HAUTE-MARNE, CHAMARANDES-CHOIGNES : DE QUOI LE PROJET DE L'USINE DE MÉTHANISATION EST-IL LE NOM ?

   La méthanisation est souvent présentée par l'État et tous ceux qui ont un intérêt financier à son essor, comme une solution miracle pour la transition énergétique, au même titre que l'éolien et le solaire. Cependant, il est important de ne pas occulter les risques et les impacts négatifs potentiels de cette technologie, tant sur l'environnement que sur la santé et les finances publiques.
  Aussi, Haut-Marnaises et Haut-Marnais, ne faites pas la politique de l'autruche ! EMPAREZ-VOUS DU SUJET ET PARTICIPEZ MASSIVEMENT AU DÉBAT ! car en vérité, derrière la bannière " vert, sauveur du climat ", la méthanisation, tout comme l'éolien et le solaire, n'est devenue qu'une énorme machine à cash ! Pour preuve, les multinationales investissent massivement dans les projets, ici... SHELL, et ces entreprises ne sont pas réputées pour être des gagne-petits !...
 
 Avec l'indispensable participation de VUE Blandine.
 
Méthanisation, définition :
  " La méthanisation, c’est l’utilisation d’un processus biologique naturel qui transforme la matière organique pour produire à la fois de l’énergie renouvelable et un résidu pouvant servir de fertilisant des sols et des cultures.
  Pour les obtenir, il faut donc dans un premier temps de la matière organique. Parmi les plus courants se trouvent des matières agricoles telles que le fumier ou le lisier, des biodéchets des ménages et déchets des collectivités, des entreprises ou encore des boues de station d’épuration.
  Cette matière organique est chauffée et brassée pendant I à 2 mois dans un méthaniseur. Cette fermentation dépose en fond de cuve un résidu, le digestat, et émet du biogaz, identique en termes de composition au gaz d’origine fossile.
  Le digestat peut servir d’engrais sur les exploitations agricoles. Le biogaz quant à lui, peut produire de la chaleur, de l’électricité ou être purifié en biométhane pour être utilisé dans le réseau de gaz ou comme carburant pour les transports.
"
 
Grand Est, méthanisation, état des lieux
 À fin 2022 :
278 méthaniseurs : I87 cogénérations - 9I injections;
39 nouvelles installations en 2022, dont 2I injections.
 

Haute-Marne
  Pour rappel, la première usine de méthanisation du département a été inaugurée en...20I0, à Breuvannes-en-Bassigny ! En 2023, elles sont au nombre de...26 ! Série en cours !

I) Présentation du projet
 Le projet se situe sur la commune de Chamarandes-Choignes, à proximité de la carrière Boureau, à 2,5 km du centre-ville de Chaumont.
  • I3 exploitants agricoles et la société Nature Énergie, filiale du pétrolier Shell;
  • Un plan d’épandage des digestats, résidus du méthaniseur, sur I42 communes de Haute-Marne, Aube et Vosges, jusqu’à 70 km autour de Chaumont;
  • Une surface d’épandage de plus de 11 000 hectares;
  • 3 unités de stockage du digestat prévues sur les communes de Rochefort-sur-la-Côte, Andelot-Blancheville et Lanques-sur-Rognon;
  • I30 000 tonnes de biomasse par an pour alimenter le méthaniseur; par comparaison, l'usine de Langres a une production aux alentours des 32 000 tonnes/an;
  • I20 000 tonnes de digestats par an issus de la méthanisation, transportés pour épandage.
  • Plus de 6 000 hectares de cultures énergétiques, CIVE, destinées à alimenter le méthaniseur.


II) Saturation locale
  Le secteur au sud de Chaumont est saturé en usines de méthanisation. Les impacts environnementaux et humains de ces installations sont déjà importants. Aussi, une usine de plus, qui plus est " MÉGA ", n'a donc pas sa place ici.
  Preuve flagrante : l'unité de production biogaz de Cérilly, 2I, en construction, portée par la même équipe, Nature Énergie et Shell[I], n'est qu'à 55 km de Chaumont. Encore plus gourmande en eau que les autres modèles, elle menace d'autant plus l'agriculture alimentaire que celle-ci est déjà fragilisée par la prolifération d'usines sur le secteur; le recouvrement des zones d'approvisionnement et d'épandage accentuerait cette pression intenable.
 
III) Analyse des effets néfastes des intrants sur les cultures traditionnelles
  L'artificialisation des terres agricoles, notamment en zone Natura 2000 et en zone inondable, a atteint un niveau alarmant ces dernières années. La conversion de prairies permanentes, PP,  en cultures énergétiques, encouragée par le développement des usines biogaz, participe à cette tendance fatale.
  Il est impératif de réserver les terres arables en priorité à la production alimentaire et à la préservation des espaces naturels. La production d'énergie ne doit pas se faire au détriment de l'agriculture et de l'environnement. 
  Ouvrons ici une parenthèse, pour souligner la politique incohérente de l'État, pour ne pas dire plus : d'un côté, celui-ci met en place la ZAN, Zéro artificialisation nette, pour protéger les sols de l'activité humaine, étalement des villes, développement d’infrastructures, bétonisation…, précisant que "  L’artificialisation des terres est l'une des causes de la perte de la biodiversité. " et que, " La lutte contre l'artificialisation des sols représente aujourd’hui un enjeu majeur pour limiter le réchauffement climatique, un sol artificialisé n'absorbant plus de dioxyde de carbone. " et de l'autre, il organise la confiscation des ces mêmes sols pour nourrir les machines. Fermons la parenthèse !
 L'unité de méthanisation de Chaumont, gérée par certains des agriculteurs à l'origine du projet de méthanisation à Chamarandes-Choignes, illustre les limites de ce modèle. En proie à un manque d'intrants locaux, ses propriétaires sont contraints d'importer des déchets de l'autre bout de la France [2], accroissant le bilan carbone et fragilisant l'approvisionnement e l'exploitation.
 
IV) Épandages croisés : quels impacts ?
  L'épandage pose de graves problèmes environnementaux et sanitaires, surtout quand les épandages se croisent L'épandage des digestats de Cérilly sur des sols déjà soumis à une forte pression d'épandages soulève de graves questions environnementales et sanitaires.
  Plusieurs communes sont déjà concernées par cette situation : Audeloncourt, Levécourt, Biesles, etc. À noter, que le périmètre du parc national est aussi sous la menace des épandages de Cerilly.
  L'accumulation excessive de digestats sur les sols peut avoir des conséquences désastreuses :
  • Acidification des sols;
  • Pollution par les métaux lourds;
  • Contamination par les déchets des emballages des intrants.
  Ces dangers ne sont pas acceptables pour les générations futures. Il est de notre responsabilité de protéger les sols et de garantir un environnement sain pour les populations.

IV) Mégalomanie
  Le gigantisme du projet est à l'image de la voracité de ses promoteurs. Il menace l'agriculture vivrière, responsable et respectueuse des milieux et des humains.
  Ces sociétés expansionnistes créent des déséquilibres sociaux, environnementaux et politiques. Elles fragilisent les territoires et les populations, qui finissent par payer le prix de leur mégalomanie.
  Leur association avec un grand groupe pétrolier est un autre sujet d'inquiétude. La cession de parts à ce groupe n'est pas exclue, ce qui menacerait l'indépendance du projet et le respect du secteur agricole.
  La filière biogaz peut engendrer, comme les filières éolien et solaire, des pratiques douteuses, voire mafieuses. Le projet de Chamarandes-Choignes, avec ses ramifications et ses liens opaques, n'échappe pas à cette suspicion.

V) Eau, sols et karst
   Le projet se situe sur un plateau très karstique au-dessus de la vallée de la Marne; il est fait de sols calcaires à structure de gruyère. En cas de forte pluie, l’infiltration vers les nappes phréatiques est très rapide. Il y a donc toujours un risque de pollution.
  " Lorsque le digestat bourré de pathogènes est épandu, il est consommé par le sol puis s’infiltre vers les cours d’eau et les nappes phréatiques », explique Marie-Pascale Deleume.
  " Dans les zones karstiques comme sur les pentes des Causses, l’infiltration est très rapide et va directement dans les nappes phréatiques, où nous pompons notre eau potable », dit Michel Bakalowicz, hydrologue et chercheur au Centre national de la recherche scientifique, CNRS, à la retraite, membre du Conseil scientifique national pour une méthanisation raisonné : CNSM. "
  " Une infiltration rapide signifie qu’il n’y a pas de filtration du sol ni de dilution possible. "
 
  Alors, imaginez la catastrophe écologique si la moindre fuite ou une rupture de cuve venaient à se produire !? La Marne et les réseaux karstiques qui l’alimentent subiraient alors une grave pollution.  Un propriétaire de méthaniseur nous a confirmé qu'en cas de rupture brutale de cuve, aucun bassin de rétention n'est capable de contenir la vague.  
  Elle souligne les dangers potentiels liés à l'implantation d'une unité de biogaz, méga ou non,, et remet en question l'efficacité des mesures de sécurité mises en place. À ce sujet, l’agence de l’eau Rhin-Meuse soulignait déjà, en 20I9[3], les problèmes de pollution dans les bassins où les implantations sont nombreuses.
  Par ailleurs, les usines sont de grosses consommatrices d’eau; aussi, en période sécheresse et de restrictions d'eau, n' est-il pas SCANDALEUX de gaspiller des ressources précieuses pour un projet non essentiel alors, que dans le même temps, on demande aux citoyens du département de se restreindre ? La situation serait aggravée par le fait que les réserves sur le secteur de Chaumont sont par ailleurs faibles, en raison justement des sols karstiques. La Marne est de plus en plus souvent en étiage.
  L’utilisation de CIVE, Cultures intermédiaires à valorisation énergétique, est en outre catastrophique pour les sols et l’eau, car d’une part elle engendre une surexploitation des sols avec la multiplication des récoltes, d’autre part, les récoltes se font en fin d’hiver, quand les sols sont gorgés d’eau, ce qui entraîne des tassements mortels pour leur vie et catastrophiques pour leur capacité à laisser l’eau s’infiltrer. Les récoles en " vert ", maïs ensilage, la plus polluante et gourmande en eau des plantes, et des CIVE, se font avec de lourdes bennes qui circulent dans les parcelles; c’est déjà catastrophique en fin d’été avec le maïs, imaginez alors, en condition hivernale.
  Attention également à l’introduction de plantes invasives utilisées pour la méthanisation, comme la silphie[4] qui pose de gros problèmes en berges.
 



Audeloncourt, Communauté de communes Meuse Rognon : en bord de Meuse, dans une zone Natura 2000, une parcelle inondable a été utilisée pour l'ensilage lié à un méthaniseur. Le résultat est un tassement et une dégradation irréversible du sol.
  Avant le projet de méthaniseur, toutes les parcelles du fond de vallée et la majorité des voisines étaient en prairie permanente. Mais la rentabilité des méthaniseurs, supérieure aux primes Natura 2000 pour le maintien des prairies, a conduit à la destruction de cet environnement précieux.
  Des millions d'euros d'argent public ont été versés pour soutenir ce projet. Au final, on aboutit à la destruction d'un espace naturel protégé, avec des conséquences néfastes sur la biodiversité et la qualité de l'eau.
 
Audeloncourt, le fond de la même parcelle le long de la Meuse, en petite crue. 
 
Audeloncourt, 202I :  la crue était annoncée !
 
  Entre Bourmont et Brainville sur Meuse, sur le coteau, une parcelle retournée pour les méthaniseurs, a été " lessivée ", ce qui signifie que le chemin et ses haies qui coupaient le coteau ont été retournés ! Résultat ? des coulées de boue répétitives, ici en juin 202I, engendrées par les CIVE et, généralement, le maïs, dont la culture et la récolte sont tardives, ce qui fait que les sols sont à nu lors des premiers gros orages.



  Les récoltes de maïs à ensiler, fourrage, au lieu de ne durer que quelques jours, s’étendent sur 2 mois, car les semis se font de façon plus étalée, et la qualité pour la récolte d’ensilage à méthaniseurs n’a pas besoin d’être aussi élevée que pour l’alimentation du bétail, ce qui engendre des récoltes très tardives sur des sols détrempés !
 
  Cet essor vertigineux des usines de méthanisation entraînent nombre de retournements de prairie permanentes, PP, surtout en Haute-Marne[5] où seules les zones Natura 2000, inondables et humides font l'objet, EN PRINCIPE, d'une stricte interdiction !...
  Pourtant, lors de la réunion publique du 28 mars, organisée par le collectif Stop méthaniseur XXL Chaumont-Choignes, l'idée, trompeuse, que ce projet n'impliquerait aucune destruction de prairies permanentes ou, si tel était le cas, tout serait sous contrôle, a été avancée. La réalité, observée par tous les Haut-Marnais, est tout autre : un paysage dévasté par la multiplication des retournements de prairies et des déforestations ces dernières années. Nos sols et nos paysages subissent un pillage en règle[6] !
 
VI) Condition de vie des animaux
  L'épandage de fumiers d'élevage, provenant majoritairement d'élevages intensifs aux pratiques controversées, soulève des interrogations et des critiques sur plusieurs plans.
  • Confinement des animaux : des millions d'animaux se retrouvent enfermés I2 mois sur I2, loin de leurs conditions naturelles;
  • Alimentation non durable : nourris avec des aliments préparés nécessitant un apport énergétique important et parfois importés de loin, l'empreinte carbone de l'élevage s'en trouvant considérablement augmentée.
  - L'éthique en jeu :
  • Travail et énergie : la gestion des déjections animales représente un coût énergétique et humain non négligeable, souvent occulté;
  • Coût environnemental : le transport et l'épandage de ces fumiers peuvent avoir des impacts négatifs sur les sols et la qualité de l'eau;
  • Risques sanitaires : la concentration d'animaux en élevage intensif favorise l'émergence de zoonoses, comme l'a montré la pandémie de Covid-I9;
  • Rentabilité incertaine : le bilan économique global de l'utilisation des déjections animales, en tenant compte des coûts environnementaux et sociaux, reste à démontrer.
  L'utilisation des déjections animales ne peut être considérée comme une solution miracle pour la fertilisation des sols. Il est crucial de questionner ce système et de rechercher des alternatives plus durables, respectueuses de l'environnement, du bien-être animal et de l'éthique.
 
VII) Épandages : Natura 2000 et Parc national de Forêts
 Ce projet de méga-méthanisation se situe à proximité de la zone Natura 2000 du Bassigny, la plus grande du Grand-Est. Son emplacement géographique soulève plusieurs questions et inquiétudes concernant son impact environnemental et sa cohérence avec les objectifs de protection de la biodiversité.
  - Proximité d' une zone protégée :
  La proximité du projet avec la zone Natura 2000 du Bassigny, dédiée à la protection d'habitats naturels et aux espèces animales et végétales, est une menace pour elle. L'épandage de digestats, prévu dans le cadre du projet, pourrait avoir des effets néfastes sur la qualité des sols et des eaux de cette zone protégée.
  - Saturation et risques environnementaux :
  La zone du Bassigny est déjà saturée en usines. L'installation d'une nouvelle unité, de plus à la taille EXTRA-ORDINAIRE, augmenterait les risques de pollution et l'accumulation de nutriments, l'eutrophisation, des sols et des eaux. Sans oublier que le transport des cultures et du digestat sur de longues distances engendrerait des émissions de gaz à effet de serre et une augmentation du trafic routier.
  - Incompatibilité avec l'agriculture biologique :
  D'après nos sources, deux des I3 associés, travaillent en bio, en partie sur la zone Natura 2000. L'exploitation de cultures bio et l'approvisionnement d'une usine à gaz est difficilement conciliable puisque cette dernière nécessite de grandes quantités de cultures... non bio ! Il y a donc là un dilemme crucial : privilégier la rentabilité financière des cultures énergétiques ou protéger un environnement fragile et précieux ? Le choix entre le maintien des cultures bio et l'attrait des cultures énergétiques devra être clairement assumé par les porteurs du projet et les autorités locales.

VIII) Danger d'explosion et d'incendie
  Les risques d'explosion et d'incendie constituent des préoccupations légitimes, en particulier lorsque les usines sont implantées à proximité de zones habitées ou d'infrastructures critiques. La dangerosité du biogaz est avérée; celui-ci est composé principalement de méthane, CH4, un gaz inflammable et explosif. Peuvent survenir des incidents liés à des défaillances techniques, des accidents ou des actes de malveillance, qui peuvent causer des explosions ou des incendies, avec parfois des conséquences dramatiques comme des dommages matériels importants, des blessures graves, voire des décès.
 
IX) Concurrence accrue pour les ressources alimentaires : l'impact de la méthanisation
   La France veut garantir sa souveraineté alimentaire en privilégiant la production de nourriture pour sa population, sauf, qu'en même temps, les subventions importantes accordées à la filière biogaz créent une distorsion de concurrence défavorable aux agriculteurs traditionnels; par exemple, la conversion des terres arables à la production de cultures énergétiques réduit la surface disponible pour la production alimentaire. Dans ce schéma, l'essor des usines à gaz risque de fragiliser la légitime ambition de l'État pour la sécurité alimentaire des Français. Aussi, il est crucial de faire une pause concernant cette énergie renouvelable ! surtout qu' à ce risque alimentaire, vient s'ajouter le bilan énergétique global, en tenant compte de l'ensemble du cycle de vie, qui est loin d'apporter les bénéfices pour le climat, tant vantés par la filière. 
  L'autre point d'achoppement réside dans la concurrence faussée entre les puissants industriels du biogaz et les éleveurs, pour l'acquisition de terres, de baux et pour l'achat de récoltes[7]. Résultat : les premiers peuvent investir massivement fixant ainsi les prix à un niveau défavorable aux seconds.
  Cette nouvelle donne met en péril l'avenir de l'élevage et risque de fragiliser l'équilibre des territoires ruraux.
 
X) Rivalité intensifiée entre les usines
  Le projet en question représente une concurrence non négligeable pour les nombreuses usines déjà en activité dans le département et les départements voisins. En effet, ces installations s'approvisionnent déjà en intrants sur de longues distances, et leurs territoires dédiés, ainsi que pour l'épandage, se recouperont avec ceux du projet proposé, notamment dans les vallées de la zone Natura 2000.
  Dans cette sévère concurrence à venir, il est un autre aspect préoccupant : le manque de contrôle et la dissimulation des quantités réelles d'intrants ingérés :
  • Absence de contrôles rigoureux sur les quantités mises dans les méthaniseurs;
  • Déclaration de capacités inférieures à la réalité;
  • Dissimulation des quantités réelles par des " portes à connaissance " tardives;
  • Installations surdimensionnées par rapport aux déclarations.
  Or, il est essentiel que les autorités prennent des mesures pour garantir que les producteurs opèrent en toute transparence et dans le respect des normes environnementales et sociales sinon l'appât du gain fera son sombre office !...
 
XI) Gaspillage alimentaire
  En Haute-Marne, comme dans d'autres régions, l'ingestion de grandes quantités d'aliments non périmés, sous divers prétextes, est une pratique contestable, qui mérite d'être examinée en détail.
  • Alimentation non périssable : l'utilisation de denrées alimentaires non périmées pour la production de biogaz détourne ces produits de leur destination première, qui est de nourrir les humains;
  • Emballages inclus : la pratique courante de broyer les emballages avec les aliments pose un risque de contamination des sols et de l'environnement par des microplastiques et autres substances nocives;
  • Incohérence avec le tri sélectif : l'injonction faite aux citoyens de trier leurs déchets et de limiter le gaspillage alimentaire semble contradictoire avec l'autorisation de pratiques comme celle-ci;
  • Dénomination trompeuse : la classification des méthaniseurs comme " traitement et élimination des déchets non dangereux " peut induire en erreur et minimiser l'impact environnemental de l'utilisation d'aliments non périssables;
  • Valorisation versus gaspillage : la notion de " valorisation " des déchets alimentaires ne doit pas masquer le fait que ces produits auraient pu être consommés par des humains.
    - Quelques questions :
  • Est-il acceptable d'utiliser des aliments non périssables pour produire du biogaz alors que la faim dans le monde est une réalité ?
  • Quelles sont les implications environnementales à long terme de l'épandage de digestat issu de l'ingestion d'emballages ?
  • N'y a-t-il pas d'autres solutions plus durables pour traiter les déchets alimentaires ?
  • Faut-il revoir la réglementation relative aux méthaniseurs pour mieux encadrer l'utilisation d'aliments non périssables ?
XII) Efficacité énergétique : un bilan contrasté 
  Il était une fois :
   - Éleveur : " Tu as vu le ballet des tracteurs aujourd'hui ? Imagine si tu mettais tout ce carburant dans une génératrice, tu produirais autant d'électricité ! "
  - Exploitant de l'usine : " Je sais bien, mais on me donne des subventions pour le biogaz, pas pour une génératrice ! "
Témoignage certifié d'un l’éleveur.
  La quantité d'énergie utilisée par une usine pour ses différentes activité, cultures, labour, semis, irrigation, fertilisation, récolte et transport, plus l' énergie nécessaire au fonctionnement journalier, chauffage, agitation, épuration du biogaz et la maintenance, font de celle-ci une exceptionnelle consommatrice d'énergie. Aussi, il est légitime de s'interroger sur la qualité du bilan énergétique !
 De plus, les nuisances quotidiennes pour les riverains constituent un sujet important :
  • Odeurs : les fuites de gaz et le traitement du digestat peuvent générer des odeurs désagréables, selon le sens du vent;
  • Bruit : le fonctionnement peut générer du bruit, en particulier le trafic routier et les installations de cogénération;
  • Impact sur la qualité de l'eau : le stockage et l'épandage du digestat peuvent polluer les eaux souterraines, eau du robinet, si des mesures adéquates ne sont pas prises;
  • Impact sur la biodiversité : l'utilisation de terres dédiées pour les cultures énergétiques peut avoir un impact négatif sur la biodiversité.
  Tout cela mit bout à bout, peut rapidement " pourrir " le quotidien des riverains ! Au fond, l'idée de la génératrice, c'était pas con !...

XIII) Qui sont les porteurs du projet ? 
  À la lecture des noms, il n'y a aucun doute possible : la méga-usine est portée par de gros céréaliers, Haut-Marnais et Aubois, pas par des gagne-petits ! Chacun des associés possède, seul et / ou en famille, un nombre impressionnant d'hectares et... de sociétés différentes !
 Une dépendance importante aux primes agricoles[8] et aux subventions pour la production d'énergie renouvelable, près de 2 millions d’euros annuels, assure la viabilité financière de leurs projets " agricoles ", y compris celui -ci. Cela est-il acceptable, alors que se posent des questions de durabilité et d'équité ?

XIV) Danger sur la route : la dégradation de la voirie en question
  Ce projet soulève des inquiétudes légitimes concernant l'augmentation du trafic routier et ses impacts potentiels sur la sécurité et l'état des routes. Le ballet incessant de camions et de tracteurs liés au méthaniseur est susceptible d'engorger les routes, en particulier sur l'axe Nogent / Biesles / Chaumont et sur les axes adjacents, déjà fréquenté et avec des points de dangerosité connus. Dans le détail, cet axe est considéré comme « très emprunté » par la DDT, Direction départementale des territoires.
  Un ballet quotidien incessant de centaines de convois, camions et tracteurs est à attendre avec une telle unité de production. Ce trafic déboucherait sur le grand axe à un endroit où la visibilité est très limitée par la tranchée qui franchit le plateau. La sortie de cette zone prévue sur le rond-point est dangereuse, ne peut être prise que dans un sens en bloquant l’arrivée de la route d’Andelot, et n’est certainement pas empruntable par de gros convois. En outre, la pente du chemin est inadaptée.
  Les camions et les tracteurs ralentiront assurément la circulation et, de fait, limiteront les dépassements, augmentant le risque d'accidents par impatience ou imprudence des automobilistes. Surtout que nombre d'entre eux empruntent ce tronçon pour se rendre à leur travail; le stress engendré par des horaires de travail contraignants peut inciter les individus à adopter des comportements à risque afin de rattraper le temps perdu ou de répondre à des exigences intempestives. La présence de côtes raides, entre Is-en-Bassigny et Nogent, très accidentogène, Mandres et Biesles, Chaumont et le futur site, Chaumont et Andelot, de virages serrés et de passages étroits sur le trajet multiplie les dangers potentiels. Le risque d’augmentation des accidents est par conséquent très élevé !
  La traversée des villages par les convois représente un risque supplémentaire pour la sécurité des riverains et en tout premier lieu, celle des enfants; la présence d'écoles sur le trajet de ceux-ci expose les enfants à un danger accru.
  Le trafic intense généré par les usines de biogaz, notamment par les camions et tracteurs de plusieurs tonnes, fragilise les routes, en particulier sur des sols sensibles. Cette dégradation s'avère particulièrement problématique dans les zones rurales où le réseau routier est souvent moins robuste. Les réparations des routes endommagées incombent aux collectivités locales, ce qui représente un coût non négligeable pour les contribuables. En outre, l'utilisation de matériaux pour la réparation des routes engendre un impact environnemental supplémentaire : extraction, production et transport des matériaux, etc.

XV) Conclusion
  Si ce projet d'usine de méthanisation venait à voir le jour, il pourrait par sa localisation, aux portes de Chaumont[9] et de sa banlieue, avoir, paradoxalement, un effet positif ! les " urbains ruraux " se retrouveraient ainsi confrontés à des réalités jusqu'alors inconnues et " réservées " jusqu'à présent, exclusivement aux ruraux des villages : les nuisances liées aux installations d'énergies renouvelables ! comme un trafic routier plus important, source de pollution atmosphérique et sonore, des effluves nauséabondes, selon le sens du vent, une vue imprenable sur l'usine, etc.. Cette réalité contrastant méchamment avec l'image idéalisée que nombre d'entre eux se faisaient de l'énergie renouvelable. En bref, cette proximité avec le projet pourrait, peut-être, les amener à :
  • Remettre en question leur dogme et les discours simplistes qui vont avec;
  • Prendre en compte et dénoncer les effets néfastes des usines des énergies renouvelables sur les populations locales et l'environnement.
  En conclusion, l'implantation de cette méga-usine de méthanisation dans cette zone fragile serait, AVANT TOUT, un sacrifice de la Nature et des populations, ne nous y trompons pas !...
 
 
[I]. " Géré par Sécalia, filiale française de l’entreprise danoise Nature énergie rachetée par Shell, et par la coopérative agricole Dijon Céréales, cette marmite XXL tout juste sortie de terre peut traiter jusqu’à 200 000 tonnes de matières organiques par an et s’étend sur quinze hectares. " Source.

L’usine devrait produire ses premiers mètres cubes de gaz en février 2024. © Léa Dang / Reporterre


[3]. " Au final on observe que l’installation des méthaniseurs s’accompagne souvent d’un fort recul des surfaces de prairies et de l’accumulation des dysfonctionnements mentionnés ci-dessus. Dans un certain nombre de secteurs, même si pour l’instant aucune étude détaillée n’a permis de confirmer cette hypothèse, il semblerait que des dégradations significatives de la qualité des ressources en eau soient peut-être liées à ce développement, alors même que certains projets affichaient un objectif de préservation de la ressource.

[4]. Silphium perfoliatum, ou la Silphie perfoliée, plante herbacée vivace dont la taille peut atteindre 2,75 m. La silphie perfoliée préfère le soleil et un sol toujours au moins un peu humide poussant, dans la nature, dans les fossés et le long des cours d'eau. Malgré cela, elle tolère bien quelques semaines de sécheresse. Elle se plaît dans presque tous les sols glaiseux, sablonneux ou limoneux. Il s'agit d'une plante essentiellement pérenne, on en trouve des spécimens de plus de 50 ans dans certains jardins "; source.
 
Silphium perfoliatum dans un jardin, sud du Québec. Photo :  Pandries
 
[5]. " Compte-tenu de la dynamique de retournement des prairies constaté en 2023, le ministère de l’agriculture a décidé de placer les départements de la région Grand Est en régime d’autorisation. En conséquence, une autorisation préalable de la DDT est nécessaire pour tout projet de conversion de prairies permanentes en un autre couvert. Pour cette campagne, les demandes déposées à posteriori de la conversion seront également instruites. Qui est concerné  ?Tous les exploitants recevant des aides PAC souhaitant convertir ou ayant converti des prairies permanentes, code PPH ou SPH, déclarées dans le dossier TELEPAC 2023 pour y implanter un autre type de couvert, terre arable ou culture permanente, pour la campagne 2024. Vous êtes concernés même si votre siège d’exploitation est situé hors de la région Grand Est. Ce qui importe c’est la localisation de la parcelle dans la région Grand Est. Pour les prairies permanentes converties entre le I6 mai 2023 et le I5 mai 2024, la vérification des autorisations de conversion sera faite au titre de la conditionnalité 2024.. "; source.
 



 I % des prairies permanentes du Grand Est sont remises en culture chaque année. Source.
 
[6]. " Le ratio régional de prairies permanentes 2023 a baissé de 3,42 % par rapport à l’année de référence : 20I8. Les conversions de prairie permanente dans le Grand Est doivent maintenant faire l’objet d’une demande d’autorisation auprès de la DDT, Direction départementale des Territoires, du siège d’exploitation. "; source.
 
[7]. En Allemagne, dès I995, les agriculteurs ont fait l'expérience de la méthanisation industrielle et en ont tiré des conclusions amères. Ils ont constaté que les usines consomment plus d'énergie qu'elles n'en produisent, ce qui en fait un non-sens énergétique, qu'elles polluent considérablement : les fuites de méthane, fréquentes après seulement quelques années d'exploitation, constituent un désastre environnemental et, que son essor accélérait l'accaparation des terres qui entraînait une augmentation du prix de la terre et une uniformisation de cultures. C'est ce qui a cassé la dynamique de la méthanisation outre-Rhin, dès 20I5. L'expérience allemande nous offre une leçon précieuse : l'écologie ne se résume pas à des solutions industrielles. La nature offre des alternatives plus durables et moins néfastes pour l'environnement. En se parant d'arguments fallacieux comme la protection de l'environnement et la lutte contre le changement climatique, les promoteurs industriels cherchent à faire accepter l'inacceptable.
 
[8]. 2 porteurs du projet cumulent, légalement, des primes PAC pour le bio, environ 245 000€, et des subventions pour la production d'énergie renouvelable par des méthaniseurs. Cela soulève des questions d'équité et d'efficacité des aides publiques, car la frontière demeure floue entre agriculture et industrie.Comment s'assurer que les pratiques des méthaniseurs respectent les principes de l'agriculture biologique ? et quid de l'épandage du digestat, sachant que l’agriculture bio apporte des contraintes sur la qualité des digestats ?
 
[9]. Le conseil municipal a donné un avis défavorable, tout comme celui de Bourdon-sur-Rognons.

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