HAUTE-MARNE, LE PAYS D'AMANCE : LA BALADE AVANT LA CONQUÊTE ÉOLIENNE, IV ET FIN

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   Tous les villages que nous verrons aujourd'hui appartiennent à l'actuel canton de Laferté-sur-Amance dont le territoire était, jusqu'au traité de Nimègue en 1678, divisé en deux par la frontière entre la France et l'Empire. La région a en conséquence beaucoup souffert des guerres, en particulier de celle de Trente Ans.
A la veille de la Révolution, ces villages relevaient, au plan civil, de la généralité de Champagne, du bailliage et de l'élection de Langres, ainsi que de la prévôté de Coiffy, et, au plan religieux, du diocèse de Langres et du doyenné de Pierrefaites ; seul Voisey dépendait, d'une part de la généralité de Franche-Comté, du bailliage de Vesoul et de la prévôté de Jussey, d'autre part du diocèse de Besançon et du doyenné de Favernay. Il avait la particularité d'appartenir à la Champagne, tout en relevant du diocèse de Besançon.


Laferté-sur-Amance
   Dans les plus anciennes chartes, la commune peut être appelée Firmitas, nom qui vient de forteresse; elle tient effectivement son existence de la présence d'un château, dont on doit sans doute l'origine à Renard Ier, XIe siècle. Un prieuré a été fondé au cours de la période 1136-I20I 8.
   Des habitations se sont groupées entre le château et le prieuré; le bourg rural s'est formé, délimité par les fossés, encore visibles dans certains endroits de la commune : l'évolution de Laferté s'inscrit ainsi dans un schéma classique aux Xe-XIe siècles. Cependant, on peut imaginer, comme pour de nombreux bourgs castraux, que l'appropriation humaine est antérieure à la construction du château.
   La seigneurie comptait une prévôté. Les seigneurs avaient le droit de basse, moyenne et haute justice : celle-ci était exercée par des officiers de la baronnie. Les premiers seigneurs de Laferté n'avaient pas de sceau, ils faisaient sceller leurs actes par d'autres seigneurs, notamment ceux de Jonvelle.
   Le premier seigneur mentionné 9, Renard Ier baron de Laferté, était vassal de Clefmont. La seigneurie passe :
  • en 1199 à la famille de Vignory,
  • en I528 à Antoine Ier de Choiseul,
  • et, en I72I, à la famille de La Tour du Pin.
   À la suite de la Révolution, Laferté devient chef-lieu de canton.

L'église Saint-Pierre-aux-Liens*
   Le chœur, inscrit à l'Inventaire supplémentaire des Monuments historiques, date de la fin du XVe siècle. Il possède toutes les caractéristiques propres à la fin du Moyen Âge : contreforts à 45° encadrant un chevet à plat; baie à remplage flamboyant dans le mur oriental; profil complexe des arcs d'ogive; pas de chapiteau entre la colonne et la voûte; armoire eucharistique de style flamboyant.
   La nef ancienne, visible sur le cadastre napoléonien, a été remplacée, entre I859 et I862, par une nef, deux collatéraux et un porte-clocher, sous la direction de Godard et Durand, architectes diocésains. L'ensemble est de style néo-gothique. Pour réunir la somme nécessaire, une souscription est ouverte en I857, à laquelle participe Jean-Baptiste Hippolyte Chauchard.
   À l'extérieur, aucun chapiteau n'a été taillé, en raison d'un manque d'argent.
   En I882, le maître-autel est reconstruit par Couvreur, sculpteur au Fayl-Billot.
   L'intérieur renferme deux pierres de fondation, l'une du XVIe siècle, l'autre de I745. Il s'agit de legs de terres, la première afin de faire dire des messes pour les donateurs, la seconde pour faire l'école aux enfants.
   Sur le mur est de la nef, une peinture murale représente l'ange délivrant saint Pierre de la prison; il s'agit d'une oeuvre de Joseph-Constant Ménissier. Une croix reliquaire en cuivre du XVIIe siècle, inscrite à l' Inventaire supplémentaire des Monuments historiques, le 2I juillet I992, est conservée au musée des Annonciades.

* traduction de Église Saint-Pierre-ès-Liens



© Dominique et Jean-Michel Liegey

Jean-Baptiste Hippolyte Chauchard
   Né à Langres en I808, il est mort** en I877 et enterré à Laferté. Il travaille au ministère de l'Instruction publique, et devient conseiller général du canton de Laferté. Dès I848, il est représentant du peuple; il siège à droite et vote régulièrement avec les conservateurs.
À partir de I85I, Chauchard réunit les premiers volumes de ce qui devient rapidement la bibliothèque cantonale de Laferté; installée dans la mairie, elle ne comportait pas de salle de lecture et se composait de 958 ouvrages.
Chauchard est à l'origine du passage de la ligne de chemin de fer dans la vallée de l' Amance. Il préside en effet la commission d'enquête administrative en I854 alors qu'il est membre du Corps législatif et du Conseil Général. Le chemin de fer était censé apporter un nouveau souffle à cette région délaissée en favorisant les exportations. Mais le train favorisa le commerce de toutes les régions françaises, et le canton de Laferté se retrouva rapidement à la traîne. L'exode rural commença dans la seconde moitié du XIXe siècle et se poursuit encore.

** mort le 5 août 1877 à Cauterets, Hautes-Pyrénées.


8. Abbé Foissey, Histoire de Soyers. Imprimerie Andriot Moissonnier, Chaumont, 1900, p.119.
9. Fondation du prieuré de Varennes en 1804 par le seigneur de Choiseul.

  Sandrine Fuselier, Excursion annuelle de la S.H.A.L dans le Pays d'Amance, I5 juin 2003, Société historique et archéologique de Langres, Bulletin trimestriel n° 355, imprimerie I.D.G., Langres-Saints-Geosmes, 2004, pp. 379-380.

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