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Rapport d' Hanriot233, D XLII 8
Lorsqu'on reparla, il y a deux jours234, de la guerre de la Vendée, il semblait que les intrigants reprenaient haleine, que ceux qui en ont regretté l'anéantissement recouvraient leur horrible espérance ; l'opinion publique était vexée et pour ainsi dire atterrée. Mais le rapport du représentant Barère a entièrement dissipé les terreurs du peuple français. Son tableau des intrigues, des erreurs, des fautes, des crimes qu'on peut imputer à ceux qui ont été chargés de purger la Vendée, a fait le meilleur effet. La conduite du général Moulin [Jean-Baptiste, 1754-1794 ; "... Le 29 janvier, il est à Cholet où Turreau lui donne l’ordre de se maintenir mais le 8 février Moulin et ses hommes sont attaqués par les soldats de Stofflet, au nombre de 5 000. Rapidement, c’est la débandade dans les rangs républicains et Moulin est touché par deux balles vendéennes à la suite d’un combat acharné. Grièvement blessé et entouré de toutes parts, il saisit un pistolet et se tire une balle dans la tête pour éviter d’être capturé par les Vendéens. Il est enterré par les généraux Huché et Cordellier au pied d’un arbre de la liberté... " ; source], raillant ses soldats épars, et se donnant la mort pour ne point tomber au pouvoir de l'ennemi235, a frappé d'admiration tous les vrais patriotes. " Voilà, disent-ils unanimement, quelles devraient être la pensée et la détermination de tout soldat républicain. Ses armes doivent lui servir à demeurer libre, même dans une déroute, c'est-à-dire à mourir. "
"... La mort du général Moulin, 8 février 1794. Le tableau est d'une violence sans nom : des dizaines de cadavres jonchent le sol d'une rue dont les maisons sont vandalisées, on tue de toutes parts. De la fumée au loin prolonge l'impression de chaos total, de laquelle on semble ne pas pouvoir s'échapper. Difficile de se dire que l'on se trouve devant l'interprétation d'un épisode réel de l'histoire de France, et pourtant. Jules Benoit-Levy, 1866-1952, signe ici une peinture s'inscrivant dans le récit des guerres de Vendée, épisode de la Révolution méconnu du public et volontairement délaissé par l'Histoire... " Source
Tous les cafés retentissaient hier de la glorieuse victoire remportée sur les Espagnols236 [lire sur le même sujet : La Révolution Française du Pays Basque de 1789 à 1795] , qui dissipe encore237 les bruits répandus sur la situation politique de Perpignan.
On criait contre l'armée des Pyrénées-Occidentales, on l'accusait d'être inactive et hors d'attaque ; l'on convient aujourd'hui de sa bravoure ; l'on convient que, sans l'intrépidité des républicains qui la composent, l'ennemi, très supérieur en nombre, pouvait pénétrer jusqu'aux portes de Bayonne et nous faire éprouver des pertes irréparables.
Dans un café où j'ai passé une partie de la soirée, est arrivé un citoyen inconnu à tous, mais d'un patriotisme brûlant et d'une éloquence sublime. Cet homme, comme un autre prophète, a assuré que de grands évènements se préparaient.
Tous les peuples d' Europe, a-t-il dit, s'agitent entre l'esclavage et la tyrannie, une insurrection universelle ne tardera pas à éclater ; le feu sacré de la Liberté, sagement propagé par une société célèbre, électrise tous les cœurs, l'homme courbé sous le poids de ses fers compare les horreurs de son esclavage aux attraits de l' Égalité, balbutie déjà les Droits de l' Homme, et apprend à prononcer hautement le mot de Liberté.
Déjà des commotions intestines se font sentir en Angleterre, le cri de Liberté s'est fait entendre. Pitt et le tyran ont été frappés d'effroi. Des rassemblements fréquents, des écrits républicains répandus avec profusion, des mouvements presque universels, des émeutes populaires, tout alarme le gouvernement. Le despotisme du ministère, la pénurie d'ouvrage, la léthargie du commerce, l'épuisement des finances, la misère publique : tout provoque le peuple à demander la paix ; la difficulté de trouver des hommes et de l'argent la rend nécessaire. Pitt veut la guerre ; il lui faut des subsides. En attendant les secours qu'il espère, le ministre anglais se repose sur nos divisions intestines ; la révolte de Lyon [ "... révolte qui a opposé, entre juin et novembre 1793, les Rolandins, composés de Girondins et de Royalistes, aux Chaliers lyonnais, proches des Montagnards. S'opposant aux mesures prises par les Chaliers, les Rolandins s'emparent du pouvoir à Lyon où, malgré leur alliance avec des Royalistes, ils proclament leur attachement à la République. Cependant, craignant une insurrection contre-révolutionnaire, la Convention nationale alors dominée par les Montagnards décide de les réprimer par la force... " ; source], la trahison de Toulon [les royalistes s'étant emparés de la ville, l'ont livrée aux Anglais ; "... Le capitaine Napoléon Bonaparte, en provenance de Marseille et devant se rendre à Nice, passe au quartier général le 16 septembre. Il se voit confier par Antoine Christophe Saliceti, représentant en mission, le commandement de l'artillerie... " ; source], le fanatisme de la Vendée ont fait pendant quelques temps toutes ses espérances ; mais elles sont détruites ; Lyon est réduit, Toulon est subjugué, et la Vendée n'existe plus que dans des restes épars. L' Anglais compte à présent sur la famine, en bloquant nos ports ; mais une flotte nombreuse va les couvrir, et des bras républicains, en fécondant la terre de la République, déjoueront encore les projets de ses ennemis.Fusillades de Lyon, le 24 frimaire an II (14 décembre 1793). Paris, BnF, département des estampes et de la photographie, 1802.
Cette tirade contre le gouvernement anglais a plu infiniment à tous ; il régnait un grand silence. On aurait désiré qu'il restât plus longtemps, laissant à tous le désir de le connaître et de l'entendre tous les jours.
Rapport de Jarousseau, W 191
La plupart des comités révolutionnaires occasionnent de grands murmures dans tous les lieux publics par l'arbitraire qu'ils se permettent le plus souvent faute de lumières. Les nommés Dupont et Remy238, tous deux commissaires du comité révolutionnaire de la section de la République [n° 3 ; elle eût pour nom " section du Roule ", 1790-1792. Puis, en 1792, elle devint " section de la République " ; avant de reprendre son premier nom en prairial an III [mai-juin 1795] ; son secteur concernait la place de l' Europe et les quartiers alentours : Madeleine et Saint-Georges ; les assemblées se tenaient en l’église du couvent des Capucins de la Chaussée-d'Antin, aujourd'hui l'église Saint-Louis-d’ Antin ; devenue le quartier du Roule, 1er arrondissement de Paris, en 1811], ont causé de grands murmures dans leur section. L'on a fait entrer un citoyen au corps de garde pour voir sa carte de sûreté : il en était muni, était de ladite section. L'on ne sait pourquoi ils se sont permis de le faire mettre au violon vingt-quatre heures, avec consigne que personne ne lui parle. Sa femme étant venue pour savoir où était son mari, elle a été retenue aussi au comité jusqu'au lendemain par les mêmes ordres.
Le maximum demande des mesures très sévères pour parvenir à le faire exécuter, car il y a partout des opposants. Dans la section du Panthéon, l'assemblée a été très tumultueuse à ce sujet ; la plupart des sections ont pris des mesures très sages par un arrêté qui ont nommé vingt commissaires suivant le nombre de bouchers qu'elles ont, qui se partagent de deux par deux, se rendent le matin chez les bouchers de leur arrondissement, et sont présents à la distribution de la viande.
Le nommé Chamilly239, ci-devant valet de chambre de Capet, a été incarcéré par le comité révolutionnaire de la section des Piques.[n° 5 ; au début, était la " section Place-Vendôme ", 1790 ; elle devînt " section des Piques " en 1792 ; la Place-Vendôme et les rues adjacentes, Madeleine, Saint-Honoré, la Chaussée-d' Antin, Luxembourg, ..., constituaient son secteur ; elle se réunissait en l'église des Capucines, aujourd'hui disparue ; en 1811, elle prit le nom de quartier de la Place-Vendôme, 1er arrondissement de Paris]
Rapport de Latour-Lamontagne, W 191
Ce soir, dans un groupe, un particulier, arrivant, disait-il, de Commune-Affranchie [ "... 9 octobre 1793 : Le siège de Lyon, Inv. 379. La Convention ordonne, via Couthon, le bombardement de Lyon, qui, sous les commandes de Louis-François Perrin de Précy, 1742-1820, Inv. 1322.22, est petit à petit encerclée en septembre / Inv. Sn 14 Pain du siège. Le 29 septembre, le fort de Sainte-Foy tombe ; suivent ceux de Saint-Irénée et de Saint-Just. Les autorités civiles capitulent le 9 octobre 1793 à midi. La Convention décide la destruction des murailles de la ville et décrète que, pour avoir combattu la liberté, “ Lyon perdra son nom, elle sera appelée Ville-Affranchie ” [...] Battue, la ville contre-révolutionnaire est rayée des villes de la République. Les émissaires de la Convention Couthon puis Collot d’ Herbois sont envoyés à Lyon pour la juger et la mater. Plusieurs juridictions sont mises en place : commission militaire, commission de justice populaire, commission révolutionnaire temporaire, “tribunal des Sept”... Le 4 décembre 1793, 60 condamnés à mort sont exécutés aux Brotteaux : les “mitraillades”. On détruit les façades de Bellecour pour imprimer la vengeance nationale. [...] La ville reprend le nom de Lyon en octobre 1794... " ; source], se plaignait vivement des malheurs de cette commune, de la disette surtout où elle se trouvait réduite. Il attribuait, en grande partie, cette disette à la conduite qu'à tenue, et que ne cesse de tenir l' Armée révolutionnaire. Les soldats de cette Armée exercent, disait-il, le plus affreux despotisme dans cette commune, qui semble avoir été livrée au pillage. Ils se répandent dans les campagnes, tuent les bœufs, les vaches, etc., et enlèvent les denrées de tout genre, sans s'informer à qui elles appartiennent ; et on ne peut pas se plaindre de tous ces excès sans s'exposer au plus grands dangers. Ce particulier a été interrompu dans sa diatribe par de violents murmures, et, voyant que plusieurs personnes proposaient de l' arrêter, il a soudain pris la fuite, ce qui a confirmé l'opinion, qu'on avait déjà conçue, que cet homme était un imposteur. Des plaintes et des murmures s'élèvent de toutes parts contre l'administration de la police ; on respire un air infect dans la plupart des rues, dont quelques-unes même sont depuis quelque temps très mal éclairées ; ce soir l'obscurité était si profonde sur les boulevards qu'on se heurtait à chaque pas les uns contre les autres, et que plusieurs personnes, en tombant, ont été grièvement blessées.
On se plaint beaucoup du Tribunal révolutionnaire, qui avait condamné si légèrement le malheureux Chaudot240. Beaucoup de personnes attestaient son patriotisme, et on bénissait de toutes parts la Convention nationale.
Rapport de Le Breton, W 191
J'ai entendu dire qu'un oncle241 de Lafayette, émigré depuis 3 ans, venait de rentrer en France, et cherchait les moyens de rentrer dans ses propriétés situées proche Nérac, dans le Périgord.
" Nérac devient au XIVème siècle une des résidences favorites de la famille, devenue alors l'une des plus importantes du duché d'Aquitaine. Jusqu’à la fin du XVIème siècle, le château accueille parmi les personnages les plus influents de l’époque grâce notamment au prestige des trois cours qui se sont succèdées en ses murs : celle en premier lieu de Marguerite d’Angoulême, sœur de François Ier, puis celle de sa fille, Jeanne d’Albret et enfin celle d'Henri III de Navarre, le futur roi de France Henri IV, et de son épouse Marguerite de Valois... ". Source
"... La Révolution assène un dernier coup de grâce au château des rois de Navarre : les trois-quarts du monument sont détruits... ". Source
Le bruit, dans plusieurs groupes, se répand que l'armée du général Charette se fortifie tous les jours, tant en hommes qu'en armes242 ; d'autres assurent que les malveillants font courir ce bruit pour semer l'épouvante. On disait à ce sujet, dans un groupe de la section Fontaine-de-Grenelle, que les brigands avaient encore investi la ville de Cholet et faisaient encore du ravage dans ces contrées.
Le général Pichegru243 fait du bruit dans nos armées. Il paraît, par ce que j'en ai entendu hier, au café de la Montagne dans le Jardin de l' Égalité, que cet officier avait la confiance générale du soldat, et ne tarderait pas à faire quelques actes de bravoure et de prudence.
Vue du jardin, galeries et palais Égalité. Inconnu. Source
Rapport de Le Harivel, W 191
Un des cinq criminels244 criait, en allant au supplice : " Je suis innocent! Nous mourrons innocents! "
Les trois (sic) autres conservaient un visage serein et aussi tranquille que s'ils eussent été au coin de leur feu : les spectateurs en étaient étonnés, et disaient qu'ils étaient d'autant plus sensibles que les patients montraient plus de fermeté.
On s'est beaucoup entretenu de Chaudot et du sursis qui lui a été accordé245 ; on trouvait étonnant surtout qu'au lieu de douze il n' y eût que onze jurés ; cinq étaient pour et cinq contre la mort, le onzième a longtemps balancé et c'est enfin déclaré pour la mort , et c'est d'après cette indécision que l'on s'est porté à la Convention pour demander le sursis ; qui sait, disait-on, si le douzième juré [s'il] eût été à son poste n'eût pas fait pencher la balance en sa faveur? Enfin le sursis a été accueilli avec enthousiasme.
Deux chaises de poste escortées par des gendarmes ont été conduites au Comité de salut public, et de là à la Conciergerie. Elles étaient pleines d'officiers venant, disait-on, de Maubeuge. On les soupçonnait auteurs de l'échec que nous y avons essuyé et dont on n'a cessé de parler depuis plusieurs jours246.
"...Ces voiturettes aux appellations baroques — chaises « à l’écrevisse » ou chaise « à cul de singe » — étaient légères, bien suspendues sur de grosses roues, et disposaient de banquettes généreusement rembourrées,
garnies de cuir ou de velours sur les plus beaux modèles. Grand luxe !... ". Source
Le dénommé Viette, bijoutier247, l'un des suppliciés, avait été appelé comme témoin au Tribunal pour déposer dans l'affaire d'un des notaires. Celui-ci, indigné de se voir chargé par un de ses complices, l'a dénoncé pour lui avoir vendu de ces actions à 5%, et de lui avoir ensuite fait perdre 60% sur ces mêmes actions lorsqu'il les lui rapporta ; ce fut d'après cette inculpation qu'il fut jugé et condamné à mort. Ceci a donné lieu à plusieurs observations. Les uns disaient : " Ce Viette était cependant un des plus chauds patriotes de sa section, Révolutionnaire248, où il provoquait les arrêtés les plus forts et les plus terribles. " D'autres disaient : " C'est un de ces hommes comme il n'en existe que trop dans les différentes sections ; cet exemple pourra servir à les faire reconnaître pour ce qu'ils sont ; on pourra enfin se convaincre de cette éternelle vérité, que les véritables patriotes sont ceux qui restent froidement attachés aux principes, et n'obéissent jamais à leurs passions, et ne proposent que des mesures justes et propres à consolider l'édifice de la République pour laquelle ils sont toujours prêts à se sacrifier ", etc.
Tels sont les raisonnements que faisaient des citoyens à l'occasion de ce joailler.
Rapport de Monic, W 191
Un volontaire de la réquisition de Paris, incorporé dans le [?] bataillon de l' Orne, à Noyelle249, a écrit une lettre à son cousin, dans laquelle lettre il marque : nous n'avons point de viande, nous ne mangeons que du beurre avec notre pain ; encore sommes-nous obligés de payer la livre de beurre six francs, et le vin deux livres dix sous la bouteille.
Le citoyen Brissonait250, lorsqu'il était secrétaire du comité révolutionnaire de la section du Bonnet-Rouge, dénonça le citoyen Coinge251, de Lille, caissier de l' administration, à l' Oratoire252 [depuis 1792 : " section des Gardes-Française "], d'avoir machiné pour faire soulever le faubourg Saint-Antoine contre le nouvel ordre de lois et d'avoir, de préférence, payé les souliers remplis de carton. Il est inutile d'observer qu'un caissier ne paye que sur les bons des administrateurs ou autres préposés ; les administrateurs de l' Oratoire ont donné toutes les attestations nécessaires que le citoyen Coinge de Lille était un honnête citoyen ; malgré cela, le citoyen Coinge de Lille n'a pas pu obtenir sa sortie provisoirement pour rendre ses comptes ; voilà cinq mois qu'il est détenu pour une fausse dénonciation, car il est bon de savoir que Brisonnet est venu au comité de la section des Tuileries faire sa rétractation devant témoins par écrit et l'a signée. Malgré tout cela le citoyen Coinge de Lille est toujours prisonnier, et même malade, aux ci-devant Madelonnettes [ "...Le couvent des religieuses de l’ordre de Marie-Madeleine, les Madelonnettes ou Magdelonettes a été construit de 1620 à 1637. [...] Les religieuses accueillaient les prostituées, les jeunes filles séduites et placées par leur famille. Devenue, maison de force et maison de correction, elle accueillait également les enfants mineurs. Les durées d’enfermement n’étaient pas définies. Ainsi en 1656, la femme de lettres et célèbre courtisane Ninon de Lenclos y fit un séjour sur ordre d’Anne d’Autriche qui souhaitait plaire au parti des dévots. Mais ses admirateurs la firent rapidement libérer. [...] À la Révolution, transformé en prison, l’établissement accueillit suspects et malfaiteurs ainsi que les femmes qui ne pouvaient pas justifier de leur moyen d’existence. [...] 1793-1794, les Madelonnettes sont transformées en prison politique. Elle reçoit les membres de la Montagne, et du Contrat social en attente de jugement. Mais aussi des faussaires qui fabriquent des assignats ; 1795-1830, les Madelonnettes serviront de dépôt pour les femmes sous prévention de délits... " ; source], et son dénonciateur jouit d'avoir tyrannisé un bon patriote, et a obtenu une place au magasin de l'Habillement au Bon Pasteur, rue du Cherche-Midi, aux Incurables. [" Du temps où les gentilshommes français avaient l'honneur à fleur de peau, et où les duels étaient monnaie courante, l'endroit appelé les « Prés-aux-Clercs » avait les faveurs des offensés qui y « invitaient » leurs offenseurs pour régler le différend qui les opposait. Mais, peu à peu, ces terrains se construisent : l'hôpital Saint-Germain en 1554, futur magasin du Bon Marché, et, en 1634, l'Hospice des Incurables : lettre patente d u Roi Louis XIII. [...] Cet établissement pour incurables doit sa naissance à deux ecclésiastiques : l'Abbé Joulet de Chatillon et le Cardinal de la Rochefoucauld. [...] Dans son Mémoire sur les Hôpitaux de Paris, Tenon donne une description exacte de l'Hospice des Incurables (1788) : « Sa forme et sa distribution se caractérisent ce sont deux hôpitaux en croix, séparés par l'église, l'un pour les hommes et l'autre pour les femmes.[...] Comme dans tout le pays, la Révolution de 1789 entraîne d'énormes bouleversements dans les hôpitaux. Une garde civique, exigeant 1 litre de vin par jour et par tête, est formée par les pensionnaires les plus valides, pour assurer la sécurité des autres malades. Quand le Comité de Mendicité de l'Assemblée Constituante vient visiter l'Hospice, il est saisi de nombreuses plaintes se rapportant surtout au matériel et aux sœurs soignantes, qui vont d'ailleurs partir peu de temps après... " ; source]
Un épicier, rue Saint-Honoré, n° 3, section de la Halle-au-Blé, disputait avec une citoyenne parce qu'il n'a jamais voulu lui céder sa cassonade à moins de une livre douze sols la livre. Cette citoyenne lui a observé qu'il ne se conformait pas à la loi en vendant plus cher que la loi ne porte. " Et si tous les autres citoyens faisaient comme toi, qu'ils ne voulussent pas se conformer aux lois? " Il répondit que ce serait le tant mieux parce que tout le monde y gagnerait : quel républicain!
Rapport de Pourvoyeur, W 191
Le peuple disait aujourd'hui dans plusieurs groupes, qu'il fallait guillotiner toutes les autorités constituées de la Vendée ; ce sont elles qui sont cause que les brigands se sont assemblés d'abord la première fois, qu'elles les ont reçus, et les ont laissés se grossir. Il faut de plus, dit le peuple, désarmer les habitants de la Vendée et ne pas leur laisser aucune arme.
Le peuple faisait l’éloge de la Convention nationale et disait qu'il était bien essentiel que nos députés restent à leur poste jusqu'à ce qu'ils aient fini leurs travaux. L'on disait dans plusieurs groupes que les Jacobins devraient bien chasser une foule d'intrigants qui ne cherchent qu'à mettre le trouble dans l'assemblée. Il y a, dit le peuple, des individus qui accaparent le patriotisme, c'est-à-dire qu'ils le jouent afin d'en avoir les privilèges et avoir des places.
On se plaignait, en général, de toutes les assemblées populaires ; l'on observait que rien n'était plus dangereux, surtout, qu'il y ait des assemblées populaires sectionnaires, qu'elles s'entendaient avec les assemblées des sections, et que ces sociétés devenaient délibérantes, et qu'elles sortaient absolument de leur institut. L'on observe encore que les conditions que l'on a attachées pour être reçu dans ces sociétés sont trop rigides. Il y a plusieurs personnes, dit le peuple, qui ne peuvent assister chaque fois que la société est assemblée, et cependant on vous en chasse quand on manque trois fois.
L'on disait sur la place de la Révolution, cet après-midi, dans un petit groupe : " Quand est-ce donc que la guillotine finira? Ils ne lassent donc pas de guillotiner tous les jours, et même deux fois par jour? " il est étonnant, disait-on, à quel point les femmes sont devenues féroces ; elles assistent tous les jours aux exécutions.
"... L’année 1793 est marquée à Paris par un fort engagement politique de femmes issues des milieux populaires dans la lutte contre les Girondins, le fédéralisme et les modérés. [...] La légende, sans doute ajoutée postérieurement, identifie les figures représentées comme des tricoteuses jacobines en l’an II. Surnommées ainsi péjorativement en référence à une occupation à laquelle elles auraient normalement dû se livrer en privé, au sein de leur foyer, au lieu de s’afficher sur la scène publique. [...] elles entretenaient sur le terrain une agitation populaire permanente, appelant à l’insurrection contre les Girondins, en particulier du 31 mai au 2 juin 1793, journées qui virent la chute de la Gironde, et s’attroupant autour de la guillotine chaque fois que celle-ci était utilisée contre les ennemis de la Révolution. De ce fait, ces « tricoteuses » ont laissé dans la mythologie collective une image fantasmatique souvent faussée, celle de monstres assoiffés de sang, aux antipodes d’un
ordre naturel dans lequel la femme doit remplir son rôle de mère et d’épouse aimante... " Source
Dans un groupe très nombreux, il y avait plusieurs patriotes qui disaient qu'il fallait veiller plus que jamais, qu'il y avait une quantité d'intrigants qui cherchaient à dissoudre la Convention nationale, que ces intrigants remplissaient les Jacobins et toutes les assemblées en général, et que, si l'on n'y prenait garde, que la bombe n'était peut-être pas loin d' éclater. Il faut, dit le peuple, purger toutes ces assemblées, et les surveiller avec le plus grand soin, et surtout dans les Jacobins.
Rapport de Prevost, W 191
À suivre...
Pierre Caron, Paris pendant la Terreur, rapports des agents secrets du Ministère de l' Intérieur, tome IV - 21 pluviôse an II - 10 Ventôse an II, 9 février 1794 - 28 février 1794, La Société de l' Histoire de France, Librairie Marcel Didier, Paris, 1949, pp. 100-110.
233. Ce rapport n'est pas daté. Nous le plaçons au 26 pluviôse [14 février 1794] : 1° parce que le contenu de sa première partie cadre avec cette attribution ; 2° parce qu'il n' y a pas de rapport Hanriot de cette date, alors qu'il y en a du 24, du 25, et du 27 du même mois.
234. Soit le 24 : c'est précisément le jour où Barère exposa, dans un rapport tendant à réagir contre le pessimisme, la situation en Vendée : cf. ci-dessus, p. 27, note 1.
235. Cf. ci-dessus, p. 87, note 1.
236. À proximité de Saint-Jean-de-Luz. Cette action avait fait l'objet de la seconde partie du rapport de Barère du 24.
237. Ce ne pouvait qu' être indirectement, en faisant naître un optimisme expansif, car Perpignan est à 350 kilomètres de Saint-Jean-de-Luz. Le rapport de Barère ne parle pas, à cet effet du succès remporté. - Sur la situation de Perpignan, cf. ci-dessus, p. 63.
238. Dupont, Noël, jardinier rue Saint-Lazare, mis en arrestation en floréal an II [avril-mai 1794], libéré à une date inconnue, réemprisonné le 28 germinal an III [17 avril 1795], pas d'indication ultérieure. Le dossier Arch. nat., F7 4694, qui fournit ces renseignements, contient contre Dupont douze dénonciations dont les auteurs l'accusent notamment d'ivrognerie. L'une d'elles, qui est du 25 pluviôse [13 février 1794], se rapporte selon toute vraisemblance au fait relaté par Jarousseau : un citoyen du nom de Caplet, Grégoire, aurait, à la suite d'un contrôle de sa carte, été mis au violon,
sans boire ni manger.
Remy François, cocher, ou marchand de vin, rue du Rocher, collègue de Dupont au comité révolutionnaire de la section de la République, est comme lui incarcéré en floréal an II, puis en germinal an III [mars-avril 1795], jusqu'au 10 messidor [28 juin 1795] : Arch. nat., F7 477489.
239. Lorimier de Chamilly, Claude-Christophe, " ex-noble, et valet de chambre du dernier tyran ". Il devait être condamné à mort le 5 messidor [23 juin 1794] : Wallon, Hist. du Trib. révol., t. IV, p. 506.
240. Cf. ci-dessus, p. 98, note 2.
241. Nous n'avons pas pu l'identifier.
242. Cf. ci-dessus, p. 27, note 1.
243. Cf. t. III, p. 134, note 2.
244. Il s'agit de cinq des six condamnés du 25, Brichard et autres : cf. ci-dessus, p. 44, note 2. Le sixième était Chaudot : cf. ci-dessus, p. 98, note 2.
245. Cf. ci-dessus, p. 98, note 2.
246. Cf. ci-dessus, p. 99.
247. Jean-Baptiste Viette, 56 ans, négociant, joailler, place de Thionville, disent les pièces du procès.
248. Cf. ci-dessus, p. 19, note 3.
249. Ou Noyelles. Non identifiable : il y en a onze dans la région du Nord.
250. Lire : Brisonnet, demeurant rue Saint-Romain ; on le voit détenu au Luxembourg en vendémiaire an III [septembre-octobre 1794], et mis en liberté le mois suivant ; le 18 fructidor [4 septembre 1795] de la même année, il est de nouveau libéré après une détention de trois mois : il aurait été réarrêté en prairial [mai-juin 1795] : Arch. nat., F7 4618, doss. 2.
251. Pas de renseignements.
252. Cf. t. II, p. 196, note 1.
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