ÉNERGIE : LE RETOUR DE LA RÉGULATION SOUS L'AUTORITÉ DU MINISTÈRE DE L'ÉCONOMIE ET DES FINANCES

  L'énergie, sous la décision du nouveau Premier ministre Gabriel Attal, est de nouveau placée sous l'autorité du ministère de l'Économie et des Finances, qu'elle avait quitté de manière contrainte et forcée en 2008 pour rejoindre le ministère de l'Écologie et de l'Énergie, alors dirigé par Jean-Louis Borloo. Après six années d'absence, ce changement a suscité des critiques de la part de certains, qui y voient une injustice et un " blasphème " écologique. Cependant, un regard sur l'histoire révèle que c'est la séparation de l'énergie du ministère de l'Économie qui était complètement aberrante.
 
* Inspiré par RAUX Jean-François, Direction au sein de l' Électricité de France et de Gaz de France, ex- Délégué Général de l’Union Française de l’Électricité, UFE.
 
Il était une fois pour bien comprendre
Fort de son succès du Grenelle de l'environnement*, Jean-Louis Borloo, alors ministre d’État, ministre de l’Écologie, de l’Énergie, du Développement durable et de la Mer, chargé des technologies vertes et des négociations sur le climat, MEDAD, 2007-20I0, n°2 du gouvernement de François Fillon, obtient même, en 2008, le rattachement du portefeuille de l’Énergie à son ministère et, y compris, l’autorité sur la Direction générale de l’énergie et du climat : DGEC.
 
* " Du 6 juillet au 25 octobre 2007, le Grenelle de l'environnement, initié par Jean-Louis Borloo, ministre d'État sous la présidence de Nicolas Sarkozy, rassemble État, collectivités locales, partenaires sociaux et ONG investies dans les questions environnementales.De nombreuses thématiques sont abordées : la biodiversité et les ressources naturelles, le changement climatique, les relations entre l’environnement et la santé publique, les modes de production et de consommation, la question de la "gouvernance environnementale" ou de la "démocratie écologique", la promotion de modes de développement durables favorables à la compétitivité et à l’emploi, la question des OGM, la gestion des déchets. (...) Le texte, dit " loi Grenelle I ", définit de grandes orientations et expose les choix faits sans pour autant toujours prévoir leurs modalités concrètes d’application ou leur financement. Il traduit simplement au plan législatif les engagements pris en octobre 2007. (...) D'autres dispositions portent sur l’énergie, promotion des énergies renouvelables, les produits incluant des nanomatériaux, l’agriculture, hausse de la part de l’agriculture biologique à 20% en 2020, division par 2 de la quantité de pesticides utilisés, la démocratie environnementale, installation d’instances de dialogue incluant notamment les riverains pour les entreprises à fort impact environnemental, etc.(...) ". Source
 
Ce fût la première des deux énormes erreurs commises par le ministre; la deuxième est la promotion du paquet climat-énergie européen, 2008, qui comprenait l'objectif des " 3 x 20 "*, dont le 20% d' ENR n'avait aucun sens pour la France, puisque sa production électrique était, déjà, décarbonée à 95% ! La conséquence directe de ces décisions de cet activisme idiot était qu'il donnait à l'Union européenne, UE, la possibilité d'intervenir sur le mix énergétique des États, alors même, que de par les traités, ce mix relevait de la compétence exclusive de ceux-ci. [Traité de Lisbonne, 2007; article I94; Traité instituant la Communauté européenne de l'énergie atomique, dit traité Euratom, I957, toujours bien en vigueur, précise que " l’Union a pour mission de contribuer au développement rapide de l’industrie nucléaire afin de contribuer « à l’élévation du niveau de vie » dans chaque État membre "; etc.] Cette nouvelle situation octroyait, de fait, à l' UE et donc... à l'Allemagne, l'une et l'autre antinucléaires notoires, un énorme pouvoir de nuisance sur le mix électrique français, jusqu'à mettre en péril l'avenir de son nucléaire. Jean-François Raux raconte : " Pour l'anecdote, lors d'une réception de la remise de la Légion d'honneur, où j'étais invité, j'entendis le ministre Borloo dire que " la France était en retard sur l'Allemagne en matière de lutte contre les émissions de CO2 !; cet argument fût d'ailleurs repris par son directeur de cabinet de l'époque, JF Carenco**, dans un entretien privé que j’eus avec lui "
 
* " Le paquet climat-énergie, ou énergie-climat, ou plan climat est un plan d'action adopté par l'Union européenne en décembre 2008 et révisé en octobre 20I4, visant à mettre en place une politique commune en matière d'énergie et de lutte contre le changement climatique "; il contient " la réalisation de l'objectif « 20-20-20 » ou « 3 X 20 » visant à :
  • faire passer la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique européen à 20 % ;
  •  réduire les émissions de CO2 des pays de l'Union de 20 % ;
  •  accroître l'efficacité énergétique de 20 % d'ici à 2020.
  •  Alors que les deux premières mesures sont contraignantes, la troisième n'a, jusqu'à présent, aucune valeur juridique. "
 Source 
 
** Président de la Commission de régulation de l' Énergie, 20I7-2022; ministre délégué chargé des Outre-mer, 2022-2023. 
 
Ainsi, monsieur Borloo, suite à son Grenelle de l'Environnement, " une mascarade à laquelle j'ai participé , dixit JFR, plutôt outil de promotion pour les Hulot, Jouzel et Borloo ", s'est rendu complice de la mise sous tutelle du secteur énergie et environnement par les écolos activistes qui sont arrivés à contrôler patiemment tous les postes clefs de l'administration : DGEC, RTE; l'ADEME étant quant à elle depuis longtemps sous leur contrôle.
En même temps, il y avait l'Allemagne à la manœuvre via ses fondations privées, comme l'Agora Energiewende, 20I4, " une organisation de groupes de réflexion et de groupes de pression qui s'est fixé pour tâche de rechercher des solutions de compromis majoritaires dans la transformation du secteur de l'électricité dans le cadre de la transition énergétique en Allemagne. ", l' OFATE, 2006 " L’Office franco-allemand pour la transition énergétique est une plateforme d’échange d’informations et d’expériences entre la France et l’Allemagne. Il a pour mission de promouvoir la transition énergétique en organisant le transfert de connaissances et la mise en réseau des acteurs français et allemands. (...) " — un pur scandale; auquel on peut ajouter l' IDDRI*, think thank, 200I, " L'Institut pour le développement durable et les relations internationales, IDDRI, est un groupe de réflexion indépendant qui facilite la transition vers le développement durable. (...) À cette fin, l' IDDRI identifie les conditions et propose les outils d'intégration du développement durable dans les politiques. Il agit à différents niveaux, de la coopération internationale à celle des administrations nationales et infranationales et des entreprises privées, chaque niveau informant l'autre. (...) " , — et bien sûr, la Commission européenne.
 
* Les listes des membres du Conseil d' administration et celle des partenaires financiers,soulignent l'influence supposée prépondérante qu'a cet organisme dans les sphères internationales, gouvernementales, politiques et industriels.
 
L'affaire du 50% de nucléaire de 20I2*, décision politique sans aucun fondement rationnel, a amplifié la mise sous contrôle des administrations par la pensée écologique, avec les nominations ad hoc. Jean-François Raux raconte : " Observateur privilégié à l'époque, en tant que Délégué général de l' Union française de l' Électricité, UFE, j'ai vu progressivement mes interlocuteurs compétents dans l'administration et, par la suite, avec l'arrivée de Brottes**, chez Réseau de Transport d'Électricité, RTE, remplacés par des " écologistes purs sucres ", au service des lobbies ENRi. Tout ces changements " verts " ont généré bien des erreurs dans les objectifs contenus dans les différentes lois successives de transition écologique; telle que l'isolation complète des bâtiments, lobbies bâtiment, coûteuse; ces multiples dispositions mirent le coût de la tonne de carbone évitée à des niveaux aberrants ! ". 
 
* " (...) Réduire à 50 % la part de l’atome dans la production d’électricité en France, contre encore 69 % en 202I et 75 % il y a une décennie : tel fut l’un des soixante engagements électoraux du candidat François Hollande à la présidentielle de 20I2. Engagement pris dès la primaire socialiste d’octobre 2011, puis scellé, un mois plus tard, dans un accord avec les écologistes, en vue des législatives. Une promesse gravée, ensuite, dans le marbre de la loi, d’abord « à l’horizon 2025 », durant le quinquennat de M. Hollande, — en 20I5. Puis, finalement, « à l’horizon 2035 », au cours du premier mandat d’Emmanuel Macron, – depuis 20I9. (...) ". Source  
** BROTTES François, " (...) Président de la commission des Affaires économiques de l'Assemblée nationale à partir de juillet 20I2, il élabore, dès septembre, la première loi énergétique du quinquennat, loi d'avril 20I3, qui organise notamment le marché de l'effacement des consommations d'électricité, débride les énergies renouvelables, éolien, créé la trêve hivernale de l'énergie et met en place l'expérimentation de la tarification sociale de l'eau. (...)  Le 23 juillet 20I5, le conseil de surveillance de RTE propose, après accord de Ségolène Royal,[alors ministre de l'Écologie, du Développement durable et de l'Énergie] François Brottes au poste de président du directoire de la société en succession de Dominique Maillard. La Commission de régulation de l'énergie, CRE),valide cette nomination le 27 juillet 2015, jugeant qu’elle « satisfait aux exigences » du code de l'énergie, notamment « aux conditions d’indépendance ». François Brottes prend ses fonctions le 1er septembre 20I5. (...) I6 décembre 20I5, il annonce ainsi que RTE entend déployer d'ici à 2020 cinq postes électriques « intelligents » en France, qui permettent notamment de mieux gérer l'électricité intermittente de l'énergie éolienne ; le prototype en cours de construction est présenté comme une première mondiale. Il souligne que « les technologies du numérique » sont davantage en mesure d'adapter le réseau électrique au développement des énergies renouvelables que la construction de nouvelles lignes à haute tension. (...) ". Source
 
Le résultat final de cette politique écologique, outre le massacre de la filière nucléaire, bien aidé en cela par un EDF " complice ", avec son incompétence en ingénierie qui fût, à sa décharge, massacrée après la mise en bourse, 2005, est la totale inaction efficace en matière d'écologie, la vraie.
Pour preuve, le débat se résume depuis des années, pour 90%, à l'opposition entre les pros ENR vs les pros Nucléaire ! Une seule certitude, des fortunes d'argent public ont été investies dans les ENR alors que l'électricité était déjà décarbonée à 95% et, en même temps, les résultats de la France en matière d'empreinte carbone n'ont varié, à la baisse, qu'à la marge depuis I995*; notons toutefois que cette situation a entraîné... un coût colossal de la tonne de carbone évitée ! CQFD !
 
* " (...)  " Par rapport à I995, l’empreinte carbone de la France a diminué de 9 %. Les émissions intérieures ont nettement baissé, - 27 %, tandis que les émissions associées aux importations se sont accrues de 20 %. (...) ". Source
 
 
Graphique I – L’empreinte carbone selon l’origine des émissions de I995 à 202I, en Mt CO2 eq.
Champ : périmètre « Kyoto », soit la France métropolitaine et les outre-mer appartenant à l’UE  
© Sources : Citepa ; Eurostat ; Insee ; Douanes ; AIE ; FAO. Traitement : SDES, 2022.

En revanche, la part des énergies fossiles dans le mix énergétique de la France est restée quasiment stable depuis 20I0*, avec une préférence marquée des administrations écologiques pour le gaz : la réglementation thermique, RT, de 20I2 qui pénalisait de manière aberrante l'électricité, tout en privilégiant le gaz, chauffage, en est la démonstration honteuse et pour tout dire scandaleuse." J'ai parlé d'une trahison des clercs, mais c'est une erreur : c'est une trahison d'idéologues qui ont affaiblit la France dans sa lutte contre le changement climatique et dans sa concurrence économique avec l'Allemagne. ", Jean-François Raux.
 
* À cette date, la part des énergies fossiles, charbon, pétrole brut, gaz, représentait I,4% de la production d'énergie primaire; en 2020, elle se monte à 0,6%. Source
 
Le retour de l'Énergie au ministère de l'Économie et des Finances
La décision de remettre l'énergie sous la direction de l'économie est donc parfaitement justifiée : parce que l'énergie, et notamment l'électricité, est la clef de l'économie numérique de demain, donc de la performance économique, industrielle et climatique de la France.
   On oublie de dire que le passage des process du gaz ou du fioul à l'électricité se sont accompagnés de gains de productivité importants : c'est ce qu'a démontré l'action d'EDF dans les années 70/90, avec l'incitation massive au passage du fioul à l'électricité dans l'industrie, un brillant succès d'ailleurs !!
   C'est aussi le meilleur moyen de découpler PIB et CO2, croissance et CO2 et de casser le décroissantisme*, mantras d' écologistes-gauchiste, motivés pour " détrôner " le capitalisme !!
N'oublions pas non plus que l'économie numérique, y compris l' Intelligence artificielle, IA, est indispensable pour renforcer la gestion efficace de la puissance du système d'un système électrique plus décentralisé, en évolution, donc d'augmenter sa fiabilité et sa résilience : plus l'économie est numérique, plus la continuité de service de l'électricité est critique; le coût de défaillance d'un système électrique est devenu considérable, à la fois sur le plan économique, mais également sur le plan santé et sécurité ! 
 
* Doctrine économique conjoncturelle considérant que l'état de la biosphère, climat, biodiversité, sol, océan, pollution etc., et des ressources, pétrole, minerais etc., mérite une décroissance volontaire afin d'éviter une décroissance imposée par les conditions écologiques planétaires et d'approvisionnement en ressources, particulièrement énergétique, qui ne pourra être que dramatique. Source https://langue-francaise.tv5monde.com/decouvrir/dictionnaire/d/decroissantisme

En conclusion, le rattachement de l'énergie au ministère de l'Économie est une excellente décision !* Nul doute que les écologistes, les promoteurs des EnR, les antinucléaires, etc, qui perdent tout le bénéfice de plus de 20 ans d'entrisme, doivent l'avoir mauvaise ! D'où leur forcing médiatique et sur les réseaux sociaux, pour lier ce changement à la seule question qui vaille pour eux : haro sur le nucléaire ! Vive les EnR ! Mais, on peut être aussi certain que notre cher voisin et ami d' outre-Rhin, ne restera pas l' " arme au pied ". 
 
* Breaking news : on nous informe que le ministre de l' Économie, Bruno Le maire aurait déclaré sur un média tout son amour aux énergies renouvelables !? Et soudain, l'ambiance se refroidit !... Ne revient alors à l'esprit cette phrase : " Se vogliamo che tutto rimanga come è, bisogna che tutto cambi ! ", " Si nous voulons que tout reste pareil, il faut que nous changions tout " TOMASI DI LAMPEDUSA Giuseppe Tomasi di Lampedusa, Le Guépard, I958.




À suivre... 
 
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