Paris pendant la Terreur, rapports des agents secrets du Ministère de l' Intérieur, épisode XXIX

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Cette personne m'a dit qu'elle avait été fort surprise de voir que le sieur Doyen donne bal paré, et du luxe insolent que tous y étalent, car des diamants y sont aussi communs que du temps de la ci-devant Cour.
  Dans un endroit où je me suis trouvé, l'on parlait de pénurie de comestibles et du manque de viande. Un citoyen dit : " N'ayant pu avoir de la viande chez le boucher, je passai devant un traiteur qui est rue de la Jussienne, vis à vis le dépôt de pompiers. J'ai demandé à ce traiteur s'il voulait me vendre deux livres de mouton, car il en avait plusieurs quartiers de pendus. Il me répondit qu'oui, qu'il m'en céderait à 30 sols la livre. Je n'en voulus pas. "

Rapport de Prevost, W 112
  Les citoyens se plaignent très amèrement de ce qu'ils ne peuvent avoir pour se sustenter. Ils disent très ouvertement qu'il n'y a pas besoin d'ordonner un carême civique, qu'ils n'en ont jamais eu comme celui qu'ils font journellement ; leurs femmes ne sont occupées qu'à courir de marchand en marchand, et ne peuvent pas travailler ; qu'effectivement les ouvriers sont bien payés, mais que, payant les subsistances un prix exorbitant, ils ne peuvent aller au bout.
  Plusieurs citoyens étant au café Petit, près les Italiens, disaient qu'il était étonnant combien on avait incarcéré de citoyens sur chaque section, par des dénonciations souvent très vagues ; qu'il serait très à propos que le Comité de sûreté générale nomme des commissaires à l'effet de faire l’examen des pièces de conviction concernant les motifs de l'arrestation de chaque individu. Ils donnent pour raison que les citoyens incarcérés coûtent beaucoup à la République et qu'ils peuvent se rendre utiles.
  Il serait très à propos de faire (sic) tous les marchands qui amènent de nuit des denrées ; il est à présumer que les marchandises ne vont pas à la Halle, elles sont accaparées en route ; la preuve en est plus que certaine, puisqu'il a été trouvé une très grande quantité de volailles dans une fosse de commodité, rue de Thionville.
  On parle beaucoup de la seconde réquisition552, ce qui paraît donner beaucoup d'inquiétude et fait murmurer bien des citoyens.

Rapport de Rolin, W 112
  On assure que des voituriers amenant à Paris une voiture chargée de volailles de toutes espèces, venant de la ci-devant Gascogne, furent arrêtés en route pendant dix jours, et qu'étant enfin arrivés ici, les volailles se sont trouvées gâtées, et qu'on fut obligé de les jeter à l'eau.
  L'affiche553 de la Commission de subsistances a fait une grande sensation dans le public ; tout le monde convient qu'il faut que les malades, les femmes en couches et les infirmes soient servis de préférence aux citoyens en bonne santé ; mais on se récrie sur la pénurie des autres denrées, comme beurre, œufs, graines, légumes, etc. Il ne s'en trouve point dans les marchés, et encore le peu qu'il y a est-il d'un prix exorbitant.
  Les murmures circulent comme le vent. De tous côtés, on entend se plaindre relativement aux marchandises pillées. Il serait peut-être sage que le Comité554 des subsistances pour l'approvisionnement de Paris envoie une invitation à toutes les communes qui voudraient se charger approvisionner cette ville, d'écrire au Comité à dix lieues au moins de Paris [~48km] pour le prévenir de l'arrivée de telle ou telle marchandise, afin que le Comité puisse prendre des mesures pour protéger l'arrivée de ces marchandises à Paris, et, par ce moyen, éviter et déjouer les projets des ennemis de la République.
  On renouvelait aujourd'hui les plaintes amères, déjà mille fois répétées, sur l'arrestation et incarcération de beaucoup de citoyens qu'on assure être bons patriotes, et par conséquent victimes de l'ambition, de la cupidité, de la jalousie, en un mot de toutes les passions humaines. Je ne sais s'il n'y a point là quelques intrigants qui, profitant des circonstances, cherchent à émouvoir le peuple, et le porter à faire quelques démarches peu dignes de sa gloire ; mais ils ne réussiront point, leurs masques tomberont, et ils seront traités comme ils le méritent.
  On assurait dans plusieurs groupes qu'il y aurait quelque chose à Paris, que les têtes se montaient, que, si on n'y prenait garde, sous peu on serait victime de scélérats ; mais cependant l'espoir ne paraît point éteint ; les bons citoyens paraissent prêts à saisir les coupables.
  On se plaint qu'il existe une quantité d'individus dans cette ville qui n'ont l'air d'appartenir à qui que ce soit, et qui vivent dans une oisiveté indigne de vrais républicains.

Rapport de Siret555, W 112
  [Des denrées apportées à Paris viennent d'être pillées, sur la route de Vincennes. S'il n'y promptement obvié [obvier : prendre les dispositions nécessaires pour faire obstacle à quelque chose, parer à un mal possible ; Larousse] la capitale va finir par être affamée.]

6 ventôse an II556, 24 février 1794


Rapport de Bacon, W 112
  L'assemblée populaire de la section des Gravilliers était si nombreuse qu'à peine pouvait-on entrer. Un artiste a fait l'hommage à la société du buste de Rousseau [Jean-Jacques, 1772-1778, Suisse ; écrivain et philosophe ; les œuvres majeures : Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes, 1755, Julie ou la Nouvelle Héloïse, 1761, Du contrat social et Émile ou De l’éducation , 1762 ; Projet de Constitution pour la Corse, 1765 : " La Corse, libérée de la tutelle génoise en 1730, se cherche une Constitution. Pasquale Paoli, élu général de la nation, fait demander à Rousseau un projet de Constitution. Rousseau accepte sans se rendre dans l’île ; il propose une forme de Constitution permettant de conserver l’agriculture comme une activité économique de subsistance et comme une éducation politique de la liberté. Le régime politique sera une démocratie tempérée sur le modèle des cantons suisses avant le dépeuplement des campagnes et le développement du commerce. ", etc. ; source]. Applaudi.



Jean-Jacques Rousseau à Ermenonville. Gravure anonyme ; Musée Jacquemart-André, Paris. Ph. Jeanbor © Archives Larbor

On a parlé longtemps des denrées, et des moyens à prendre pour que Paris fût mieux approvisionné. On a rédigé une adresse à la Commune, dans laquelle on dévoile les causes du déficit des denrées ; on voulait qu'elle fût envoyée dès ce soir ; mais, comme il était onze heures, demain on se présentera à la Commune. Il a été arrêté que dès demain le comité révolutionnaire ferait des recherches exactes dans les maisons des gens riches, et dans les maisons de ceux qui, pour éviter d'aller en prison, se sont retirés dans leur campagne. Un membre a annoncé qu'on trouverait bien des choses cachées dont le peuple manque.
  Un citoyen, de retour du département du Calvados, a annoncé que le fédéralisme était mort, et que les Parisiens étaient reçus en frères par les patriotes : vifs applaudissements. On a parlé de la viande, et la séance a été occupée pour qu'on a[visât] promptement à procurer des denrées à Paris.
  La société populaire de la section du Faubourg-Montmartre était extrêmement nombreuse. On a parlé d'un fruitier chez lequel on a trouvé 46 fromages cachés dans sa cave, et dont la conduite a été renvoyée au comité révolutionnaire. On a aussi parlé de ces citoyens dont on a vendu les pommes de terre 50 sols le boisseau, rue des Capucines, et qui ont été sur le point d'être la victime de la fureur de quelques femmes. On a aussi dénoncé les citoyens de la section des Marchés qui sont presque tous marchands d' œufs, de beurre, etc., et qui sont une des premières causes qu'il n'y a que le riche dont la cuisine soit bien pourvue, par leur cupidité et l'empressement qu'ils ont d'aller au devant des marchands : on fera part de cette manœuvre au Comité des subsistances557. On a parlé longtemps des denrées ; et, après avoir entendu parler hommes et femmes sur un objet aussi essentiel pour Paris, la société a arrêté qu'on l'adresserait à la Commune pour que la capitale fût pourvue comme une ville en guerre : L'esprit public est bon.
  L'assemblée populaire de la section de Bonne-Nouvelle était peu nombreuse, et beaucoup de monde aux tribunes. Dès demain on s'occupera des jardins anglais ou de luxe, dans l' étendue de la section, afin que de suite ils soient mis en culture. Un citoyen a lu une longue lettre de son fils qui est à l'armée du Nord, par laquelle il annonce que tout va au mieux, et que d'avance les Républicains sont sûrs de terrasser les tyrans : vifs applaudissements. On a pris des arrêtés vigoureux, relatifs aux certificats de civisme. On a aussi parlé des denrées qui occupent dans ce moment-ci les citoyens : l'esprit public est bon.
  Rue Dominique, dans un cabaret, des femmes du petit peuple parlaient de la viande. Comme elles étaient ivres, voici ce qu'elles disaient : " Foutre, nous sommes républicaines, nous autres. Les aristocrates s'attendaient à quelque soulèvement, mais, tant que la Seine coulera et que nous aurons du pain, nous serons républicaines, et nous sommes foutues de l'être. " En parlant ainsi, elles frappaient sur la table, et criaient : Vive la République!
  Dans mes courses, du côté du Gros Caillou [quartier du " Gros Caillou " ; " ce nom viendrait du Moyen-Âge et désignerait une borne en pierre qui assurait la délimitation entre les terres concédées par le roi de France aux paroisses de Sainte-Geneviève et Saint-Germain-des-Prés. On ignore où se trouvait exactement cette borne, ni si elle ressemblait à un “ gros caillou ”, mais les habitants ont pris l’habitude de nommer leur quartier, situé à la limite entre ces deux censives, le “ faubourg du Gros-Caillou " [...] resté très rural jusqu’au XVIIIe siècle, les monuments les plus importants [en 1859, lors de la création des nouveaux quartiers administratifs] étaient une manufacture des tabacs appelée Manufacture du Gros-Caillou, et un édifice religieux, la petite Église Saint-Pierre-Gros-Caillou construite en 1738. ; aujourd'hui, c'est le quartier de la Tour Eiffel ; source], en causant avec des marchandes, elles m'ont fait part d'un abus qui se commet par des citoyens appelés jadis juifs. Elles m'ont donc dit que la plupart des juifs qui allaient au café du Commerce, rue Martin, faisaient l'agiotage des denrées ; que dernièrement, un a vendu un panier qu'on croyait rempli de poires, mais qui était tout rempli de lard, et les poires le cachaient. Ils vendent à un prix exorbitant ces denrées.

Le quartier de la Tour Eiffel, ex quartier du Gros Caillou. Source

Un autre abus qu'elles m'ont aussi communiqué, c'est que dans les hôpitaux on n'y consomme pas la moitié de la viande qu'on y envoie ; il y a des gens employés dans ces sortes d'administrations qui tirent parti de ces abus pour bien s'enrichir : j'ai cru [devoir] parler de ces deux objets.
  Au marché Jean, on a pillé une femme qui avait des pommes de terre. Il semble que toutes les cuisinières s'entendent pour dégoûter les gens de la campagne d'apporter leurs provisions à Paris.
  J'ai beaucoup couru, et rien d'extraordinaire pour la tranquillité.

Rapport de Beraud, W 112
  Le décret558 qui accorde des indemnités aux habitants du Cap-Français [ " À Saint-Domingue l’esclavage est caractérisé par l’arrivée constante de nouveaux esclaves du fait de l’ampleur de la traite. On évalue entre 500 000 à 700 000 leur nombre, pour 30 000 blancs et 50 000 mulâtres ou hommes de couleur libres. Soucieuse de l’activité économique des îles, la Révolution a donné tout pouvoir, en 1791, à des assemblées coloniales que dominent les propriétaires européens. Mais les rivalités qui sont dues aux inégalités sociales, entre les colons et les commerçants des villes, entre les blancs et les mulâtres puis les esclaves, se développent par suite de l’affaiblissement de la présence du pouvoir métropolitain et de la guerre étrangère.dont les propriétés ont été incendiées. Des troubles apparus en 1790 se transforment en insurrection générale. Le décret du 15 mai 1791 reconnaissant la citoyenneté des « gens de couleur nés de pères et mères libres » entraîne l’île dans l’anarchie totale. Une guerre civile atroce fait 10 000 morts dont 2 000 blancs. Devant la ruine de Saint-Domingue et l’émigration des grands colons [...] Le 24 juin 1793 [6 messidor an I], le Cap-français, aujourd’hui haïtien, situé sur la côte nord de l’île, n’est plus qu’incendie, pillage et massacre. [...] Le Cap, ville la plus prospère et la plus importante de la colonie, était une cité coloniale de grande ampleur qui, sans doute, apparaissait plus moderne par son urbanisme que beaucoup de villes de métropole. Conçue par des ingénieurs, dotée la première d’un plan quadrillé, elle avait été agrandie à plusieurs reprises mais toujours selon les mêmes axes de voies et les mêmes modules d’îlots. C’était une ville régulière aux rues alignées, souvent plantées d’arbres, aux places ornées de fontaines ; elle était pourvue d’hôpitaux et de casernes. Au premier plan, de multiples types de navires, de la barque au trois ponts évoquent son intense activité portuaire... ; source] dont les propriétés ont été incendiées semble faire des jaloux parmi les planteurs des autres parties de Saint-Domingue qui ont éprouvé le même sort. Le Cap, disaient plusieurs de ces derniers dans une grotte du Jardin-Égalité, devait avoir moins de faveur que nous ; car c'est là que l’aristocratie a commencé à aiguiser ses poignards, et qu'à peine avait-il arboré la cocarde tricolore que les autres villes de la colonie avaient planté l'arbre de la Liberté et essuyé le feu des émissaires des despotes. La Convention va bien être surprise quand elle saura que la députation qu'elle a si bien accueilli559 n'a été envoyée que par les agents de Pitt, et quand elle verra arriver de la Nouvelle-Angleterre celle prise parmi les vrais patriotes qui, pour se soustraire à une mort tyrannique, se sont réfugiés à Philadelphie.


Vue de l’incendie de la ville du Cap Français ; 21 juin 1793 [3 messidor an I]. © Archives départementales de la Martinique. Source

   Le mécontentement augmente de jour en jour parmi les volontaires de la première réquisition ; tous ceux qui étaient âgés de plus de vingt-cinq ans, gradés ou non, ont profité du décret560 qui les laisse libres de se retirer, et les simples volontaires, qui avaient de la confiance dans ces officiers qu'ils avaient nommés, répugnent d'obéir à ceux des bataillons ou régiments dans lesquels ils sont encadrés. " Ce décret, disait dans un groupe un volontaire arrivant des environs de Valenciennes, dégoûte, décourage, et beaucoup de mécontents, ne pouvant se retirer, se jettent dans les hôpitaux. Ce qu'il y a de particulier, ajoutait-il, c'est que, lorsqu'il y a un grade de vacant dans une compagnie, on en éloigne avec mépris, surtout dans ces régiments, ceux qui avaient les grades dans leurs premiers corps ; et les ouvrages les plus durs, par une injustice très marquée, leur sont distribués. — Il serait à désirer, a répliqué un citoyen, que le Comité de salut public prévînt ces abus, qui ne peuvent entraîner après eux qu'un découragement universel.
  Ce même volontaire, qui a parcouru plusieurs armées, a dit qu'en général les commandants maltraitaient ceux qui demandaient des décomptes de route et autres, et que les quartiers-maîtres, lorsqu'il s'agissait de régler avec les capitaines, trouvaient toujours des moyens pour s'absenter de leur corps.
  " Si la disette de légumes existe, disait un particulier, c'est que les fruitiers et les grainetiers ont des magasins qu'ils se gardent bien d'ouvrir. Si les commissaires aux accaparements faisaient des visites chez eux, ils en trouveraient beaucoup en faute ; mais la plupart se contentent de percevoir leurs appointements et se taisent sur le reste. "

Rapport de Charmont, W 112
  Il paraît que la Commune a pris le parti de former un étal par section pour les malades, de sorte que déjà on voit accourir une foule de femmes se disant malades, et avec des faux billets de chirurgien ; on en a déjà surpris.
  Les boulangers, au mépris des arrêtés de la Commune, ne marquent point leur pain et en font de plusieurs sortes. Les commissaires des comités de bienfaisance les menacent de les dénoncer, mais ils n'écoutent personne et n'en font qu'à leur tête.
  Les opérations du salpêtre se continuent avec force. La correspondance se manifeste de l'administration générale avec les ateliers des sections de manière que l'on peut assurer qu'avant qu'il soit quinze jours les sections auront fourni déjà un fameux contingent, et le tout pour commencer. La seule difficulté qu'il y a, c'est que les ateliers n'ont pas les objets nécessaires pour la fabrication du salpêtre, surtout dans la partie des chaudières et bassines.
  Les sociétés populaires commencent déjà à modérer leur activité révolutionnaire ; plusieurs se relâchent en tout jusqu'au point de ne plus tenir leurs séances tous les jours comme auparavant. Les certificats de civisme sont plus difficiles à avoir ; pour le peu (sic) que l'on ait quelques amis, tout de suite l'on passe sans être censuré. Les comités révolutionnaires se relâchent beaucoup.
  Les mœurs souffrent encore ; on voit partout des filles publiques dans les rues insulter à la pudeur des honnêtes femmes. Il paraît certain, disent les honnêtes citoyens, que les commissaires des sections ne font point leur devoir, car les rues sont infectes ; on ne nettoie nulle part. Ainsi ce sont deux vices très essentiels qui ne sont que trop fréquents dans Paris, et dont il est nécessaire de remédier très promptement.
  Il paraît que tout porte à croire que Westermann est un bon général ; car, s'il faut en croire le peuple, dans les groupes chacun lui rend témoignage sur sa conduite, ainsi que sur sa bravoure. Au café Manoury, on en parlait aussi avec avantage. La majorité des citoyens ont trouvé injuste sa destitution561. [il fut destitué en nivôse an II, janvier 1794, et condamné à mort par le Tribunal révolutionnaire, en germinal, avril, avec Danton, auquel il était lié. Il fut guillotiné à Paris le 16 germinal an II : 5 avril 1794 ; il fût inhumé au cimetière des Errancis, mars 1794-avril 1797, avant que ses restes ne rejoignent les catacombes à la fermeture du cimetière ; à noter que lors de son procès du 2 avril 1794, 13 germinal an II, Danton avait écrit : " On me parle aussi de Westermann, mais je n’ai rien eu de commun avec lui ; je sais qu’à la journée du 10 août, Westermann sortit des Tuileries, tout couvert du sang des royalistes, et moi je disais qu’avec 17 000 hommes, disposés comme j’en aurais donné le plan, on aurait pu sauver la patrie "

 
  " On trouve néanmoins de bien curieux documents en fouillant les fonds d’archives comme cette pièce isolée des Archives départementales de Vendée où il prend des otages en échange de pain (4) :
" St Maixent le 30 juin 1793 [12 messidor an I]
   Je pars général à l’instant avec ma troupe, je laisse ici le 6e bataillon de Paris composé de 160 hommes ; j’exécuterai le projet dont nous sommes convenus ; vous aurez souvent de mes nouvelles ; mais ne me laisser (sic) pas manquer de pain et de picques : j’emmène avec moi de St Maixent trois officiers municipaux, en écharpe, j’en ferai autant dans les différents endroits où je passerai.
Je vous embrasse
Westermann
"]
  Source



Plaque commémorative, 97 rue de Monceau, Paris 8e. « Emplacement de l'ancien cimetière des Errancis où furent inhumés du 24 mars 1794 au mois de mai 1795 les corps de 1 119 personnes guillotinées place de la Révolution. » Photo : JHvW

   On débitait dans ce même café et on assurait même que le roi de Prusse est totalement dégoûté de combattre les Français, et qu'il commence à faire à la diète de Ratisbonne [la Diète d’Empire est la rencontre des états d’Empire avec l’Empereur. Ancienne, mais formalisée en 1495, Réforme de l’Empire, la Diète est d’abord épisodiquement réunie dans diverses villes d’Empire, Augsbourg, Worms, Spire…, puis en 1663 devient permanente, à Ratisbonne. Elle est alors composée uniquement de représentants des états et du commissaire principal de l’Empereur alors que les Diètes du 16e et du premier 17e siècle étaient encore marquées par la présence de l’Empereur et de nombreux princes-électeurs et princes. La Diète s’ouvre sur une « proposition » de l’Empereur. Elle se clôt par un recès d’Empire. Elle seule peut décider de la levée d’impôts d’Empire. Mais la procédure ne cesse d’être plus formalisée et complexe, voir décision d’Empire et dictée publique, l’écrit occupe une place grandissante. des demandes qui annoncent très fort l'état de pénurie où il est réduit tant en hommes qu'en argent. ; source] des demandes qui annoncent très fort l'état de pénurie où il est réduit tant en hommes qu'en argent.
  Un politique de ce café assurait qu'il fallait se glorifier de la résolution562 que prend le parlement et le gouvernement de Pitt en Angleterre, qu'il est à croire qu'avant qu'il soit un an la révolution s'opèrera d'elle-même sans qu'il soit besoin qu'aucune Puissance ne s'en mêle ; les impôts seuls causeront tout, car, ce qu'il y a de plus difficile, ce sera la perception, et on verra comment le peuple payera.
  La Halle a été aujourd'hui assez bien fournie en œufs ; preque tout Paris en a eu une petite portion, et l'on espère que petit à petit l'abondance renaîtra.

Rapport de Dugas, W 112
  On a volé à un homme de la campagne sont portefeuille dans les tribunes de la Convention.
  Le beurre manque totalement ; les œufs ont été pillés à la Halle, qui n'a jamais été plus mal garnie.
  Le marché des ci-devant Quinze-Vingts était un peu mieux pourvu ; il y avait assez de poisson.
  Les grainetiers disent qu'ils n'ont plus de légumes secs. On trouve chez eux du riz, du vermicelle, et du macaroni, mais à un prix excessif.
  On disait à la Halle que la municipalité avait fait enlever les lentilles et les haricots, et qu'on voulait lui demander ce qu'elle en avait fait. " Que ferons-nous de lentilles et de haricots, répondait-on, si nous n'avons pas de beurre? "
  Les cordonniers se plaignent qu'ils sont sans travail faute de cuir, pendant qu'il y en a à Chartres, en réquisition, pour deux millions. Leurs garçons murmurent encore plus de n'avoir rien à faire dans un temps où les denrées sont si chères. " Que fait donc, disaient-ils, la Commission563 chargée des approvisionnements de Paris? "
  La séance des Jacobins564 n'a présenté que des discussions orageuses à la suite du scrutin épuratoire. Un membre a été conduit au Comité de sûreté générale, sur les observations de Collot d'Herbois qui a démontré combien il était suspect sous tous les rapports. Saint-Just et Lebas [Philippe François-Joseph, 1764-1794 ; avocat ; " Dans la séance du 9 thermidor [27 juillet], Lebas ne voulut pas abandonner ses amis Saint-Just et Robespierre, il demanda à partager le sort de ceux-ci ; [il] se suicida le 28 juillet 1794 [10 thermidor an II] ; source https://www.amis-robespierre.org/Philippe-Lebas-une-juste-et] ont été admis avec applaudissements. Faure [Balthazar, 1746-1805 ; représentant de Haute-Loire, Montagne : 1/ Dans le Cantal et la Haute-Loire, à la place de Reynaud, avec J.-B. Lacoste, par décrets du 9 et du 12 mars 1793 [19 et 22 ventôse an I], pour la levée des 300.000 hommes : II-298-317. Ils reçoivent du Comité des inspecteurs de la salle 6.000 livres pour frais de mission le 16 mars 1793 [26 ventôse an I] : AN, D* XXXVc 6. Retour à la fin d’avril 1793 [floréal an I], II-310 ; Rapport de Faure, an IV, BNF Le39 340. Fin officielle de la mission par le décret de rappel du 30 avril 1793 [11 floréal an I] : III-533. 2/ En Moselle, Meurthe, Haute-Marne et Vosges, par décret du 8 octobre 1793 [17 vendémiaire an II], pour la levée des chevaux : VII-298-303. Il reçoit du Comité des inspecteurs de la salle 5.000 livres pour frais de mission le 12 octobre 1793 [21 vendémiaire an II] : AN, D* XXXVc 7. Mission élargie à l’épuration des autorités de Moselle par décret du 14 brumaire an II, 4 novembre 1793 : VIII-225. Rappel par décret du 27 brumaire an II, 17 novembre 1793, qui fixe le terme de la mission au 10 frimaire an II, 30 novembre 1793 : VIII-490-492. Une circulaire du Comité de salut public du 7 frimaire an II, 27 novembre 1793, prolonge la mission, si elle n’est pas achevée, jusqu’au 20 frimaire, 10 décembre 1793 : IX-5. Il passe directement à la mission suivante. 3/ À l’armée de la Moselle, par décret du 27 brumaire an II, 17 novembre 1793, pour organiser la cavalerie : VIII-490-492. Rappel par lettre du Comité de salut public du 5 pluviôse an II, 24 janvier 1794 : X-421-422. Il est à Paris au plus tard le 15 pluviôse an II, 3 février 1794, X-646 ; source] représentant du peuple, a été ajourné, sur les dénonciations nombreuses qui se sont succédées contre lui. Il a été accusé d'avoir fait incarcérer les meilleurs patriotes de Nancy.
  On a donné des nouvelles satisfaisantes de la santé de Robespierre et de Couthon564.



Dessin à la mine de plomb sur papier calque de Philippe Le Bas, exécuté par Jacques-Louis David

Rapport de Latour-Lamontagne, W 112
  On parle toujours de cette misérable guerre de la Vendée. Nous n'en verrons donc jamais la fin? s'écrie-t-on de toutes parts. Les malveillants redoublent les alarmes en répandant les bruits les plus sinistres. Ils publiaient aujourd'hui que Nantes et 17 districts environnants sont en pleine insurrection, et que la Vendée renaît de ses cendres. On citait à l'appui de ces assertions plusieurs lettres, dont une, en particulier, datée de Paimbœuf, contenait ce qui suis : " Nous avons essuyé une déroute. Quoiqu'on dise qu'il n'y a plus de brigands, ils nous ont pris une pièces de canon et un caisson rempli de cartouches. Les généraux trahissent toujours ; nous n'avons ni armes, ni souliers...565 Les bataillons sont en quatre parties ; on met 300 hommes contre 8 à 900 brigands, ce qui fait la perte de la République. Nous payons tout au poids de l'or ; on nous donne du pain qui ressemble à de la colle, et on nous dit que nous ne méritons pas le pain que nous mangeons. Nous sommes détestés de toutes parts... " etc. " Hé quoi! s'est écrié un citoyen, le peuple sera donc toujours trahi? C'est donc ainsi qu'on disperse nos forces au lieu de les réunir? Quelle perfidie! Mettre 300 hommes contre 900! Comment le Comité de salut public ignore-t-il cette infernale manœuvre, qui prive la République de ses meilleurs défenseurs, car c'est toujours les plus zélés républicains qu'on envoie de préférence à ces sortes de boucherie? — Ne voyez-vous pas, a répliqué un autre citoyen, qu'il y a des hommes intéressés à ce que cette horrible guerre ne finisse pas de sitôt? Je n'en veux pas d'autre preuve que le soin avec lequel on écarte des armées les généraux le plus capables de les diriger. Westermann, par exemple, dont le nom seul faisait trembler les rebelles, est retenu depuis longtemps à Paris sous de frivoles prétextes566. C'est ainsi qu'on se défait peu à peu des meilleurs officiers, et qu'on verra bientôt dans les grades supérieurs que des intrigants sans courage, sans talents militaires, le plus souvent même sans patriotisme. Voilà ce qui met la République dans le plus grand danger. " On a paru frappé de ces réflexions, et quelques personnes ont dit en gémissant : " Il a raison. "

Rapport de Le Breton, W 112

  Il y a un arrêté de pris, dans plusieurs sections, pour déterminer les marchands de vin à afficher sur leur porte la quantité de vin qu'ils ont dans leurs caves, la qualité, le prix qu'ils l'ont acheté et celui qu'ils le vendent. Le peuple paraît très satisfait de cette mesure, et en témoigne son contentement aux comités.
  Hier, sur le Boulevard, dans un groupe, on agitait ce que devenait les suifs des bestiaux envoyés proche nos armées. Un particulier disait que c'était des pertes qu'éprouvaient les fournisseurs ; un autre répondait que c'était vendu dans les villes voisines, que rien ne se perdait, à moins, ajoutait-il, que la négligence ou la méchanceté ne fassent de cet article un objet d'abus comme toutes autres choses.
  Les perruquiers se plaignent que leur état ne va plus. Ils disent qu'il était fondé sur des objets de luxe, comme la poudre, la pommade, et que tout cela est trop cher pour qu'on en fasse usage ; que d'ailleurs personne n'aime plus la toilette, et qu'ils sont perdus. Un de leurs camarades les engageait à aller porter leurs bras habitués à caresser la fainéantise et la mollesse sur la frontière ou à la Vendée.
  On a lu hier, à la section de la Fontaine-de-Grenelle, une lettre d'un de nos frères d'armes qui est à l'armée du Rhin, qui écrit une lettre datée du Palatinat [désigne deux pays différents de l'ancien Saint Empire romain germanique : le Haut-Palatinat, Bavière et, le Bas-Palatinat ou Palatinat du Rhin, Haut-Rhin, de part et d'autre du Rhin ; capitale Heidelberg ; il fut dissous pendant les guerres de la Révolution : la rive gauche du Rhin fut incluse dans la République soeur de la République française, en Allemand : Cisrhenanische Republik, puis annexée en 1801 par le traité de Lunéville, tandis que la rive droite, capitale Mannheim, fut donnée au margraviat de Bade : (juridiction d'un margrave : titre donné depuis Charlemagne aux chefs militaires d'une marche ; dotés de fiefs, mais inférieurs aux ducs, les margraves devinrent au XIIe s. princes d'Empire ; Larousse) ; État du Saint-Empire romain germanique, 1535 à 1771, devenu le grand-Duché de Bade : 1806 ; à noter, que ce territoire avait déjà été ravagé par les troupes françaises, 1688-1689, sous le règne de Louis XIV, au début de la guerre de la Ligue d’Augsbourg] où il mande que dans ce pays nos troupes ont été obligées d'y sacrifier beaucoup de monde, et particulièrement des enfants.
  On dit que l'on va soumettre les restaurateurs de luxe à une certaine consommation, et que l'on obligera par là nos parasites à vivre sobrement. Il est de fait que depuis quelques temps, tel individu qui ne se souciait pas que l'on vît la dépense qu'il faisait chez lui allait chez le traiteur et y gaspillait.
  La ville m'a paru tranquille.
 
 
 

Rapport de Monic, W 112
  Dans le café Hotteau, sur la terrasse des Feuillants, plusieurs citoyens parlaient des comités révolutionnaires de Paris, disant que les intrigants qu'on a nommés et qui sont dans ces comités font un mal incroyable en vexant et emprisonnant les patriotes. " Le comité révolutionnaire de la Section de la Montagne est un de ceux qui devraient être épurés, dit un citoyen ; car je connais trois individus qui sont bien coupables de ses vexations , et qui ont fait incarcérer de bons citoyens plutôt par vengeance que pour servir la chose publique. J'ai été plusieurs fois au Comité de sûreté générale pour les dénoncer, mais jamais il ne m'a été possible d'y entrer. — Comment se nomment-ils les trois membres de ce comité que vous connaissez? dit un citoyen. — Ils se nomment, dit-il, Degoust, coiffeur, Ferté et Joubert ; et j'espère, que si l'on examine leur conduite de près, il y aura bien des choses à dire sur leur compte. Comme ces trois êtres ont beaucoup de babil [bavardage continuel, enfantin ou futile ; Larousse], et que les autres membres du Comité sont d'assez bonnes gens, ils sont sûrs d'avoir la majorité. — Voilà, dirent plusieurs citoyens indignés, des individus qui devraient être dénoncés à la barre de la Convention ; car la liberté et 'honneur des bons citoyens est trop précieuse pour la confier à de tels hommes. "

   À suivre...

   Pierre Caron, Paris pendant la Terreur, rapports des agents secrets du Ministère de l' Intérieur, tome IV - 21 pluviôse an II - 10 Ventôse an II, 9 février 1794 - 28 février 1794, La Société de l' Histoire de France, Librairie Marcel Didier, Paris, 1949, pp. 303-315.

552. Cf. t. III, p. 143, note 2.
553. Pas de renseignements.
554. " Comité ", non, ni " Commission ", cf. ci-après, p. 312. Il existe une " administration des subsistances " de la ville de Paris, composée d'officiers municipaux membres de la Commune.
555. Voir le texte de ce rapport dans : P. Caron, Rapports de Grivel et Siret... : Bulletin de la Comm. de l' hist. écon. de la Révol., 1907, p. 185.
556. C. A. Dauban a publié dans Paris en 1794 et en 1795, p. 90-92, le rapport de Monic, appelé : Moncey, du 6 ventôse, et des extraits de ceux de Bacon et de Pourvoyeur, même date.
557. Cf. ci-dessus, p. 304, note 3.
558. Sans doute celui du 8 septembre 1793 [22 fructidor an I] relatif aux " colons de Saint-Domingue qui se sont expatriés lors de l'incendie du Cap ".
559. Il s'agit, semble-t-il, de l’accueil fait le 11 nivôse [31 décembre 1793] à une députation des réfugiés de Saint-Domingue : Moniteur, réimp., t. XIX, p. 105.
560. Décret? non. Il n'y a pas trace d'une disposition législative conçue dans le sens qu'allègue Beraud.
561. Cf. t. II, p. 205, note 5.
562. De s'engager à fond dans la guerre avec la France.
563. Cf. ci-dessus, p. 304, note 3.
564. Cf. ci-dessus, p. 148, note 1.
565. Ces points de suspension et ceux qui suivent ci-après sont dans le texte.
566. Cf. t. II, p. 206, note 5.

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