Paris pendant la Terreur, rapports des agents secrets du Ministère de l' Intérieur, épisode X

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  D'autres intrigants avaient nommé le nommé Thomassin à la commission des salpêtres ; mais il a été rejeté parce qu'il était du club des Feuillants ; ses antagonistes (sic) ont fait leur possible pour prouver le contraire, mais la liste que l'on a été chercher, et le nom de Thomassin s'y est trouvé214, a mis fin aux débats.
  J'ai vu une femme ramassant à petit crochet retirer d'un tas de boue un morceau de viande que l'on y avait jeté, qui pouvait bien peser de trois à quatre livres. Cette femme l'a nettoyé, et les morceaux qu'elle a retirés avec son couteau, un chien les a mangés, et le propre elle l'a mis dans son tablier. C'est rue du Rempart, au coin qui donne rue de la Loi, que j'ai vu cela sur les onze heures du main.

Rapport de Prevost, W 191
  Les citoyens étant de garde au grand poste du Temple se plaignent de ce que dans ce corps de garde il n'y a pas assez suffisamment de lits de camp pour reposer les volontaires, qu'il y en a au moins un tiers qui ne peuvent se coucher, que la plupart dorment à terre, qu'il n'y a même pas de bancs assez suffisamment pour s'asseoir. Il serait bien urgent qu'on porte toute l'attention possible à ce sujet.
  Un citoyen dit qu'il a reçu une lettre d'un particulier ces jours derniers, venant de la Bretagne, par laquelle il lui annonçait qu'il courait un bruit dans cette ci-devant province qu'on tuait les enfants de dix ans et les hommes âgés de soixante ans, à Paris, qu'il le priait de lui marquer ce dont il est question. Il est bien des citoyens qui ne croiront pas à de pareilles absurdités, ou il faut que ceux qui font courir ce bruit soient bien scélérats, ce qu'il serait très à propos de vérifier.
  Un boucher, rue des Petits-Carreaux, avait fermé son étal afin d'éviter l'affluence des citoyens qui étaient à sa porte pour avoir de la viande ; il les recevait un à un par tour, comme faisaient autrefois les boulangers. ; il y a des bouchers qui ont vendu 20 livres de viande 30 livres. Si à la fin il n'y a pas d'exemples à ce sujet, bientôt on ne pourra pas en avoir qu'à un prix exorbitant ; les riches pourront y atteindre, mais les malheureux ne pourront s'en procurer.

Rapport de Rolin, W 191
  On se plaint sur la section du Panthéon-Français [n° 45 .; jusqu'en août 1792, elle avait pour nom : " section de Sainte-Geneviève " ; son territoire comprenait la plus grande partie du Quartier Latin ; ses assemblées se réunissaient à la chapelle du Collège de Navarre, actuellement l'école Polytechnique ; par arrêté préfectoral du 10 mai 1811, elle devint le quartier Saint-Jacques] que, par un arrêté de cette section, chaque citoyen soit obligé de payer le dixième de son revenu, ce qui fait, dit-on, un second emprunt forcé, et ce qui met beaucoup de familles dans une détresse épouvantable ; on ne délivre de certificats de civisme et de résidence qu'autant que l'on présente la quittance de cette imposition. On prétend que cette imposition doit servir à payer à la caisse du Trésor national 150.000 livres que la Convention a prêtées à la section, lors de la réquisition pour la Vendée.

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Plan de la section Panthéon-Français, Paris 1790. Dominique Waquet

   Les marchands vendent à faux poids et à fausses mesures. Hier, une citoyenne assura que, sur trois litrons [équivalent à 0.800 litre ou 8 décilitres] de haricots qu'elle avait achetés, il y en avait près d'un demi-litron de moins, ce qui fait une perte considérable pour l'acquéreur et un gain inouï autant qu'injuste pour le marchand.
  Les citoyennes se plaignent qu'il y a six semaines qu'elles n'ont plus d'ouvrage dans les sections, ce qui en met plusieurs dans une misère extrême, surtout celles dont les maris sont aux frontières et qui sont chargées d'enfants.
  Plusieurs marchands de nouveautés, en librairie, se permettent de vendre les livres propres à corrompre les mœurs, et notamment un intitulé La nouvelle Sapho215.
  Le bois est toujours difficile à obtenir ; il se fait des batteries sur le port relativement aux numéros ; on se dispute ; les marchands fruitiers veulent être préférés aux autres citoyens, etc.
  On se plaint partout de la cherté et de la rareté des subsistances. Il semble que ce jour soit celui des murmures ; partout j'ai entendu plaindre, partout j'ai entendu murmurer. Des malveillants, sous le masque de l'humanité, couverts du manteau des patriotes, se faufilent dans les groupes. Ils commencent par prêcher la patience, par vanter nos exploits et le bonheur que nous devons goûter lorsque nous aurons vaincu les despotes ; mais ils terminent par se plaindre que l'on manque de subsistances en tout genre, que nos défenseurs n'ont point de souliers, et qu'ils manquent de tout ; ils font des vœux pour la paix ; enfin le voile tombe, et on ne peut méconnaître en eux les agents de Pitt et de Cobourg.
  On disait, au Palais de Justice, qu'il était étonnant qu'il y eût une aussi grande quantité de gens oisifs, tant hommes que femmes, qui, du matin au soir, ne font que se promener dans les places publiques, dans les tribunaux, dans les groupes, etc. On craint qu'il n' y ait quelques projets sinistres en l'air.

26 Pluviôse an II, 14 février 1794


Rapport de Bacon, W 191
  L'assemblée populaire de la section du Faubourg-Monmartre [n° 20 ; ou section du Faubourg-Mont-Marat ou, parfois, section Constante-du-Faubourg-Montmartre ; son territoire : rues du Faubourg-Montmartre et du Faubourg-Poissonnière ; l'assemblée se tenait à l' Hôtel des Menus-Plaisirs qui, sous la monarchie, était le service de la maison du Roi ; en 1811, elle devint le quartier du Faubourg-Montmartre, 2eme arrondissement de Paris] était extrêmement nombreuse, et toutes les tribunes étaient remplies de femmes. Des dénonciations faites contre différents citoyens ont rendu la séance très orageuse. Des friponneries, du faux patriotisme ont été découverts ; et on a tâté le pouls, d'une manière républicaine, à tous ceux qui avaient eu en main des deniers de la section : grands et vifs applaudissements des tribunes. Un membre, qui m'a paru être du comité révolutionnaire, a dénoncé vigoureusement le ministre de la Guerre, qui est chargé de surveiller spécialement les administrations militaires, et dont la plupart nourrissent vingt, trente chevaux, qui ne peuvent être d'aucune utilité pour la République, tandis qu'on laisse mourir de faim ceux qui peuvent être utiles à la Nation : murmures violents, et aux tribunes et à l'assemblée. Une députation se présentera chez Bouchotte pour lui demander les raisons de ce que je viens de dire : il m'a paru qu'on épluche et scrute de très près les gueulards et ceux qui se sont emparés de la bourse. L'esprit public est bon.
  Il y a eu aujourd'hui assemblée générale extraordinaire à la section des Lombards [n° 18 ; territoire : entre les rues Saint-Martin et Saint-Denis ; les réunions se déroulaient en l ’église Saint-Jacques-la-Boucherie, dont demeure aujourd’hui la Tour Saint-Jacques ; le 10 mai 1811, elle prend le nom de quartier des Lombards, 6e arrondissement de Paris], pour le salpêtre. On ne s'est occupé que de cet objet. La séance a été orageuse, et voici ce qui y a donné lieu. 
 

                                                


L’église Saint-Jacques-la-Boucherie ; gravure publiée par Manesson Mallet, 1702.

 Tour Saint-Jacques 2008.jpg


La Tour Saint-Jacques restaurée en 2007. Photo : Siren-Com

   Les uns voulaient qu'on ne donnât que cinq livres à ceux qui remplaçaient pour travailler au salpêtre ; les autres voulaient qu'on accordât six livres. Cette discussion a duré une bonne heure, et j'ai vu le moment où on se serait battu sans la fermeté du président. Enfin, il a été arrêté qu'on donnerait six livres ; qu'à compter de demain toutes les compagnies fourniraient dix hommes pour travailler à l'opération de salpêtre : applaudissements.
  La section populaire de la section des Arcis [n° 19 ; elle a toujours conservé le même nom ; son territoire était compris entre le Châtelet et l’Hôtel de Ville ; son assemblée se réunissait en l’église Saint-Jean-en-Grève, rue de Lobau aujourd'hui ; elle devint le quartier des Arcis, 7ème arrondissement de Paris de l'époque, suite à l'arrêté préfectoral du 10 mai 1811] était assez nombreuse, et surtout beaucoup d'ouvriers et de maçons. Un citoyen arrivant de la Commune216 a annoncé jusqu'à quel point les bouchers portaient leur scélératesse en tuant des vaches pleines et des brebis : murmures d'indignation. Il a dit qu'on venait de prendre un arrêté au corps municipal pour aller demain217 à la Convention demander la peine de mort contre tous ceux qui tueraient des vaches ou des brebis pleines : vifs applaudissements. On a ensuite lu le Journal du Soir218, et différents arrêtés relatifs à la société : l'esprit public bon.
  L'assemblée populaire de la section des Droits-de-l'Homme [n° 31 ; jusqu'en août 1792 : section du Roi de Sicile ; entre la rue Saint-Antoine et la rue des Francs-Bourgeois était son secteur ; l’église de l'hospice du Petit-Saint-Antoine était son lieu de réunion ; par arrêté préfectoral du 10 mai 1811, elle prit pour nouveau nom : le quartier du Marché-Saint-Jean, 7e arrondissement de Paris de l'époque] était très nombreuse. On a parlé longtemps des bouchers. Carron219, commissaire aux accaparements, a dit que d'après ce qu'il voyait, on voulait perdre la République par les denrées, que la nuit on tuait les vaches et les brebis pleines, et que depuis six mois on avait tué, à la satisfaction de Pitt, plus de 70.000 vaches, dont la moitié pleine ; que si l'on n'y prenait garde, des malheurs nous menaçaient : tout le monde a crié : Carron a raison. Il a aussi dit qu'on avait mal fait de supprimer220 la caisse de Poissy qui, à la vérité, favorisait les financiers, mais aussi dont les ressources étaient incalculables : vifs applaudissements. À la première assemblée, l'article de la viande sera à l'ordre du jour : les patriotes dominaient aujourd'hui.
  Dans un cabaret, faubourg Saint-Honoré, des hommes s'entretenaient de la viande. Un disait : " Comment diable voulez-vous que nous ne manquions pas de viande? Hier, j'étais à Poissy, et je sais qu'on a au moins vendu la moitié de vaches pleines. Depuis quelques temps les marchands de bestiaux s'entendent avec les bouchers, et on dirait qu'ils veulent faire une contre-révolution. " On ne comprend rien à tout cela, disait toujours ce citoyen.
  Comme on a fait courir le bruit, parmi le peuple, qu'on aurait pas de viande le mois prochain, j'ai couru et beaucoup couru pour connaître la trame d'une telle conspiration. J'ai été à la Halle, partout où il a fallu aller. J'ai appris que ces hommes et ces femmes qui vendent dans la rue de la viande, je veux dire de la vache, et dont le plus grand nombre sont en asile, tuaient aux environs de Paris des brebis et des vaches pleines qu'ils revendent ensuite ; et, afin de n'être pas reconnus dans leurs projets liberticides, ils vendaient un jour à faubourg Saint-Antoine, un jour rue Saint-Jacques, un autre jour faubourg Saint-Germain, ainsi de suite. Et de tels hommes, d'après ce que m'ont dit des gens de ce métier, courent tout Paris et assassinent les bestiaux qui en produiraient d'autres. Avis aux magistrats.
  Je n'ai rien vu d'extraordinaire.

Rapport de Charmont, W 191
  Chabot221 occupe toujours les conversations particulières. Quand est-ce que son affaire sera-t-elle terminée? Pourquoi le Comité de sûreté générale ne fait-il pas son rapport, afin que les citoyens puissent le juger ou lui rendre leur estime? C'était ce qu'on disait aujourd'hui au Palais de Justice.
  La commission du salpêtre de la ci-devant section Beaurepaire prend une marche ferme et rapide. Trente hommes sont mis en réquisition tous les jours, et, avec ceux qui sont payés, cela forme à peu près soixante hommes qui emploient bien leur temps, de manière que dans huit jours d'ici nous pourrons donner le moins cent livres de salpêtre par jour à la République.
  Malgré l'arrêté de la Commune222 qui passe à l'ordre du jour motivé sur ce que la section change de nom comme les femmes changent de bonnets, malgré cet arrêté, nous avons arrêté définitivement que la section se nommerait section de Charlier, que décadi prochain il serait fait une proclamation générale dans l'étendue de la section pour annoncer cette nouvelle dénomination.
  La viande est toujours l'objet des plaintes et des craintes. On demande partout que la Commune s'occupe du soin d'approvisionner la capitale. Cependant, dans différents quartiers on a vu arriver à peu près une trentain de boeufs à la fois ; cela a consolé un peu ceux qui les ont vus ; on vit toujours en espérance.
  Dans quarante-huit heures, la loi ne transigera plus avec vous, marchands de vin et tous les autres marchands de comestibles, disaient les commissaires du comité révolutionnaire de la section Chalier, dans leur proclamation d'aujourd'hui ; dans quarante-huit heures nous ne vous écouterons plus ; la loi seule prononcera. En conséquence tous (sic) marchands de vin sera [tenu] de mettre sur sa porte le nom et la qualité du vin et son prix, soit à la bouteille ou en pinte ; sinon, ils seront mis sur-le-champ en état d'arrestation, et traduits devant les tribunaux qui doivent en connaître. Cette proclamation a fait sensation dans le public, les uns de joie de voir que l'on s'occupe des malheureux, et les marchands qui disent ne pas pouvoir satisfaire à cette proclamation attendu la peine où ils sont pour avoir des marchandises et le prix qu'ils sont obligés de donner afin de pouvoir approvisionner leurs boutiques.

L'Embarras de Paris. Le Pont-Neuf. Gravure par N. Guérard, rue Saint-Jacques, à la Reyne du Clergé proche St. Yves. Coll. Paul Prouté. Paris
"... Au petit matin, les paysans arrivent, portant la provision de légumes, de fruits et de fleurs, et s'acheminent vers la Halle. C'est alors qu'on entend de loin les cris de l'étuviste — « Allons seigneur, allons baigner ! » — ou ceux des laitières — « Au matin pour commencement je crie du lait pour les nourrices. » ... " Source 



"... C'était surtout au port de la Grève — près de l'Hôtel de Ville —, à l'étape (entrepôt), que les marchands de vin se livraient à leurs transactions. D'un côté était le port de Bourgogne qui, comme son nom l'indique, proposait les crus les plus réputés de cette région : Côte-de-Nuits, Chambertin et Clos de Bèze, et Volnay dans la Côte-de-Beaune, issus du cépage fromenteau, ou pinot gris... " Source


" ...De l'autre côté était le port français, où arrivaient les vins des environs de Paris, vins en vérité de qualité très ordinaire. Les sites de vins réputés comme « exquis » dans les temps jadis ne correspondaient plus au goût du XVII siècle, époque où la clientèle était devenue beaucoup plus difficile. Au XIII siècle, un livre intitulé La Bataille des vins cite de nombreux crus alors fort estimés à Montmorency, à Mantes, à Pierrefitte, à Argenteuil, qui rivalisent, écrit l'auteur, avec ceux de Bourgogne... " Source

  Les mœurs, disait un citoyen, dans un Etat libre, c'est le garant de la Liberté ; sans mœurs point de Liberté. Rome a cessé d'être libre aussitôt qu'elle a cessé d'avoir des mœurs, et les fers qu'elle recevait de César [Jules, en Latin : Caius Julius Caesar ; Homme d'État romain , Rome 100 ou 101-Rome 44 avant J.-C. ; Larousse] avaient été forgés par le luxe et la déprédation qui s'étaient répandus sut toutes les parties de la République. Lorsque Agis [IV, 244-241 ; tenta vainement de restaurer la puissance de Sparte. Ses réformes sociales lui coûtèrent le trône et la vie ; Larousse] monta sur le trône de Sparte, les lois de Lycurgue [législateur légendaire du IXe-VIIIe s. avant J.-C., à qui la tradition antique attribue l'ensemble des institutions spartiates. L'élément essentiel des institutions en vigueur à Sparte est l'agogê, le dressage des enfants à leur métier de soldats. C'est à Lycurgue que l'on devrait la mise en œuvre de la Constitution révélée par l'oracle d'Apollon : rhetra. Son nom, en grec « celui qui se tient à l'écart des loups », et certains éléments de l'éducation spartiate, ainsi la cryptie, épreuve d'initiation, ont fait penser qu'il existait dans la Sparte primitive une classe de prêtres-loups, dont on aurait gardé le souvenir ; Larousse] n'étaient plus en vigueur. Il voulait rétablir les anciennes disciplines, abolir les dettes, les riches, les femmes. Léonidas [II, vers 315 235, roi de Sparte, vers 247-235, de la famille des Agides. Partisan d'un gouvernement oligarchique, il s'opposa à son collègue Agis IV, qu'il fit déposer et exécuter en 241 ; Larousse], son collègue, s'y opposant, Agis périt martyr de son zèle pour la reformation des mœurs, et Lacédémone [Sparte] subit bientôt le joug des tyrans de Macédoine [région historique des Balkans, aujourd'hui partagée entre la Grèce et la République de Macédoine du Nord principalement, débordant en Bulgarie. [...] Les Antigonides, 276-168 avant J.-C., tiennent la Grèce par un réseau de places fortes. Mais la Macédoine doit affronter de nouvelles puissances, les ligues Achéenne et Étolienne. Pour écarter Rome des Balkans, Philippe V s'allie à Hannibal, 215, ce qui provoque la première guerre de Macédoine. Alliés aux Étoliens, les Romains contraignent le roi à signer la paix de Phoinikê : 205. En 197, les légions écrasent la phalange à Cynoscéphales, deuxième guerre de Macédoine ; Quinctius Flamininus rend alors aux Grecs leur liberté. Philippe V, puis Persée, son fils, réorganisent leurs forces et retrouvent des partisans en Grèce ; en 168 pourtant, lors de la troisième guerre de Macédoine, Rome remporte à Pydna une victoire sans appel ; Paul Émile enchaîne Persée au char de son triomphe et la dynastie s'éteint obscurément ; Larousse] C'était un discours que prononçait un citoyen, hier, dans une société particulière sur l'utilité de faire des mœurs une des principales bases de notre République. Il assurait même que tant qu'on n'aurait point extirpé le vice et les mauvaises mœurs qui régnaient dans la capitale, nous étions encore bien éloignés de goûter en paix les douceurs de la vertu et des mœurs en général.
   On craint beaucoup que la Vendée ne ressuscite, comme disent les malveillants223, qui se plaisent à prôner par tout Paris que sous peu les brigands seront aussi nombreux qu'ils étaient il y a trois mois.

Rapport de Dugas, W 191
  On a appris avec une satisfaction générale le sursis accordé à Chaudot, notaire224.
  La citoyenne Contat225 ayant été renvoyée à Sainte-Pélagie au moment où elle allait jouer sur le nouveau théâtre de la rue de la Loi226, on a demandé en vain de quoi elle s'était encore rendue coupable. Personne n'a pu satisfaire la curiosité publique à cet égard.
  On a dit qu'il était arrivé à cinq heures, au Comité de sûreté générale, plusieurs chefs de conspiration arrêtés à Maubeuge227.
  On arrêté quatre jeunes voleurs de mouchoirs sous les galeries du Jardin de la Révolution, auprès du théâtre de la Montagne.
  Laval228, chef de brigade au 55e régiment, se plaint, dans un placard, du fond de sa prison, des calomnies au moyen desquelles on est parvenu à le faire incarcérer, ainsi que les officiers de ce régiment ; il proteste de son civisme, ainsi que celui de ces officiers.
   Grammont [Guillaume-Antoine Nourry, dit, 1750-1794 ; il fut enterré au cimetière des Errancis ou de Monceau, Paris, au côté de Danton, Desmoulins, Fabre-d' Églantine, Robespierre, Saint-Just, etc.] dit, ci-devant comédien, actuellement commandant en chef, membre de l' état-major de l' Armée révolutionnaire, a été mis en arrestation229.



De ce triste endroit, il ne reste qu'une plaque vissée sur le mur du n° 97 de la rue de Monceau, 8ème arrondissement de Paris. Source

  Aux Jacobins230, après la lecture de la correspondance, qui n'a rien appris d’intéressant, quelques membres ont dénoncé le citoyen Ferrières231, trésorier de la Société, comme s'étant rendu coupable d'avoir fait élargir plusieurs prisonniers anglais, de les avoir recueillis chez lui, et d'avoir trompé à cet égard le Comité de sûreté générale. Le citoyen Ferrières a été traduit sur-le-champ devant le Comité, et les scellés ont été apposés sur ses papiers.
  Dans la même séance, il fut élevé une très longue discussion232 sur le faux rapport fait par Delcloche, au nom des comités réunis, dans l' affaire de Vincent. Momoro [Antoine-François, 1756-1794 ; "...toujours Cordelier et l’un des plus sensibles aux souffrances des classes populaires, apparaît alors, dans l’hiver 1793-1794, comme déchristianisateur, comme agent de la déprêtrisation et du culte de la Raison... " ; source] et Dufourny [Louis Pierre Dufourny de Villiers, 1739-1796 ; un des fondateurs du Club des Cordeliers ; "... Jules Michelet cite Dufourny à propos de la lutte qui opposa Robespierre aux Dantonistes, à l'ancien Comité de sûreté générale : « Cette chasse se fit aux jacobins. Celui qui lança la bête fut un certain Dufourny, qu' Hébert croyait hébertiste mais qui ne bougeait pas de l'antichambre des Comités et dont le zèle excessif lassait Robespierre... " ; source] ont parlé tour à tour ; ce dernier a accusé Vincent d'avoir demandé l'organisation du Conseil exécutif d'après la Constitution, et de s'être transporté dans les assemblées de plusieurs sections pour faire faire une pétition à ce sujet.
   Jean Bon-Saint-André a pris la parole pour engager la Société à s'occuper de la chose publique, et non des individus, et il a parlé avec une véhémence qui lui a mérité les plus grands applaudissements. Collot d' Herbois a parlé dans le même esprit, et, sur sa motion, la Société s'est contentée de censurer Delcloche et de passer, sur le reste, à l'ordre du jour.

 

Antoine François Momoro, premier imprimeur de la liberté nationale. Musée Carnavalet

   À suivre...

   Pierre Caron, Paris pendant la Terreur, rapports des agents secrets du Ministère de l' Intérieur, tome IV - 21 pluviôse an II - 10 Ventôse an II, 9 février 1794 - 28 février 1794, , La Société de l' Histoire de France, Librairie Marcel Didier, Paris, 1949, pp. 90-100.

214. Thomassin, marchand de draps, rue Saint-Honoré, 665, figure en effet sur la liste des Feuillants d'octobre 1791 : A. Challamel, Les clubs contre-révolutionnaires, p. 319.
215. Ne figure pas dans l' " enfer " de la Bibliothèque nationale.
216. C'est en effet le 26 pluviôse que la question de l'abattage des brebis et des vaches pleines fut portée devant le Conseil de salut public : cf. le Journal de Paris du 28 pluviôse [16 février 1794].
217. La démarche ne fut faite que le 15 ventôse [5 mars 1794]. La Convention renvoya la question au Comité de salut public : Moniteur, réimp., t. XIX, p.639.
218. Cf. t. II, p. 343, note 2.
219. Cf. ci-dessus, p. 14, note 1.
220. Par décret du 13 mai 1791.
221. Cf. ci-dessus, p. 13, note 2.
222. Cf. ci-dessus, p. 48, note 1, et p. 58, note 1.
223. Cf. ci-dessus, p. 27, note 1.
224. Impliqué dans le procès de son confrère Brichard, cf. ci-dessus, p. 44, le notaire Chaudot, Vivant, Jean-Baptiste [1751-1794 ; en exercice de 1781 à 1794] avait été condamné à mort le 25 pluviôse [13 février 1794]. Le lendemain, à la suite d'une démarche faite à la barre par sa famille, la Convention décréta qu'il serait sursis à l'exécution, et renvoya l'affaire, pour prompt rapport, au Comité de législation. Ce rapport fut présenté le 29 par Oudot, au nom du Comité de législation, auquel avait été adjoint dans l’intervalle, le Comité de sûreté générale. Il conclut à la levée du sursis. La Convention se rangea à cet avis, et la justice suivit son cours : Moniteur, réimp., t. XIX, p. 472; 493, 502, 514-517.
225. Louise et, probablement Émilie, toutes deux emprisonnées à Sainte-Pélagie, puis, à partir du 7 germinal [27 mars 1794], aux Anglaises de la rue Saint-Victor, où elles restèrent jusqu'à près le 9 thermidor [27 juillet 1794]. - Dans La Comédie française et la Révolution, Paris, 1902, in -12°, A. Pougin ne dit rien d'une sortie temporaire de prison de l'une ou l'autre sœur.
226. Cf. ci-dessus, p. 62.
227. Cf. ci-après, p. 107.
228. La Val, Anne-Gilbert de, 1762-1810, général de division, sur lequel on trouvera une notice dans le Dict. biogr. des gén. et des amir. franç. de la Rév. et de l' Emp. de G. Six. Le placard dont parle Dugas a été publié en brochure sous la date du 29 pluviôse an II : cf. le Catal. de l'hist. de la Révol. franç., par A. Martin et G. Walter, t. III, n° 19. 729.
229. Cf. t. Ier p. 392, note 2. - La date de son arrestation n'est pas connue ; il semble qu'elle doive se placer plus tard que ne le dit Charmont. De documents analysés par Tuetey, Répertoire, t. X, il ressort qu'il était le 27 ventôse [17 mars 1794] depuis quatre jours à Saint-Lazare, où il avait été amené, avec son fils, du Luxembourg.
230. Séance du 26 pluviôse [14 février 1794].
231. Cf. ci-après, p. 264, note 1.
232. Sur cette discussion, voir le Moniteur, réimp., t. XIX, p. 474, 489, 490. " L'affaire de Vincent " est celle de sa demande d'admission aux Jacobins ; Delcloche l'avait rapportée, et était accusé d'arbitraire et de complaisance.

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