Les affairistes des énergies renouvelables ont peur, pour nombre d'entre eux, de boire la tasse ! Qu'ils soient rassurés, les pompiers de service que sont l' Union européenne en général et, la France en particulier, sont sur le coup, à la fois législativement et financièrement, pour les sauver. Pour cela, La France a pondu une nouvelle loi dit Loi relative à l'accélération de la production des énergies renouvelables :
Et pendant que les Européens se torturent l'esprit pour faire baisser leurs émissions de CO2**, en sacrifiant leurs populations, la Biodiversité et leurs patrimoines architecturaux classés, le monde continue de consommer toujours plus de charbon, l'énergie du 2Ième siècle, et n'en n'a jamais autant consommé que l'an dernier...
Allez ! une dernière pour la route.
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En Bourse, la bulle sur les énergies renouvelables a explosé depuis la pandémie
BFM Bourse — Le secteur a connu une envolée impressionnante durant la pandémie puis lors de l'éclatement de la guerre en Ukraine. Mais les hausses de taux et de matières premières ainsi que de récents avertissements sur résultats ont malmené les valorisations.
C'est une thématique qui est censée bénéficier de vents très porteurs, notamment au niveau des sujets ESG, environnement, social, gouvernance, les critères extra-financiers : les énergies renouvelables.
Plusieurs de ces valeurs sont présentes à la Bourse de Paris, telles que Neoen ou
Voltalia, pour ne citer qu'elles. Pourtant ces deux actions évoluent très loin de leur pic atteint fin 2020 ou début 202I,
avec une chute d'environ 60% pour l'une comme pour l'autre. Ces deux exemples français ne constituent pas des cas isolés, loin s'en faut. L'indice mondial S&P Global Clean Energy, qui rassemble une centaine d'actions du secteur, Vestas, Iberdrola, Orsted, First Solar, l'illustre parfaitement. De 853 points début 2020, cet indice a connu une hausse brutale à 2113 points début 202I, pour plonger et évoluer actuellement à 869 points.
La grande bulle de la pandémie
Ce qui laisse penser qu'une bulle s'était créée en 2020, année de la pandémie. " La grande bulle sur le secteur des énergies renouvelables s'est formée durant la pandémie, car le Covid-I9 a donné un coup de projecteur sur la nécessité d'investir dans les énergies renouvelables. Du jour au lendemain, les valorisations ont atteint un niveau stratosphérique et il fallait bien que tout cela éclate. C'est ce qui s'est produit au début de 202I", explique Martin Tessier, vice-Président, recherche actions Utilities et énergies renouvelables chez Stifel.
"
À cette date, les entreprises d'énergies renouvelables avaient atteint des niveaux de valorisation qui intégraient un caractère spéculatif, le marché anticipant de potentiels rachats. Les majors pétrolières, qui cherchent à se diversifier vers les renouvelables, étaient au premier rang des acquéreurs suspectés. Mais plusieurs dirigeants du secteur, comme le PDG de TotalEnergies, Patrick Pouyanné, ont évoqué une " bulle " sur le marché, contribuant à l’éclatement de celle-ci ", développe-t-il.
Un deuxième mouvement de hausse important a surgi l'an passé. " Une autre bulle, cette fois plus justifiée s'est créée en 2022, avec l'éclatement de la guerre en Ukraine. Pour simplifier, les Européens n'avaient plus accès au gaz russe et il a fallu trouver des sources d'énergie disponibles et à bas prix. Les renouvelables cochaient assez bien ces deux cases ", développe Martin Tessier.
" Heureusement l’Europe et plus particulièrement l’Allemagne ont surmonté cette crise en sécurisant des volumes additionnels de gaz, en l’occurrence, du GNL, en remplacement du gaz russe, ce qui a permis de n'avoir qu'un seul hiver tendu, celui de 2022. Cette bonne gestion de l’approvisionnement a permis au prix du gaz de revenir à des niveaux d’avant crise, réduisant les prix de l’électricité avec pour incidence finale un impact négatif sur les cours des entreprises du secteur renouvelable ", poursuit l'analyste.
" Un autre effet est lié au prix du gaz et de l'électricité. Par construction, les prix de marché de l'électricité dépendent de ceux du gaz, et donc avec l'envolée des prix du gaz en 2022, ceux de l'électricité ont suivi. La conséquence est que les producteurs d'électricité à partir d'énergies renouvelables ont vu les prix et donc leurs revenus et leur rentabilité progresser, amenant à des rehaussements de " guidance " : perspectives, NDLR. Jusqu'à ce que les pays européens instaurent, certes temporairement, des prices caps, des plafonds, sur les prix de l'énergie ", fait également valoir Martin Tessier.
" Ces prices cap ont calmé l'euphorie boursière. Les interventions réglementaires et la bourse ne font jamais bon ménage ", conclut-il.
Hausses des taux, des matières premières et avertissement sur résultats
Voilà pour le contexte des dernières années. Mais au-delà de ces bulles éclatées, d'autres facteurs ont pu jouer alors que l'indice S&P Clean Energy plonge encore de plus de 30% depuis le début de l'année.
La hausse des rendements obligataires a clairement pesé sur le secteur, dans la mesure où les groupes d'énergies renouvelables restent des valeurs de croissance, et donc par construction, leurs valorisations sont lestées par les hausses de taux. Un peu comme la tech.
L'envolée des cours des matières premières pénalisent également ces titres. "
Dans le solaire, les prix du polysilicum, le matériau de base des panneaux solaires, 30% à 40% du coût total, ont nettement augmenté à la suite de la pandémie en 2020, mais ils sont en baisse de 75% sur les I2 derniers mois, et sont de nouveau proches de leur niveau pré-pandémie, ce qui est de bon augure pour les développeurs de projets photovoltaïques. En revanche les coûts des métaux dans l'éolien, comme l'acier, l'aluminium, le ciment, restent élevés, d'autant que pour l'offshore, il faut ajouter le prix du transport maritime ", énumère Martin Tessier.
Ce qui s'ajoute aux soucis déjà bien connus du secteur. " Il existe un problème de rentabilité important dans ce secteur, avec des prix d'acquisitions de l'électricité qui ne sont pas assez élevés pour ces projets, et il va falloir que les gouvernements se penchent sur cette question ", souligne Benjamin Louvet, responsable de la gestion matières premières chez OFI Invest Asset Management et co-auteur du livre " Métaux le nouvel or noir "*, qui vient d'être publiée.
" Les projets prennent par ailleurs du temps. Un champ éolien offshore nécessite un peu plus de I0 années de mise en place ". " La durée d'obtention des permis est longue, supérieure, à deux ans dans l'éolien bien que ce seuil ait été fixé comme un maximum par l’Union Européenne ", poursuit-il.
Des avertissements sur résultats de la part de grands acteurs n'ont par ailleurs guère aidé le marché à reprendre confiance.
Fin juin,
Siemens Energy, division du conglomérat allemand
Siemens cotée à part à Francfort, avait abandonné son objectif de rentabilité pour 2023, à la suite
de difficulté de sa filiale espagnole Siemens Gamesa. Cette dernière avait alors fait part d'une hausse importante des défaillances de composants techniques dans ses éoliennes.
Plus récemment, fin août, le danois Orsted a annoncé un total de I6 milliards de couronnes danoises, 2,2 milliards d'euros, d'" impairments ", des dépréciations, liés à trois projets éoliens offshore aux États-Unis. Ce en raison de retards avec les fournisseurs, de difficultés à obtenir certains avantages fiscaux auprès de l'administration américaine, et de coûts de financements plus élevés dus à la hausse des taux.
" Cette annonce, spécifique à Orsted et à l’éolien offshore aux États-Unis, s’est propagée à l’ensemble des renouvelables, toute technologie et géographie confondue. À tort, car la situation est bien moins catastrophique sur les autres technologies, notamment sur le solaire. Le facteur émotionnel a beaucoup joué dans la récente chute du secteur ", juge Martin Tessier de Stifel.
Des opportunités
Avec ces baisses, de potentiels point d'entrée peuvent apparaître pour les investisseurs. " Il peut y avoir de bonnes opportunités boursières dans le solaire, où les capex, dépenses d'investissements, NDLR, unitaires sont en baisse de I0-20% sur les I2 derniers mois, et où l’acceptation sociale est nettement plus élevée que dans l'éolien offshore et onshore ", pointe Martin Tessier.
Alors que les majors pétrolières rechignaient à racheter des cibles dans le secteur, peuvent-elles changer de braquet en réalisation des acquisitions ?
" La valorisation peut aujourd'hui être attractive sur certains acteurs dans l'optique de potentiels rachats. Le secteur se traite désormais environ 9X fois l' Ebitda 2024, contre I4-I5X fois auparavant. Le ratio EV/MW, valeur d'entreprise par mégawatt, NDLR, des opérateurs européens ressort à €900k/MW, soit environ le même niveau que le capex unitaire moyen actuel pour le solaire et l’éolien onshore ", estime en tout cas Martin Tessier.
L'expert considère toutefois que les valorisations ne devraient pas être tirées davantage par un quelconque engouement accru du marché pour les sujets ESG. " La thématique ESG marche surtout dans un marché bullish : haussier. Dans un marché baissier, les fondamentaux économiques et la théorie financière reprennent le dessus ", explique-t-il.
* Métaux le nouvel or noir, demain la pénurie ? de Emmanuel Hache et Benjamin Louvet, éditions du Rocher.
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