QUANT UNE POLITIQUE ÉNERGÉTIQUE VERTE ET DURABLE MÈNE AU RUINEUX BLACKOUT AU TEXAS

 L'Union européenne, et donc la France*, ayant adopté la même politique énergétique qu'outre-Atlantique, il est légitime de se demander si les mêmes causes ne produiront pas les mêmes effets néfastes sur la santé, l'environnement et les finances. Dans ce contexte, les Français peuvent-ils craindre le pire ? Il est difficile de prédire l'avenir avec certitude, mais il est essentiel de rester vigilant et de s'interroger sur les conséquences possibles de nos choix énergétiques.

  * L'"américanisation" de la France va bien au-delà de la politique énergétique . À lire :
  " Sous l’Amérique d’aujourd’hui perce la France de demain. La « flexibilité » à l’américaine – de l’emploi, des horaires d’ouverture des magasins, du départ à la retraite, de la vie familiale désynchronisée –, on connaît déjà. Voici maintenant la revendication de « lieux sûrs », de l’entre-soi, du « droit » de se promener en pyjama dans la rue, des pronoms aussi fluides que le genre. En attendant l’addiction sur ordonnance, la prescription de pilules pour améliorer les résultats scolaires, l’épuration de la littérature, la prohibition de la danse « sexuellement agressive » et du port du sombrero. En huit histoires. "

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Les pannes d'électricité au Texas ont été causées par une invraisemblable faillite du gouvernement


Robert Bryce
2021 08 01

Robert Bryce est chargé de recherche à la Fondation pour la recherche sur l'égalité des chances


   L'erreur commise par les régulateurs texans a été de traiter l'électricité comme une marchandise.
  Cette tribune fait partie d'une série publiée par la section Opinion du Dallas Morning News, qui
explore des idées et des politiques visant à renforcer la fiabilité de l'électricité.
  Retrouvez la série complète ici : Keeping the Lights On [Garder les lumières allumées]
  Alors que l'autopsie des pannes d'électricité qui ont frappé l'État en février se poursuit, il apparaît que les Texans ont évité de justesse une catastrophe qui aurait pu entraîner ce que les biologistes appellent une mortalité massive.
  Vers 2 heures du matin, le 15 février, le réseau électrique texan a frôlé la catastrophe, à quatre ou cinq minutes près, synonyme de panne générale, qui aurait pu plonger la quasi-totalité de l'État dans le noir, alors que les températures étaient en chute libre, qu'il neigeait et que les routes étaient impraticables. Il aurait fallu alors des jours, voire des semaines, au Electric Reliability Council of Texas[ERCOT ; entreprise qui gère l'acheminement de l'énergie électrique à plus de 26 millions de clients texans] pour se remettre d'une telle panne et procéder à ce que l'on appelle un "black start" [phase de redémarrage du réseau après un black-out total]. Si cela s'était produit, la tempête d'hiver Uri aurait tué des milliers, voire des dizaines de milliers de personnes.

 

  En l'état actuel des choses, l'apocalypse neigeuse de février a probablement coûté à l'État quelque 200 Mds de dollars [~17 Mds €], selon les estimations de l'économiste Ray Perryman, et le bilan final, selon une analyse de BuzzFeed News, pourrait s'élever à 700 morts.
  Les pannes de février auraient dû être un signal d'alarme pour les politiciens et les régulateurs de l'État : la structure du réseau énergétique texan est profondément défectueuse et des changements fondamentaux sont nécessaires. Hélas, l'Assemblée législative et le Gouverneur Greg Abbott [avocat, en poste depuis 2015] ont en grande partie négligé la question de l'électricité. C'est une erreur.
  Le réseau électrique est le réseau "Mère". Nos réseaux les plus importants, notamment la livraison et le stockage des aliments, les communications et le GPS, dépendent du réseau électrique pour fournir des flux d'énergie bon marché, abondants et fiables 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 et 365 jours par an. Une panne d'électricité prolongée due à des conditions météorologiques extrêmes ou à des acteurs malveillants aurait des conséquences désastreuses pour le Texas et, comme cet État fournit une grande partie de la nourriture et du carburant du pays, elle court-circuiterait également une grande partie de l'économie américaine.
  Je suis obsédé par l' ERCOT et les causes des pannes depuis février, lorsque ma femme Lorin et moi, qui vivons dans le centre d'Austin, avons été privés d'électricité pendant environ 45 heures. Le gouvernement nous a laissé tomber, et il doit faire trois choses pour garantir à l'État une électricité fiable et abordable.
  Avant d'aller plus loin, une précision s'impose : les pannes sont le résultat de plusieurs facteurs et défaillances interconnectés. Il n'existe donc pas de solution simple ou rapide, en particulier lorsqu'il s'agit d'un système aussi complexe que le réseau électrique. Cela dit, les pannes ont été causées par des défauts dans la façon dont le marché de l'électricité de l'État a été conçu et comment il a évolué depuis sa déréglementation il y a vingt ans. Et cela m'amène à mon premier point.
  Les pannes sont dues à l'échec du gouvernement dans des proportions extra-ordinaires. L'exemple le plus évident est la décision de la Public Utility Commission [Commission des services publics] de fixer le prix de rachat de l'électricité dans le cadre de l' ERCOT à 9 000 dollars/MWh [7 630€] - et de le laisser à ce niveau extrêmement élevé pendant plusieurs jours, bien que cela n'ait pas permis d'augmenter la production sur le marché.
  Le résultat de cette bévue : les consommateurs texans d'électricité ont été surfacturés d'environ 26,3 Mds de dollars [environ 22Mds d'€]. La charge de ces surcoûts impactera fortement le Texan lambda, qui verra le montant de ses factures d'électricité exploser, et ce, pendant des années pour rembourser les obligations que l'État émet pour répartir le coût de ces surcharges.
  Deuxièmement, la déréglementation n'aurait pas été une bénédiction pour les consommateurs. Les avis sur le sujet sont partagés et font encore débat, mais des études ont montré que les Texans ont payé leur électricité plus chère dans le système actuel que par rapport au prix dans un marché réglementé. Une analyse récente du Wall Street Journal estime, qu'au cours des 20 années de déréglementation, les Texans ont payé 28 Mds de dollars [environ 24 Mds €] de plus pour leur électricité domestique que l'Américain payant le tarif moyen réglementé du reste du pays.
  La déréglementation du secteur de l'électricité au Texas a ouvert le secteur des services publics - une industrie qui est au départ une affaire de centrales électriques, de poteaux et de fils - aux "retail electric providers" [fournisseurs d'électricité au détail]. En un clin d'œil, les entrepreneurs ont pu se lancer dans le jeu de l'électricité, sans avoir besoin d'actifs solides ou de connaissances sur le fonctionnement du réseau électrique.
  Il y a cent quarante ans, nous avions Thomas Edison. La déréglementation nous a donné Griddy [Griddy LLC a été constituée en 2016 dans le Delaware, mais elle est physiquement située à Playa Vista, en Californie. Une partie des investissements a été rachetée à EDF Trading en 2019. Pendant la crise de l'électricité au Texas en 2021, certains clients de Griddy qui avaient souscrit à des plans de tarifs variables de gros autorisés par le marché déréglementé de l'électricité au Texas se sont retrouvés face à des factures de plus de 5 000 $ pour cinq jours de service pendant la tempête. Griddy a reçu l'attention des médias pour avoir exhorté ses clients à quitter l'entreprise]
   La déréglementation du secteur de l'électricité a donné naissance à un marché dans lequel personne n'est responsable de rien. Dans l'ancien modèle réglementé, lorsque les grandes entreprises possédaient tous les composants du réseau, il y avait une responsabilité assumée par les acteurs. Après les pannes d'électricité, le refrain entonné qui nous a été vendu était : "c'est pas nous les responsables, c'est les autres!" Est-ce une surprise? Pas vraiment, tant le marché est si complexe que plus personne ne comprend comment il fonctionne réellement. Comme l'a fait remarquer Ed Hirs de l'université de Houston, "les 1 876 pages de réglementations et de règles contenues dans les protocoles de l' ERCOT ne veulent apparemment rien dire."
   La déréglementation a modifié le genre de production ajouté au réseau ERCOT. Au cours des deux dernières décennies, la capacité de production ajoutée au réseau n'a pas été construite pour la fiabilité ou la résilience, mais pour percevoir des subventions.
  Depuis 2006, environ 66 Mds de dollars [près de 56Mds €] ont été dépensés pour la construction de capacités éoliennes et solaires au Texas. Au cours de cette même période, selon un rapport récent de Bill Peacock de The Energy Alliance, les grands parcs éoliens et solaires ont reçu environ 22 Mds de dollars [envi.19Mds€] de subventions d'un type ou d'un autre, y compris des allégements fiscaux au niveau des États et des crédits d'impôt fédéraux. Mais lorsque le réseau fut au bord de l'effondrement le 15 février, ces 66 milliards de dollars ne valaient pratiquement rien. Il n'y a pas eu de production solaire, et sur les 31 000 mégawatts (MW) de capacité éolienne installés, seuls 5 400 mégawatts (MW), soit environ 17 % de la puissance nominale, étaient disponibles lorsque l'opérateur du réseau délestait la charge pour éviter que le réseau de l'État ne tombe dans le noir.
   Les 66 milliards de dollars consacrés à l'énergie éolienne et solaire ont entraîné des changements importants dans la capacité de production de l'État. Entre 2006 et 2020, la quantité d'électricité produite par l'énergie éolienne a augmenté d'environ 20 % et celle produite par les centrales au charbon a diminué dans les mêmes proportions. Pendant ce temps, la consommation d'électricité a explosé grâce à l'explosion de la croissance démographique et à l'augmentation de la demande d'électricité dans le bassin permien.
  Pendant la même période, selon l'Energy Information Administration, la consommation d'électricité au Texas a augmenté d'environ 67 térawattheures (TWh) par an, soit bien plus que dans tout autre État du pays, à titre de comparaison, le Dakota du Nord, qui a connu la deuxième plus forte croissance de la demande au cours de cette période, a vu sa consommation d'électricité augmenter d'environ 10 térawattheures (TWh) par an.
  L'explosion de la demande d'électricité a accru la pression sur le réseau ERCOT, qui n'a pas maintenu une capacité de production de réserve suffisante, c'est-à-dire une production de réserve qui peut être utilisée pendant les périodes de pointe. Pour aggraver la situation, aucune nouvelle capacité répartissable n'est construite. Au lieu de cela, l' ERCOT ajoute de la production dépendant des conditions météorologiques. Il est prévu d'ajouter environ 24 000 mégawatts (MW) de capacité solaire et 11 000 mégawatts (MW) de capacité éolienne au réseau d'ici 2023. Ainsi, au cours des deux prochaines années, la quantité de capacité renouvelable au Texas va presque doubler.

Que faut-il donc faire pour garantir la fiabilité et la résilience ?
  Avant tout, l'État doit renforcer la surveillance et la réglementation du secteur de l'énergie. Le réseau électrique et le réseau de gaz naturel ont fusionné. Les pannes de février ont prouvé, une fois de plus, que ces réseaux sont profondément imbriqués et interdépendants.
  Depuis 2001, date de la faillite d' Enron [le scandale Enron, ou affaire Enron, est un cas de fraude et de manipulation financière découvert en 2001, qui s’est soldé par la faillite de l’entreprise], la quantité de gaz naturel consommée par le secteur électrique américain a plus que doublé. Malgré cela, les deux réseaux ne sont pas réglementés pour garantir qu'ils "chantent le même hymne". Pendant les pannes de février, certaines infrastructures gazières ont gelé. L'électricité de certaines usines de traitement du gaz et de certains gazoducs a été coupée. Cela a eu pour effet de réduire la quantité de carburant disponible pour produire de l'électricité au moment où l'on en avait le plus besoin.
  Dans le sillage de la tempête hivernale de 2011, la Federal Energy Regulatory Commission et la North American Electric Reliability Corporation ont publié un rapport qui mettait en garde contre "l'interdépendance des industries de l'électricité et du gaz naturel" et invitait "les organismes de réglementation et l'industrie à explorer des solutions aux nombreux problèmes d'interdépendance qui resteront probablement préoccupants à l'avenir". Il est grand temps que ces organismes de réglementation des États tiennent compte de cet avertissement.
  Deuxièmement, les généreux incitatifs fiscaux fédéraux pour la production d'énergie éolienne et solaire - le crédit d'impôt à la production et le crédit d'impôt à l'investissement - devraient être éliminés immédiatement. Entre 2010 et 2029, ces crédits d'impôt coûteront environ 140 Mds [près de 119 Mds€] de dollars au Trésor fédéral.
  Conçus pour stimuler les industries naissantes, les crédits d'impôt à la production et les crédits d'impôt à l'investissement sont devenus des exemples flagrants du corporatisme de copinage qui sape l'intégrité du réseau électrique. Les subventions récompensent la production dépendante des conditions météorologiques au détriment de la production pilotable. En 2015, le Congrès s'est mis d'accord sur une suppression progressive sur cinq ans du PTC. Après la conclusion de cet accord, le sénateur Charles Grassley, un républicain de l'Iowa et présumé faucon du déficit, a déclaré  : "En tant que père du premier crédit d'impôt pour l'énergie éolienne en 1992, je peux dire que le crédit d'impôt
n'a jamais été censé être permanent."
   Sauf que le CTP ne cesse d'être prolongé, et ce, jusqu'au mois dernier par l' Internal Revenue Service [IRS ; agence du gouvernement fédéral des États-Unis qui collecte l'impôt sur le revenu et des taxes diverses] . Pourtant, depuis des années, les grands groupes éoliens et solaires affirment qu'ils peuvent produire l'électricité la moins chère. Il est temps pour eux de le prouver, chiche!
  Troisièmement, la législature du Texas devra adopter des mesures incitant les entreprises à construire et à entretenir des centrales pouvant être utilisées pendant les périodes de pointe. Ces mesures incitatives devraient inclure des dispositions relatives au stockage de combustible sur place dans les centrales électriques. C'est l'une des recommandations formulées par l' ERCOT dans son rapport de 60 points intitulé "Roadmap to Improving Grid Reliability" [programme pour améliorer la fiabilité du réseau électrique], publié le 13 juillet.
  Lors de la catastrophe de février, les centrales électriques les plus fiables étaient celles qui disposaient d'un combustible sur place : les centrales à charbon et les centrales nucléaires. L'État devrait donc encourager le stockage du combustible à proximité des centrales électriques. Par exemple, le carburant diesel peut être stocké facilement et à un coût relativement faible. Ce carburant pourrait être utilisé dans des turbines ou des moteurs alternatifs à démarrage rapide tels
que ceux fabriqués par des entreprises comme Caterpillar, Cummins et Wärtsilä.
  Au final, l'erreur commise par les régulateurs du Texas a été de traiter l'électricité comme une marchandise. C'est une erreur. L'électricité n'est pas comme les baskets ou les hot dogs. L'électricité est un service essentiel. Le réseau est l'épine dorsale de la société moderne, une machine complexe et délicate qui relie tous nos foyers et nos entreprises les uns aux autres. Sans électricité fiable, la
société moderne s'effondre.
  Les pannes de février sont le résultat de l'incapacité du gouvernement à gérer correctement notre réseau le plus important. Si les élus du Texas ne règlent pas les problèmes de l' ERCOT, il est certain que d'autres pannes se produiront et que les Texans à revenus faibles et moyens devront supporter des coûts supplémentaires.

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