" Les ménages agricoles du Grand Est ont le niveau de vie médian le plus élevé de toutes les régions de province. " nous dit la nouvelle étude de l' INSEE, Institut national de la statistique et des études économiques, qui a pour titre : Ménages agricoles du Grand Est : des revenus plutôt élevés qui masquent de fortes inégalités .
Nous devinons sur le visage de nombreux lecteurs une expression mêlant surprise, parfois même stupéfaction, et sujet à questionnement ! Attendez, nous parlons bien de la région Grand Est, celle-là même qui est traversée, de part en part, par la diagonale du vide ?[i]
Avant tout, réjouissons-nous pour nos compatriotes qui vivent parmi nous, en dépit des nombreux témoignages alarmants sur la situation difficile du monde agricole diffusés par les chaînes d'informations et autres réseaux sociaux. Nous voilà en partie rassuré !
Mais, comment ce résultat est-il possible malgré un environnement en souffrance ? Avançons modestement quelques explications, parmi d'autres :
- Un soutien privilégié de la région : les autorités locales et régionales reconnaissent l'importance du secteur agricole et fournissent souvent un soutien sous la forme de subventions, de programmes de développement rural et d'assistance technique.
- Un climat propice : avec des étés modérément chauds et des hivers relativement doux, ces conditions météorologiques modérées sont favorables à la fois à une variété de cultures et aussi, à la productivité des exploitations agricoles tout au long de l'année.
- Une diversité agricole : grâce à celle-ci, des différentes cultures et l'élevage de divers animaux sont pratiqués. Cela offre aux ménages agricoles une variété d'options pour diversifier leurs activités et augmenter leurs revenus.
- Un réseau développé d' infrastructures : celui-ci dispose d'infrastructures bien développées, telles que des réseaux de transport efficaces, des marchés agricoles bien établis et des zones d'agro-industrie. Ces infrastructures facilitent la commercialisation des produits et améliorent la connectivité entre les différentes parties de la chaîne d'approvisionnement.
Oui mais nous entendons déjà quelques commentaires : et alors, pas un mot sur la qualité de vie ? Il est vrai qu'en dehors de l'aspect professionnel, le Grand
Est offre également une qualité de vie agréable avec un environnement
rural préservé, des paysages pittoresques, etc., qui permettent, à nombre de familles agricoles et, aux autres, de trouver un équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle.
Sauf que, cette " image d'Épinal ", c'était avant ! Car, depuis deux décennies, des vagues de sociétés d'écornifleurs de la filière des énergies renouvelables, éolien, solaire, méthanisation, déferlent jusqu'au plus profond de nos territoires et installent leurs usines, avec la coopération indispensable d'exploitants agricoles, de propriétaires terriens et nombre d'élus locaux.
À l'instar de la vaste cicatrice oubliée de notre paysage rural, résultant du grand remembrement des années 50-70 orchestré par l'État,[ii] déjà en collaboration avec une partie du monde paysan, les businessmen du vent, du soleil, et de la décomposition de matières pourrissables, accélèrent la modification, la défiguration et le saccage des paysages et portent atteinte au patrimoine historique; jusqu'à ce que les populations n'est pour seul horizon qu'une saturation éolienne ![ii]. " La loi qui encadre le remembrement a permis à l’Etat français, à partir des années 50, de passer outre la propriété privée pour redessiner, remodeler, redistribuer les terres agricoles. L’objectif étant qu’elles soient plus grandes et cultivables par des tracteurs. À ce jour, aucun livre d’histoire ou de géographie critique n’a été produit sur le remembrement. (...) Avec l’arrivée des bulldozers, Pierre voit s’empiler les arbres coupés et les talus être détruits. (...) “La modification de la biodiversité a été considérable. Avant le remembrement, il y avait une vie, il y avait des oiseaux, il y avait des rongeurs, il y avait des insectes. Et là, après le passage des bulldozers, il n'y avait plus rien.” Pierre "
Morbihan, la campagne de Pontivy, en I952, à gauche, et 2023 : à droite. - IGN
Mais revenons à l'étude via quelques chiffres choisis
En préambule, il convient de noter que c'est dans
les départements les plus rémunérateurs pour les exploitants agricoles,
Aube et Marne, que la puissance nominale éolienne installée est la plus
importante, avec pour conséquences pour les populations, une saturation intense de leur l'horizon :
Aube : 1 110.05 MW; Ardennes : 666.2I MW; Marne : I 355.735; Haute-Marne : 528.55; Meurthe et Moselle : 118.05 MW; Meuse : 589.2I MW; Moselle : 356.2 MW; Collectivité européenne d'Alsace, CeA, ex-Bas-Rhin et Haut-Rhin : 42. 5 MW; Vosges : I04.45 MW.
Aube : 1 110.05 MW; Ardennes : 666.2I MW; Marne : I 355.735; Haute-Marne : 528.55; Meurthe et Moselle : 118.05 MW; Meuse : 589.2I MW; Moselle : 356.2 MW; Collectivité européenne d'Alsace, CeA, ex-Bas-Rhin et Haut-Rhin : 42. 5 MW; Vosges : I04.45 MW.
Pour ceux qui désirent estimer le nombre d'éoliennes correspondant aux MW mentionnés ci-dessus, une approximation raisonnable serait de prendre comme référence un modèle moyen unitaire de 2,5 mégawatts; par exemple : Aube : ~444 éoliennes et Marne : ~535 éoliennes !
Aube et Marne, la saturation éolienne pour horizon ! Cartographie de l'éolien en France.
Entre 20I5 et 20I9, d'après l' INSEE, la moitié des ménages agricoles du Grand Est ont bénéficié d'un revenu mensuel d'au moins 4 070 euros, équivalent à 2 2I0 euros pour une personne seule. En comparaison, dans les autres régions de province, le salaire médian se chiffre à... I 780 euros. De fait, les ménages agricoles de notre région affichent le niveau de vie médian le plus élevé parmi toutes les régions de province.
La proportion moyenne des ménages agricoles vivant en dessous du seuil de pauvreté y est également la plus basse du pays, à l'exception de l'Île-de-France. De plus, le niveau de vie des agriculteurs du Grand Est surpasse celui des autres actifs de la région.
Cette situation plutôt favorable s'explique notamment par la prépondérance de la viticulture et de la grande culture céréalière dans la région, des secteurs qui sont connus pour être plus rémunérateurs.
Par ailleurs, bien que la part de ménages agricoles vivant sous le seuil de pauvreté soit la plus basse de toutes les régions, ce taux de I4 % demeure supérieur d'un point par rapport aux autres ménages actifs de la région.
Enfin, il est à noter que le niveau de vie " plancher " des I0 % de ménages agricoles les plus aisés est 5,4 fois supérieur au niveau de vie " plafond " des I0 % les plus modestes, un écart plus marqué que celui observé chez les autres ménages actifs du Grand Est, où ce rapport est de 3,2. Ces données soulignent la persistance d'inégalités substantielles au sein de la population agricole de la région.
Photos : extraites de l'étude, sauf indications contraires.
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