maire de Bussières :
  "On a trouvé, au milieu de différentes constructions faites sans soin, et seulement en moëllons posés à sec, des murs en mortier de chaux et de ciment ; une portion de construction en brique très bien conservée ; un pavé blanc incrusté dans une très grande épaisseur de béton ; des portions de béton qui faisaient parois de murs revêtus de stuc, peint en rouge et jaune : ces couleurs dessinent de simples raies, comme en ferait un ouvrier de campagne pour marquer une hauteur d'appui ; une grande quantité de fragments de mosaïques, composés de petits cubes blancs et noirs ; les cubes blancs sont en calcaire pareil à celui des pavés ; ce calcaire n'existe pas ici ; il est analogue à la pierre à bâtir de Chaumont, à la pierre des gargouilles trouvées à la Marnotte à côté de la source ; les cubes noirs sont faits en pierre de Fouvent. Dans les décombres on a trouvé deux fibules de cuivre ; elles sont en partie recouvertes d'une espèce d'étamage et d'un peu d'émail bleu ; beaucoup de débris de poterie très-fine et d'autres de poterie commune et de grande dimension, probablement des fragments d'amphore ; une pierre en basalte, produit volcanique étranger au pays. Cette pierre parait avoir servi de meule à un moulin à bras ; elle est circulaire de 0 mètre 50 de diamètre, forée au milieu, convexe d'un côté et taillée en rayon. Enfin une médaille petit bronze, portant d'un côté une tête assez bien conservée, autour de laquelle on lit : CLAVDISV. CAE, et de l'autre une figure assise très-détériorée ; autour on distingue RTA. "
  Ces antiquités, trouvées dans un emplacement peu éloigné du Châtelet de Fayl-Billot, confirment l'opinion que nous avons émise sur l'existence d'une route romaine longeant la vallée.
D'un autre côté, "l'on a découvert, il y a quelques années, dans le bois des Loges, environ à la distance de mille mètres de la grande route des Romains, une espèce de branche de route perdue. On prétend que cette route pouvait prendre son origine à la grande route des Romains qui passe à Grossesauve pour aller à un château détruit du temps des Romains, et qui était placé sur le territoire de Bussières. On en parle aujourd'hui sous le nom de vieux château (32)."
  C’est au XIIè siècle que nous rencontrons pour la première fois le nom de Bussières. Vers l'an 1127, Guy et Philippe d' Achey donnèrent à l'abbaye de Belmont une partie de la terre de Bussières. Thierry et Ulric son frère, autres seigneurs du voisinage, donnèrent également tout ce qu'ils avaient en ce lieu, depuis Frettes et Genevrières jusqu'à Corgirnon. En 1220, Etienne, chevalier de Mont, était seigneur de Bussières. En 1230, les religieux de Saint-Antoine de Viennois achetèrent de Gérard, chevalier, la moitié de la seigneurie de Vesvrechien, située sur le territoire.
  Vers l'an 1275, il y avait un maire, nommé Humbelin, et, en 1415, un chastelain ou mayeur [équivalent de maire]  d'illec.
  Philippe de Chauvirey était seigneur de Bussières en 1297, et il fit, cette année, une donation à l'hôpital de Grossesauve. La seigneurie resta dans sa famille jusqu'au commencement du XVè siècle ; car on voit, en 1413, Marguerite de Chauvirey, dame de Bussières, mariée à Jean de Rougemont, chevalier. Ce haut et puissant seigneur était en hostilité avec les habitants de Langres. Il fit avec eux, en 1417, un traité de paix que nous allons rapporter.
  " A tous ceulx qui ces présentes lettres verront et orront, Girard d'Isomes, licencié ez lois et lieutenant de noble homme Robert de Longchamps, escuyer, bailly de Lengres, salut : savoir faisons que aujourd'hui les bourgeois et habitants de la ville et cité de Lengres, assemblés de nostre licence en l'église des frères prêcheurs dudict Lengres, par devant nous ont dict et exposé que comme noble et puissant seigneur, monseigneur Jean de Rougemont, chevalier seigneur de Bussières, si ait eu plusieurs querelles et demandes contre iceulx bourgeois et habitants , et eulx contre luy, et que chacune d'icelles parties disoit et maintenoit avoir eu et soutenu plusieurs dommaiges et inconvénients, tant en perdition de vins et de biens, montants à grandes sommes d'argent, comme aultrement,  dont lesdits bourgeois et habitants estoient en grande guerre et débats envers ledict seigneur de Bussières ; et de cette matière si soit meslée nostre très redoutée dame madame la duchesse de Bourgoigne, comtesse de Flandre, d'Artois et Bourgoigne, révérend père en Dieu, monseigneur l'évesque et duc de Langres, noble seigneur  messire Jean de vaux, seigneur de Courtin, chancelier de très-hault et très-puissant prince monseigneur le duc de Bourgoigne, et aultres du conseil dudict seigneur. 
   Lequel monseigneur le chancelier, pour paisier lesdicts débats et pour norrir paix, amour et tranquillité entre ledict monseigneur de Bussières et iceulx bourgeois et habitants, si est tenu en icelle ville et cité, et après que lesdicts bourgeois et habitants ont dict et proposé à l'encontre d'icelui seigneur de Bussières  tout ce qu'ils ont voulu dire et proposer, et ledict seigneur de Bussières à l'encontre d'eulx, de tous les débats que ledict seigneur de Bussières avoit avec les habitants d'icelle ville et cité,  et lesdicts bourgeois et habitants avec ledict seigneur de Bussières, ont icelles parties demouré et demourent perpétuellement en bonne paix et accord, par ces présentes, sans que iceulx bourgeois et habitants ou aulcuns d'eulx  puissent jamais aulcunes chouses querreller ni demander audict seigneur de Bussières, ses tenants, alliés, aidants, adhérents et favorisants, pour quelques perdes et dommaiges que iceulx tenants et aidants leur aient faict en commun ou en particulier, par quelque voie ou manière que ce soit, et d'iceulx perdes et dommaiges de leur plein gré, sans force, violence ou inductions aulcunes, ont faict et font quittence perpétuelle audict seigneur de Bussières, tous ceulx qui l'on suivi, ses adhérents et alliés quelconques, et qui pour occasion dudict seigneur de Bussières leur pourroient avoir esté faicts et pourtés, et ont promis et promettent lesdicts bourgeois et habitants par ces présentes, par la foy et serment de leur corps et sous l'obligation de tous leurs biens, que pour cause et occasion desdicts dommaiges et perdes qu'il ont eus et soutenus par l'ordre dudict seigneur de Bussières, ses alliés vivants et adhérents et chouses avant dictes, eulx ou aulcun d'eulx ne demanderont jamais aulcune restitution en quelque manière que ce soit ;  et des chouses susdictes, iceulx bourgeois et habitants, dès maintenant font quittance... à icelui messire de Rougemont, sesdicts tenants et aidants, et pour eulx et leurs hoirs, sans fraude ou mal... et afin que ces chouses  aient plus grande force, nous avons faict mettre à ces présentes le scel et contrescel du bailliage de Lengres, à la jurisdiction de laquelle cour et toutes autres sprirituelles et temporelles, conjointement ou divisement devant plaid entamé, litis-contestations faictes en la cause ou après, lesdicts bourgeois et habitants se sont soubmis et soubmettent par ces présentes lettres, qui furent faictes et données audict Lengres, le vingt-quatriesme jour de juillet l'an 1417."
  Mais "il feust ainsin que ledict messire Jehan de Roigement par avant le jour de Noël ala de vie à trespassement, 1417." Sa veuve, Marguerite de Chauvirey, se remaria à Jean de Choiseul, seigneur d'Aigremont. Elle accorda, le 31 juillet 1420, l'affranchissement du droit de servitude et mainmorte à ses vassaux de la haute seigneurie.
  Peu de temps après, le domaine de Bussières passa dans la maison de Vergy. Jean de Vergy, seigneur de Bussières, vendit aux religieux de Saint-Antoine de Viennois la seconde partie de la seigneurie de Vesvrechien, par contrat du 15 novembre 1435. Guillemette de Vienne, veuve d'Antoine de Vergy, était, en 1440, dame de Bussières. Elle épousa en secondes noces, le 18 novembre de cette année, Thiébaud de Neuchâtel, veuf d'Agnès de Montbéliard, seigneur de Fayl. Thiébaud et Guillemette vendirent , le 27 mars 1457, pour la somme de trois mille florins d'or du Rhin, à Guillaume de Vaugelay, commandeur de l'hôpital et maison-dieu de saint Antoine d'Aumonières (33), les seigneuries de Bussières et Champsevraine avec la grange d'Ormont, "consistantes en villes, terres, seigneuries, châteaux, maisons fortes, fossés, rières-fossés, vergers, prez, terres arables et non arables, tant en bois comme en plain ; en hommes, femmes, bourgeois et bourgeoises de quelque état et condition qu'ils soient, leurs tenements et maisonnements, tailles, rentes, cens, issus et revenus, fours, moulins banaux, eaux, étangs grands et petits, bois banaux et non banaux, passages, paisonages et pâturages, en tout justice, haute, moyenne et basse, en épaves, extraves, en confiscation de corps et de biens, collation de bénéfices, droits, prérogatives, gardes d'église, en maimorte, serve condition, en corvées de bras et de charrues, et autres corvées quelles qu'elles soient, en geline,  en fiefs, rires-fiefs, la connaissance et seigneurie d'iceux et généralement toutes les appartenances et dépendances desdites seigneuries, les finages et territoires d'icelles, etc."
  Jusqu'alors, la terre de Bussières avait été de franc-alleu ; ses seigneurs ne relevaient que de Dieu et de leur épée. Les religieux de Saint-Antoine, craignant que cette propriété, devenue bien de mainmorte, ne fut exposée, en restant indépendante, aux incursions des seigneurs voisins alors très-puissants, demandèrent au roi des lettres d'amortissement. Louis XI les leur accorda en date du 20 novembre 1459. En même temps il inféoda le bourg à la grosse tour de Sens, et se réserva foi et hommage. Il parait que Guillaume de Vaugelay ne rendit pas assez exactement le devoir de fief. Car, dans des lettres patentes du 13 octobre 1462, le roi ordonna à son bailli de Sens de saisir la seigneurie de la Bussière, située dans les limites de son bailliage, entre Langres et Fouvent, faute de foi et hommage de la part de l'acquéreur. Celui-ci écrivit plusieurs fois au procureur du duc-comte de Bourgogne au bailliage d'Amot, pour savoir ce qu'il avait à faire en cette circonstance. Il y eut à ce sujet des débats entre les officiers de Louis XI et ceux de Philippe-le-Bon.

 À suivre...

L'abbé Briffaut, Histoire de la ville de FAYL-BILLOT et notices sur les villages du canton, 1860, pp. 225-231, Monographies des villes et villages de France, Le Livre d'histoire-Lorisse, Paris 2012.


30. Les Romains appelaient une ferme villa ; un domaine plus étendu se nommait curtis.

31. Cet ordre célèbre fut fondé en Palestine, au commencement du XIIè siècle, sous le pontificat de Pascal II et le règne de Baudoin, frère de Godefroy de Bouillon, et son successeur sur le trône de Jérusalem. On lui donna la règle monastique de saint Augustin. Les religieux faisaient les quatre vœux, d’obéissance, de pauvreté, de chasteté et de dévouement de défendre les pèlerins contre les infidèles. Leur costume fut celui des chevaliers du temps, avec une croix rouge à huit pointes sur le manteau noir. En 1112, le pape confirma par une bulle le nouvel ordre, qui reçut sa forme définitive en 1118. On l'appelait en dernier ordre de Malte.

32. Annuaire du diocèse de Langres pour l'an 1838, pag. 504.

33. Aumonières, Almosnières, du latin eleemosyna ou eleemosynarian domus, était, dans le principe, un gîte d'étape pour les soldats romains, et, plus tard un hospice établi pour recevoir les nombreux pèlerins qui allaient visiter la capitale du monde chrétien. Il est situé sur la chaussée de Langres à Rome par Besançon et Genève. C'est maintenant un hameau faisant partie du village de Pierrecourt, Haute-Saône,. La maison des religieux et leur église avec son clocher existent encore, mais dans un état de délabrement. Cette église fut réparée en 1605 avec le produit d'un bois de Bussières appelée la Vendue


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