Pacte vert pour l' Europe : c'est la course à l' Etat membre qui sera le plus vert... sur le papier

"La naïveté grotesque des enfants fait peine à voir, surtout si l’on veut bien la comparer à la maturité sereine qui caractérise les adultes. Par exemple, l’enfant croit au Père Noël. L’adulte non. L’adulte ne croit pas au Père Noël. Il vote."
Pierre Desproges
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Le monde irréel du Pacte Vert pour l'Europe-Taxonomie et nucléaire

Géopolitique de l’ Electricité

   Le « Pacte Vert pour l’Europe » a été présenté le 11 décembre 2019 par la nouvelle Présidente de la Commission Européenne, Ursula Von der Leyen. La question de la Taxonomie et le débat sur la place du nucléaire en sont des points importants. La neutralité carbone en 2050 est un but bien lointain pour une appréciation, par contre la proposition de remplacer l’objectif de réduction des émissions de 40 % des gaz à effet de serre en 2030 par rapport à 1990 par l’objectif ambitieux de réduction de 50%, voire 55% permet une analyse

  L’Agence Européenne de l’Environnement est un lieu privilégié où convergent les données et les tendances de chaque Etat membre. C’est là que s’élaborent les résultats de l’UE ensuite transmis aux Nations Unies. Comme chaque fin d’année, un mois avant la présentation du « Pacte Vert », l’Agence a rappelé qu’une réduction des émissions des gaz à effet de serre de l’UE de 30% en 2030 par rapport à 1990 restait la tendance inchangée depuis 2015. Comme d’habitude, elle a rappelé que des mesures nouvelles que les Etats membres mettaient en œuvre pourraient permettre d’obtenir mieux, cette fois-ci 36%. L’objectif de 40% reste problématique. Les prévisions de l’Agence sont crédibilisées par les mauvaises performances climatiques européennes depuis 2014, que les bons résultats de 2019, dues vraisemblablement en grande partie au réchauffement climatique, ne démentent pas. Il est regrettable qu’une analyse exhaustive expliquant cette tendance lourde inchangée menant à 30% de réduction en 2030 par rapport à 1990 ne soit pas effectuée. 
  Pourquoi avoir choisi comme objectif 50%, voire 55%, beaucoup plus élevé ? Douze Etats membres, dont la France, pressent la Commission de préparer une décision rapide pour 50-55%. Le Parlement Européen penche pour 55%. Pourquoi pas 60%, ou 45% ? La probabilité d'exclusion du nucléaire de la Taxonomie, alors que l'Agence Internationale de l'Energie le considère comme indispensable à la lutte contre le réchauffement climatique rend encore plus irréel l'objectif de réduction des émissions de 50%, voire 55% en 2030. Comme écrivait Catherine la Grande à Diderot: "Vous travaillez sur du papier qui souffre tout".

  (...) " L’Agence Européenne de l’Environnement est un organisme officiel de l’Union européenne, qui collecte les données des Etats membres et observe leur évolution, dont les émissions de gaz à effet de serre.Les travaux de l’Agence alimentent les statistiques européennes (Eurostat) ainsi que les résultats communiqués aux instances internationales.[...] 

  Un mois plus tard, la nouvelle Présidente de la Commission européenne, proposa,dans son projet de «Pacte Vert pour l’Europe», un objectif de réduction des émissions en 2030 de 50 à 55% 1 au lieu des 40% jugés déjà bien difficilement atteignables par l’Agence Européenne de l’Environnement. De nombreux Etats membres, dont la France,approuvent ces nouveaux objectifs. Le Parlement européen opte pour 55%. Comme écrivait Catherine la Grande à Diderot : «Vous ne travaillez que sur du papier qui souffre tout» [...] 
  Si du bout des lèvres il est souvent admis que l’atome peut contribuer à la lutte contre le réchauffement climatique, une majorité d’ Etats et de députés au Parlement européen estiment que le nucléaire ne satisfait pas au critère DNSH [Do Not Harm Significantly] voir plus haut, donc ne peut figurer dans la Taxonomie. [...] 
  L’association Agora Energiewende est à l’origine de la transition énergétique allemande qu’elle a contribuée à mettre en œuvre.[...] 
  La chute de la demande totale d’électricité 9 explique un peu plus de la moitié de la baisse de production des centrales à charbon lignite, qui s’est répercutée uniquement sur leur production. En effet, les renouvelables ayant priorité sur le réseau, leurs ventes ne furent pas affectées. L’efficacité énergétique a-t-elle joué un rôle cette baisse de la demande d’électricité? Non, écrit Agora Energiewende: «Les causes essentielles sont une faible croissance industrielle et un hiver doux» 9. L’efficacité énergétique n’est pas citée comme cause. [...]
  Désormais, le développement des renouvelables dans l’UE repose essentiellement sur le solaire et l’éolien. Or, ceux-ci produisent en quasi-totalité de l’électricité. Certes, dans les pays utilisant le charbon, comme l’Allemagne ou la Pologne, la part des émissions provenant de la production d’électricité peut être notable. Néanmoins l’électricité, d’une manière générale, correspond seulement à 20% de l’énergie consommée 18.En conséquence la part importante de renouvelables en électricité fait illusion. Elle est passée pour l’UE de 20 à 32% de 2010 à 2018, donc une grimpette de 12% fort honorable. Mais, pour la consommation totale d’énergie, l’augmentation est bien moindre : de 13 à 18% seulement, largement insuffisante pour apporter un appoint décisif à la politique climatique 19 [...]
Transmettre à nos descendants un climat préservé relevait du développement durable et était même une priorité. Il fut décidé d’établir une classification, on dira une Taxonomie, des activités considérées comme écologiquement durables 22.Six critères furent choisis, qu’une activité doit respecter pour être considérée comme durable 23 et figurer dans la Taxonomie : deux sont liés à la lutte contre le réchauffement climatique: «contributions à l’atténuation du changement climatique et à l’adaptation au changement climatique». Quatre autres relèvent de la protection générale de l’environnement et de la santé: l’utilisation durable et la protection des ressources aquatiques et marines, la transition vers une économie circulaire, la prévention et la réduction de la pollution, la protection et la restauration de la biodiversité et des écosystèmes. Ces quatre critères sont regroupés sous le sigle DNHS (Do Not Harm Significantly). Ce qui signifie qu’une activité les respectant est sensée ne pas nuire de façon significative à l’environnement et à la santé humaine 24
 
Lire l'étude dans son entier
http://geopolitique-electricite.fr/documents/ene-297.pdf

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