Les lignes à très haute tension, THT, permettent de transporter l'électricité sur de longues distances avec des pertes d'énergie minimales. Dans le cas de l'éolien, deux raisons majeures justifient les THT :
- les usines se situent souvent en zone rurale ou en mer, loin des centres de consommation d'électricité;
- l'injection intermittente d’électricité éolienne fragilise le réseau,
Le développement massif de l'éolien a conduit à la construction de nombreuses lignes THT, comme, par exemple, dans le Nord, la ligne de 400Kv d' Avelin à Lesquin permet d'acheminer l'électricité produite par les usines éoliennes vers... la région parisienne.
Il en sera de même ici !
Il en sera de même ici !
Normandie : la puissance nominale éolienne en activité :
- Calvados : I60 MW,
- Eure : I06 MW,
- Manche : I4I MW,
- Orne : 60 MW,
- Seine-Maritime : 588 MW.
En avant toutes !
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Un projet de ligne Très Haute Tension menace de détruire des dizaines d’hectares de la forêt de Brotonne
« Il y a une contradiction totale entre promouvoir la transition énergétique et raser des forêts pour installer des pylônes. »
En Normandie, dans les boucles de la Seine, des habitants s'opposent depuis plusieurs mois à un projet de ligne à très haute tension, qui pourrait impacter le paysage et détruire plusieurs dizaines d'hectares de la forêt de Brotonne.
Les lignes très haute tension en question
Participer à la transition énergétique, oui, mais à quel prix ? Depuis de longs mois, la colère gronde dans les boucles de la Seine, en Normandie, contre un projet d’implantation de deux lignes à haute tension.
Porté par RTE, le gestionnaire du réseau de transport d’électricité français, le projet, intitulé Transition énergétique des Boucles de la Seine, prévoit de créer une ligne souterraine de 225 000 volts entre les zones industrielles de Port-Jérôme-sur-Seine, Seine-Maritime, et du Havre, Seine-Maritime, ainsi qu’une seconde ligne, cette fois aérienne, entre Port-Jérôme-sur-Seine et Rougemontiers [communes près du Havre] : Eure.
À l’heure où « les particuliers doivent électrifier leurs usages (…) et les industriels doivent laisser tomber le charbon, le fioul ou le gaz pour de l’électricité ou de l’hydrogène décarboné », ce projet de lignes à haute tension entend répondre à trois objectifs, expliquait Benoît Facq, directeur du projet pour RTE, au micro de nos confrères de France Bleu en novembre dernier.
- « Acheminer davantage d’électricité pour permettre la décarbonation dans l’Eure et la Seine-Maritime,
- créer des capacités d’accueil pour les nouveaux industriels et
- permettre d’irriguer le territoire avec les nouvelles installations d’énergie renouvelable qui seront construites au large des côtes normandes ».
Trois hypothèses à l’étude
Une décarbonation des départements de l’Eure et de la Seine-Maritime que nombre d’habitants appellent également de leurs vœux, mais qui ne doit pas se faire au détriment de la préservation de l’environnement, insistent les opposants au projet.
Réunis au sein du Collectif des habitants de Vatteville et de la presqu’île de Brotonne, ces derniers s’inquiètent tout particulièrement de la création de la ligne aérienne entre Port-Jérôme-sur-Seine et Rougemontiers.
D’une puissance de 400 000 volts et d’une longueur de 33 kms, cette ligne à Très haute tension, THT, vise à remplacer la ligne actuelle de 225 000 volts. Pour l’heure, trois hypothèses sont à l’étude pour la création de cette ligne :
- un premier fuseau, qui correspond au tracé de la ligne existante,
- un deuxième fuseau, qui suit la ligne existante jusqu’à Bourneville, Eure, et
- un troisième fuseau, qui se dirige vers la forêt de Brotonne et traverse la Seine avant de rejoindre la zone de Port-Jérôme-sur-Seine par le nord.
« Détruire un écrin de nature préservé »
Cette troisième hypothèse aiguise les inquiétudes des opposants au projet, à l’image de Marc Boudier.
« Entre Paris et Le Havre, il s’agit de la seule grande boucle de la Seine qui soit totalement préservée, entame ce dernier pour La Relève et La Peste. Il n’y a pas un poteau électrique, pas une maison moderne, que des champs, des prairies ou des fermes. Ce serait complètement aberrant de détruire cet écrin de nature préservé, alors même que les boucles de la Seine sont très industrialisées. »
Également copropriétaire du château d’ Ételan, qui donne sur la vallée de la Seine, Marc Boudier ne cache pas son inquiétude face aux conséquences que la création de la ligne haute tension pourrait avoir sur l’attractivité touristique du lieu :
« Au château, nous recevons 5.000 visiteurs par an, détaille-t-il. Il y a une vue extraordinaire, que les pylônes défigureraient complètement. »
Sans compter que si la troisième hypothèse était retenue, elle pourrait détruire une centaine d’hectares de forêt au milieu de la forêt de Brotonne, située dans le Parc naturel régional, PNR, des boucles de la Seine normande.
« Il y a une contradiction totale entre promouvoir la transition énergétique et raser des forêts pour installer des pylônes », regrette Marc Boudier.
Des inquiétudes renforcées par le manque de consultation décrié par le Collectif d’habitants, qui s’inquiète, comme ceux des Landes, des risques sur la santé des ondes électromagnétiques, ainsi que de la dépréciation de la valeur immobilière des habitations situées le long de la ligne aérienne.
Le château d ’Ételan
Une pétition avec plus de 23 000 signatures
Dans ce contexte, les opposants au projet ont lancé une pétition début janvier, qui a recueilli à ce jour plus de 23 000 signatures. La concertation publique a pris fin le I9 janvier et la validation des fuseaux et emplacements des ouvrages électriques sera actée en avril prochain. Les opposants au projet se disent déterminés à continuer à se mobiliser pour que la première hypothèse, à savoir celle de la création d’une ligne aérienne en lieu et place du tracé existant, soit celle qui soit finalement retenue.
De son côté, RTE se veut rassurant. Pour ce qui est de la préservation de la forêt de Brotonne, Benoît Facq a notamment expliqué à nos confrères de France 3 que « quand on est amené à avoir un impact fort sur un espace naturel, on applique une doctrine réglementaire dite ‘ ERC ’, c’est-à-dire « éviter, réduire, compenser ». On évite au maximum les zones protégées, on réduit l’impact de l’ouvrage et si on ne peut pas le réduire, on le compense. Donc si on est amené à occasionner un défrichement, on est bien évidemment tenu de replanter des arbres, à hauteur de 2 à 3 fois plus que ceux qui ont été impactés ».
Seulement, ces mesures de compensation sont décriées régulièrement pour leur inefficacité par la communauté scientifique. Quand il s’agit des arbres, de nombreuses études ont prouvé le rôle irremplaçable des plus vieux arbres dans les forêts.
Reste à savoir si ces arguments sauront convaincre les opposants au projet à l’heure où, partout en France, des voix s’élèvent contre des projets RTE, comme actuellement dans les Landes où un projet de ligne de 400 000 volts vient d’être attaqué en justice.
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