Royaume-Uni, électricité : l'hiver à venir ou l'angoisse de la panne

    Les explications sur la situation par Maxence Cordier, ingénieur dans le secteur de l'énergie
  " La diminution des capacités pilotables s'explique par :
  • la politique de sortie accélérée du charbon, récemment avancée de 2025 à 2024, dans le cadre des objectifs climatiques du Royaume-Uni

  • la fermeture successive sur la décennie d'anciens réacteurs nucléaires de modèle AGR, Advanced graphite reactors, dont la durée de vie est limitée par le vieillissement du graphite que contient leur cœur.

   En mettant de côté les deux EPR d' Hinkley Point actuellement en construction et dont la mise en service est prévue en 2026, tous les réacteurs britanniques sauf un devront ainsi être arrêtés d'ici à la fin de la décennie... Il est donc urgent pour Londres de prendre des mesures pour compenser autant que possible ces fermetures. Il y a le projet de construction de 2 réacteurs EPR à Sizewell dans le Suffolk, qu'il faudrait lancer le plus rapidement possible. Mais ça ne suffira pas et il faudra réfléchir, très, rapidement à de nouveaux projets de centrales nucléaires.
  Vu les délais, le Royaume-Uni va également devoir accélérer en matière de flexibilité de la demande et de stockage, avec le développement des véhicules électriques, par exemple.
  La poursuite du développement de l'éolien en mer, qui présente un facteur de charge relativement élevé, surtout en hiver, sera également un élément important pour soutenir le réseau électrique tout en poursuivant sa décarbonation.
   Dans tous les cas, la décennie en cours va être compliquée outre-Manche en matière d'approvisionnement électrique. Les importations depuis le continent devraient augmenter et il n'est pas certain que cela suffise.
  Cet exemple illustre la nécessité d'anticiper longtemps, plusieurs décennies, à l'avance pour ce qui concerne les infrastructures lourdes comme le système électrique."

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La Grande-Bretagne est confrontée à un risque croissant de pannes hivernales, avertit le gestionnaire du système


Jillian Ambrose 

2021 07 22

  Les centrales au charbon et les réacteurs nucléaires sont mis à l'arrêt, tandis que la demande d'énergie devrait augmenter après les restrictions imposées par Covid.

 

Le rapport est basé sur l'hypothèse que les centrales électriques telles que Hunterston B ne seront pas disponibles pendant tout l'hiver. Photo : Ian Rutherford/Alamy

  La Grande-Bretagne fait face à son plus grand risque de pannes d'électricité depuis six ans cet hiver, alors que les vieilles centrales à charbon et les réacteurs nucléaires sont fermés et que la demande d'énergie augmente au fur et à mesure que l'économie redémarre après le temps des restrictions dues au Covid-19.
  L'opérateur du système électrique National Grid, qui est en charge du réseau a déclaré qu'il s'attendait à ce que la demande d'électricité du pays revienne à des niveaux normaux cet hiver, et qu'il serait prêt à affronter "quelques périodes de tension".
  Il a publié un rapport avertissant que les tensions enregistrées l'hiver dernier pourraient être encore plus fortes au cours de l'hiver à venir en raison de "l'incertitude" concernant l'approvisionnement en électricité du pays. La surprise pour le marché est venue du fait que traditionnellement ce type de rapport, publié par le National Grid, et contenant les prévisions pour l'hiver, parait en septembre. Or, dès ce jeudi [juillet2021], arrive un rapport préliminaire!
  Dans celui-ci, il est indiqué que, dans certains scénarios, la "marge" des prévisions d'approvisionnement en électricité pourrait dépasser la demande de 5,3 %, soit la marge la plus étroite enregistrée depuis l'hiver 2015-2016, lorsqu'il avait été contraint de demander aux entreprises de réduire leur consommation d'électricité après une série de pannes dans des centrales au charbon.
  "Suite à des marges plus serrées pour l'hiver 2020-21 par rapport aux hivers précédents, nous avons décidé de publier une vue anticipée de la marge pour l'hiver 2021-22. Nous pensons que cela contribuera à informer le secteur de l'électricité et à soutenir les préparatifs pour l'hiver à venir", a déclaré le National Grid.
  L'hiver dernier, le Royaume-Uni a déjà été contraint de recourir à ses dernières centrales à charbon pour répondre à la demande pendant les périodes froides et calmes où la demande était élevée et la vitesse du vent faible. Cette année, il pourrait être plus difficile de couvrir la perte d'une panne soudaine d'une centrale électrique, d'un câble électrique sous-marin ou de faibles vitesses de vent en raison de la fermeture de centrales nucléaires plus anciennes.
  National Grid a supposé que les centrales nucléaires de Dungeness B et Hunterston B ne seront pas disponibles pendant tout l'hiver, et que les centrales au gaz de Baglan Bay, Severn Power et Sutton Bridge resteront indisponibles.
  "Bien que nous restions confiants quant à l'existence d'une offre suffisante pour répondre à la demande de pointe, nous devons nous préparer à des périodes de tension au cours de l'hiver", car il y a "encore une certaine incertitude" concernant l'approvisionnement en électricité, a déclaré le gestionnaire de réseau électrique.

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