Japon : kannin wa isshou no takara, « la patience est un trésor de la vie »

"...bien que le climat soit un des paramètres de notre rapport à la nature, il n'y a pas de raison qu'il fasse "régime". Il est d'autant plus important de le signaler que la plupart des solutions technologiques prônées pour lutter contre le réchauffement sont d'énormes consommatrices de nature. Injonction est faite aux gestionnaires d'espaces naturels de contribuer à l'effort de mitigation des changements climatiques, et il ne serait pas surprenant qu’au nom de l’urgence climatique des installations d’énergies dites renouvelables fassent progressivement concurrence à la nature au sein même des aires protégées. Plus grave encore, la fausse solution des agrocarburants, présentée comme une façon de réduire la consommation d’énergie fossile, nécessite des surfaces agricoles toujours plus importantes pour la culture de colza, sans parler de l’importation massive d’huile de palme, première destructrice des forêts tropicales en Asie du Sud-Est et maintenant également dans le bassin du Congo.
Les changements climatiques sont certainement l’une des plus grandes menaces qui pèsent sur les populations humaines et sur la nature. Mais abordés du point de vue de nulle part, à la façon dont le conçoivent les anthropocénologues, cet enjeu se voit internalisé dans le système néolibéral dominant.
Ainsi, sans soucis pour les peuples et moins encore pour la nature, la « transition énergétique » fait peser une pression supplémentaire sur les espèces sauvages et sur ce qui reste de milieux non accaparés par l’humain.

Virginie Maris, La part sauvage du monde, p. 233, Seuil,, 2018
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Au Japon, cette gare a été construite tout autour d'un arbre de 700 ans

Baptiste

  Combien de fois nous sommes-nous retrouvés dans des endroits où la nature a été tristement piétinée ou arrachée pour faire place à des bâtiments et des structures construits par l'homme ? Certes : la modernisation, le progrès, la nécessité d'expansion sont autant de facteurs physiologiques du développement de l'humanité. Cela n'enlève cependant rien au fait que c'est un coup dur de retrouver des œuvres artificielles à la place d'arbres, de parcs, de pelouses et d'autres éléments naturels.  

  Si c'est précisément le cas de la gare de Kayashima au Japon, il reste ici un élément de la nature, imposant et fier, qui est toujours là, avec toutes les structures qui l'entourent et qui se sont adaptées à lui. 




  Il s'agit du Big Kusu Tree, un immense camphrier dont le feuillage se détache, comme une sorte de "champignon" vert, au milieu des rues, des voies ferrées et des bâtiments d'une zone très peuplée au nord-est d'Osaka. La station de Kayashima a été construite en 1910 ; mais l'arbre est toujours là, du haut de ses 700 ans.


Yasuhiro Ueno

  Ainsi, dans le plein respect d'une créature naturelle si ancienne, lorsque dans les années 70 la gare a été agrandie, au lieu de couper l'arbre, les techniciens et les ingénieurs ont décidé de construire autour de lui des structures pour les trains et les passagers. Bien que dans les plans initiaux, l'intention était précisément de l'abattre, grâce aux protestations et à la ténacité des habitants, le Big Kusu est resté à sa place, intégré dans l'architecture ferroviaire


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  Cet arbre fascinant a longtemps été associé à une divinité locale, à vénérer et à respecter en tout temps, à tel point que les habitants croient que même le toucher était un geste porteur de malchance. Une fois l'arbre sauvé, les habitants ont érigé un petit sanctuaire à sa base, fiers d'avoir protégé un merveilleux coin de nature dans la jungle urbaine.


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  Aujourd'hui, la gare de Kayashima, en raison de sa particularité évidente, est devenue une attraction, un lieu à l'architecture unique, où nature, modernité et traditions coexistent au mieux.


萱島駅

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