L' Ademe ne mord pas la main de son maître qui la nourrit. Preuve, son nouvel intitulé : Agence de la transition écologique! Tout est dit.
Quant à son coût d'argent public, le Français lambda s'en soucie-t-il vraiment? C'est-il au moins qu'elle existe?
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Le paradoxe des antinucléaires
Michel Gay
Le parti pris des antinucléaires rend aveugle cette agence de l’État qui semble davantage au service des énergies renouvelables et de certains intérêts particuliers que de l’intérêt général.
L’Agence de la transition écologique, nouveau nom depuis ce printemps 2020 de l’ex Agence gouvernementale de l’environnement et de la maitrise des énergies (ADEME), notoirement antinucléaire et proche du Syndicat des énergies renouvelables, s’échine à minimiser les qualités du nucléaire pour la transition énergétique et à promouvoir coûte que coûte les éoliennes fabriquées à l’étranger et les panneaux photovoltaïques (PV) chinois.
Dans le cadre de la future réglementation énergétique 2020 (RE 2020), sa dernière publication sur le contenu en CO2 de l’électricité , éditée en juillet 2020, est un monument d’hypocrisie et de paradoxe.
Un mix électrique « très décarboné »
L’ ADEME reconnait dans sa note que « le mix électrique français est aujourd’hui très décarboné », mais elle ne va cependant pas jusqu’à écrire que c’est principalement grâce au nucléaire…, et que sa méthode de calcul des émissions de CO2 dans la consommation d’électricité aboutissait à un « facteur d’émission du chauffage environ 3 fois plus important que le contenu moyen » (!).
Cette agence gouvernementale, dont l’un des rôles est d’aider les décisions des politiques dans le domaine de l’énergie, se serait-elle lourdement trompée ?
Que nenni ! La méthode précédente dite « saisonnalité par usage » développée dans sa note de cadrage du 14 janvier 2005, est simplement devenue soudainement « obsolète » (sic) après 15 ans de « validité », notamment « au regard de l’évolution du parc de production et des usages »….
Or, même si quelques centrales au fioul et au charbon ont été fermées, le parc de production n’a globalement pas changé depuis 15 ans, toujours essentiellement fondé sur le nucléaire, le gaz, et l’hydraulique, et les usages ont peu varié, notamment pour le chauffage électrique sur lequel se concentre cette fiche technique.
L’ ADEME fait état de « nombreuses autres méthodes » possibles mais il n’en demeure pas moins qu’elle avait choisi celle qui imputait au chauffage électrique trois fois plus de CO2 que la réalité… pour le discréditer.
En effet, le chauffage électrique, gros consommateur d’électricité, est incompatible avec les productions aléatoirement variables, parfois très faibles, des énergies renouvelables éoliennes et PV, notamment le soir en hiver !
Selon le délicieux vocabulaire bureaucratique d’état-major, l’ ADEME « préconise d’exploiter la richesse de deux approches complémentaires » issues de deux méthodes, celle « mensualisée par usage » et celle « incrémentale ».
Dans le cadre de la future réglementation énergétique 2020 (RE 2020), la première méthode a été « retenue par les pouvoirs publics », et non par l’ ADEME ? Elle aboutit à la valeur de 79 grammes de CO2 par kilowattheure (gCO2/kWh) consommée au lieu des 180 gCO2/kWh précédemment calculés par l’ ADEME, soit une division par 2,3.
Mais…
La note de l’ ADEME donne l’impression qu’elle a dû se faire tordre un bras pour admettre son « erreur ». Si elle reconnait bien du bout des lèvres que le chauffage électrique en France émet peu de CO2, c’est tout de même six fois moins qu’en Allemagne qui affiche ses éoliennes mais qui utilise beaucoup de centrales à charbon et à gaz, elle ajoute aussitôt qu’ « il convient néanmoins de s’assurer qu’un développement fort de l’électrification du chauffage […] n’impliquera pas une évolution du mix électrique aboutissant à invalider l’hypothèse de 79 gCO2/kWh de chauffage ? », et que ce chiffre de 79 g « doit être considéré comme une valeur minimale à prendre en compte pour les années à venir ».
Toutefois, les émissions de CO2 sont rarement supérieures à 80 g/kWh au cœur de l’hiver, et dépassent de peu les 100 g/kWh lorsque presque toutes les centrales nucléaires sont en fonctionnement.
Le faible surplus, de 20 à 30 g, est certes imputable au chauffage électrique, mais aussi aux pompes diverses de tous les chauffages, y compris le gaz, les pompes à chaleur, et le chauffage central au bois.
France – Allemagne : 1 – 0
Les émissions de l’Allemagne sont en moyenne annuelles supérieures à 450 gCO2/kWh, alors que celles de la France sont d’environ 40 gCO2/kWh (10 fois moins grâce au nucléaire et à l’hydraulique).
Bien que l’Allemagne ait installé une puissance éolienne de 62 gigawatts (GW), identique à celle du nucléaire en France, la part de l’éolien et du PV dans le mix électrique allemand n’était de 5,5 % le 8 août 2020 à 6h00 , 1,7 GW d’éolien terrestre et maritime, plus 0,83 GW solaire, pour une consommation de 45,7 GW.
Pire, dans la semaine du 19 janvier au 26 janvier 2019, la production d’électricité des énergies renouvelables a été particulièrement faible en Allemagne pendant 6 jours.
La production la plus faible a eu lieu le 24 janvier 2019 entre 16 h 00 et minuit. Les énergies éoliennes et solaires n´ont fourni que 1,5 GW, soit moins de 2 % de la demande qui était de 81 GW.
La totalité des sources d’énergies renouvelables ne produisait alors que 11 % (9 GW) vers 18 heures, dont 80 % (7,5 GW) étaient assurés par la biomasse et l´hydroélectricité.
En clair, l’ ADEME reconnaît que les résultats sont bons aujourd’hui en France, sans citer l’apport essentiel du nucléaire, mais que ça pourrait se dégrader plus tard… avec les énergies renouvelables.
En effet, en l’absence de réacteurs nucléaires, si le développement de l’énergie éolienne et solaire s’adosse à des centrales au gaz, comme en Allemagne , pour pallier leur production chaotique, le contenu en CO2 de la production d’électricité va augmenter.
Bien vu l’ ADEME !
En revanche, il ne vient pas à l’idée de l’ ADEME qu’en supprimant les éoliennes et les PV, soutenus par le gaz, et en développant le nucléaire pour alimenter « l’électrification additionnelle du chauffage de 3 millions de logements », conformément à l’actuelle programmation pluriannuelle de l’énergie, ce contenu en CO2 dans l’électricité pourrait encore diminuer davantage…
L’ ADEME confirme bien « l’utilité de transferts vers l’électricité pour atteindre les objectifs de neutralité carbone », mais elle affirme aussitôt qu’il ne faudra pas relâcher les efforts pour le « développement de l’éolien et du solaire ». Elle ne parle pas du nucléaire… mais elle craint que le développement du chauffage électrique se fasse « au détriment des énergies renouvelables ».
Pour l’ ADEME : l’électricité oui, mais avec du vent et du soleil intermittents ! Et dans cette ligne de pensée, elle prépare déjà le renouvellement des éoliennes en 2035… en lien avec le SER.
La « thermosensibilité » du chauffage
L’ ADEME constate avec pertinence que le chauffage électrique « est quasiment absent en été » et que « sa forte « thermosensibilité » […] implique un parc de production bien adapté, notamment en termes de flexibilité et de dimensionnement ».
Oui !
Or, le nucléaire n’est jamais cité comme solution possible par l’ ADEME. Il est pourtant actuellement adapté, flexible et bien dimensionné pour le besoin français… et même européen qui bénéficie des exportations d’électricité décarbonée de la France.
L’ ADEME reconnaît aussi « la capacité de la France à décarboner le système électrique européen, notamment grâce à son parc électronucléaire » (!).
Toutefois, elle tempère aussitôt son enthousiasme en ajoutant que cette capacité « est diminuée lorsque la consommation intérieure de chauffage électrique augmente d’une certaine quantité, puisque les exportations d’électricité françaises en sont réduites d’autant ».
Monsieur de La Palice n’aurait pas dit mieux…
Vivement que nos voisins construisent eux aussi des centrales nucléaires pour produire leur propre électricité décarbonée !
L’ ADEME est-elle obsolète ?
Une fois de plus, il ressort de cette note de juillet 2020 que le parti pris antinucléaire rend aveugle cette agence de l’État qui semble davantage au service des énergies renouvelables et de certains intérêts particuliers que de l’intérêt général.
Vouloir réduire en France et en Europe les émissions de CO2 sans nucléaire et en forçant le développement des énergies renouvelables rend l’ ADEME schizophrène, et même aussi EDF avec sa branche « énergies renouvelables » qui gagne de l’argent grâce aux subventions allouées aux éoliennes et aux PV.
En préconisant des moyens contraires à l’atteinte des objectifs de décarbonation de notre économie depuis plus de 10 ans et des méthodes « obsolètes », l’ ADEME est devenue elle-même obsolète et devrait « changer son logiciel », ou être profondément rénovée pour mettre son budget annuel d’environ 600 millions d’euros au profit de tous les Français.
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