TRANSITION ÉNERGÉTIQUE, PRODUCTION D'ÉLECTRICITÉ : INVESTIR DANS LE STOCKAGE, VRAIMENT UN BON BUSINESS?

  " Deux périls pour l'esprit : mésestimer les complexités de la nature, ou s'en laisser décourager au point qu'on se rabatte sur le surnaturel. "
  ROSTAND Jean, I894-I977 

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Pourquoi le problème de l'intermittence ne peut être résolu

Andrew Montford

  Je demande souvent aux enthousiastes des énergies renouvelables d'expliquer ce que nous sommes censés faire lorsque le vent ne souffle pas, si nous ne pouvons pas nous rabattre sur les combustibles fossiles. L'autre jour, j'ai demandé à James Murray, rédacteur en chef du magazine Business Green, quelles formes de stockage il pensait que nous pourrions utiliser, et voici ce qu'il a répondu :
 " ... un portefeuille de technologies : nucléaires pour répondre à la demande, les batteries à l'échelle du réseau, et d'autres formes émergentes de technologies de stockage de l'énergie, d'hydrogène et de gaz, finalement combiné avec le captage et le stockage du carbone : CSC. "
  Il est clair que nous étions un peu hors sujet ; ma question portait spécifiquement sur le stockage, même si nous élargissons le champ d'application pour couvrir la question générale de " que faisons-nous lorsque le vent ne souffle pas " ; mais, sa réponse indiquait clairement qu'il n'avait pas pris conscience de l' INCONTOURNABLE problème économique.
  En effet, avec la domination de l'éolien sur le réseau, les perspectives économiques sont sombres pour quiconque cherche à gagner de l'argent pendant les périodes sans vent. Il y a deux grands types d'accalmie à combler :

  • La première est une " dunkelflaute " [période sombre, en Allemand] qui se produit chaque hiver ; elle correspond à pas ou peu de production pour l'énergie solaire. Cette " période sombre " hivernale est quasi systématique d'année en année, et parfois, elle peut même déborder sur le printemps ; chaque période peut durer entre I à 3 semaines. 
  • Le second " pot au noir " se passe lors de la saison estivale, avec pas de production éolienne tout au long des mois d'été, qui peut, parfois, être interrompue par un coup de vent salutaire. Cela se produit bien sûr chaque année, 
  Et, dans ces conditions, une grande quantité d'énergie doit être stockée pour couvrir le déficit de production : peut-être jusqu'à 50 jours de demande.
   Si nous parlons de stockage, la plus grande partie de celui-ci sera à peine utilisée ; il n'est vraiment nécessaire qu'une fois l'an, pour faire face à la " période sombre " estivale. La plupart des batteries seront remplis à l'automne où elles attendront l'été, avant d'être vidées pour répondre à la demande, avant de rester vides à nouveau jusqu'à ce que les vents se lèvent à nouveau et que les nuits s'allongent.
   Il est impossible de gagner de l'argent sur cette base. Un kilowattheure de stockage dans une batterie lithium-ion peut coûter 350 livres sterling [~400€]. Si, de manière optimiste, une batterie effectue deux cycles de charge-décharge par an, elle n'en effectuera que 20 au cours de sa durée de vie. Cela signifie qu'il faut facturer 17,50 livres sterling/kilowattheure [~20€], juste pour couvrir les coûts d'investissement ; l'électricité est en sus ! C'est environ trente fois le niveau observé au plus fort de la crise l'année dernière, et 300 fois les prix dont nous bénéficiions avant l'avènement des " énergies renouvelables bon marché ".
   Bien sûr, des systèmes de stockage moins coûteux peuvent se profiler à l'horizon, il vaut donc la peine de s'y intéresser. Le meilleur pari à l'horizon semble être le stockage d'air liquide, qui a une durée de vie de 25 ans, ce qui permet d'envisager 50 cycles de recharge. Ses coûts d'investissement sont également beaucoup plus faibles, mais il lui faudra tout de même 1,68 livre sterling [~2.5€] pour couvrir ses coûts d'investissement. C'est trois fois le prix le plus élevé de l'année dernière, et trente fois ce qu'il était au bon vieux temps.
   Le fait d'avoir besoin d'une grande quantité d'électricité seulement deux fois par an rend l'économie impossible. Les technologies de stockage ne sont pas les seules concernées : l'idée de James selon laquelle nous pourrions utiliser le nucléaire pour combler le déficit ne tient pas la route. Qui va construire une centrale nucléaire qui ne fonctionnera que... 50 jours par an ? L'idée est absurde. En fait, le problème de l'intermittence ne peut être résolu. Les coûts d'une telle solution la rendent impossible, quelle que soit la technologie, même dans les hypothèses les plus optimistes concernant les trajectoires de coûts.
   En guise de conclusion, il est intéressant de noter que le modèle de la Commission sur le changement climatique pour un système énergétique net zéro comporte un vaste parc de... turbines à gaz, I22 GW !, brûlant de l'hydrogène pour faire face à l'intermittence de ses vastes usines éoliennes et d'énergie solaire. Mais ces centrales électriques ne fonctionnent que très rarement, — elles ne fournissent que 2 % de leur capacité chaque année. D'après mes calculs, cela signifie qu'elles fourniront de l'électricité à environ 1 £/kWh [~I.I5€], soit 40 fois les prix du bon vieux temps. À noter, toutefois, que la Commission sur le changement climatique, CCC, s'est bien gardée d'inclure la facture de ces unités dans le calcul final du coût de l'énergie nette zéro : erreur? Oubli volontaire?

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