L’ AGONIE D’ UNE ARMÉE, METZ – I870, JOURNAL DE GUERRE D’UN PORTE-ÉTENDARD DE L’ ARMÉE DU RHIN, ÉPISODE XXIII

Précédemment
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   C' était le cœur crevé qu'on assistait au départ de ces pauvres bêtes si fringantes autrefois, dressant les oreilles avec fierté au son des trompettes, maintenant efflanqués et mornes. Il faut être cavalier et aimer le cheval pour comprendre une telle navrance ! Qui aurait osé penser deux mois auparavant que nos régiments seraient sacrifiés pour nourrir l' armée ? Quand on a vu des troupeaux innombrables laissés aux Prussiens, alors qu’avec un peu de prévoyance on aurait pu profiter de toutes ces richesses qui ont servi non seulement aux Allemands, mais à toute cette foule de trafiquants qui suivaient leur armée en pays conquis pour spolier les populations envahies.
   Plus d'espoir ! L'armée reste dans ses bivouacs, se sentant perdue. Le maréchal ne tente rien, absolument rien ! Il autorise seulement quelques attaques partielles de ravitaillement dans l'espoir d'en avoir sa bonne part. On faisait tuer cinquante hommes pour se procurer un bœuf, un peu d'avoine ou quelques bottes de fourrage le plus souvent arrachés à l'incendie allumé par les Prussiens qui se retiraient sans résisterccxxxiii
  L'adversaire, pour mettre un terme à ces escarmouches, fit savoir que le cercle était divisé en secteurs; et que tous les villages, fermes et châteaux, compris dans le secteur attaqué, seraient incendiés chaque soir à l'heure du coucher du soleil. Et il tint paroleccxxxiv.
  Quand les Allemands devaient procéder à l'incendie d'un village, ils remplissaient les maisons de bottes de paille ou de fourrage, prévenaient les habitants et à un signal donné tout flambait simultanément. Les malheureux propriétaires se réfugiaient alors dans Metz.
 
I9 septembre.
 
  Les jours se succèdent et se ressemblent, en même temps que la situation s'aggrave progressivement. Le moment le plus agréable pour moi est la promenade avec notre colonel; je fais une moisson plus ou moins fructueuse de renseignements.
  Mon colonel reste toujours calme, il est un peu plus communicatif que de coutume. Je lui exprime les ressentiments de tous, en lui disant qu'il ignorait sans doute tout ce qu'il se colportait en ville. Il me dit cependant : " La conduite du maréchal ne peut s'expliquer, nous sommes perdus si une convention militaire ou un combat victorieux ne se produit pas dans un bref délai ! je suis navré ! j'ai l'ordre de préparer un convoi de quarante chevaux du régiment pour la boucherieccxxxv. "
  Je vis une larme perler sous sa paupière, puis il tourna la tête; j'eus le cœur tellement serré à cette nouvelle que s'il m'avait regardé il en aurait vu autant.
  Le reste de la promenade et le retour furent silencieux.
 
20 septembre.
 
  L'ordre du jour diminue la ration de I50 grammesccxxxvi : ce n'est que le commencement.
  Chaque journée écoulée apporte une nouvelle déception sans aucun espoir de combat en perspective. Si la voix puissante des forts ne tonnait pas on ne pourrait supposer qu'il y a deux armées formidables en présence, dont l'une augmente ses forces, son matériel et son effectif, et l'autre diminue les siennes, les effrite sans combattre, en mangeant ses chevaux ! Est-ce croyable ?  Ne suis-je pas le jouet d'une hallucination, en recopiant mes vieux cahiers, après plus de quarante ans ? Hélas ! non.
  Comment ! Nous sommes plus de I40.000 soldats, robustes, aguerris, pas une non-valeur dans cet effectif : des officiers pleins de courage héroïque; tous veulent se battre puisque c'est le devoir, refouler l'ennemi, briser le cercle qui nous étouffe, qui nous isole de nos familles, de la France, du reste de l'univers, comme si nous étions sur un îlot perdu au milieu de l' Océan. Et on nous laisse croupir dans une inaction énervante, déprimante, indigne ! Que de souffrances morales nous endurons !
  Nous voulons combattre pour la plus belle des causes, nous voulons tous nous sacrifier pour la Patrie. La volonté tenace, l'entêtement ou les calculs d'un seul homme, peuvent donc paralyser toutes ces volontés ? Celui-là peut donc priver la France de cette suprême ressource ? — Et on nous a déclaré que ce serait une infamie que de chercher à renverser cet homme !
  Dire que cette parole aussi imprudente que malheureuse, quoique vraie en soi, sortie de la bouche d'un général estimé de tous, a eu une telle influence sur les destinées de l' armée du Rhin. On peut affirmer que c'est par elle que tout a échoué, malgré les tentatives désespérées du commandant Leperche [Raoul Napoléon Philippe, I83I-I883; Major de la 34e promotion de l'École spéciale militaire de Saint-Cyr, I850-I852, promotion Kabylie; aide de camp du général Bourbaki; sa tombe se trouve dans le cimetière de Montval-sur-Loir, Sarthe] et de ses collaborateurs pour grouper les décisions, agencer la réaction, amener Bazaine à démissionner ou le renverser. Il fallait à notre tête un nouveau chef, ayant la confiance de l' armée. C'est avec une profonde amertume, que nous avons pu constater que pas un seul général n'a osé se mettre en avant pour l'accomplissement de cette sainte mission : quelle gloire de mourir pour la France ! Tous ceux qui applaudissaient les orateurs des réunions, ont donné pour raison qu'ils consentaient à faire le sacrifice de leur vie, mais qu'il " était trop tard "; que l'armée périrait sur les obstacles amoncelés par l'ennemi et qu'ils ne voulaient pas assumer cette sanglante responsabilité.
 

 LEPERCHE Raoul, général. Photo Levitski, Paris.
 
  Le général Changarnier, en employant le mot " discipline ", croit avoir tout conclu. Des agissements tels que ceux de Bazaine, que tous les officiers qualifiaient de monstrueux, sont donc possibles, sans qu'une éclatante protestation cherche à modifier une situation qui va chaque jour en s'aggravant ! Nous en étions arrivés à manger nos chevaux, cela quand ils pouvaient être une puissante ressource pour le combat. Comment le maréchal avait-il pu signer cet ordre sans frémir ? Ce n'est pas par la plume que l'on peut faire sentir aux personnes étrangères à cette arme les souffrances morales du cavalier, en présence d'un tel spectacle ! C'était si nouveau et si triste ! Aussi était-on obligé de commander des corvées dans les autres corps ou parmi les hommes de l'administration, pour prendre possession de nos chevaux; nos cavaliers se seraient révoltés, ils n'auraient pas obéi !
 
2I septembre.
 
  Après une grande sécheresse, la pluie tombe à torrents. Aucun changement ! Il faut renoncer aux plus chères espérances de combattre.
  
22 septembre.
 
  Dans une telle situation, les redites sont nombreuses, inévitables, puisque les jours se suivent et se ressemblent; c'est un recommencement continu de plaintes. On se demande quel est le mobile qui fait agir le maréchal, puisque sa diplomatie n'a pas convaincu l'adversaire. Il ne lui reste plus que l'issue du combat. Il doit avoir les oreilles brisées d'entendre ce cri proféré par toute son armée.
  Nos cavaliers reviennent au bivouac avec une provision de branches et de feuilles qu'ils sont allés chercher sous les balles prussiennes. Nos chevaux acceptent ce supplément de nourriture pour tromper leur faim. Quarante de nos pauvres bêtes sont parties ce matin pour l' abattoir en l'absence de leurs cavaliers.
  Le dépérissement des chevaux est sensible. Mais que l'on sorte, qu'on brise le cercle et un peu d'avoine les remettra viteccxxxvii.
 
23 septembre.
 
  Bazaine a reçu aujourd'hui un nommé Régnier; [Edmond,Vital,Victor, I822-I886] il fut introduit de suite dans le cabinet du maréchal, comme s'il était attendu avec impatience. Il disait venir au nom de l'impératrice; ce n'était autre chose qu'un espion prussien de grande envergureccxxxviii, puisqu'il a été conduit aux avant-postes par un officier du prince Frédéric-Charles. Ce détail a été divulgué par le capitaine Arnous-Rivière qui reçut Régnier des mains de l'officier parlementaire avant de l'amener à Bazaine. L'entretien dura plus de trois heures; rien n'en a transpiré.
  Ce Régnier, on l'a su plus tard, n'était autre qu'un émissaire du comte de Bismarck pour renouer les pourparlers et rétablir la dynastie impériale désirée par le roi de Prusse ["... fuyant l'avancée des troupes allemandes, la famille Régnier se réfugia à Londres à la fin du mois d'août I870; "... M. Peyron convient que le neveu de Bazaine, le général Baizainei-Hayter, ne partageait pas « sa conviction que Régnier était l'agent secret de l' Impératrice. » Le général Baizainei-Hayter en effet, ne doutait pas, il me l'a dit plus d'une fois que Régnier n'était qu'un espion. Au mois de septembre I870, l'Impératrice était, à Hastings, quand Régnier s'y présenta, Elle ne le reçut pas, le fit. entendre par le commandant Lamey qui I' éconduisit. Ce fut le précepteur Filon, moins clairvoyant, qui laissa le prince impérial inscrire sur une photographie que lui présentai Régnier et qu'il devait, dit-il, porter à Willielmsihôhe' : « Mon cher père, je crois que vous serez bien aise d'avoir ! une vue de la maison que nous habitons à Hastings ! ». Dès que l'Impératrice apprit, ce qui s'était passé, elle infligeai un blâme sévère à la personne qui-avait ag!i ainsi, et elle rédigea une dépêche pour annoncer à l'Empereur que l'individu qui se présenterait avec la photographié n'était nullement autorisé à se présenter en son nom. » source "... Régnier part pour le continent et arrive le 20 septembre au château de Ferrières, où le chancelier Bismarck s'est établi et où il vient d'accueillir Jules Favre, ministre des Affaires étrangères du gouvernement de la Défense nationale, pour lui exposer ses conditions d'un armistice. Les négociations avec le gouvernement républicain étant dans l'impasse, Bismarck est satisfait de trouver en Régnier un émissaire officieux qui pourrait lui permettre de contourner le gouvernement de facto et de traiter avec les éminences bonapartistes. Le chancelier accepte par conséquent de recevoir Régnier et de lui fournir un sauf-conduit. En contrepartie, Régnier s'engage à se rendre à Metz, alors assiégée, pour y inciter le maréchal Bazaine, commandant de l'armée du Rhin, à accepter de capituler en échange d'une paix honorable et du rétablissement du régime impérial. (...)  C'est ainsi que Régnier arrive le 23 septembre à Metz, où il rencontre aussitôt Bazaine, qui manifeste de l'intérêt pour le plan présenté par cet « envoyé d' Hastings » (...) Cité comme témoin lors du procès Bazaine, I873, à Versailles, Régnier fait une longue déposition (...) il craint cependant d'être arrêté en raison des suspicions d’espionnage pesant sur lui. (...) il est inculpé par Poucet, qui l'accuse « d'avoir entretenu des intelligences avec l'ennemi, de s'être introduit dans les lignes françaises pour y surprendre des secrets, plans et avis et les livrer à l'ennemi, [et] d'avoir procuré à l'ennemi des avis et documents susceptibles de nuire aux opérations de l'armée française » (...) réfugié en Angleterre, il est condamné par contumace à la peine de mort et à la dégradation civique par le 2econseil de guerre de Paris le I7 septembre I874...; " sur le Web]
 
RÉGNIER Edmond. Photo Eugène Appert. 
 
  En allant vers le maréchal, Régnier raconta à Arnous-Rivière que la France était dans l'anarchie la plus profonde; il renouvela toutes les assertions des journaux prussiens parus les jours précédents. C'était une leçon qu'il répétait, car il insista trop maladroitement. Arnous-Rivière le laissa parler sans l'interrompre, et sans lui dire qu'à Metz on savait le contraire par des émissaires ayant pénétré en France. 
 
24 septembre.
 
  Pendant que ces choses se passaient au quartier général, une grande effervescence régnait en ville; des perquisitions sévères furent ordonnées à domicile. D'un autre côté, les conférences militaires étaient reprises avec ardeur. Le maréchal n'ignorait rien de ce qui se tramait; il se plaignit ce jour même aux commandants de corps du relâchement de la discipline. Ce qui était vrai, c'est que les officiers n'étaient pas souples au point de faire aveuglement ce qu'il désirait; cela, nous ne le contestons pas. Le maréchal, avant de jeter ce blâme qui va lui servir de tremplin, aurait dû examiner son inexplicable conduite, et cela dès le premier jour.
  La discipline, nous le répétons encore, n'a jamais été plus belle qu'à l'armée de Metz; il fallait, au contraire, qu'elle fût bien forte et bien enracinée pour résister à l'indignation menaçant de faire explosioncxxxix.
 
25 et 26 septembre. 
 
  Mes fonctions de lieutenant d'armement m'obligeaient à verser à l'arsenal les pistolets et les cuirasses des cavaliers démontés, et à toucher des fusils en remplacement pour nous réorganiser en dragons à pied.
  Cette opération se continuera jusqu'à la mort du dernier cheval et le décuirassement du dernier cavalier. En me rendant à l'arsenal je rencontrai un de mes vieux amis de garnison, le capitaine d'artillerie Bruley; il me conduisit dans une pièce ouverte à tout venant, où étaient déposés, étiquettés, les étendards de la cavalerie. En revoyant le cher drapeau qui me fut confié, je le saisis avec émotion et j'embrassai son aigle. Comme je revenais souvent à l'arsenal pour mon service, je ne manquais jamais de faire une pieuse visite à notre étendard que j'aurais été si fier de porter devant l'ennemi. Ils étaient là, dans cette salle, tous ces drapeaux, ces sublimes morceaux de soie; on sentait battre le cœur de la France en les contemplant ! Enveloppés dans leurs gaines noires, ils semblaient déjà porter le deuil de la Patrie et de l'armée, de cette armée qui s'acheminait lentement vers sa destruction complète sous l' œil placide de son chef indigne !
  
 
 
 Privés de leurs chevaux, les cavaliers apprennent le service de l'infanterie. Photographie des frères Prillot. Source.
  
Régiment de cuirassiers : porte-étendard de l' armée du Rhin. Source.

XXVI


LÉGER RAYON DE SOLEIL. COMBAT DE PELTRE


27 septembre.
 
  Ce combat de Peltre,[Lorraine; village situé à 5 km au sud-est de Metz, 365 habitants en I870, I82I aujourd'hui] sans importance sérieuseccxl, fut une brillante affaire pour un de nos bataillons de chasseurs à piedccxli, qui surprit l'ennemi dans ce village au moment où les officiers se mettaient à table. Les hommes, sans méfiance depuis le temps qu'on les laissait tranquilles, croyaient au bruit que l'on avait fait circuler parmi eux, à savoir " que les Français n'osaient plus les attaquer ".
  L'action fut brillamment conduite. Deux compagnies entières furent faites prisonnières. Ce succès ne fut pas de longue durée pour les habitants qui se croyaient débarrassés des Prussiens. Nos troupes se replièrent sur le camp avec leurs prisonniers. Aussitôt après leur départ, l'adversaire revint en force, pilla le village et l'incendia.
 
28 septembre.
 
  Le lendemain, le village de Peltre était évacué à nouveau par les Prussiens. Malgré la pluie, nous allâmes, le capitaine Dufournet, Chemin et moi, pousser une pointe jusque-là pour voir ces ruines fumantes et tâcher de nous procurer un peu de fourrage pour nos chevaux. En arrivant, nous aperçûmes les habitants en pleurs, consternés, sans abri. Nous nous arrêtâmes devant les ruines d'une auberge dont un seul fragment d'enseigne subsistait. Dans la cour nous avons ramassé quelques débris de fourniments [objets d'équipement d'un soldat] prussiens et un peu de luzerne. La récolte fut maigre; mon alezan mecklembourgeois s'est régalé sur place.
  Sous un tas de décombres, j’aperçus un casque prussien; je m'en emparai et me disposais à l’accrocher à ma selle, lorsque je sentis à l'intérieur mes doigts comme englués. Instinctivement, je jetai ce casque à terre, et avec une pierre j'en cassai le cuir bouilli. je vis alors des cheveux roux et des débris de tête humaine agglutinés aux parois et tapissant la coiffe. Je ne rapportai que la pointe en cuivre que je conserve dans une panoplie avec d'autres souvenirs de cette pénible campagne.
  En revenant, nous rencontrâmes deux généraux accompagnés d'autres officiers. La conversation s'engagea. Quand nos camarades apprirent que nous appartenions à la division de Forton, un commandant d'état-major eut un sourire malveillant, qui provoqua une explication entre lui et le capitaine Dufournet. Il fallut que le général Lapasset,[Ferdinand-Auguste, I8I7-I875; conseiller général de l'Aude I867-I87I; devenu propriétaire du château de Montauriol, Aude, suite à son mariage avec Lise Thérèse Clémence Oternaud, I852, sa tombe y est toujours visible et mentionne : " Armée du Rhin siège de Metz I870 —La brigade mixte ne rend ses drapeaux à personne et ne se repose sur personne de la triste mission de les brûler "; signé :  Gal Lapasset] intervint pour calmer ces messieurs. Les caractères étaient aigris; la moindre étincelle mettait le feu aux poudres. Enfin tout s'expliqua et les têtes se calmèrent. Nous rentrâmes au camp sans autre incident.
  Dans cette même journée, nous apprenons que le général Desvaux prend le commandement de la garde impériale en remplacement du général Bourbaki parti en missionccxlii, à la suite de l'entretien de Régnier et du maréchal. [le général Bourbaki se rendit effectivement au Royaume-Uni auprès de l'impératrice Eugénie, se croyant alors en mission officielle; dès que l'impératrice lui précisa qu'il s'agit en fait d'un piège de la part de la Prusse, il revient aussitôt en France et se met au service de la République]    

" Casque du 73eme régiment d'infanterie de la prussienne de la Ligne Modèle I860 Troupe. Haute bombe, long couvre-nuque et visière carrée, typique des casques d'infanterie au règlement de I860. Il s'agit ici d'un casque modèle I857 modifié au règlement de I860. Toutes les garnitures sont en laiton et les jugulaires sont à écailles plates. La grande cocarde prussienne en métal peint aux couleurs de la Prusse est fixée sous la rosace de fixation de la jugulaire droite. Bombe non repercée. La pointe est à embase cruciforme à branches lancéolées, sa partie basse est ornée de perles. La coiffe intérieure est absente. Bombe non repercée. Marquages de la première affectation à la Ière compagnie du régiment d'infanterie n° 79 en I866 puis d'une deuxième affectation au régiment de fusiliers n° 73, Ière compagnie. C'est le dernier modèle de casque muni d'une visière carrée. De nombreux soldats prussiens portaient encore ce casque durant la guerre de I870. " Sur le Web

XXVII


ÉTAT DES ESPRITS. COMPLOT MILITAIRE


29 septembre.
 
  Toujours la même inaction pesant sur l'armée. Qui donc nous sortira de cette pénible situation ?
 
  À suivre...
 
ccxxxiii. Les résultats peu importants par les quantités de denrées qui furent rapportées étaient loin de compenser, disait le commandant en chef, les pertes en tués et blessés que nous éprouvions dans ces engagements. — JARRAS, loc. cit., 2I9.

ccxxxiv. À la suite du combat de Peltre, 27 septembre, Frédéric-Charles donna l'ordre d'enlever sur la ligne des avant-postes ou à portée le bétail et les vivres. En cas d'impossibilité ces derniers seront brûlés. Cet ordre est exécuté avec aggravation, plusieurs villages sont incendiés. Docteur Ferdinand QUESNOY, loc. cit., I47. LEHAUTCOURT, loc. cit., VII, 266-267.
 
ccxxxv. Le 9 septembre, ordre est donné de prélever sur chaque régiment de cavalerie, 40 chevaux, en commençant par ceux, hors d' état de servir pour les remettre à l'intendance. LEHAUTCOURT, VII, 2I4.
  À dater du I9, chaque corps d'armée verse tous les matins à l'administration 50 chevaux choisis, parmi ceux reconnus hors de service, quelque soit le corps d'origine. LEHAUTCOURT, VII, 2I4.
 
ccxxxvi. Le 20 septembre, nouvelle réduction des rations cette fois pour l'homme; elles sont fixées à 2 gr. 5 pour le sel, à 30 grammes pour le riz. Un jour sur trois il sera distribué de l'eau-de-vie en remplacement de sucre et de café. LEHAUTCOURT, VII, 2I6.
 
ccxxxvii. " Ces pauvres bêtes avaient à peine le nécessaire, et le I4 leur ration était considérablement diminuée. " I32. " Depuis les premiers jours du mois nous étions réduits à la viande de cheval et nous faisions maigre chère. Rien que l'aspect des malheureuses bêtes livrées au couteau du boucher était fait pour produire la répulsion. il est impossible d'imaginer rien de plus maigre, de plus décharné que ces animaux; ils n'avaient que la peau sur les os, ils broutaient la terre, rongeaient les écorces d'arbres, se mangeaient la queue et la crinière. Chaque jour il en mourait des quantités que l'on enfouissait dans de grandes fosses préparées à l'avance sur les espaces libres entre nos camps et nos avant-postes; ces pauvres bêtes mouraient surtout de faim. La ration journalière très réduite comme quantité se composait de toutes les graines qu'on pouvait réunir. Aussi le moment n'était pas éloigné où il ne resterait plus de chevaux, même pour notre artillerie. " I43.
  " Pour concourir à l'alimentation des chevaux, de nombreuses corvées se rendaient chaque jour dans les vignes pour y couper les sarments garnis de feuilles vertes auxquelles on ajoutait des branches de peuplier. Les chevaux mangeaient avidement ce fourrage, et pour régulariser autant que possible cette opération sans trop de préjudice pour les cultivateurs, le général Coffinières publia un avis par lequel les cultivateurs étaient invités à diriger eux-mêmes la coupe des sarments et à les porter au magasin aux fourrages du Saulcy, où ils étaient reçus et payés par les soins de l'administration militaire. Mais ces moyens extrêmes ne faisaient que reculer de quelques jours la perte des chevaux. " Docteur Ferdinand QUESNOY, loc. cit., I44.
 
ccxxxviii. Le rôle de Régnier est resté malgré tout assez obscur, du moins est-il bien difficile de déterminer le mobile qui le poussa à agir. Voir à ce sujet LEHAUTCOURT, loc. cit., 268-27I. Sur son arrivée à Metz, LEHAUCOURT, VII, 28I-282.
  Le sieur Régnier n'était qu'un intriguant dont la fourberie prussienne s'était emparée pour en faire son instrument et pour détourner le maréchal de son strict devoir de soldat. Colonel FIX, loc. cit., II, 58
 
cxxxix. Il est avéré que malgré les conditions fâcheuses physiques et morales qui auraient pu provoquer le relâchement de la discipline dans l'armée, celle-ci a toujours été pleine de dévouement et d’abnégation; elle a supporté les intempéries, la mauvaise nourriture avec une résignation qui ne s'est jamais démentie au milieu des privations..., Docteur Ferdinand QUESNOY, loc. cit., I79.
 
 ccxl. " J'allai de même à Peltre où le combat fut vivement mené. À mon retour, je racontai ce que j'avais vu au général Jarras. — Allez rendre compte au maréchal ! — J'y allai. Je le trouvai examinant une carte d'ensemble de la région de l' Est. Dès que j'eus terminé mon petit rapport verbal : " C'est bien, me dit-il, cela les tient en haleine et les distrait. " Colonel FIX, loc. cit., II, 59.
 
ccxli. Le I2e bataillon de chasseurs à pied. 
 
ccxlii. Le 25 septembre le commandant en chef fit donner l'ordre au général Desvaux de prendre le commandement de la garde impériale en remplacement du général Bourbaki en mission. JARRAS, loc. cit., 220. Voir LEHAUTCOURT, loc. cit., VII, 286-289. le général Bourbaki était parti en mission auprès de l'impératrice. 
 
     
COMMANDANT FARINET, L'Agonie d'une Armée, Metz-I870, Journal de guerre d'un porte-étendard de l'Armée du Rhin, ancienne librairie Furne, Boivin & Cie, Éditeurs, I9I4, p. 259-272.

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