Devant l’efficacité redoutable pour sauver la planète, du "restez chez vous" le plus possible, il est dommage que l'expérience ne puisse être prolongée, 1 an, plus?, en particulier, par manque de moyens économiques.
Je me déconfine, tu te déconfines, il ou elle se déconfine...
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COVID-19 : combien de CO2 évité ?
Sylvestre Huet
Une équipe internationale – à forte participation chinoise – vient de proposer un calcul préliminaire des émissions de CO2 évitées en raison des arrêts d’activités provoqués entre janvier et fin mars 2020 par la crise sanitaire. Jusqu’à présent, les chiffres avancés relevaient d’estimation plus ou moins grossières. Selon leurs calculs fondés sur des recueils d’émissions en temps réel de centrales électriques, de grosses industries, de suivi des activités de transports routiers, aériens, maritimes et du chauffage des bâtiments, la crise aurait évité l’émission de 542 millions de tonnes de CO2, avec une incertitude de 20%. Une diminution de 5,8% sur 2019 pour ces trois premiers mois de l’année. Mais, leur méthode étant désormais opérationnelle, ils ont pu, après l’envoi de leur article, réaliser une mise à jour des données avec celles du mois d’avril 2020, montrant l’accentuation de la chute avec -7,3% soit une baisse de 886 millions de tonnes de CO2 pour les quatre premiers mois de 2020, voir les graphiques en fin de note.
L’idée de récolter ces données et de les traiter ainsi provient d’un des signataires, Philippe Ciais, membre de l’Académie des sciences et qui travaille au Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement, CEA/CNRS, Université Paris-Saclay. Mais sa mise en oeuvre réclamait une grosse intensité de travail et surtout de la main d’œuvre, qui fut réunie par le premier auteur, le Chinois Zhu Liu de l’Université Tsinghua à Pékin. «Du coup, avec 11 heures par jour de télétravail et de call journaliers, je n’ai même pas vu le temps passer pendant le confinement», confie Philippe Ciais.
L’importance de l’événement ne peut échapper : c’est la plus forte baisse des émissions enregistrée au plan mondial depuis la fin de la Seconde guerre mondiale, soulignent les auteurs.
Selon leurs observations, la plus grande part des émissions évitées provient de l’arrêt des activités industrielles, avec une baisse de 157,9 millions de tonnes, soit 7,1% en moins sur 2019. Suivent les transports routiers, avec 145,7 millions de tonnes évitées, soit une chute de 8,3%. La génération d’électricité vient en troisième rang avec 131,6 millions de tonnes de CO2, pour une baisse de 3,8% seulement. Un pourcentage presque identique pour le chauffage résidentiel mais 47,8 millions de tonnes évitées. La pêche et les transports maritimes ont diminué leurs émissions de 13,3%, soit 35,5 millions de tonnes. Alors que l’aviation a baissé les siennes de 8%, soit 33,4 millions de tonnes. Ces chiffres donnent une estimation fiable, car ils proviennent de la surveillance en temps réel des principaux émetteurs, centrales électriques, usines de ciment, sidérurgie et autres industries lourdes, trafic de 416 des plus grandes villes du monde, données des trafics aériens et maritimes, etc.
Emissions de CO2 en millions de tonnes par jour en 2019 et 2020. Planétaire (en haut à gauche), USA, Italie, Chine, Brésil, Espagne, Inde, Grande-Bretagne, Allemagne, Japon, Russie et France. On peut noter les décalages temporels entre les pays, avec le redémarrage de la Chine ou la diminution indienne qui ne survient qu’en fin de période avec le confinement. Mais aussi l’impact différencié sur les émissions en fonction de l’intensité carbone des activités arrêtées
Les auteurs notent que janvier et février 2020 ont été particulièrement chauds dans l’hémisphère nord et que cela a contribué à diminuer les besoins de chauffage et donc des émissions associées.
Redémarrage en Chine
La crise et ses interruptions d’activités ont démarré en Chine, puis se sont étendues en Europe et en Amérique notamment. C’est en Chine que les diminutions sont les plus marquées, avec -10,3%. L’Union Européenne, Grande-Bretagne comprise, et les Etats-Unis d’Amérique sont à -4,2%.
Voici un zoom sur la situation chinoise qui permet de situer le redémarrage des activités et des émissions presque revenues au niveau de 2019 en fin de période.
L’analyse sectorielle et par région des émissions montre quels sont les dynamiques du phénomène planétaire. Les émissions globales pour l’électricité, l’industrie et les transports sont dominées par les évolutions chinoises, tandis que le secteur du chauffage résidentiel ne les suit pas.
Les scientifiques ont comparé les chiffres d’émissions aux concentrations atmosphériques en oxydes d’azote régionales, observées par satellites et des réseaux terrestres. Les deux types de mesures sont convergentes. La crise sanitaire est particulièrement « efficace » au plan climatique car la baisse des émissions est supérieure en pourcentage à celle du PIB, ce qui signifie que ce sont souvent des activités économiques très intensives en énergies fossiles qui ont été impactées par les décisions d’arrêt. Une conclusion logique pour les transports. Quant aux systèmes électriques, la diminution des demandes a mécaniquement augmenté la part des énergies renouvelables puisqu’elles ont en général priorité sur les centrales à énergies fossiles, charbon et gaz, – lire ici l’exemple français.
Technologies bas carbone
Le redémarrage chinois incite les auteurs à souligner que ces baisses d’émissions, pour spectaculaires qu’elles semblent, ne seront que transitoires si la sortie de crise ne donne pas lieu à des investissements massifs dans des technologies bas carbone pour l’industrie, les transports et l’électricité.
Après l’envoi de leur article, les auteurs ont poursuivi leurs calculs en utilisant les données collectées pour le mois d’avril. Voici les principales figures actualisées avec ces informations de dernière minute : on y lit que la chute globale atteint désormais 7,3% pour les quatre premiers mois de l’année, et que l’Europe rejoint la chute chinoise avec -8%.
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