Europe, énergie : les prix en chute libre...

"C'est comme l’histoire de ce type qui s’est jeté d’un immeuble de dix étages. À chaque étage, les gens l’entendaient dire : « Jusqu’ici, ça va. Jusqu’ici, ça va. Jusqu’ici, ça va. » "
Steve McQueen, Les Sept Mercenaires, 1961 
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Les prix européens de l'énergie s’effondrent, usines fermées
Montel
Nora Kamprath Buli
Oslo

Laurence Walker
London

Marcin Czekanski
Szczecin

Pablo Bronte
Madrid

Belén Belmonte
Madrid

Sophie Tetrel
Pari

19 mars 2020

(Montel) Les prix de l'électricité et du gaz à travers l'Europe se sont inscrits dans le sillage de la chute de ceux du marché du carbone mercredi, alors que l’industrie confrontée à l’épidémie de coronavirus fermait des usines


On compte désormais près de 205 000 cas déclarés de Covid-19 dans le monde, l'Italie, l'Espagne, l'Allemagne et la France représentant 30% de ces contaminations.
En réaction, la demande d'électricité a chuté jusqu'à 15% en Europe, sur fond de télétravail massif, d’interdictions de se déplacer, de fermetures des magasins et des lieux de divertissement ainsi que de sites industriels.
Plusieurs gros consommateurs d'énergie du secteur automobile, dont les groupes PSA, Renault, Michelin, Volkswagen, Daimler, ont annoncé des fermetures d'usines dans plusieurs pays de l'Union européenne pour protéger leur personnel ou en raison de ruptures de la chaîne d'approvisionnement.
« Les marchés ont continué à subir de graves turbulences, tandis que les interdictions prolongées de voyager et les restrictions nationales se multiplient à travers le monde », constate une société de trading britannique dans une note de recherche.
« Les prévisions de la demande de gaz et d'électricité continuent à baisser, les mesures de distanciation sociale et de confinement dans les pays entraînant des fermetures dans l’industrie et obligeant les travailleurs à rester chez eux », ajoute-t-elle.
Signe révélateur, le prix du contrat EUA de référence du carbone en Europe est tombé à son plus bas niveau depuis juin 2018, à EUR 15,05/tonne, soit un recul de près de 40% en une semaine, selon les données de la bourse Ice Futures.

Arrêts
En Allemagne, plus gros consommateur d’électricité d’Europe, l’industrie commençait à fermer des sites en réponse à la baisse de la demande pour ses produits et pour protéger les salariés.
Les prix allemands de l'électricité pour livraison l’année suivante sont tombés à leur plus bas niveau depuis mars 2018, à EUR 34/MWh.
« Depuis lundi, le CO2 pèse massivement sur les prix à terme [de l'électricité allemande] », a déclaré un trader allemand, ajoutant que la baisse « spectaculaire » des émissions observée cette semaine s’était faite au prix d’un récession.
« Le problème est vraiment que personne n'est en mesure de prévoir combien de temps durera la situation de confinement dans les pays », a expliqué un autre trader, ajoutant que les niveaux actuels des contrats tenaient compte d’un ralentissement de l’activité économique pendant trois à cinq semaines.
La destruction de la demande attendue, que certains analystes estiment à 20% en glissement annuel, pèse particulièrement sur les contrats à échéance proche, ont souligné les traders.
Le contrat allemand pour livraison le mois suivant est ainsi tombé à un plus de près de quatre ans, à EUR 21,40/MWh sur la bourse EEX.
« À court terme, pour le deuxième trimestre, vous avez tous ces mois de fonte des neiges et de forte [production] renouvelable. Si cela ne rencontre presque aucune demande, un scénario de prix extrêmement bas se met en place », a expliqué le deuxième trader.

Baisse de 20% en France
En France, un analyste des matières premières d'un groupe énergétique a estimé que la demande industrielle d’électricité pourrait chuter de 20%, ajoutant que cela dépendrait aussi des températures.
« Cela [la chute de la demande] pourrait s'aggraver si des industries lourdes sont obligées aussi de fermer », a-t-il prévenu.
Le prix du Cal 21 est tombé à EUR 37,15/MWh sur la bourse EEX.
En Espagne, le contrat à échéance 2021 a chuté de EUR 1,65, à EUR 38,85/MWh.
« Cette crise ne fait que commencer », a estimé un trader espagnol qui s’attendait à la poursuite de la baisse.
En Pologne, où seuls 251 cas du coronavirus ont été confirmés jusqu’ici, la demande d'électricité aux heures de pointe a reculé de 8% au cours de la semaine écoulée, alors que les habitants sont confinés chez eux, a constaté Montel.
Le prix de l'électricité pour avril a chuté à un plus bas de PLN 176,75/MWh (EUR 39,49/MWh).

Le gaz dans l’incertitude
Du côté du gaz, le contrat de référence du TTF néerlandais pour le mois suivant a perdu plus de 30% depuis le début de l'année et s’échangeait à EUR 8,35/MWh, la demande étant incertaine à cause de l’épidémie du coronavirus.
Pour autant, la crise sanitaire n’a guère aggravé la situation des prix, a estimé l'analyste français.
« Les prix à court terme du gaz étaient déjà très bas (…) et pourraient continuer à baisser parce que pour l’instant les pays exportateurs comme la Norvège ou la Russie n’ont pas montré de signe de vouloir réduire leur offre », a-t-il noté.

Le charbon résiste
Malgré les fortes baisses sur les autres marchés, le charbon s'est avéré assez résistant, ce qui s’explique en partie par l'amélioration de la rentabilité de la production au charbon – le « clean dark spread » – liée à l’effondrement des prix du carbone.
Le clean dark spread du cal 21 s’établissait à environ EUR 1/MWh pour une centrale électrique allemande d’une efficacité de 38%, selon les données de Montel.
Parallèlement, les contrats à plus court terme ont été soutenus par la perspective d'une grève plus tard ce mois-ci chez l'un des plus grands exportateurs de charbon de Colombie, Cerrejon, a déclaré Guillaume Perret, directeur du cabinet de conseil Perret Associates.
« Toutefois, nous ne serions pas surpris si le syndicat et la direction parvenaient à un compromis dans les prochains jours » pour éviter la faillite de l’entreprise, déjà sous pression financière, a-t-il ajouté.

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