Malgré ses discours en faveur de l’agriculture biologique, le ministre de l’Agriculture vient de décider une coupe sombre dans les aides à celle-ci. Alors qu’elle rend services à l’intérêt général - en ne polluant pas - et crée de nombreux emplois.
Stéphanie Pageot et Denis L’Hostis
Alors qu’en mai 2013, le ministre de l’Agriculture annonçait son programme « Ambition bio » avec l’objectif de doubler les surfaces cultivées en France selon les méthodes de l’agriculture biologique d’ici 2017 (passer de 1 à 2 millions d’hectares, soit de 4 à 8 % de la surface agricole utile), l’annonce par arrêté du 7 mars 15 d’une réduction de 25 % des aides au maintien pour les producteurs bio est vécue comme une injustice flagrante et une incohérence totale avec les ambitions.
Pourquoi ?
Parce que cela signifie d’abord que le ministère ne croyait pas en la réussite de son plan puisqu’il n’a pas prévu de budget suffisant alors que nous avions prévenu, dès 2012, des risques de dépassement budgétaire.
Deuxièmement, parce que l’agriculture biologique est le système le plus abouti de l’agro-écologie, chère à Stéphane Le Foll, et qu’il aurait dû la soutenir avant toute chose.
Enfin, parce que dans un système agricole malheureusement basé sur les aides d’une Politique Agricole Commune (PAC) insuffisamment liée à l’environnement, il est indispensable de remettre un minimum de sens collectif à ces aides payées par les contribuables européens.
L’agriculture biologiques rend des services d’intérêt général
Ces aides au maintien que nous appelons, nous, producteurs bio et défenseurs de l’environnement,« aides à la reconnaissance des services environnementaux », permettent de rémunérer les services que nous rendons dans l’intérêt général, à savoir la protection de l’eau des pollutions diffuses (pas de pesticides, pas d’engrais azotés de synthèse), la protection de la biodiversité cultivée et sauvage, l’entretien et le développement des infrastructures écologiques (haies, fossés, mares, prairies permanentes…), la protection du citoyen de la pollution de l’air par les pesticides, la création d’emplois (+ 60% en bio) et enfin la fourniture de produits sains…
Il faut donc garantir ces aides, les budgéter et les promouvoir pour qu’elles accompagnent les producteurs dans leur conversion à la bio et dans leurs recherche de démarches de progrès permanentes vers plus de cohérence économique, écologique et sociale (fermes certifiées bio).
Nous demandons donc au gouvernement de trouver une solution à la problématique budgétaire qu’il a créé lui-même, pour redonner de la cohérence aux politiques publiques, pour faire de la prévention et pour réduire les coûts environnementaux des pollutions agricoles (54 milliards d’euros de coûts pour la dépollution de l’eau) et 120 milliards de coûts, selon une étude de la commission européenne sur les perturbateurs endocriniens causés par les pesticides).
Nous appelons les citoyens à se mobiliser pour une nouvelle agriculture.
Lire aussi : M. Le Foll parle d’agro-écologie, mais il promeut l’agriculture industrielle !
Source : courriel à Reporterre
Photos : FNAB
Stéphanie Pageot est productrice de lait bio et présidente de la Fédération nationale de l’agriculture biologique (FNAB-. Denis L’Hostis est président de France Nature Environnement (FNE).
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