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Les malheureux habitants de Mars-la-Tour, terrifiés par l'apparition de l'ennemi, avaient dit vrai quant à l'occupation du village, mais quelques-uns dans leur affolement avaient grossi démesurément le chiffre des occupants.
Sans perdre une minute, notre général donna ses ordres, prit ses mesures de sûreté et son dispositif de combat pour recevoir l'adversaire s'il se présentait à nous avant que nous puissions le joindre.
En traversant Rezonville et Vionville, deux villages qui se trouvent sur la route avant d'atteindre Mars-la-Tour, les racontars prenaient des proportions si exagérées que notre divisionnaire en parut frappé. Il s'est figuré, pendant toute cette matinée, qu'il avait devant lui un effectif ennemi très élevé.
Presque au même instant nos éclaireurs faisaient parvenir à notre chef des renseignements exacts sur la force de cette avant-garde, estimée à deux ou trois régiments de cavaliers avec quelque artillerie. Notre général eut un moment de perplexité bien naturel : il était peu prudent de lancer la cavalerie sur un village occupé par de l' artillerie embusquée, qui aurait pu foudroyer nos escadrons.
Il fut promptement rassuré par des paysans qui lui apprirent que l'ennemi venait de quitter précipitamment Mars-la-Tour. Était-ce un piège, car les Prussiens montraient habituellement plus de hardiesse ?
Comme ces renseignements se confirmaient, notre général lança des escadrons à fond de train sur Mars-la-Tour, ils traversèrent le village qu'ils cernèrent.
La cavalerie allemande, instruite de notre approche, se sentant incapable de soutenir le choc, n'attendit pas notre arrivée. Elle s'enfuit en désordre avec la précipitation d'une troupe en déroute, abandonnant un poste de huit hussards hanovriens qui cherchaient à nous échapper.
Nous étions loin de cet ennemi en force qui devait nous barrer la route comme certains historiens le rapportent. Cette force imaginaire que l'on semblait redouter a été la cause du stationnement de l'armée entière sur le plateau de Gravelotte pendant la journée du I588, et a obligé l' Empereur à s'arrêter dans ce village.
Cette journée a encore été perdue pour la retraite et a été la cause de la bataille de Gravelotte. L'ennemi, profitant de notre lenteur, a pu nous gagner de vitesse en se servant des ponts dont il a été question plus haut pour franchir la Moselle, et nous attaquer, à la grande surprise du maréchal qui n'avait pris aucune disposition pour combattre.
En présence des escadrons du 7e cuirassiers, les hussards hanovriens comprirent que toute lutte était impossible; ils se rendirent, tenant leurs armes sans chercher à fuir ou à résister. On s'empara des huit chevaux qui étaient extrêmement fatigués et très maigres.
Nos prisonniers furent confiés à une escorte qui suivit la division. Ce petit succès si facilement obtenu fit très bon effet parmi nos troupiers. C'étaient les premiers ennemis que nous rencontrions depuis l'entrée en campagne; cela nous causa un vif plaisir. Si notre général avait écouté l'un des prisonniers, toute la brigade serait tombée en notre pouvoir avant qu'elle ait pu s'éloigner.
Les chevaux pris par nous étaient là, exténués, preuve vivante que toute résistance allemande eût été impossible devant notre division toute fraîche.
Le matin, en quittant notre bivouac, le général de Forton avait disposé un escadron de la brigade Murat en avant-garde; un autre escadron flanquait la colonne pour surveiller la Moselle pendant que les cuirassiers s'empareraient de Mars-la-Tour ou combattraient la cavalerie ennemi. Ce dispositif de circonstance était logique et rationnel, nous avions aucune préoccupation au sujet de notre droite puisque nous étions en liaison avec la cavalerie du général du Barail.
L'intention de notre divisionnaire, en arrivant à Mars-la-Tour, était d'amorcer l'ennemi avec quelques patrouilles et de provoquer un déploiement pour nous rendre compte des forces de l'occupant. On sait ce qui arriva : l'ennemi venait de déguerpir du côté opposé sans que nous l'ayons aperçu. Les escadrons se précipitèrent au galop dans les rues, on fouilla les cours, les maisons; pas d'erreur, on ne trouva en tout et pour tout que les huit hussards qui furent capturés avec leurs chevaux.
Le général Murat fut ensuite envoyé en reconnaissance, mais tardivement, avec le 9e régiment des dragons, [reconstitué en I826, ex 2Ie régiment de chasseurs à cheval; en I870, il est en garnison à Poitiers; il capitule lors du siège de Metz, comme le reste de l'armée; il ne sera plus engagé sur les champs de bataille avant... I9I4] dans la direction de la Moselle89; les instructions lui recommandaient " la prudence ". Notre divisionnaire était un chef très bon, craignant pour la vie de ses hommes. Le but réel de cette exploration était de s'assurer de l'effectif approximatif des forces pouvant se trouver dans les parages; il s'agissait de questionner aussi toutes les personnes rencontrées aux approches du village qui se trouvait sur la route de Saint-Mihiel.
Capitaine du 9e dragons. Le casque des officiers est orné du plumet écarlate, qui est tricolore pour les officier de l'état major du régiment. Photo : Bobillard, Rambouillet. Source.
En arrivant à hauteur de Puxieux, [Meurthe et Moselle, en vieux français : " petits puits "; village situé à environ 30 km, à l'ouest de Metz] l'avant-garde fut accueillie par quelques coups de fusil tirés des premières maisons. Le général se disposait à faire mettre pied à terre à deux pelotons de dragons, lorsque le feu cessa tout à coup. Ayant des ordres pour ne pas trop s'engager, il ne put savoir si cette démonstration peu importante était provoquée par de la cavalerie à pied ou de l'infanterie.
Le général poussa une pointe plus en avant sans être inquiété; les dragons aperçurent dans le lointain des cuirassiers blancs, des uhlans et de l' artillerie, qu'ils distinguèrent à la lunette, sans pouvoir affirmer plus clairement la nature de cette cavalerie; ils l'estimèrent à deux ou trois régiments qui se repliaient hors de portée. Nous disions bien que cette troupe a été aperçue et non rencontrée, comme l'a fait ressortir le rapport du maréchal sur cette affaire.
Sans exercer aucune poursuite, pour se conformer aux ordres, le général Murat, considérant sa mission terminée, fit demi-tour et rentra à la division90, sans qu'aucun de ses cavaliers ait reçu une égratignure ou fait usage de ses armes; voilà ce que nous avons appris à son retour.
C'est alors que l'ennemi, s'apercevant qu'il n'était pas suivi, s'arrêta, croyant n'avoir à faire qu'à un seul régiment de dragons.
Pendant ce temps, en attendant le retour de la reconnaissance, notre division se forma en bataille dans les champs, derrière les jardins de Mars-la-Tour.
Après une attente d'une demi-heure, on aperçut la colonne Murat qui rentrait.
Tout à coup l'artillerie prussienne ouvrit un feu nourrit sur notre division; la nôtre répondit non moins vivement; puis un feu de mousqueterie [décharge simultanée ou feu roulant de fusils] éclata à la lisière des bois sur le prolongement de notre droite. Ce sont des coups de fusil qui firent croire à notre divisionnaire que les bois, sur son flanc droit, étaient occupés par l'infanterie9I.
Cette canonnade dura près de deux heures. Si les coups avaient été pointés juste, nous n'aurions pu tenir dans cette formation en ligne déployée92; il n'en résulta aucune perte de notre côté; les obus passaient en ronflant au-dessus de nos têtes pour aller s'éclater dans les jardins de Mars-la-Tour dont ils hachèrent les arbres chargés de fruits. Quelques façades de maisons furent atteintes : ce fut tout.
Un de nos hussards prisonniers nous dit alors que l'infanterie était encore très éloignée; que les coups de fusils entendus étaient tirés par des cavaliers à pied, cachés à la lisière du bois. Cette tactique était habituelle à leur cavalerie pour donner à supposer qu'elle était appuyée par de l'infanterie. Cette fois, ce stratagème réussit à tromper notre divisionnaire, et certes au-delà de tout espoir pour l'ennemi.
Le général de Forton se vit immédiatement très menacé sur son flanc droit. En conséquence il aurait fait savoir au commandant du 2e corps, général Frossard, qui se trouvait à 3 kilomètres de lui dans la direction de Vionville, qu' " il se trouvait en présence de l'infanterie prussienne. " Le général Frossard aurait fait cette réponse : " Non, Forton est dans l'erreur, l'infanterie ennemie est encore de l'autre côté de la Moselle, il n'a pas à s'en inquiéter. " Je fais toutes mes réserves à ce renseignement, n'ayant pu connaître le nom de l'officier, suivant les on-dit, le capitaine Lafouge, qui avait rapporté cette réponse; cela ne change d'ailleurs rien à notre situation.
La canonnade continuait toujours de part et d'autre. Nous restions là, sur place, à regarder le tir de nos artilleurs. Le même hussard hanovrien qui avait déjà pris la parole se mit alors à notre entière disposition pour nous renseigner. C'était un gaillard à mine éveillée parlant le français avec aisance. Il avait, disait-il, travaillé à Paris et à Metz comme sellier, avant son incorporation; et de son séjour en France il avait, — affirmait-il, — rapporté un sentiment très vif d'attachement à notre patrie. Il nous dit que " depuis trois jours ils avaient battu la campagne à une allure rapide, sans avoir rencontré un seul Français pour entraver leur marche; que les paysans effrayés allaient au devant de leurs désirs, leur accordant tout ce qu'ils demandaient. " Ses officiers, ajouta-t-il, étaient " ravis de l'accueil qu'ils recevaient des populations françaises ".
Il demanda ensuite pourquoi nous ne poursuivions pas leur cavalerie, dont les chevaux étaient aussi fatigués que ceux en notre pouvoir ?
On lui répondit qu'il nous faudrait de l'infanterie pour déloger celle qui se cachait dans les bois. Il se mit à sourire en disant : " Vous vous y laissez prendre aussi; ça réussit toujours. L'infanterie n'a pas pu nous suivre, je vous dis que ce sont des cavaliers à pied qui tirent les coups de fusil que vous entendez. " Il ajouta qu'il connaissait bien le pays : " C'est moi qui ai guidé le général dans notre marche sur Mars-la-Tour. "
Notre curiosité était excitée par cette communication qui paraissait véridique. Le hussard apparaissait fort à son aise, sans être le moins du monde intimidé par notre groupe d'officiers. On le conduisit au général de Gramont; il tint devant lui le même langage, affirmant ses dires avec énergie et sincérité.
Le général de Forton, instruit de ces propos, ne parut pas en faire grand cas.
Devant notre incrédulité, le Hanovrien affirma à nouveau son amour de la France et, au milieu de notre groupe, où se trouvaient le commandant Rollin, le capitaine Vignal et d'autres officiers, qui quittèrent momentanément leur place de bataille, — car malgré la canonnade, on ne s'immobilise pas toujours deux heures à la même place, — il répéta textuellement : " Il n'y a pas d'infanterie; c'est impossible ! Je sais ce que je dis, c'est la vérité. "
Il mettait une grande animation à nous convaincre; entre autres choses il ajouta : " Je suis votre prisonnier, croyez-vous que je voudrais m'exposer à me faire fusiller en vous donnant un faux renseignement ? "
Le général de Forton ne modifia pas son impression.
" Il n'est pas rare en campagne, disait-il, de voir des soldats ennemis désignés pour se faire prendre exprès avec mission d'induire l'adversaire en erreur; ces grossières ruses de guerre sont à craindre; il n'est pas prudent de s'en rapporter aux dires d'un ennemi. Parfois même un prisonnier est porteur de papiers fabriqués à dessein et destinés à être saisis, de manière à faire donner à l'adversaire dans un piège. "
Notre divisionnaire demeura donc obstinément convaincu qu'il avait à proximité des forces ennemies imposantes. Il fit prévenir le général du Barail qui, ne pouvant quitter son service d' exploration, se rapprocha pourtant de Mars-la-Tour.
Cette canonnade n'eut pas pour effet d'amener quelques-unes de nos troupes à l'endroit où nous étions. On aurait dit que notre division était isolée. Personne ne vint, pas même un officier du maréchal accourant aux nouvelles, rien ! Nul dans le haut commandement n'eut la curiosité d'envoyer demander ce qui se passait. Voici qui peut paraître invraisemblable, mais c'est pourtant l'humble vérité93 ! Aucun commandant de corps n'osait prendre une initiative dans la crainte de recevoir un rappel à l'ordre du maréchal, très jaloux de son autorité.
Hussards prussiens I870 en mission d' éclaireurs. Sur le Web.
Nos artilleurs se distinguèrent par leur tir, un obus enflamma un caisson ennemi lequel, en sautant, détruisit une pièce de canon et son attelage; ce fut la fin du combat. Nous avons appris ce détail, le lendemain, par des prisonniers.
Que se passa-t-il ensuite dans l'esprit de notre chef ? Aucune reconnaissance offensive ne fut tentée à la suite de ce silence des Prussiens. Aucune poursuite n'eut lieu ! Nos artilleurs étaient joyeux d'avoir réduit au silence l'artillerie ennemie : ce fut tout !
L'adversaire put se retirer en toute sécurité !
Voulant me documenter sur cette mystérieuse affaire du I5 août, pour ne rien avancer qui ne soit absolument exact, j'ai écrit à un ancien camarade bien placé pour être renseigné, au colonel de La Brousse de Veyrazet, commandant actuellement le 126e de ligne de Toulouse. Il faisait partie de l'état-major du général de Forton, comme lieutenant, et prit part à cette escarmouche, pompeusement baptisée dans certains récits : combat de Mars-la-Tour.
Voici la réponse du colonel de La Brousse :
Toulouse, le 5 décembre I904,
... " le I5 août, le capitaine Lafouge, aide de camp du général de Forton, a été envoyé par ce dernier auprès du général Frossard pour lui dire qu'il se sentait trop en l'air pour passer la nuit à Mars-la-Tour et qu'il lui demandait l'autorisation (sic) de se replier sur lui vers Vionville pour y bivouaquer. Voilà la vérité. J'ajoute que le général Frossard a accordé l'autorisation sollicitée, sans avoir qualité pour le faire94.
" G. DE LA BROUSSE " Après cette inutile canonnade, notre chef fit mettre pied à terre à sa division aux alentours de Mars-la-Tour, pour abreuver les chevaux, 2.500 chevaux, de ses quatre régiments et de ses deux batteries d'artillerie. Cette opération demanda près de deux heures.
Les hommes cassèrent une croûte, l'intendant Birouste ayant fait réunir les réquisitions exigées le matin même par les Allemands et que ceux-ci n'avaient pas pu emporter dans leur fuite précipitée.
Les officiers s'étaient un peu dispersés pour se réconforter.
Le général de Forton était assis, tenant à la main une boîte de pastilles de chocolat dans laquelle il puisait de temps à autre. Ses officiers supérieurs et ses deux généraux l'entouraient, paraissant bavarder paisiblement.
Soudain le général de Forton se leva et dit à son entourage : "
Décidément je me trouve trop en l'air ici, je vais me replier sur Vionville. "
Ce fut une stupéfaction générale !
Le maire et les conseillers municipaux, prévenus aussitôt, vinent supplier notre général de ne pas donner suite à ce projet, attendu que l'ennemi réoccuperait Mars-la-Tour, derrière notre dos et userait de représailles.
Le maire ajouta, qu' " il avait envoyé aux renseignements, dès le matin, des émissaires en voiture et à cheval. Puisqu'ils n'étaient pas encore de retour, c'est que l'ennemi n'était pas aussi rapproché qu'on le supposait. ". Ces éclaireurs improvisés rentèrent; chacun d'eux n'avait rencontré l'ennemi; ils nous apprirent que des patrouilles avaient été aperçues à Dampvitoux, [Meurthe et Moselle, commune située à environ 28 km à l'ouest de Metz] Hadonville, [Meuse, aujourd'hui Hadonville-lès-Lachaussée; commune voisine de la précédente] Woël, [Meuse, village situé à environ 45 km à l'ouest de Metz] etc., mais que pas une troupe importante n'avait encore été signalée, sauf celle qui avait combattu et qui fuyait au-delà de Chambley. [Meurthe & Moselle;aujourd'hui Chambley-Bussières; village situé à environ 28 km au sud-ouest de Metz]
Après ces rapports, le colonel de Villiers, chef d'état-major de la division, proposa au général d'envoyer de raids d'officiers pour contrôler les renseignements fournis par ces hommes de bonne volonté. Le général, pour toute réponse, se leva et fit sonner à cheval; il avait une idée fixe : il voulait se replier sur Vionville.
En passant près de nous, le colonel Junker du I0e cuirassiers, qui causait de façon animée avec le colonel du Ier dragons, lâcha à haute voix ces paroles que quelques camarades et moi entendîmes : " Cet homme est fou; il aurait pu capturer cette cavalerie ennemie; à présent il va nous couvrir de honte en fuyant devant elle95! "
Après être remonter à cheval, j'ai pris mon calepin, placé entre mon manteau et la sacoche droite de ma selle, et j'ai consigné par écrit ces propos à l'instant même.
Sur la place une grande partie de la population nous regardait partir, consternée. Le maire supplia encore le général de ne pas l'abandonner, et de ne pas livrer Mars-la-Tour à l'ennemi.
Le général de Forton ne daigna même pas discuter. Nous partîmes; et derrière notre dos les Allemands s'approchèrent. Le village fut occupé le lendemain dès la pointe du jour par la cavalerie de Voigts-Rhetz. [Konstantin Bernhard von Voigts-Rhetz, I809-I877; général; il dirigeait le Xe corps d'armée; un corps d'armée mobilisé se compose de deux divisions d'infanterie, une division de cavalerie et une réserve d'artillerie]
Général VON VOIGTS-RHETZ Bernhard. Source.
Quand au général de Forton, dans sa précipitation, il n'avait pas même laissé une patrouille pour observer l'ennemi, ni cherché à garder le contact, ce qui est élémentaire.
Ainsi donc notre général, chargé de la mission la plus importante, celle d'assurer la sécurité de l'armée, abandonnait ce service pour se replier sur Vionville, c'est-à-dire laissait la route qu'il avait pour mission d'explorer complètement ouverte à l'ennemi.
À suivre...
88. Retard dû surtout à l'encombrement des routes.
89. Il est question, ici, du Ier dragons : d'après DICK DE LONLAY il était déjà à la poursuite des Allemands se retirant sur Puxieux. " Le Ier dragons, soutenu par la 9e de l'arme, s'engage de plus en plus dans les terres labourées et dans les champs, sur la gauche de Mars-la-Tour, et y rencontre bientôt un régiments de uhlans; celui-ci tourne bride aussitôt. Nos dragons se déploient en fourrageurs, [en ordre dispersé dans la même direction] et lui donnent la chasse. Le colonel de Forceville, [Alphonse Benoît, I820-I895] n'ayant sous la main que trois escadrons, le reste est en éclaireur, fait prévenir le général prince Murat, qui marche avec le 9e dragons, en seconde ligne. La poursuite se continue, pendant plus de trois kilomètres; tout le monde attend, avec anxiété, l'autre régiment de dragons... Malheureusement, le général de Forton reste à Mars-la-Tour avec les cuirassiers, et le prince Murat ne suit, qu'avec une extrême lenteur. "
DICK DE LONLAY, loc. cit., II, 592.
Colonel DE FORCEVILLE
90. Le commandant Farinet diffère ici quelque peu du lieutenant-colonel PICARD et de M. Germain BAPST. D'après le premier, " le Ier dragons refoule jusqu'à l'ouest de Puxieux deux escadrons de hussards prussiens. Arrêté ensuite par une batterie établie au nord-est de Tronville, il rétrograde sur Mars-la-Tour. " Loc. cit., II, 272.
D'après M. Germain BAPST, le prince Murat avait avec lui deux régiments de dragons. Ne sachant trop que faire en présence des troupes qu'il rencontre, il se replie sur Mars-la-Tour.
D'après DICK DE LONLAY, loc. cit., II, 592-593, deux colonnes de cavalerie prussienne et une batterie d'artillerie sortent des bois situés en arrière de ce village et viennent à la rescousse; les uhlans poursuivis font vote-face, deux pièces se détachent de la batterie et envoient quelques obus aux dragons français; n'ayant pas d'artillerie à leur opposer le prince Murat se décide à se retirer.
9I. Le général de Forton inquiet, voulait être soutenu. Voir Germain BAPST, loc. cit., V, 63 et plus loin, V, 67 : " Cependant le général de Forton n'osa pas se jeter sur l'ennemi et lui donner une chasse à fond; il prétendait voir de l'infanterie et craignait de s'aventurer contre elle. "
92. Les Prussiens qui pourraient faire beaucoup de mal à notre cavalerie tirent au contraire constamment sur nos deux batteries, et ne leur font éprouver aucune perte. DICK DE LONLAY, II, 594-595.
93. La note est toute différente dans les deux ouvrages cités. La division du Barail apparaît au nord de Ville-sur Yron. [Meurthe-et-Moselle; village situé à 5 km au nord de Mars-la-Tour] Le 7e dragons, de la division Valabrègue, [Paul, I809-I886; colonel] du 2e corps, arrive entre Vionville et Tronville. Le général de Forton pouvait donc compter sur trente-quatre escadrons et quatre batteries : comparer lieutenant-colonel PICARD, loc. cit. I, 272. L'ennemi aurait battu en retraite aussitôt après l'entrée en ligne des renforts. Les Allemands n'avaient à ce moment que deux régiments de cavalerie et une batterie; ce n'est que plus tard, dans la soirée, que trois brigades de cavalerie se trouvaient dans ces parages; encore cette cavalerie, division Rheinbaben, [Karl Wilhelm Gustav Albert baron von Rheinbaben, I8I3-I880; général], était-elle dispersée et fatiguée. De Moltke prétend que ce serait la concentration de vingt-quatre escadrons allemands vers deux heures du soir, aux environs de Mars-la-Tour, qui aurait décidé la cavalerie française à la retraite. Voir MOLTKE, Histoire de la guerre franco-allemande de I870-I87I, édition allemande, Mittler und Shon. Berlin, page 27.
Colonel DE VALABRÈGUE, I860. Source
Général VON RHEINBABEN Albert
94. Le général Frossard qui devait aller jusqu'à Mars-le-Tour reçut en route un second ordre lui enjoignant de s'arrêter à Vionville. Le général de Forton, informé de cette décision, se serait alors trouvé trop en l'air à Mars-la-Tour et aurait décidé de se replier aussi sur Vionville. D'après Germain BAPST, il aurait eu une entrevue avec le général Frossard qui aurait poussé avec son escorte jusqu'à Tronville. Voir loc. cit., V, 64-66.
95. Après une lutte insignifiante... le général de Forton se replia sur Vionville avec la division Valabrègue, laissant ainsi aux uhlans toute liberté de surveiller nos mouvements. Alfred DUQUET, [I842-I9I6, Historien militaire, spécialiste des guerres du Second Empire; rédacteur en chef de la " Nouvelle revue ", collabora à " La revue bleue ", à la " Revue militaire ", au " Moniteur de l'armée ", etc.] Les Grandes batailles de Metz, I08; voir aussi même page, notes I et 2.
COMMANDANT FARINET, L'Agonie d'une Armée, Metz-I870, Journal de guerre d'un porte-étendard de l' Armée du Rhin, ancienne librairie Furne, Boivin & Cie, Éditeurs, I9I4, p. 94-I06.
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