FRANCE, ALLEMAGNE, DETTE PUBLIQUE : LA CIGALE ET LA FOURMI AD VITAM ÆTERNAM ?

  " En politique, le meilleur moyen de tenir sa parole est de ne pas la donner !... "
  NAPOLÉON Ier, I769-I82I.
    " Il y a deux moyens d’assujettir un peuple.
   Le premier est par l’épée. Le second est par la dette.
"
    ADAMS John, I735-I826, président des États-Unis  : I797-I80I.
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Discipline budgétaire : une leçon allemande


   Le 15 novembre dernier, la cour constitutionnelle allemande a interdit au gouvernement d’utiliser 60 milliards d’euros pour financer son programme de lutte contre le changement climatique. Cette somme était ce qui restait d’un fonds constitué en 202I pour faire face à la pandémie. Le jugement pourrait aussi affecter quelque 200 milliards supplémentaires mis de côté pour aider à la reprise économique. Les 60 milliards représentent I,4% du PIB, les 200 milliards 4,5%, ce n’est pas rien. Cette décision illustre la manière dont l’Allemagne est arrivée à contrôler sa dette publique. En creux, elle explique pourquoi la France n’y arrive pas.

  En I99I, la dette publique de l’Allemagne représentait 38% de son PIB, celle de la France 36%. Aujourd’hui, on en est à 65% et 110%, respectivement. Les gouvernements français qui se sont succédé durant ces trois décennies nous ont expliqué que les déficits budgétaires étaient nécessaires pour préparer l’avenir. Si c’était vraiment leur motivation, ils ont échoué. Le revenu par tête de la France équivaut aujourd’hui à 80% de celui de l’Allemagne, contre 92% en I99I. Quant au taux de chômage, il a chuté en Allemagne de 5,2% à 3,I% pendant qu’il passait de 8,I% à 7,4% en France, et cette réduction est récente, le résultat des réformes impopulaires de Macron : en 20I7, le taux de chômage était de 9,4%.
  Mais préparer l’avenir n’a jamais été la vraie motivation, hélas. En matière budgétaire, chaque année, chaque gouvernement ne pense qu’à augmenter ses dépenses pour satisfaire les innombrables demandes de tous les groupes de pression, en évitant autant que possible d’augmenter les impôts. Et même ainsi, ils ont tous échoué. Chaque année le budget est resté en déficit. Les dépenses publiques absorbent la moitié du total des dépenses, contre environ 40% en Allemagne, sans que le service public ne fournisse plus ou de meilleurs services aux Français. Tous les gouvernements se laissent aller, même ceux d’Emmanuel Macron qui avait pourtant promis de réduire la dépense et restaurer l’équilibre budgétaire.
  La raison de cette triste situation est que la notion de discipline budgétaire est parfaitement étrangère aux responsables politiques français et à leur électorat, alors qu’elle est au cœur de la politique allemande. Partant du principe qu’aucun gouvernement ne peut pas résister à la tentation d’emprunter pour dépenser, l’Allemagne a adopté en 2009 une loi constitutionnelle dite loi de frein à l’endettement. La loi établit une règle simple : le déficit ne doit jamais dépasser 0,35% du PIB.
  La simplicité étant une source de rigidité, trois aménagements ont été prévus. D’abord, le déficit prend en compte les fluctuations cycliques : un ralentissement économique réduit les rentrées fiscales, qui gonflent en période de croissance rapide. La loi décrit comment calculer le déficit corrigé de ces fluctuations cycliques, qui est soumis au plafond de 0,35%. Ensuite, si on constate un glissement après l’exécution du budget, le montant correspondant est inscrit dans un compte de contrôle, qui ne peut jamais excéder I% du PIB. Si un excès se produit, il doit être vidé au plus vite grâce à des surplus budgétaires, sous la surveillance tatillonne de la cour constitutionnelle. Enfin, la règle peut être temporairement suspendue en cas de circonstances exceptionnelles. Dans ce cas, l’excès de déficit n’est pas inscrit dans le compte de contrôle. De fait, il est oublié.
  La pandémie a permis de déclencher la clause de circonstances exceptionnelles, mais elle se termine à la fin de cette année. C’est au nom de cette clause que les sommes incriminées ont été budgétées. Ce sont ces montants, ou ce qui en reste, que le gouvernement avait prévu de dépenser dans les années qui viennent pour une bonne cause, la lutte contre le changement climatique. La cour constitutionnelle ne s’est pas laissé attendrir. La loi, c’est la loi, a-t-elle décidé.
  Traversons le Rhin. La loi allemande sur l’endettement avait été adoptée après une recommandation de la Commission européenne qui demandait à chaque pays de la zone euro d’adopter sa propre règle budgétaire, compatible avec le pacte de stabilité, et de l’inscrire « si possible » dans la Constitution. C’était sous la présidence de Nicolas Sarkozy. La réponse de la France a été minimaliste : la limite européenne de 3% a été adoptée dans une loi organique, qui n’est donc pas inscrite dans la Constitution. On ne voulait pas d’un « gouvernement des juges ». Fort bien, mais que se passe-t-il quand la limite des 3% est dépassée ?
  On a créé en 20I2 un Haut Conseil des Finances Publiques, chargé de vérifier la sincérité des projets budgétaires et leur compatibilité avec les engagements du pacte de stabilité. Formellement, ce Haut Conseil est indépendant et il est abrité par la Cour des Comptes qui lui fournit l’aide dont il a besoin. Mais ses avis sont consultatifs. Il est probable que quasiment personne n’a jamais entendu parler de ce Haut Conseil, et encore moins de ses avis. On peut se rassurer que la Cour des Comptes rende aussi un avis annuel sur l’exécution du budget, mais cet avis est également consultatif, d’autant que, de toute façon, il est trop tard après coup pour corriger le tir en cas de besoin. Autrement dit, la version française du frein à l’endettement allemand est impuissante face au gouvernement. Ceci explique cela : la dette publique.
  Ces temps-ci, les responsables politiques français se pressent autour des micros pour sonner le tocsin face à la hausse rapide de la dette publique et, avec la hausse des taux d’intérêts, de la charge de la dette. Fini le quoi qu’il en coûte,— mais oubliée la facture, — il est temps de s’attaquer à la dette ! Pourtant, personne ne semble comprendre que rien ne changera de manière durable tant que le processus budgétaire ne sera pas encadré par une loi plus sérieuse et qui permette au conseil constitutionnel de censurer le gouvernement.
  Les médias n’ont guère mentionné la décision allemande, comme si cela n’avait aucun intérêt. Ils vont peut-être se raviser car le gouvernement allemand vient de signaler qu’après cette censure, il ne pourra pas contribuer ce que l’on attend de lui pour financer une rallonge au budget de la Commission Européenne, ce qui va concerner la France.
  Ni les politiques, ni la haute administration ne sont prêts à céder une once de pouvoir au nom de la discipline budgétaire. Ils savent bien qu’il est dangereux de laisser la dette publique grimper année après année, mais c’est un problème à régler demain, alors qu’aujourd’hui les besoins de dépense sont impérieux, urgents et, bien sûr, exceptionnels. Il n’y a pas de limite bien définie à l’endettement des États, mais des crises qui émergent soudainement presque par hasard.

   Sur le Web

FAYL-BILLOT, PIERREMONT-SUR-AMANCE & PRESSIGNY : L' USINE ÉOLIENNE ÉPINGLÉE PAR L' INSPECTION DES INSTALLATIONS CLASSÉES

   Suite à la requête de l'ancienne préfète Anne Cornet, qui a occupé ses fonctions de février 2022 à septembre 2023, la Direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement, DREAL, via l'Inspection des installations classées, a mis en place une pratique régulière de visites d'inspection dans les usines éoliennes en activité. L'objectif de ces inspections est de vérifier que les exploitants de ces sites respectent toutes les recommandations énoncées dans les arrêtés préfectoraux autorisant leur exploitation. C'est dans ce cadre que l'usine " Haut Vannier ", composée de I7 éoliennes, a fait l'objet d'une inspection.*
  Quels ont été les résultats de cette inspection ? Selon les termes de l'arrêté n° 52-2023-11-00042, il semblerait que les infractions constatées soient mineures. Je vous laisse vous faire votre propre opinion à ce sujet !
 
* Cette action faisait suite aux questions soulevées par une association locale, concernant  l'exploitation de l'usine qui est conditionnée à la mise en place de mesures telles que la plantation de haies et d'un parc arboré.
 
 



 Les Rapports de l'Inspection des installations classées, I0 février 2022 et I6 juin 2023, sont disponibles ICI





 
  Ainsi, la seule critique émise concerne le non-respect de la clause contractuelle relative à la plantation de I 200 mètres linéaires de haies ! INCROYABLE ! Nous avons affaire à une usine éolienne presque exemplaire ! Et la mortalité de rapaces et de chiroptères, on en parle ? Et le bruit persistant par vent fort, on en parle ? Et les cultures qui s'étendent jusqu'aux pieds des mâts de certaines éoliennes, ne respectant pas la distance minimale de 8 mètres imposée autour des mâts et créant ainsi un danger pour les rapaces chassant de petits mammifères, on en parle ? Et de la pale HS, démontée gisant au sol, auprès de l'éolienne E7, on en parle ?
  Bien sûr, les optimistes, ceux qui voient le verre à moitié plein, diront que cette dénonciation est préférable à l'absence totale de contrôle, considérant cela comme un début positif et se féliciteront de la sanction. En revanche, les pessimistes estimeront que cette enquête ressemble davantage à une formalité qu'à une investigation approfondie ! L'avenir nous dira qui de Jean qui rit ou de Jean qui pleure, avait raison !...

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CAROLINE DU NORD : L' ÉNERGIE SOLAIRE ACCROISSE-T-ELLE VRAIMENT LES DANGEREUSES ÉMISSIONS D' OXYDE D'AZOTE, DITES NOx ?

  " Les mots ! Les mots ! On a brûlé au nom de la charité, on a guillotiné au nom de la fraternité. Sur le théâtre des choses humaines, l'affiche est presque toujours le contraire de la pièce. "
  DE GONCOURT Edmond, I822-I896, et Jules, I830-I870
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La Duke Energy* accuse l'énergie solaire d'augmenter la pollution

   Une enquête de sept mois et de nombreuses demandes d'informations publiques ont révélé que le développement de l'énergie solaire pourrait entraîner une augmentation des émissions que les sources d'énergie alternatives visent justement à réduire.
  Kim Crawford, porte-parole de Duke, a confirmé que l'augmentation de l'énergie solaire sur le réseau électrique de l'État accroît les émissions d'oxyde d'azote, NOx, un polluant atmosphérique dangereux. Elle a ajouté que les réductions des émissions de dioxyde de carbone, CO2, pourraient également s'inverser si la croissance actuelle de l'énergie solaire se poursuit sans changement de politique.
  Les défenseurs du climat accusent l'augmentation des gaz d'origine humaine tels que le CO2 d'être à l'origine du réchauffement de la planète et ont fait la promotion de l'énergie solaire en la qualifiant d'énergie écologiquement propre.
  Selon les experts, une augmentation des émissions nécessite de repenser la politique énergétique nationale.
  Crawford a fourni des mesures montrant que même par temps ensoleillé, — lorsque l'énergie solaire est à son maximum, — davantage de pollution par les NOx est rejetée dans l'air que si l'on n'utilisait pas d'électricité solaire et que l'on utilisait du gaz naturel à la place.
  En effet, les centrales électriques traditionnelles, y compris les centrales au gaz naturel plus propres, doivent réduire leur production d'électricité pour s'adapter à l'énergie solaire qui afflue dans le système lorsque le soleil se lève, et la remettre en marche lorsque le soleil se couche et que l'énergie solaire se dissipe. Ces démarrages et arrêts réduisent l'efficacité et neutralisent les dispositifs de contrôle des émissions, ce qui augmente les niveaux de polluants.
  D'autres jours, l'énergie solaire est irrégulière et peut entraîner des cycles plus fréquents des sources de réserve, ce qui diminue encore l'efficacité de la centrale électrique. Ces cycles plus fréquents peuvent entraîner une augmentation des émissions et une usure excessive des équipements coûteux.
  Les données de Duke soulèvent de nouvelles questions pour les décideurs et les régulateurs de Caroline du Nord. L'État comptait 4 49I mégawatts, MW, de capacité solaire installée au deuxième trimestre 20I8, juste derrière la Californie. En vertu de la loi actuelle, ce chiffre devrait passer à 6 800 MW d'ici 2025, d'après le Carolinas Resource Plan, proposé par Duke Energy.**
  Les défenseurs des énergies renouvelables insistent sur le fait que l'énergie solaire pourrait remplacer les centrales électriques fonctionnant aux combustibles fossiles pour lutter contre le changement climatique. La Caroline du Nord a créé des subventions financées par le contribuable pour soutenir la croissance de l'énergie solaire. La loi fédérale prévoit des contrats gouvernementaux garantis pour l'achat d'énergie solaire. L'interprétation de cette loi par la Caroline du Nord a donné des incitations aux opérateurs solaires et l'État a passé 60 % des contrats nationaux dans le cadre de ce mandat fédéral.
  " Après avoir engagé 2 milliards de dollars en crédits d'impôt et plus d'un milliard de dollars en paiements excessifs d'électricité pour l'énergie solaire, Duke nous apprend que les oxydes d'azote ont en fait augmenté et que le CO2 pourrait aller dans la mauvaise direction ", a déclaré Donald van der Vaart, ancien secrétaire du ministère de la qualité de l'environnement de Caroline du Nord et conseiller en politique énergétique de l'État dans l'administration McCrory.
  " Cela devrait choquer tous ceux qui sont responsables de la qualité de l'air en Caroline du Nord et de la politique énergétique du pays ", a déclaré M. van der Vaart.
  " Cette question mérite d'être réexaminée, et il faut le faire rapidement ", a déclaré Dan Kish, membre éminent de l'Institute for Energy Research, après avoir examiné les données de Duke.
  " C'est une bonne chose pour les financiers de Wall Street et pour ceux qui veulent gagner rapidement de l'argent pendant que le soleil brille, mais cela nous laisse avec un réseau de plus en plus instable et des externalités telles que l'augmentation de la pollution ", a déclaré M. Kish. " Les régulateurs doivent se rappeler que leur travail consiste à s'assurer que les artistes de l'argent rapide ne s'emparent pas des poches des consommateurs et ne leur laissent pas un réseau plus faible et moins résistant. "
  Steve Goreham, conseiller politique à l'Institut Heartland, qui écrit et donne des conférences sur l'énergie, le climat et la pollution, pense que les preuves fournies par Duke méritent un examen plus approfondi de la part des décideurs politiques. À sa connaissance, c'est la première fois qu'une compagnie d'électricité révèle des données internes montrant que l'énergie solaire augmente les émissions nocives des générateurs de secours alimentés au gaz.
  " En général, ce genre de choses n'est pas rendu public ", a déclaré M. Goreham. " Il est difficile d'obtenir des données à ce sujet. "
  Selon M. Goreham, des études menées au Colorado et aux Pays-Bas ont conclu que l'ajout de l'énergie éolienne au réseau électrique augmentait les émissions de CO2. M. Kish et lui estiment qu'il est logique que ces mêmes principes s'appliquent à l'énergie solaire.
  Tout le monde n'est pas d'accord. Un rapport publié en 20I3 par le National Renewable Energy Laboratory et d'autres chercheurs a conclu que les émissions de CO2 sont négligeables lorsque l'énergie éolienne et l'énergie solaire sont ajoutées au réseau électrique. Les émissions de NOx pourraient être réduites un peu plus que prévu, mais les polluants de type dioxyde de soufre pourraient augmenter.
  Cette étude s'appuyait sur des simulations informatiques et des scénarios hypothétiques, tandis que les chiffres de Duke sont basés sur des données enregistrées dans le cadre d'opérations à grande échelle.
  Duke tente d'atténuer la situation. En réponse à des demandes d'archives publiques, le DEQ [Department of Environmental Quality] a publié des documents montrant que Duke cherche à faire réviser ses permis de qualité de l'air. Duke souhaite que les régulateurs assouplissent les restrictions imposées à plusieurs de ses centrales électriques afin de faire face à l'essor de l'énergie solaire.
  On ignore depuis combien de temps le ministère de la qualité de l'environnement de l'État est au courant de la pollution liée à l'énergie solaire, pourquoi elle a été autorisée à persister et pourquoi les législateurs et le public n'ont pas été informés que l'énergie solaire augmentait les émissions de NOx. Sharon Martin, porte-parole du DEQ, a déclaré qu'il serait prématuré de faire des commentaires tant que les demandes de Duke sont en cours d'examen.
 Les responsables de la compagnie d'électricité ont présenté le plan aux régulateurs environnementaux de l'État lors d'une réunion de préparation à la demande le 23 août 20I8. Crawford a déclaré que Duke avait déposé des demandes officielles le 26 mars de cette année. Malgré des demandes répétées sur le statut des demandes, le DEQ n'a pas fourni de copies avant juin.
  En vertu de ses permis actuels dans ce marché fortement réglementé, Duke doit arrêter complètement les turbines à combustion de secours lorsque l'ensoleillement est maximal, puis les redémarrer lorsque le soleil se couche.
  Duke souhaite que le DEQ délivre de nouveaux permis autorisant les turbines à combustion à monter et descendre en régime à partir d'un fonctionnement au ralenti " à faible charge ", au lieu de les éteindre et de les rallumer complètement lorsque l'ensoleillement augmente et diminue. Dans ses demandes de permis, Duke a déclaré que cela réduirait les émissions de polluants et le stress sur les équipements.
  Dans une série d'échanges de courriels pour cet article, Crawford a fourni des informations provenant d'une équipe d'experts de Duke confirmant que les émissions de NOx seraient plus faibles s'il n'y avait pas d'énergie solaire sur le réseau électrique.
  Sans énergie solaire, " une turbine à combustion à cycle combiné typique émet des NOx à hauteur d'environ 9-11 lb/h, en supposant un fonctionnement " normal " pendant 24 heures ", a déclaré M. Crawford. Cela équivaut à 264 pounds d'émissions de NOx, par jour. Lorsque ces mêmes centrales sont exploitées pour compléter des installations solaires, les émissions quotidiennes font plus que doubler pour atteindre 624 pounds/jour, d'après un tableau figurant dans la demande de Duke.
  Si le DEQ accepte l'autre scénario d'exploitation de Duke, une turbine à combustion émettrait 38I pounds de NOx par jour, soit 44 % de pollution en plus par rapport à une exploitation sans énergie solaire sur le réseau.
  " En cherchant à modifier ses permis, Duke fait de son mieux compte tenu des obligations en matière d'énergie solaire en Caroline du Nord ", a déclaré M. Van der Vaart.
 
 
 Extrait du dossier de pré-demande de Duke Energy remis à la N.C. Division of Air Quality.
 
  L' American Lung Association [organisation de santé bénévole dont la mission est de sauver des vies en améliorant la santé pulmonaire et en prévenant les maladies pulmonaires par l'éducation, la défense des droits et la recherche] avertit que les NOx peuvent provoquer de l'asthme chez les enfants et des problèmes respiratoires chez les populations vulnérables. Les NOx contribuent également à la formation d'ozone, de smog et de pluies acides.
  Les oxydes d'azote sont l'un des six polluants pour lesquels des normes nationales de qualité de l'air ont été créées dans le cadre de la loi sur la qualité de l'air : Clean Air Act.
  L' EPA [Environmental Protection Agency] a récemment imposé un règlement national de I4,7 milliards de dollars au constructeur automobile Volkswagen pour avoir produit des véhicules qui dépassaient les limites d'émission de NOx. Le ministère de l'environnement est l'agence principale de l'État chargée d'élaborer un plan d'atténuation pour la Caroline du Nord, avec 92 millions de dollars provenant du décret de consentement de VW.
  Les données sur les émissions de dioxyde de carbone de Duke sont moins certaines que les chiffres sur les NOx. " Nous nous attendons à une légère augmentation des émissions de CO2 au niveau de la centrale en raison de la réduction des émissions par rapport à l'arrêt et au redémarrage ", a déclaré Mme Crawford.
  En général, a-t-elle ajouté, l'augmentation de la production solaire tend à réduire les émissions de CO2 si la production nucléaire et d'autres facteurs restent constants.
  " Toutefois, à mesure que la production solaire augmentera, cet effet diminuera et pourrait s'inverser à un moment donné en raison de la diminution de l'espace disponible pour une production plus efficace ", a déclaré Mme Crawford. Selon M. Crawford, des générateurs moins efficaces, conçus pour des cycles courts, pourraient en fin de compte être utilisés pour fournir de l'énergie de secours en cas d'intermittence de l'énergie solaire.
 
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Installation de panneaux solaires dans le comté de Clay, Caroline du Nord; Clay County Documentary Project, David Smart Collection

  Elle a cité des études qui concluent que les compagnies d'électricité doivent couper l'énergie solaire du réseau électrique plus fréquemment à mesure que la production solaire augmente. En effet, la quantité d'électricité produite est supérieure à celle qui peut être utilisée ou exportée vers d'autres États.
  La loi de Caroline du Nord n'autorise pas les compagnies d'électricité à couper l'énergie solaire lorsqu'elle n'est pas nécessaire, à quelques exceptions près. Selon M. Crawford, si Duke n'obtient pas l'autorisation de modifier son permis pour permettre aux turbines de combustion de tourner au ralenti au lieu de s'éteindre, il ne lui restera que deux options viables pour faire face à l'augmentation de la production d'énergie solaire.
  Elle pourrait exporter l'énergie excédentaire vers d'autres régions, mais les capacités de transmission sont limitées.
  Duke pourrait également réduire la production nucléaire, mais cela augmenterait les émissions de CO2. M. Crawford a déclaré qu' " il est possible que la production nucléaire soit affectée par l'énergie solaire, mais nous ne pouvons pas l'affirmer avec certitude à ce stade ".
  Selon M. Kish, si les compagnies d'électricité mettent hors service les centrales nucléaires pour répondre aux besoins de l'énergie solaire, elles annuleront les réductions antérieures des émissions de CO2 et compromettront l'économie du réseau.
  " Les énergies renouvelables ont l'air bien, mais leurs performances sont terribles. Si vous voulez que l'électricité soit disponible quand vous en avez besoin, vous ne voulez pas d'une énergie renouvelable intermittente et peu fiable ", a déclaré M. Kish. " C'est comme un cancer sur un réseau efficace, avec ses hauts et ses bas qui obligent d'autres sources à prendre le relais de la manière la plus inefficace qui soit et qui, dans certains cas, est plus polluante. "

  Sur le Web

* Duke Energy Corporation est une société américaine de capital électrique et de gaz naturel dont le siège est à Charlotte, Caroline du Nord.
** " Notre Carolinas Resource Plan est la feuille de route proposée par Duke Energy pour la Caroline du Nord et la Caroline du Sud, d'une énergie plus propre sans compromettre la fiabilité du réseau, l'accessibilité financière de l'énergie ou les besoins énergétiques d'une région en pleine croissance.

L’ AGONIE D’ UNE ARMÉE, METZ – I870, JOURNAL DE GUERRE D’UN PORTE-ÉTENDARD DE L’ ARMÉE DU RHIN, ÉPISODE XIV

Précédemment
 https://augustinmassin.blogspot.com/2023/11/l-agonie-d-une-armee-metz-i870-journal_20.html
 
   Pendant la paix nous avions exercé nos cavaliers à pointer à toutes allures sur des mannequins : ils allaient mettre sur l'adversaire ces leçons en pratiquecxxvii. Autant que faire se peut, négliger les coups de sabre, le coup de pointe pénétrant, bien appliqué, est souvent mortel il n'en est pas de même du coup de sabre qui demande plus de force et n'a pas la même puissance destructrice. En quelques mots rapides nous leur fîmes nos recommandations dernières : le calme indispensable pour profiter des fautes; se glisser de façon à avoir son ennemi à sa droite, ou faire face et ne pas offrir le flanc; enfin et surtout, de la tête, du sang-froid. Ne pas agir à tort et à travers, se montrer preste, adroit et prompt; plonger autant que possible le sabre dans le flanc du cheval, le retirer rapidement et atteindre le cavalier dans les mêmes conditions; choisir d'instinct le défaut de la cuirasse; faire vite, avec énergie et vigueur : ce n'est pas compliqué, il suffit d'être calme. Enfin si le cheval et le cavalier n'ont pas été renversés à la première attaque, ce qui est très rare, activer les coups de pointe ou se tenir en garde, prompt à la riposte.
  Les uhlans ralliés, se sentant appuyés par les cuirassiers de Magdebourg, s'élancèrent sur nous, lance croisée. C'est à ce moment qu'au commandement de " Chargez ! " répété par tous les officiers, notre alignement maintenu jusqu'à-là, fut rompu pour permettre aux chevaux les plus vigoureux de donner tout leur élan de charge à fond. Il en est de ces animaux comme des cavaliers audacieux : le danger les attire.
  Nous arrivâmes sur les uhlans comme une trombe. Nos chevaux, lancés à une allure de champ de course, faisaient trembler la terre qui résonnait sous leurs foulées. Quelle ne fut pas notre surprise, en voyant cette cavalerie qui avait pris la première l'initiative de se précipiter sur nous, faire demi-tour à une vingtaine de mètres au moment d'être atteinte; elle nous tournait le dos, fuyait dans un grand désordre ! Elle qui nous avait provoqués, croyant sans doute nous influencer par la menace de ses lances garnies de petits drapeaux noirs et blancs et qui, inclinés horizontalement, produisaient réellement un effet terrifiant.
  Comment, ces fiers uhlans, cette cavalerie si renommée, dont toute l'armée vantait l'audace et le courage, c'était cela ? Ils ne se défendaient même plus ! Ils fuyaient devant les sabres de nos cuirassiers !
  Oh ! alors, notre victoire sur eux fut facile. Nos chevaux, entrainés par la rapidité de l'allure, joignirent les uhlans embarrassés de leur lance. À notre grand étonnement, ils ne montrèrent pas dans cette rencontre la valeur que la légende se plait à leur attribuer.
  Ce qui resta des uhlans s'éparpilla dans toutes les directions; le reste du I0e cuirassiers, les dragons de Murat et la cavalerie de Valabrègue les poursuivirent. Quand ils passaient à proximité de l'infanterie, des coups de fusil les battaient. Les autres que l'on n'a pu atteindre se sont ralliés sur des cuirassiers du Roi qui, à leur tour, se précipitèrent sur nous. Ce fut autre chose que les uhlans !
  Le grand choc eut lieu ! La mêlée à l'arme blanche se généralisa. Il faut s'observer, agir vite, il n'y a plus une minute à perdre : deux coups de pointe envoyés pendant que ces lourds cuirassiers blancs lèvent le bras en l'air pour donner leur coup de sabre, voilà ce qu'il était utile de démontrer à nos soldats. Ils comprirent, en effet, qu'en procédant ainsi, leur effectif était en quelque sorte doublé. Dans ce combat acharné, ce fut un duel à mort entre les deux régiments, 7e cuirassiers du Roi et 7e cuirassiers françaiscxxviii
  Les Allemands n'avaient ni la même méthode de combattre que nous, ni la même agilité. Ces colosses montés sur de grands chevaux mecklembourgeois, fatigués et blancs d'écume, se trouvèrent devant nous en mauvaise posture. Nos cavaliers prirent rapidement le dessus et ne furent pas intimidés; ils remarquèrent vite que le coup de sabre qui découvre le cavalier est très inférieur au coup de pointe.
  Quand aux uhlans, ils ne tinrent pas ! À la première sommation, ils jetèrent bas leurs armes et se rendirent. Leurs officiers étaient dans une agitation extrême; ils lançaient des commandements colères, désespérés, menaçaient leurs cavaliers de leur arme; mais sans succès.
  Le terrain était couvert de chevaux et d'hommes morts ou mourants; nos cuirassiers étaient pleins d'orgueil et de fierté devant ce  résultat. Ce qui ne se rendit pas fut impitoyablement sabré ! Ce fut un carnage épouvantable. Que de vies détruites en si peu de temps !
  Notre brave colonel était radieux; nous avions tous l'œil sur lui pour le préserver du danger; il combattit comme un simple soldat, donnant l'exemple de la bravoure à tout son régiment engagé sans réserve dans cette affaire. Il criait en allemand ce qui se traduit par : " Bas les armes ! ", les réponses " Ja ! ja ! " ne se faisaient pas attendre. Ces soldats, dont beaucoup étaient blessés, jetaient bas leurs armes, mettaient pied à terre, débouclaient leurs cuirasses et se rendaient. Vers la fin de la lutte, l'ennemi se sentant vaincu, cherchait à fuir. Quelques courageux préféraient mourir les armes à la main. Nous avons remarqué un cuirassier adossé à son cheval qui, ayant les doigts de la main gauche coupés, résistait comme un lion; on eut bien de la peine à le désarmer; il nous blessa plusieurs cavaliers avant de se rendre. Le capitaine Chauveau de Bourdon [Edmond Joseph, I834-I896; il est nommé chef d'escadron, instructeur en chef à l'école de cavalerie de Saumur, I875 et général de brigade, I893] fit épargner ce courageux soldat. Un autre, quoique prisonnier, avant de rendre ses armes, déchargea son gros pistolet sur un groupe où se trouvait le sous-lieutenant Motte qu'il visa particulièrement. Il n'atteignit pas cet officier, et, malgré les prières de ce dernier qui voulait qu'on l'épargnât, il fut tué par un cavalier du 7e qui lui traversa la gorge d'un coup de pointe.
 
La guerre de l'Allemagne contre la France / n°I3 / La bataille de Mars-la-Tour le I6 août 1870. Auteur inconnu, entre I870 et I87I. Musée Carnavalet, Paris.
 
 
   CHAUVEAU de BOURDON, Edmond. Photo : Pierfit

  Ceux qui ne se rendirent pas ensuite, furent, quand ils cherchèrent à se défendre, exterminés sans pitié. C'est de rigueur dans un corps à corps, tant qu'il en reste.
  Le 9e bataillon de chasseurs qui se trouvait en arrière et sur notre gauche, ne croyant avoir à portée que des cuirassiers blancs, tiraient dans la mêlée de notre côtécxxix; nos hommes et nos chevaux furent blessés par leurs projectiles que l'on put extraire et reconnaître après la charge; heureusement que les salves mal dirigées passant au-dessus de nous ne nous firent pas grand mal.
  Ce bataillon avait perdu son sang-froid. Il était " affolé " suivant les dires du commandant d'artillerie Vignotti qui nous a déclaré avoir eu beaucoup de peine à faire cesser le feu des chasseurs en prêtant son concours aux officiers de ce bataillon tandis que nous étions aux prises avec l'ennemi.
  On ne cessa de se battre qu'après la destruction complète de la brigade de BredowcxxxOn avait fait courir le bruit que le général se trouvait parmi les morts; nous avons appris par des officiers prisonniers qu'il n'avait pas pris part à la lutte.
  La grande préoccupation des officiers de uhlans que nous avons ramenés était de nous persuader que leurs cavaliers étaient des soldats très braves; que s'ils avaient fait demi-tour à notre approche, c'est à la panique des chevaux qu'il fallait l'attribuer; qu'eux-mêmes avaient été exempts de terreur. " Nos chevaux ont été effrayés, affirmaient-ils, en voyant arriver sur eux cette ligne de cavalerie étincelante, et aussi par les cris poussés par vos cuirassiers. "
  Le ralliement fut sonné de tous les côtés. Les prisonniers, au nombre d'une centaine, marchèrent en tête avec nous, mais à pied, conduisant les chevaux de prise. La poussière soulevée était gênante pour la surveillance; aucun d'eux ne chercha à s'évader. Les officiers parlaient le français presque tous, plus ou moins correctement. Quelques-uns nous surprenaient, tant ils s'exprimaient avec aise et sans accent. Les uns déploraient la guerre, causaient volontiers sans rancune apparente; d'autres se renfermaient dans un mutisme absolu, rageurs, irrités, la figure contractée par la honte de la défaite.
  Quand le feu de l'action est passé et le calme revenu, on se demande si cela est bien arrivé. Chacun raconte ce qu'il a vu avec plus ou moins de sincérité. Or, comme les témoins sont nombreux en plein jour, il n'est pas possible aux hâbleurs de s'écarter de la vérité. Quand un soldat s'est signalé, on le sait par le témoignage de ses camarades. Il y a des hommes que les circonstances favorisent et que le courage exalte : ce jour-là tous furent bravescxxxi.
  Plus tard en prenant connaissance de mes notes, mon colonel a trouvé qu'une action qui avait particulièrement illustrée le régiment n'était pas décrite avec assez de détails, qu'il y avait encore beaucoup de choses à ajouter. Je lui répondis que ce n'était pas facile à rédiger quand on ne peut parler que de coups de sabre et de coups de lance; il faudrait être littérateur. Mon colonel insista pour que je donne plus d'extension à cette page d'histoire, il ajouta : " Vous pourriez parler de ce qui vous est arrivé à vous; comme tous, officiers et cuirassiers, se sont trouvés dans le même cas, ce serait leur histoire que vous reproduiriez. Il faut entrez dans le vif de l'action. Tout d'abord, je n'ai pas eu cette bravoure que vous signalez; je me suis battu comme il convenait; mon devoir était de voir ce qui se passait en me tenant souvent à l'écart pour juger le combat et diriger les secours là où il fallait. "
  Je me récriai, ne pouvant consentir à parler de moi cela produit un mauvais effet : " le moi est haïssable ". Mon colonel venait de se montrer modeste, il me semblait pénible de faire parade de ce qui m'était arrivé. Les commandants Bouthier et Rollin et d'autres officiers qui assistaient à cette conversation, approuvèrent notre colonel; il leur paraissait nécessaire de faire ressortir la bravoure de nos soldats; car en présence du million d'hommes destinés à se battre, ceux qui ont combattu à l'arme blanche ne seront guère nombreux et se compteront plus tard. Je fus un peu ébranlé. 
  Puis le commandant Bouthier, le plus convaincu de tous ajouta : " Trève de modestie; au surplus que chacun en dise autant, s'il s'est trouvé en pareil cas; nul ne peut s' y opposer et le trouver mauvais; il y a assez de témoins, c'est un devoir à remplir, vous ou un autre; ce que vous pouvez écrire s'applique à tous nos camarades, officiers et soldats, on ne saurait trop honorer le courage du 7e cuirassiers; corsez votre récit, la vérité se sait toujours. Il ne s'agit pas de faire de la littérature, mais de dire ce qu'a accompli le régiment ! "
  Il n'y avait plus à répliquer, car tous supposaient que mes cahiers seraient livrés à la publicité après la guerre. L'explication que je donne ci-dessus sera mon excuse et la preuve que j'aurais voulu passer sous silence ce qui m'est personnel. On voit beaucoup de choses et on précise trop peu; je fais à l'avance toutes mes excuses aux camarades qui se sont distingués d'une manière particulière, si je ne mentionne que ce que j'ai vu moi-même, en donnant un peu plus d'extension à ce glorieux fait d' armes. 
 

XIV

 

CHARGE DU 7e CUIRASSIERS

 
 Au moment où l'ordre fut donné de charger, je me trouvais à ma place derrière le colonel Friant; je le priai de m'autoriser à aller me mettre à la tête de mon ancien peloton du 4e escadron, ce qui me fut accordé. Je n'oublierai jamais l'accueil joyeux de mes anciens soldats que je commandais depuis près de sept années comme officier de peloton; je les avais instruits, j'avais dressé leurs chevaux, j'étais heureux de me retrouver en tête de mes hommes; on me comprendra.
  Quand le régiment s'est élancé si vigoureusement à la charge sur un signe du général de Forton, la régularité du galop cadencé disparut.
  Qu'est-ce qu'une charge sur l'ennemi ?
  Beaucoup ne peuvent s'en rendre compte; je vais essayer de leur en donner une description aussi exacte que possible. Que l'on n'aille pas croire que c'est une marche en bataille alignée au moment de l'arrêt, comme cela se passe dans une revue devant les tribunes officielles. Non ! c'est tout autre chose, il n'y a personne pour applaudir, on n'entend que cris et gémissements. 
   On entame d'abord l'allure au trot, puis, à l'approche de l'ennemi, au commandement de : " Chargez ! ", chaque cheval, pressé par l'éperon, donne son maximum de vitesse. On voit de suite qu'il n'est plus question de charge " en muraille " préconisée par certains théoriciens en chambre. Le choc ne peut avoir lieu en ligne de bataille; la vitesse de certains chevaux lancés à fond et le désordre occasionné par les projectiles ne permettent plus cette régularité. Les premiers arrivés sur l'ennemi le culbutent, ou, s'ils ont tout leur sang-froid, choisissent l'adversaire qu'ils veulent atteindre et l'endroit où ils veulent frapper. Voilà donc l'action engagée : on ne reconnait plus que les uniformes; il se produit alors un éparpillement où tout se mêle dans une confusion qu'augmente la poussière. La mêlée s'étend sur un ou deux kilomètres carrés, on court de l'un à l'autre, toujours ! encore ! et cela tant qu'il reste un ennemi.
  
 I870 : l'infanterie française tentant de repousser une charge de la cavalerie prussienne.
 
  Il serait difficile de dépeindre l'énergie partout déployée; les forces se décuplent, les coups se multiplient, les visages s'altèrent. La rage, le désespoir font de ceux-ci des masques de terreur; l'audace, le mépris de la mort embellissent ceux-là.
  Cavaliers et chevaux sont affolés, les hommes hument l'odeur de la poudre, les animaux s'excitent au cliquetis des armes, au vacarme des détonations. En avant !
  Quant à moi, un sentiment singulier m'empoigna : je me sentais capable d'un effort surhumain, il me semblait que si je lançais mon cheval d'un seul élan contre une muraille, elle allait s'écrouler comme un château de cartes; et cela me donnait une puissante sensation de supériorité; je n'étais plus un homme, mais un géant. Je communiquais cette impression quasi ridicule à mon ancien capitaine commandant Amos, à côté duquel je me trouvais pendant notre galop raccourci; il me répondit : " C'est curieux, cette coïncidence, je me faisais la même réflexion. "
  Il venait à peine de prononcer ces mots que ma jument fit un bond si violent qu'elle faillit me désarçonner. Je perdis mes étriers et n'eus le temps d'empoigner la crinière avec la main de bride pour me remettre en selle et chausser mes étriers; par miracle j'avais évité la culbute.
  Cette pointe désordonnée de mon cheval m'avait projeté en avant, je ne vis plus à la place qu'il occupait le capitaine Amos; son cheval avait été foudroyé par un éclat d'obus, il avait roulé sous lui dans la poussière. En cherchant à franchir cet obstacle plusieurs chevaux tombèrent entrainant leurs cavaliers avec eux. On disait le capitaine tué.
  C'est ainsi que nous arrivâmes sur les uhlans; nos adversaires serrés de près ne maniaient pas facilement leur lance; dans une mêlée de cavalerie cette arme est dangereuse, embarrassante.
  Aussitôt la lutte commença. On éprouve une singulière impression dans de pareils instants quand on se trouve pour la première fois face à face avec l'ennemi, les yeux dans les yeux, corps contre corps, cri contre cri.
  Dans ma pensée, en arrivant sur la cavalerie ennemie, je voulais négliger le soldat et tâcher de combattre en officier; j'en étais là de mes idées lorsque, tout à coup, je reçus près de l'épaule gauche un coup violent qui heurta la gouttière de ma cuirasse et déchira le dessous de mon épaulette. Ce coup, porté par derrière, visait sans doute ma tête mais il porta trop bas et manqua son effet. Au même instant je vis passer au galop un officier de uhlans qui devait être l'auteur du coup de sabre. Je le poursuivis. Il me tournait le dos, fuyant à 3 ou 4 mètres en avant de moi, dans un espace libre. Je lui criai à plusieurs reprises : " Rendez-vous ou je vous tue ! " Il ne répondit pas, cherchant à me gagner de vitesse. Alors ce ne fut pas long. Je donnai un coup d'éperon à ma jument qui bondit autant de surprise que de douleur, je rattrapai l'Allemand et plongeai la lame de mon sabre dans le flanc de son magnifique cheval. Avant qu'il s’abattit je retirai vivement mon arme et sans différer une seconde, j'atteignis l'homme; ma latte pénétra toute entière dans son corps : monture et cavalier roulèrent dans la poussière !
  Ce que j'éprouvai alors est difficile à décrire. C'était ma première affaire : une sueur froide me monta au visage et je fus pris d'un tremblement nerveux en voyant sur la lame de mon sabre ce sang fumant dont quelques gouttes avaient rejailli sur mes joues.
  Les yeux de cet officier expirant se fixèrent sur moi; en y songeant j'éprouve encore un frisson. Je n'ai pas distingué son grade; c'était un homme d'une quarantaine d'années, de taille ordinaire, un peu maigre, portant une barbe noire. Je fus troublé à tel point que je ne vis pas le capitaine Vignal qui combattait non loin de moi en poussant de grands cris.
  Il paraît aussi que le commandant Rollin vint à passer et me complimenta; je ne l'entendis pas : mon émotion était si vive que je ne pouvais commander à mes nerfs, je l'avoue sincèrement.
  Ce trouble passager, qui n'était certes pas de la faiblesse, sera peut-être mal interprété, pourtant je tiens à le citer. Que celui-là qui n'a jamais tremblé me jette la première pierre !   
    
    À suivre...
 
cxxvii. " Nos pertes furent insignifiantes comparées à celles de l'ennemi, parce que nos cavaliers, frappant avec la pointe, trouvaient un passage aux entournures des cuirasses et aux couvre-nuques des casques, tandis que les Prussiens se servant du tranchant ou du pistolet, blessaient les chevaux, mais peu les hommes protégés par des cuirasses. " Lieutenant-colonel BONIE, la Cavalerie française, 69.
 
cxxviii. " Ajoutons que c'était principalement contre le 7e cuirassiers français que le 7e cuirassiers prussien avait eu à lutter. " DICK DE LONLAY, loc. cit., III, I86.

cxxix. " Voulez-vous bien cesser de tire, c'est trop bête de se faire tués par les nôtres ! " criaient des officiers du 7e cuirassiers à des chasseurs à pied du 9e et à des soldats du I00e embusqués derrière la voie romaine. Germain BAPST, loc. cit., V, 323. Le commandant FARINET nous écrit à propos de la notre précédente : " Cette observation de Germain BAPST est absolument inexacte. Aucun officier du 7e cuirassiers n'a prononcé ces paroles, pour la raison bien simple que voici : nous étions bien trop éloignés du 9e bataillon de chasseurs pour qu'aucun de nous puisse être entendu. M.BAPST a été induit en erreur. " Lettre en date du 24 octobre I9I3.

cxxx. Les six escadrons de la brigade von Bredow qui prirent part à la charge et qui étaient forts de 600 hommes environ perdirent I6 officiers, 363 hommes et 409 chevaux soit à peu près les deux tiers de leur effectif; 7e cuirassiers, 7 officiers, I89 hommes, 209 chevaux; I6e uhlans, 9 officiers, I74 hommes, 200 chevaux. 

cxxxi. " L'acharnement des nôtres est si grand, chacun est tellement lié à son adversaire, que, malgré la sonnerie du ralliement, le massacre continue toujours. " Lieutenant-colonel BONIE, loc. cit., 68.
 
  COMMANDANT FARINET, L'Agonie d'une Armée, Metz-I870, Journal de guerre d'un porte-étendard de l' Armée du Rhin, ancienne librairie Furne, Boivin & Cie, Éditeurs, I9I4, p. I39-I50. 

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LES ILLUSIONS PERDUES DE L'INDUSTRIE EUROPÉENNE DE L' ÉOLIEN OFFSHORE

  " L'homme d'action, le politique, a la certitude que par son acte, la nécessité deviendra contingence, et la contingence, nécessité "
  HEGEL Friedrich, I770-I83I, philosophe allemand
 
 
HEGEL Friedrich. Ph. Coll. Archives Larbor

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L’éolien offshore européen dans un trou d’air


   Après une période d’envol des installations et de baisse des coûts spectaculaire, l'éolien en mer, offshore, traverse une période très difficile en Europe et aux États-Unis. Le secteur est confronté à la hausse soudaine des taux d'intérêt, à l'inflation sur les différents composants de la chaîne d'approvisionnement, à des problèmes d'ingénierie et d’équipements d’installation, et à une régulation mal adaptée des autorisations. Tout cela simultanément.
  La crise s’est manifestée l’été dernier. Ce fut d’abord l’absence de candidature au 5e appel d’offres concurrentiel britannique du fait d’un plafond de prix trop bas, alors que les quatre premiers avaient connu un succès remarquable. Puis vinrent les hésitations croissantes des grands développeurs, tel est le terme consacré, à engager des projets pour lesquels ils ont été sélectionnés, quitte à payer des pénalités importantes, comme c’est le cas entre autres au Royaume-Uni de l’électricien suédois Vattenfall pour son grand projet de Boreas Norfolk d’une capacité de I,4 GW. La crise est encore plus patente pour les grands développeurs européens qui se sont engagés dans divers projets sur la côte Est des États-Unis dont ils se désengagent à des coûts très élevés, avec de très importantes pertes sur leur valeur actionnariale, le cas le plus spectaculaire étant celui du leader mondial du secteur, le danois Ørsted[i].
  Du côté des constructeurs européens, les fabricants de turbines GE Renewables, le danois Vestas et Siemens-Energy, la filiale du groupe éponyme spécialisée dans les solutions énergétiques, sont en difficulté. Cette dernière a accumulé des pertes croissantes dues à des défauts sur les turbines terrestres de sa branche Gamesa, et connaît des problèmes de livraison de ses turbines offshore. La perte pour 2023 devrait être proche de 4,5 milliards d’euros, ce qui a entraîné la division par quatre du cours de l’action en six mois.
  Le secteur traverse donc une mauvaise passe. Il importe d’en comprendre les raisons et de proposer des pistes afin qu’il puisse redémarrer progressivement sur des bases plus saines. 

Une solution miracle ?
  L’éolien offshore reste vu comme la martingale de la roulette énergétique. La Commission européenne et différents gouvernements, comme bien des prospectivistes, continuent d’en faire la pierre angulaire de la transition. Avec une production plus stable et environ deux fois supérieure à celle de son équivalent terrestre, il est aussi mieux accepté par les populations et ouvert à des gisements de vent plus importants. Mais il est plus délicat de mise en œuvre, et les projets sont de beaucoup plus grande taille, ce qui les place hors de portée des startups, coopératives citoyennes ou municipalités actives dans l’éolien terrestre. Seuls de grands acteurs aux poches profondes et avec une capacité organisationnelle élevée, énergéticiens pétro-gaziers et entreprises électro-gazières, peuvent s’aventurer dans ce type de projets.
  L’éolien offshore a été perçu comme la solution miracle pour assurer de manière décarbonée la sécurité d’approvisionnement électrique du continent d’ici dix ans, notamment dans les pays qui rejettent l’option nucléaire, en se basant sur des anticipations de baisses de coût spectaculaires. On serait passé de I20 €/MWh en 20I9, estimation de l’Agence Internationale de l’Énergie, à moins de 50 €/MWh début 2023 si l’on se réfère aux résultats des derniers appels d’offre concurrentiels. Le plan RepowerEU de l’UE a fixé des objectifs particulièrement volontaristes pour son développement : 110 GW de puissance installée d’ici à 2030, le double de l’objectif antérieur de 60 GW, pour atteindre 350 GW en 2050 alors qu’à peine I6 GW étaient installés fin 2022. L’Allemagne veut passer de 8 GW en 2023 à 30 GW en 2030, puis 70 GW en 2045 ; la France dotée de moins d’un GW à ce jour en veut I8 GW[ii] en 2035 et 40 GW en 2050, et le Royaume-Uni, qui ambitionne de devenir « l’Arabie Saoudite du vent », de I4 GW en 2022 à 50 GW dès 2030.
 
La baisse des coûts, une illusion collective
  Les appels d’offre successifs ont révélé des prix de plus en plus bas, ce qui a été interprété à tort comme une baisse rapide des coûts réels. En France, alors les premiers parcs, dont un seul a été mis en service à ce jour, vont bénéficier d’une rémunération garantie aux environs de I50 €/MWh, hors raccordement, le dernier appel d’offre pour le parc « Centre Manche » a été remporté par EDF au prix record de 44,9 €/MWh. Mais le cas français est sans doute le cas le moins spectaculaire, comparé aux résultats des appels d’offre au Danemark, Pays-Bas, Belgique et Allemagne depuis 20I9. Dans ces pays, les candidats qui ont parié sur une baisse radicale de leurs coûts vers un niveau de 45-50€/MWh, n’ont plus demandé de garantie de prix, préférant se rémunérer sur le marché de gros, même si ses prix sont très incertains sur la durée de recouvrement des coûts de l’installation.
  Une division par trois des coûts en quatre ans n’a jamais été observée, hormis peut-être au cours des années 20I0 dans l’industrie du solaire PV, alors que la technologie du silicium, infiniment divisible, est complètement différente. Il aura fallu la confrontation de Vattenfall aux réalités économiques du projet d’éoliennes gigantesques de 20 MW[iii] et surtout l’expérience malheureuse des développeurs européens aux États-Unis, pour que l’illusion collective se dissipe. Dans une note publiée à l’ IFRI [iv], un des auteurs de cet article montre que les coûts complets de l’éolien offshore seraient de l’ordre de I00-I20 €/MWh, toujours hors coûts de raccordement au réseau terrestre, qui peuvent être très élevés, de 20 à 50 €/MWh, et, s’agissant d’une énergie intermittente, hors coûts d’équilibrage réseau et de back-up : de I0 à 20€/MWh.
  L’illusion des prix bas de l’éolien offshore est un phénomène collectif qui s’est joué dans les interactions entre les différents types d’acteurs.
  Les pouvoirs publics, confiants dans les vertus indiscriminées de la concurrence, ont accéléré la fréquence des appels d'offre et engendré une course à la subvention zéro en se confortant de voir les prix demandés par les développeurs baisser à chaque appel d’offres pour lancer rapidement le suivant.
  Les banquiers et fonds d'investissement ont prêté à des taux très bas, en se basant sur les affichages de projets et les prix demandés, et non les réalisations effectives. Les fonds, à la recherche de diversification de leurs activités, cherchaient à prendre pied à n’importe quel prix dans un secteur vert présenté comme extrêmement prometteur, en candidatant de façon agressive tout en cherchant à écarter des concurrents ayant de moindres capacités financières.
  La croyance de tous dans des courbes d'apprentissage rapide semblables à celles du solaire PV a conduit à la course en avant dans les sauts de taille et le gigantisme, qui ont fini par gripper l’ensemble de la chaine d’approvisionnement.
  Les fabricants de turbines se sont retrouvés pris dans une course qui les a obligés à réduire dangereusement leurs marges et les a exposés à une remontée brutale du coût des intrants : l’acier, le cuivre, les matériaux composites et donc le gaz…,.
  Pour finir personne n’a voulu croire que la période de taux très bas qui a prévalu ces dernières années était passagère.
  Cette illusion a été amplifiée par les ONG et l’International Renewable Agency, IRENA, aux publications orientées et, il faut le dire, trop souvent dénuées d’objectivité. Elles n’ont cessé de communiquer sur cette fantastique chevauchée de tailles à la hausse et de coûts à la baisse. C’est ainsi que s’est établi le mythe de l’éolien offshore, solution miracle qui allait permettre de boucler le mix électrique face à une demande électrique croissante dans la transition vers le Net Zero. 

Un difficile retour sur terre
  Les projets d'éoliennes offshore en Europe et plus encore aux États-Unis ont été confrontés, outre à la forte inflation du coût des composants et une hausse des taux d'intérêt, à un contexte règlementaire problématique. La logique des contrats attribués aux développeurs par enchères aboutit à la fixation des années à l’avance de leur rémunération, alors que les projets mettent parfois plus de dix ans à se concrétiser. Des deux côtés de l'Atlantique les promoteurs font pression sur les responsables politiques et les régulateurs pour que les procédures d’autorisation, permitting, soient accélérées et que les contrats de long terme intègrent des clauses d’ajustement du prix garanti pour prendre en compte les hausses de coûts de la construction et de financement pendant les réalisations.
  La poursuite des objectifs ambitieux use et abuse de mécanismes concurrentiels inadaptés que sont les appels d’offre trop rapprochés et basés exclusivement sur le critère des prix demandés, en oubliant totalement le volet industriel, ce qui est malheureusement une des failles récurrentes de la politique énergétique européenne. Les pouvoirs publics n’ont tenu compte ni de l’immaturité du secteur, ni des énormes implications de la croissance radicale de turbines et autres composants en termes d’apprentissages et d’investissements pour les fabricants, ni du développement nécessaire des infrastructures diverses, réseau, installations portuaires, navires, sous l’égide d’entités publiques. 

Comment sortir des logiques à l’œuvre ?
  En Europe, les objectifs d’installation à 2030 et au-delà sont incroyablement ambitieux car ils ont le malheur d’être fixés par des technocrates et des politiciens qui n’ont de comptes à rendre qu’à eux-mêmes sur leurs décisions. Une nouvelle voie est vraiment à trouver si l’UE et le Royaume-Uni veulent atteindre les objectifs qu’ils se sont fixés[v]. Pour commencer, il convient d’arrêter de se fixer des objectifs inatteignables au détriment d’autres technologies bas carbone ; d’arrêter, aussi, de se référer à des estimations de coût non fondées sur l’expérience, ni sur des hypothèses de scénario contrarié. Il faut en parallèle ajuster les procédures utilisées par les États, — rythme des appels d’offre, critère de sélection élargi à des critères non économiques, valeur ajoutée locale, profil environnemental, etc., clauses d’ajustement du prix garantis, — de sorte à modérer les incitations des concurrents à la surenchère.
  Il faut également que les puissances publiques en Europe aient une vraie politique industrielle dans ce domaine en n’hésitant pas à faire usage de leur pouvoir normatif pour que le redémarrage de la filière s’effectue sur de bonnes bases, en la protégeant des incitations de la concurrence à la surenchère technologique. Cela passe par une politique industrielle qui impose le passage par une succession de paliers de taille, peut-être I0 MW, I2 MW, I5 MW…, pour permettre les apprentissages et le développement d’effets de série.
  Ceci doit se faire au travers d’une concertation étroite entre fabricants, développeurs et puissance publique au niveau européen, ou par défaut au niveau d’une coalition d’États, pour fixer chaque saut de palier en ayant recours à une évaluation de la disponibilité de ressources, cuivre, acier, terres rares, mais aussi de celle de ressources en personnel compétent et des capacités de financement des développeurs. Cette concertation doit permettre aussi de planifier le développement des infrastructures portuaires et de navires nécessaires aux interventions en mer. Le développement des réseaux électriques sous-marins doit être également anticipé et coordonné avec le développement des parcs offshore et les plans d’aménagement de l’espace maritime. De même, le renforcement des réseaux à terre doit être programmé afin de prévenir les congestions dues à l’afflux intermittent de la production des éoliennes, comme celles emblématiques de l’axe nord-sud en Allemagne. Une telle prise en main de l’ensemble de l’écosystème devrait permettre de stabiliser les coûts d’investissement et rassurer les institutions financières pour fournir les capitaux nécessaires, même si les taux doivent être plus élevés qu’auparavant.
  En conclusion, la crise actuelle de l’éolien offshore en Europe, et aux États-Unis, n’est pas celle d’une entrée dans la maturité, comme certains la voient, mais d’abord une crise structurelle du mode de gouvernance des politiques de promotion d’ ENR, relevant plus de choix idéologiques que de choix rationnels à base d’analyses technico-économiques approfondies. Ces choix idéologiques manifestent une volonté des politiciens et des divers pouvoirs publics d’ignorer les réalités industrielles, et en particulier, l’immaturité de la chaîne d’approvisionnement et des infrastructures à construire. Les recommandations évoquées ici pourraient canaliser ces débordements. Elles sont une invitation à remettre au premier rang les ingénieurs, les managers de grands projets d’investissement des firmes et les aménageurs.

[i] Ørsted a annoncé un risque de dépréciation de ses actifs éoliens maritimes aux États-Unis de 2,35 milliards de dollars. Son action a alors chuté de près de 30% à la bourse de Copenhague, puis encore récemment de 30% suite à l’annulation de deux projets américains portant la dépréciation totale à 4 milliards de dollars. Au même moment BP enregistrait une perte de valeur de 540 millions de dollars sur deux projets au large de la côte de New York, après que les autorités ont rejeté une demande de renégociation des contrats, tandis que l’espagnol Iberdrola et sa filiale Avangrid, ainsi que Shell-Ocean Winds, sont à la peine sur leurs projets américains.

[ii] I GW correspond environ à la puissance d’un parc de I00 éoliennes de I0 MW ou encore à celle d’un réacteur nucléaire, sachant que ce dernier fonctionne en continu et produit sur l’année deux fois plus d’électricité : 7 TWh contre 3 à 4 TWh selon la ventosité du site.

[iii] Elles ont un mât de 200 mètres de haut et un rotor d’un diamètre de près de 300 mètres. Et la nacelle, avec sa turbine, qui doit être hissée au somment du mât pèse plus de I000 tonnes !

[iv] Étienne Beeker, « Après le boom de l’éolien offshore en Europe : quelles conditions pour un redémarrage ? », Notes de l' Ifri, 23 octobre 2023.

[v] Un haut responsable de BP a récemment déclaré que l'industrie américaine de l'éolien offshore était « fondamentalement brisée », et nécessite une « remise à zéro fondamentale » des cadres règlementaires et des dispositifs de soutien, qui, soit dit au passage, sont bien moins favorables que les cadres équivalents en Europe, est nécessaire pour aider le marché naissant à se développer. C’est le cas par exemple des procédures de permitting, de la règlementation des navires utilisés qui doivent être impérativement sous pavillon américain, alors qu’il n’en existe pas ou très peu, de l’absence de mutualisation des coûts de développement des lignes sous-marines d’acheminement à la terre en plus des mesures évoquées d’ajustement des prix garantis. Un point particulier pour les développeurs européens aux États-Unis est aussi le manque de clarté des règles de crédit d’impôt de l’Inflation Reduction Act, relatives au lieu de fabrication des composants.


  Sur le Web

VERBIESLES : C'EST NON AUX ZAENR

  Conformément à la Loi relative à l'accélération de la production des énergies renouvelables, le conseil municipal a décidé de ne pas élaborer de Zone d'Aménagement Éolien Non Retenue, ZAENR, pour son territoire. Une décision sage et judicieuse ! Cependant, il est prévisible que certains ne réagiront pas favorablement à cette résolution, notamment le Ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, la préfecture, le département, de nombreux élus de la communauté d'agglomération de Chaumont, à laquelle la commune appartient, en commençant par la voisine de Chamarandes-Choignes, les propriétaires terriens, les exploitants agricoles, et bien sûr, LES AFFAIRISTES DU VENT !
  Il est probable que la pression, voire plus, soit considérable dans les mois à venir pour influencer le conseil municipal à reconsidérer sa position !... Le soutien de l'ensemble des habitants, et au-delà, sera essentiel.

* En attendant la consultation publique !?, et la validation finale de l' État, 2024.
 
I. Verbiesles / 323 habitants
  " Verbiesles est un petit village de la vallée de la Marne situé à quelques kilomètres de Chaumont. Il est particulièrement apprécié des promeneurs et des sportifs, qui grâce au canal Champagne Bourgogne, à la Marne et aux forêts qui l’entourent viennent se ressourcer. L’investissement d’un certain nombre de villageois nous permet un bon dynamisme et une vie associative riche. L’attractivité du village fait que nous accueillons régulièrement de nouveaux habitants., ... " sur le Web

a) Conseil municipal 2020-2026 👏👏👏
  - Marie-Noëlle Hubert, maire, professions intermédiaires administratives de la fonction publique,
  - Hervé Henry, professeurs, professions scientifiques,
  - Stéphane Vernier, employés administratifs d'entreprise
  - Brigitte Bongard, anciens employés,
  - Cécile Boutellier, chauffeurs,
  - Anne Braud, contremaîtres, agents de maîtrise,
  - Bernadette Gaulot, anciennes professions intermédiaires,
  - Jean-Damien Bourillon, techniciens,
  - Vincent Gauthier, artisans,
  - Julien Ossola, ouvriers qualifiés de type artisanal,
  - Eddie Pfister, ouvriers qualifiés de type artisanal,
  En gras, les réélus en 2020.
 
  - Inscrits : 248 / 255 en 20I4
  - Abstentions : I0I / 54
  - Votants : I47 / 20I
  - Blancs ou nuls : 0 / 7
  - Exprimés : I47 / I94

II. État des lieux éolien autour de Verbiesles
  " Pour l'éolien : le département est déjà largement pourvu d'installations éoliennes [...]  " et, pourrions-nous ajouter, particulièrement le secteur...

Situation dans un rayon de I5 kilomètres, à vol d'oiseau...



  Alors, au nom de l'association Les Vues imprenables un grand merci à ces élus verbiesloises et verbieslois de participer à la sauvegarde de notre magnifique département ou du moins, de ce qui peut être encore sauvé !... Que leur engagement puisse servir d'exemple !...

EN AVANT TOUTES !...

 jhmQuotidien 2023 11 I6


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L’ AGONIE D’ UNE ARMÉE, METZ – I870, JOURNAL DE GUERRE D’UN PORTE-ÉTENDARD DE L’ ARMÉE DU RHIN, ÉPISODE XIII

Précédemment
 https://augustinmassin.blogspot.com/2023/11/l-agonie-d-une-armee-metz-i870-journal_13.html
 
   Dans la position que nous occupions on apercevait à 5 ou 600 mètres en arrière de nous, un immense drapeau à croix de Genève ["À Genève, le 22 août I864, la croix rouge, qui est le drapeau de la Suisse aux couleurs inversées, devait être le seul symbole reconnu par les Conventions de Genève. L'unicité et l'universalité de l'emblème protecteur vont de pair avec sa neutralité,.... "; sur le Web] : c'était une ambulance vers laquelle se dirigeait les blessés assez valides pour l'atteindre. Le premier qui passa près de nous était un maréchal des logis d'artillerie, nommé Dardard; il avait le bras gauche emporté au-dessus du coude, tranché net par un obus, ce qui restait du bras était serré fortement par un mouchoir pour empêcher l' hémorragie. En dépit de cette précaution, il perdait du sang en abondance; mais il avait conservé toute son énergie. Avec la main qui lui restait il comprimait son cœur; son teint était pâle comme celui d'un cadavre.
  C'était le commencement; cela nous fit impression. Puis le nombre de ceux qui se succédèrent devint si grand qu'on n'y fit plus attention; qu'était-ce, comparativement à ce que nous devions voir dans cette journée.

Drapeau de la Croix-Rouge utilisée durant la guerre Franco-Prussienne de I870-7I; musée de la Croix Rouge à Genève.

  Pourtant, un autre blessé, un colonel, attira notre attention et remua nos cœurs. Il était monté sur un cheval gris pommelé qu'un soldat conduisait lentement, avec précaution; un deuxième soldat marchait à côté de son chef qu'il maintenait sur sa monture. Celui-ci était blessé à l'épaule et avait reçu une balle dans le ventre, ce qui l'obligeait à se courber sur sa selle.
  C'était un homme, à figure énergique, qui paraissait jeune pour son grade; il essaya de se redresser en passant à côté de nous pour saluer nos généraux, qui déjà s'étaient découverts à son approche. Il brandissait son bras libre et d'une voix épuisée, qui faisait mal à entendre, il articula :  " Ils l'ont vu de près le drapeau du, 75e, je crois. J'ai mon affaire, vengez-moi, mes amis ! ".
  J’entends encore cette parole résonner à mon oreille. Les traits de ce mourant sont restés ineffaçables dans ma mémoire. Il poursuivit sa route, mais, à une centaine de mètres plus loin, le cheval s'arrêta : le colonel venait de rendre le dernier soupir. Des blessés s'approchèrent tout émus; les deux soldats qui avaient guidé le colonel pleuraient.
  La lutte devint violente de par et d'autre; je n'entrerai pas dans la description de ce qui se passa sous nos yeux; fusillade, canonnade, cris inhumains, incendies des villages, désespoir des paysans, affolement des femmes et de toute la population qui ne sait où se réfugier. Tel est le tableau adouci de la guerre !
  Le succès se dessinait en notre faveur vers I0 heurescxix du matin par la suite de la conduite admirable de la division Bataille, [Henri Jules Bataille, I8I6-I882, général de brigade] dont le chef grièvement blessé, sut, malgré sa souffrance, donner une vigoureuse impulsion à ses soldats qui commençaient à plier. 
  C'était alors qu'il aurait fallu lancer notre cavalerie pour précipiter la déroute de l'ennemi, qui paraissait se désagréger. On en comprenait la nécessité. Le maréchal n'en eut pas la pensée. Il croyait l'effectif des troupes allemandes très supérieur; il n'était jamais très renseigné, ou ne voulait pas l'être. L'ennemi, se sentant faiblir, engagea le reste de ses réserves; nos lanciers chargèrent sans résultat appréciable. C'est alors qu'eut lieu la charge des cuirassiers de la Garde, conduite par le général Dupreuilcxx.[Marguerite Jacques Vincent Octave, I8I9-I895, général de brigade] Elle fut meurtrière pour les deux escadrons; le capitaine commandant Thomas [Gustave Frédéric Maximin, I827-I9I2] se couvrit de gloire; il ne resta debout que quelques hommes de son escadron.[I8] Cet officier, devenu colonel des dragons, est un écrivain de grand mérite; il fut blessé très grièvement dans cette affaire.[deux balles dans le genou gauche, qui entraineront son amputation quelques années plus tard]

 BATAILLE Henri. Bibliothèque nationale de France.

THOMAS Gustave. Photo Bastier, Limoges.

  Ce spectacle que nous apercevions à distance, était pour nous d'un intérêt poignant. Les chevaux démontés se sauvaient dans toutes les directions; la selle de quelques-uns ayant tourné, ils s'empêtraient dans les sangles, dans les rênes de bride; d'autres traînaient des lambeaux de manteaux rouges, ou tombaient avec des blessures hideuses. C'est ainsi que ces pauvres bêtes, voyant le reflet de nos cuirasses, se rallièrent sur nous. Dans l'affolement de la douleur elles se ruaient sur nos régiments, semant le désordre dans nos rangs; elles se collaient contre nos chevaux sans qu'on puisse les faire déloger. Cela était sinistre et impressionnant. On fut obligé de tuer ceux dont les blessures ne laissaient pas d'espoir de les utiliser.
  Vers midi et demi une charge de cavalerie prussienne faillit enlever le maréchalccxi. Il fut séparé de son escorte, formée par le 5e hussards. Le capitaine Chavérondier, en couvrant son chef, reçut un coup de sabre en travers de la figure, qui lui fit une superbe balafre, sans mettre ses jours en danger.
  Les obus se succédaient. Le général de Gramont reçut sur sa botte une forte contusion; un éclat atteignit la bombe de mon casque, le bossela et me fit chanceler sur ma selle.
  Vers I heure de l'après-midi, Vionville était en flammes; attaqué, pris et repris, ce village, si gai l'avant-veille, n'était plus qu'un monceau de cendresccxii. Les habitants, errant au hasard, avaient tout perdu.
  Se battre, c'est la vocation et le devoir du soldat ! Mais les habitants en larmes, spectateurs de leur ruine, ne sachant où se réfugier ! On ne peut rendre cette épouvante et cette désolation ! Combien nous plaignions ces vieux ménages réduits désormais à la misère, voyant flamber leurs maisons, leur mobilier, sans même pouvoir sauver leurs pauvres économies si laborieusement amassées. Le bétail pris ou dispersé, les volailles grillées dans les cours, des habitants étouffés dans leur cave où ils s'étaient réfugiés, par crainte des projectiles; des femmes, des enfants tués ou brûlés, beaucoup d'estropiés pour le restant de leur vie.
  Oh ! la guerre, cruel fléau ! Que ceux des contrées épargnées, qui n'ont pas connu ces malheurs, viennent en aide à ces misérables, dans la mesure du possible. Ce n'est pas par la plume que l'on peut retracer de pareils désastres, donner une idée du dénuement de ces victimes de la guerre. Eux, si heureux et si tranquilles la veille encore ! Ils aimaient à se vanter joyeusement d'avoir rentré de belles récoltes qui leur permettraient de nourrir beaucoup de bestiaux et de faire de l'élevage. Toutes ces espérances étaient anéanties ! Les émotions éprouvées à la vue de tant de douleurs doivent être de courte durée chez l'officier; il lui faut refouler au fond de l'âme tout ce qui peut attrister son cœur de soldat, et donner l'exemple du calme, de l'insouciance, sinon de gaieté.
   Beaucoup d'hommes valides avaient pris des fusils pour se venger; dans leur rage et leur désespoir, ils déclaraient qu'ils ne mourraient pas avant de " descendre des Prussiens ".
   Pendant que nous nous entretenions de tout ce qui se passait sous nos yeux, avec mon ami Chemin, un camarade du début de nos premières armes et de Saumur, un obus passa de plein fouet entre lui et moi, à hauteur de visage; nos têtes se tournèrent avec une violence telle, que respiration et parole furent coupées pendant un instant; je le vis blêmir et chanceler, puis il reprit ses sens.
  L'obus éclata sur la cuirasse de l'ordonnance de Chemin, qui était à quelques mètres en arrière de nous; ce pauvre garçon fut foudroyé.
  Je conserve dans une panoplie un morceau de cet obus prussien, je l'ai arraché de l'épaule d'un cheval mortellement atteint d'une autre blessure plus grave qui lui avait ouvert le ventre. Ce même projectile blessa plusieurs chevaux, et trois autres cavaliers, dont un seul sérieusement.
 

XIII

 

LA " CHEVAUCHÉE DE LA MORT "


 L'ennemi, ayant échoué dans sa tentative de tourner notre aile droite, fit, après avoir essayé de percer notre centre, un effort désespéréccxiii pour s'emparer de Rezonville, qu'il considérait comme la clé de la position.
  L'artillerie du camp de Canrobert s'était portée en avant sous les ordres du commandant Vignotti, [Auguste, chef d'escadron] dont il sera question plus loin; elle devait s'opposer à cette marche. Nos batteries firent d'abord beaucoup de mal à l'ennemi. C'est alors que celui-ci fit converger sur nos artilleurs le feu de quarante pièces de position, assez mal pointées, heureusement pour notre artillerie, mais malheureusement pour les soutiens.
  Le 93e de ligne [93e régiment d'infanterie, 93e RI; le Ier janvier I79I, tous les régiments prennent un nom composé du nom de leur arme avec un numéro d'ordre donné selon leur ancienneté; ainsi, le régiment d'Enghien devient le 93e régiment d'infanterie de ligne; après plusieurs changements de nom, il prit en I854, le nom de 93e régiment d'infanterie de ligne] se trouvait à 300 mètre en arrière pour appuyer nos artilleurs. Les obus destinés à nos batteries tombèrent sur ce régiment. Cette attaque si brusque mit un peu de désordre parmi les nôtres. Le porte-drapeau fut renversé, atteint mortellement; le drapeau resta enfoui dans la poussière sous les morts et les blessés, il devint la proie de l'ennemi.
  Un cuirassier blanc le ramassa au cours de la charge qui suivit; ce cuirassier ne peut fuir assez vite pour mettre à l'abri son trophée, le drapeau lui fut repris par le cavalier Manginccxiii. Après avoir tué ce cuirassier prussien, il s'empressa de porter le drapeau au général Bourbaki, qui se trouvait non loin de là. C'est ainsi que le 93e rentra, à sa grande joie, en possession de cet emblème sacré.
  Les Allemands, n'obtenant pas le succès qu'ils espéraient, lancèrent sur nos artilleurs la fameuse cavalerie Bredow, qui avait acquis une grande réputation de bravoure dans les guerres précédentes. Cette brigade était composée de quelques cavaliers du I3e et du I6e uhlans, du 7e cuirassiers de Magdebourg en entier et enfin de quelques hussards rougesccxiv
  Cette cavalerie avait l'ordre de gravir la pente qui la séparait de nos batteries, un kilomètre environ. Elle commit la faute de partir à un galop précipité, pour charger ensuite à outrance et s'emparer de nos batteries. La charge fut si soudaine, que nos artilleurs n'eurent pas le temps d'arrêter l'adversaire par des salves de mitraille. Nos batteries furent traversées, nos artilleurs sabrés ou renversés par la lance des uhlans.
  Après ce succès incontestable mais de courte durée, les uhlans, apercevant le 9e bataillon de chasseurs à pied qui était en soutien à la gauche de nos batteries, firent une conversion pour se rabattre sur lui et le charger. Mais les chevaux essoufflés n'avaient plus la même vigueur; ils furent reçus par un feu de salve et repoussés en désordre sur les cuirassiers blancs qui les suivaient de près pour les appuyer.
  C'est alors que les cuirassiers, qui se portaient au secours des uhlans, abordèrent à leur tour ce qui restait de notre artillerie. Ce régiment magnifique, composés de beaux hommes à la tunique blanche, aux parements jaunes, chaussés de grandes bottes molles en cuir fauve qui atteignaient au-dessus des genoux, montés sur de superbes chevaux mecklembourgeois, [" race de chevaux d'origine demi-sang, élevée dans le Mecklembourg-Poméranie-Occidentale, région du Nord-Est de l'Allemagne. L'élevage de ces chevaux est étroitement lié au haras de Redefin... "; sur le Web] avaient pour colonel honoraire le chancelier de Bismarck. Le 7e de Magdebourg avait également le titre de Cuirassiers du Roicxxv et portait la marque distinctive de ce corps sur les pattes d'épaules de la tunique; sur leurs cuirasses étaient fixées des matelassures. 
  L'ennemi ne s'était pas aperçu de notre approche et ne connaissait pas la nouvelle position que nous venions d'occuper. Ses éclaireurs de terrain n'avaient pas eu le temps de le renseigner pendant sa marche au galop.
  Cette charge, vigoureusement conduite, était compromise par le galop précédent, sur un terrain légèrement montant, où les chevaux enfonçaient dans les terres labourées, ce qui augmentait leur fatigue. Cette cavalerie essoufflée, en désordre, affaiblie par la riposte de nos artilleurs et les feux du bataillon de chasseurs vint se briser, quelques minutes après, contre nos escadrons bien dans la main de leurs chefs.
  C'est alors en effet que le général de Forton, redevenu dans cette circonstance critique, ce qu'il aurait toujours dû être, un vrai général de cavalerie, ne laissa pas échapper l'occasion. S'il avait hésité, cette cavalerie qui se sentait perdue, aurait profité de la distance qui nous séparait pour se replier. Là, il a fait oublier un peu les fautes de la veille et de la matinée, en permettant à sa division de se couvrir de gloire.       
 
"... La cavalerie de von Bredow s'approche rapidement du sommet de la côte, qui dissimule en partie la cavalerie du général de Forton. Au moment où les Allemands ont commencé leur charge, cette dernière division venait d'exécuter l'ordre qu'avait donné le maréchal Bazaine, de changer le front de sa ligne de bataille, afin d'adosser ses deux brigades au bois de Villers, situé au nord du village de Rezonville, parallèlement à la route de Verdun et lui faisant face.[...] Nos cavaliers devinent, sans la voir, la charge impétueuse de la brigade von Bredow. Ils entendent la terre trembler sous le galop des chevaux., ... " ; sur le Web]

  Nous avancions avec calme, tout le régiment en ordre de bataille; saisissant d'un rapide coup d'œil la situation, le général de Forton s'approcha sans aucune hésitation de notre colonel et jeta ces mots d'une voix puissante : " Partez le 7e ! Colonel Friant, chargez à fond !
  Il faut être du métier et en présence de l'ennemi, pour comprendre ce que cet ordre tant désiré renfermait pour nous de joie délirante ! Ce fut un cri immense de soulagement de la droite à la gauche du régiment; on allait prouver aux camarades que les cuirassiers de Forton étaient capables d'autre chose que de se replier sans tirer la latte. 
  À ce moment on sentit un frisson de fierté parcourir les rangs, le colonel et tous les officiers à leur place de bataille en tête de leurs escadrons, n'eurent pas besoin d'exciter leurs cavaliers. Tout le 7e s'ébranla comme un seul homme, la terre tremblait sous les pas des chevaux dont l'animation était extrême. Excités par le vacarme du champ de bataille, on aurait dit qu'ils avaient l'intuition de ce que nous allions exiger d'eux. Chaque cavalier restait cependant maître de l'allure.
  Si je ne parle que du 7e cuirassiers de cette charge, c'est qu'il fut seul, avec un escadron du I0e, [le Ier, commandé par le général de Gramont] lancé sur l'ennemi. Les autres fractions de la division reçurent des missions différentes; elles demeurèrent en réserve ou poursuivirent cette cavalerie, qui cherchait à nous échapper. Tous prirent une part brillante à cette affaire. Sans entrer dans de plus grands détails sur les autres régiments, ca on est loin de voir tout ce qui se passecxxvi, je veux donner de suite un extrait du rapport du maréchal, sur cette charge appelée par les Allemands der Todesritt, la chevauchée de la mort.
  Voici cet extrait officiel : " La division de Forton dont ils ne soupçonnaient pas la présence, les prend en flanc et en queue, et cette masse de cavalerie est complètement anéantie sous le sabre de nos cuirassiers et de nos dragons. La droite est complètement dégagée. "
  C'est bien vite dit, mais il fallait voir ça !...
  Au moment propice, et en moins de temps qu'il n'en faut pour l'écrire, le régiment se précipita à fond de train avec ensemble, comme un seul homme, sabre en avant, les étriers fortement chaussés. Nos cavaliers, le corps penché sur l'encolure de leurs chevaux, solidement en selle, poussaient de véritables clameurs de sauvages. C'était sur notre recommandation; nous les avions engagés à faire beaucoup de bruit en abordant l'ennemi. 
  Rien ne peut rendre l'émotion d'un semblable moment ! Ce simple commandement : Partez le 7e ! signifia pour nous, que nous allions prouver aux Allemands que notre cavalerie était aussi brave que la leur, et que nous allions venger les camarades de Reischoffen. Quel élan dans cet instant inoubliable ! Quel enthousiasme ! Nous autres, les officiers, en tête de nos cuirassiers, nous frémissions d'une indicible fierté. Derrière nous, nos braves troupiers s'élançaient avec tant de courage passionné que nous ne doutions pas de la victoire.
 
La charge des cuirassiers, I886, Aimé Morot, I850-I9I3. Musée d'Orsay. 
  "... tandis que le 7e cuirassiers les charge avec furie, le Ier escadron du I0e cuirassiers reçoit l'ordre de culbuter le flanc de l'ennemi, tandis que les trois autres escadrons de ce régiment restent en réserve. Conduit par son bouillant lieutenant-colonel Pobéguin, cet escadron charge avec un entrain magnifique, et tombe comme la foudre au milieu des escadrons prussiens, dont les chevaux sont si essoufflés par la longue distance parcourue au galop, qu'ils sont à bout de forces. Le lieutenant-colonel Pobéguin est à la tête de ses cuirassiers. Il porte les premiers coups aux Allemands et tue de sa main un officier et trois cavaliers allemands. Ses soldats l'accompagnent et disparaissent dans cette épouvantable mêlée. Le choc de nos cuirassiers est décisif : les cuirassiers blancs, en désordre, abordés avec une vigueur inouïe, sont sabrés de la tête aux pieds. Leurs chevaux, haletants et blancs d'écume, refusent tout service. Le plus grand nombre de ces Allemands tombent sur le champ de bataille. Ceux qui jusqu'à ce moment ont échappé à la mort continuent leur marche au galop, résolus qu'ils sont à traverser les lignes françaises. Mais à leur retour nos cuirassiers se sont élancés à la charge et refoulent ces malheureux Allemands dans le vallon que ceux-ci viennent de traverser et où ils les détruisent presque entièrement., ... "; sur le Web]      
  
  À suivre...
 
cxix. La bataille passa par des alternatives de succès et revers; les Allemands ne vont pas tarder à reprendre à ce moment l'avantage sur le 2e corps.
 
cxx. Les Allemands s'avançant au nord de Flavigny, le général Frossard demanda au maréchal Bazaine de faire charger la cavalerie; le 3e lanciers chargea d'abord sans résultat appréciable mais sans grandes pertes; les cuirassiers de la Garde firent ensuite une charge superbe mais très meurtrière et, somme toute, sans grands résultats. Leurs pertes étaient énormes : 6 officiers tués, I2 blessés, I40 hommes tués ou disparus, 30 blessés.
 
ccxi. Quelques escadrons de hussards prussiens et un escadron de dragons lancés à la poursuite des cuirassiers de la Garde se dirigent d'abord au nord de Flavigny, puis vers les abords sud de Rezonville. Ils attaquent une partie de la 2e batterie à cheval de la Garde qui débouchait à Rezonville; Bazaine qui faisait placer les pièces faillit être enlevé par la charge et fut séparé du général Jarras et de son état-major. Pendant quelque temps on le crut tué ou pris. Les cavaliers ennemis furent chargés et ramenés par l'escorte du maréchal.
 
ccxii. Vionville avait été enlevé par les Allemands à 11 h. 30 et fut ensuite violemment attaqué par les Français dont l'artillerie cribla les lisières du village. 
 
Une batterie française pendant la guerre de I870. Brown University Providence, Rhode Island.
 
ccxiii. Le porte-drapeau, sous-lieutenant Labbrevoit, [Julien Ludovic, I840-?] ne fut pas tué mais culbuté dans un remous de la charge; le drapeau fut brisé, l'aigle seul lui resta dans la main: la hampe tombée à terre fut, suivant le lieutenant-colonel Picard et M.Germain Bapst, ramassée par le chasseur Mangin, du 5e chasseurs à cheval, qui la remit à son colonel, lequel l'envoya porter au général Bourbaki; d'après DICK DE LONLAY, loc. cit., III, I80, un uhlan allemand la ramassa et fut tué par le chasseur Mangin qui reprit ainsi le drapeau.
 
  LABREVOIT Julien Ludovic, en I889.
 
ccxiv. La brigade von Bredow comprenait le régiment des cuirassiers de Magdebourg n°7, le régiment de uhlans de l' Altmarck n° I6, et le régiment des dragons du Sleswig-Holstein n°I3... La charge fut faite par six escadrons du 7e cuirassiers et du I6e uhlans, car le général von Bredow avait détaché deux escadrons : 3e du 7e cuirassiers et Ier du I6e uhlans dans la direction du bois de Tronville pour garantir son flanc gauche; ce bois se trouvant occupé par de l'infanterie allemande, ces deux escadrons ne subirent aucune perte.  
 
La charge de la brigade Brelow. Musée de Gravelotte

cxxv. Le 7e régiment de cuirassiers était le régiment de Magdebourg et non le régiment du Roi.
 
cxxvi. Sur les illusions du champ de bataille, voir Colonel FIX, loc. cit., II, 39. Il cite cet exemple frappant d'un colonel, sous-chef d'état-major du corps Frossard qui, appelé à rédiger, après le I6 août, le rapport, sur la part que son corps d'armée y avait prise, écrivit que l'une des divisions occupait une position à gauche du point où il était. C'était le contraire, la division était à droite. Il mit vingt ans à le découvrir après comparaison de témoignages contradictoires et enquêtes réitérées. 
 

 COMMANDANT FARINET, L'Agonie d'une Armée, Metz-I870, Journal de guerre d'un porte-étendard de l' Armée du Rhin, ancienne librairie Furne, Boivin & Cie, Éditeurs, I9I4, p. I28-I39.
 
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