Réduction les émissions de CO2 : la solution passe aussi par l' électrification des bâtiments

Mais qui sont ces anti-électricité dans le bâtiment? Nous dites pas que ce sont les mêmes antinucléaires, pro-EnR, éolien et solaire, et pro-gaz?
Le climat ne leur dit vraiment pas merci.
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Mais pourquoi certains ont-ils peur de l'électrification ? 
Brice Lalonde
13/03/2020

La préparation de la future règlementation environnementale des bâtiments relance le débat sur l'électrification des usages. Pour Brice Lalonde, président d'Équilibre des Énergies, cette électrification s'impose en France face à l'urgence climatique.


Brice Lalonde Président d’Équilibre des Énergies. © Luminem

Les récents arbitrages gouvernementaux en matière de rénovation énergétique des bâtiments suscitent l'émoi de plusieurs associations, notamment celles qui mènent bataille pour éviter les gaspillages énergétiques et améliorer les rendements.
Cet excellent combat pour la sobriété et l'efficacité énergétique a contribué à la connaissance et à l'évaluation des systèmes énergétiques. Il a permis à de nombreux acteurs de réduire leur consommation et leurs factures d'énergie.
Bref, grâce à ces associations, la chasse à la calorie perdue est entrée dans les consciences.
Mais aujourd'hui, ces associations dénoncent par avance les mesures que pourrait prendre le Gouvernement dans le bâtiment et les transports au motif qu'elles favoriseraient l'électricité.
Rappelons que ce sont les bâtiments et les transports qui émettent le plus de gaz à effet de serre en France. Les tendances actuelles ne sont pas dans les clous de la stratégie nationale bas carbone (SNBC). Il est grand temps de s'en préoccuper.
Or, l'électricité est le vecteur d'énergie le plus décarboné grâce aux renouvelables et au nucléaire.

Un coefficient de conversion pénalisant
Pourquoi l'électricité fait-elle si peur au juste ? Parce qu'il faut la produire. Donc avant même d'être employée par l'utilisateur final, elle a consommé de l'énergie. Le gaz ou le pétrole, eux, sont brûlés à peu près dans l'état où ils ont été extraits du sous-sol. Pour certains, avoir recours à l'électricité s'apparente à un gaspillage. Il faut donc pénaliser l'usage de l'électricité par un handicap qui s'appelle « coefficient de conversion de l'électricité en énergie primaire ».
En 2010 la réglementation française du bâtiment (RT 2012) a suivi ce raisonnement et imposé un coefficient de 2,58 à l'électricité, signifiant que, quand un logement chauffé au gaz ou au fioul ne doit pas consommer plus de 50 kWh d'énergie par mètre carré et par an, le chauffage par l'électricité, lui, doit rester en dessous de 2,58 fois moins, soit moins de 20 kWh/m2/an. Le résultat de cette réglementation c'est que 75 % des logements collectifs neufs sont chauffés au gaz et que, du coup, le bâtiment envoie dans l'atmosphère beaucoup plus de CO2 que les préconisations de la stratégie nationale bas carbone.

Mettre la lutte contre le CO2 au premier plan
Curieusement, les anti-électricité ne s'intéressent pas au CO2, mais seulement aux calories. C'est pourquoi ils tiennent absolument à handicaper l'électricité par un « coefficient de conversion » élevé. Mais s'il y a bien une justification à économiser l'énergie primaire consommée pour produire de l'électricité lorsque cette énergie primaire est fossile, par exemple le charbon des centrales électriques allemandes, en revanche, lorsque l'électricité est produite par les barrages hydrauliques, le nucléaire ou les renouvelables, elle a l'énorme avantage d'être décarbonée, donc efficace contre le changement climatique. C'est donc elle qu'il faut encourager et c'est le CO2 inutilement émis dans l'atmosphère qu'il faut chasser, avant même la calorie perdue ; sauf si celle-ci est d'origine fossile.
Alors pourquoi avoir peur de l'électrification des bâtiments ? Par crainte que le recours accru à l'électricité décourage les efforts d'isolation ? Jusqu'ici c'est plutôt l'inverse qui s'est produit : les bâtiments chauffés à l'électricité ont toujours été mieux isolés que les autres. La future réglementation (RE 2020), en resserrant l'indice Bbiomax, qui caractérise la qualité thermique des bâtiments sous tous ses aspects, isolation, apports solaires, ventilation…, offre l'opportunité d'imposer à tous les logements un même niveau de performance, inspiré de celui retenu pour l'électricité dans la RT 2012.
Certains craignent le retour des convecteurs d'antan appelés « grille-pain ». La réalité, c'est que les nouveaux radiateurs sont connectés et pilotables, autorisant de substantielles économies et que, de plus en plus, c'est la pompe à chaleur qui s'impose comme la meilleure contribution de l'électricité à l'efficacité énergétique.
Certains craignent enfin que l'on garde les centrales nucléaires, voire que l'on en construise de nouvelles. Ah c'était donc ça ! Il fallait le dire tout de suite. Décidément les antinucléaires ne nous aident guère à lutter contre le changement climatique.

Avis d'expert proposé par Brice Lalonde, président d'Équilibre des Énergies

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