Allemagne : syndicats et patrons unis contre les énergies renouvelables

Jean-Pierre Riou.
4 novembre 2013


Syndicats et patronats s’allient contre le développement des énergies renouvelables en Allemagne, responsable de l’explosion du coût de l’énergie et de coûts massifs pour l’État.


Le développement des énergies renouvelables semble de plus en plus freiné en Allemagne et a suscité un communiqué commun des syndicats ouvriers et patronaux.

La politique de soutien à ces énergies est responsable, en effet, d’une hausse considérable du coût de l’énergie, dont les répercussions ne se situent pas uniquement au niveau du portefeuille des consommateurs, mais pèse également très lourdement sur la compétitivité des entreprises et par là même sur l’emploi.

Les retombées écologiques de cette politique n’ont même pas été au rendez-vous, puisque les énergéticiens la considèrent responsable de l’augmentation actuelle du recours au charbon . (+14.1TWh lignite et charbon en 2012 par rapport à 2010).

La seule question qui se pose à l’Allemagne semble être de savoir s’il est encore temps de faire machine arrière et ne pas aller droit dans le mur.

Mais pour la plupart des analystes comme Natixis, il est malheureusement déjà trop tard. « Malgré le fait que les décideurs politiques allemands veulent plafonner la hausse des subventions aux producteurs d’énergies renouvelables, notre analyse suggère que les tensions haussières sur les prix de l’électricité vont se maintenir à cause de la part croissante des renouvelables dans la génération d’électricité du pays. Des hausses soutenues des prix de l’électricité risquent de rendre l’Allemagne moins compétitive à échelle européenne et mondiale.»

Concernant les emplois qui seraient permis grâce à l’effort public de soutien au renouvelable, l’exemple de Bosch abandonnant cette filière après 2,4 milliards de pertes en trois ans est éloquent. Cette déconfiture du groupe concerne 3 000 emplois dont 250 en France.

En France, la Cour des Comptes n’avait pas manqué de relever dans son rapport de juillet 2013, que « L’ État n’a pas développé toute l’expertise nécessaire à la mise en œuvre de la politique de soutien aux énergies renouvelables. Cette faiblesse est particulièrement visible en ce qui concerne la connaissance des coûts et l’impact socio-économique des mesures prises. »

On nous affirme par ailleurs que ces énergies sont une chance de développement pour les territoires ruraux. Faisant semblant d’ignorer que chaque éolienne (2 MW) coûte plus de 200 000€ chaque année à la collectivité pour son seul surcoût lié au tarif d’achat.

La maigre part de cet argent public reversée aux collectivités ne saurait être considérée comme une chance pour le développement national.

La France n’a même pas le prétexte d’un parc de production électrique émetteur de CO2 pour justifier ses ambitieux objectifs dans le domaine éolien, puisque 85% de la production (nucléaire et hydraulique) en est exempte.


Mais est-il encore temps pour nous d’éviter le mur ?






Le Bundestag allemand a décidé la réforme de l'électricité verte

27/06/2014

L'Allemagne vote la réduction du soutien aux énergies renouvelables

Berlin - Les députés allemands ont entériné vendredi une réforme des mécanismes de soutien aux énergies renouvelables, qui doit remettre sur les rails la transition énergétique du pays et enrayer la hausse des prix de l'électricité.

La loi, qui réduit à compter du 1er août les subventions accordées aux énergies alternatives, est aux côtés du salaire minimum le premier gros projet du gouvernement Merkel III. Présenté en janvier par le ministre de l'Économie et de l'Énergie Sigmar Gabriel, le texte a fait l'objet d'un intense marchandage, en Allemagne et avec Bruxelles.

L'Allemagne a pris à la fin des années 90 le tournant des renouvelables en instaurant un généreux régime de subvention des énergies vertes. Un mécanisme qui a porté ses fruits - 27% de l'électricité consommée dans le pays au premier trimestre était issue de renouvelables - mais qui coûte cher, plus de 20 milliards d'euros par an. Les usagers financent le système par une taxe imposée à chaque kilowatt-heure produit et consommé.

La nouvelle loi réduit de manière substantielle les subsides accordés aux énergies propres (mais pas pour les capacités existantes), et prévoit que, graduellement, le courant produit par vent et soleil, qui doit représenter à l'horizon 2050 80% de la consommation totale, se soumette aux mécanismes du marché. Pour le moment il est prioritaire dans l'approvisionnement du réseau et n'entre pas en concurrence avec le charbon ou l'atome.

Premier pas dans la bonne direction pour la fédération BDEW, , qui représente les acteurs traditionnels du secteur, la réforme signe l'arrêt de mort des renouvelables aux yeux de ses critiques, les Verts et les associations d'énergies propres et de protection de l'environnement.

La loi votée vendredi sera sans doute immédiatement contestée par Bruxelles puisque, malgré des mois de négociations, un point fait toujours débat: pour la Commission, l'application de cette taxe de soutien aux renouvelables sur le courant importé, y compris le courant vert, est une forme de barrière douanière, incompatible avec le marché libre.

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