Suisse : l'omerta éolienne pour mieux coloniser

"Un jour j'irai vivre en Théorie, car en Théorie tout se passe bien."
Pierre Desproges, 1939-1988
 
 
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Les promoteurs, les autorités, la justice ou les faiseurs d'indignation

Voisine d'éoliennes industrielles
2021 07 22

   J'ai été très émue de lire la chronique de Michel Bühler [1945- ; chanteur, écrivain, acteur, poète, compositeur, dramaturge et enseignant] dans Le Courrier de mardi dernier. Je reconnais dans ses mots cette incroyable indignation qui nous a submergés ici il y a quelques années, 

  • lorsque nous avons découvert quoi et qui se cachaient derrière ces projets éoliens qui menacent toute notre région.   
  • Lorsque nous nous sommes réveillés en automne 2009, non pas plus verts comme nous le pensions, mais plus cons. Les dindons d'une incroyable farce jouée par des promoteurs menteurs, des autorités stupides et des voisins lobotomisés. 
  • Lorsque nous avons découvert que la justice ne servait pas les minorités mais les intérêts économiques d'un pays et qu'il fallait beaucoup d'énergie et de moyens pour la faire bouger.
  • Lorsque nous avons compris que nous n'étions rien à côté de quelques billets de banque posés sur une table de cuisine dans une ferme jurassienne pour signer des contrats de servitudes dans le but de coloniser des terres pour les industrialiser sous notre nez, né ici. 
  • Lorsque nous avons réalisé que nous n'avions aucun poids en tant que contribuables sur la distribution des deniers publics à des entreprises sans foi ni loi, capables de tout et partout pour ériger des centrales éoliennes industrielles. Cette année nous avons reçu la cerise sur le gâteau avec le jugement du Tribunal Fédéral qui se base sur une énormité, dans l'indifférence quasi générale, pour dérouler le tapis rouge au parc éolien projeté à Sainte-Croix et indésirable pour près de 50% de la population. Ils n'en ont rien à faire de ces citoyens à qui ils viennent de voler 20 ans de leur vie au minimum. 
Qu'ont-ils de plus que nous pour oser passer sur nos vies sans avoir jamais à en répondre? Ils n'ont rien d'autre que l'arrogance de ceux qui se croient au-dessus des autres.
  Place aux mots de Michel, j'appuie tout ce qu'il écrit, je l'écrirais moi-même et le signerais si il le fallait, parce que si on s'attaque à lui, on s'attaque à tous ceux qui osent défendre leur point de vue au nom de la démocratie, de la nécessité de débattre des choses et non de les pousser sous le tapis, au nom de notre capacité d'entendre la vérité et de défendre la justice, et parce que nous devons penser le monde ensemble.

Chronique parue dans Le Courrier, le mardi 20 juillet 2021

Omerta

  "Il n’y a pas de problème qu’une absence de solution ne finisse pas par régler!"
  Dans ma jeunesse, par jeu, nous soutenions que cette devise était celle du plus gros parti vaudois, celui qui gouvernerait le canton, semblait-il, depuis et pour toujours. Une manière pour nous de brocarder de vieux notables endormis dans leurs certitudes, ancrés pesamment dans une droite molle, et paraissant indéboulonnables. À la même époque, Brel chantait « Les bourgeois, c’est comme les cochons, plus ça devient vieux plus ça devient bête… » et nous reprenions bien sûr avec délice ce refrain à tue tête au cours de certaines soirées bien arrosées. Mais, tout en adhérant au fond de la pensée du grand belge, nous étions donc beaucoup plus mesurés dans le choix de nos mots. Égratigner les gens en place seulement en leur attribuant la maxime ci-dessus restait bonhomme, tout vaudois en somme.
  En prononçant cette formule, il nous venait une image en tête, celle d'un repas sous cantine organisé par une société de tir ou de patriotes: dans la chaleur de l'été, l'invité d'honneur, préfet ou conseiller d'état, concluait son discours par ces mots bien sentis. Un tonnerre d'applaudissements éclatait, des "bien dit!" des "bravo!". L'orateur descendait lentement de l'estrade, il rajustait sa cravate, s'épongeait le front, serrait quelques mains, tandis que l'assistance entonnait l'hymne vaudois. Puis on se jetait sur le blanc de l'apéro, qui était suivi par l'inévitable jambon à l'os, salade de patates, haricots verts.
  Laisser s'endormir les choses a-t-il été par le passé une façon de pratiquer l'art de gouverner, et notre malicieuse caricature était-elle un reflet de la réalité? Peut-être, mais pas sûr. Ce qui est certain, c'est qu'il est loin le temps des officiels ventripotents, et qu'on n'imaginerait pas qu'un tel procédé, ou quelque chose d'approchant, puisse être utilisé aujourd'hui par nos modernes et fringants magistrats!
  Eh bien détrompons-nous!
  Par exemple, il semble que les autorités de ma commune ont joyeusement repris cette manière de faire à leur compte. À peine transformé par leurs soins, le vieil adage est devenu "Il n’y a pas de question qu’une absence de réponse ne finisse pas par faire sombrer dans l'oubli". Le 14 décembre de l'an dernier, notre Municipalité a demandé au Conseil communal de décider divers aménagements dans un hameau. Or dix jours auparavant la même Municipalité avait signé un contrat secret avec Romande Energie, dans lequel elle s'était par avance fermement engagée à entreprendre ces travaux, indispensables pour que le promoteur puisse construire un parc industriel éolien. Six mois se sont passés, mes nombreuses questions à propos de cette entourloupe n'ont reçu aucune réponse satisfaisante, et l'accès aux documents qui auraient pu fournir une explication m'a été refusé. Circulons donc, il n'y a rien à voir, et tout devrait se tasser.
  Autre exemple actuel, qui pourrait se traduire par "Il n’y a pas d'ânerie qu’une absence de dénonciation ne finisse pas par imposer". Dans un arrêt du 18 mars 2021, le Tribunal fédéral a balayé tous les recours concernant ce même parc éolien. Pour justifier leur décision, les juges de Mon Repos affirment que "Les installations de production d'énergie éolienne offrent la flexibilité de production dans le temps et en fonction des besoins du marché et contribuent de manière significative à la sécurité de I' approvisionnement… en permettant de charger ou de décharger le réseau selon les besoins". Oui, dans une précédente chronique1 j'ai déjà évoqué ce jugement, fondé sur une imbécilité, je pèse mes mots, qui saute aux yeux. Si j'y reviens aujourd'hui, c'est pour rappeler encore que ces énormes hélices, si elles se construisent et viennent pourrir notre vie, seront bâties sur une affirmation d'une insondable stupidité. Qu'est-ce qui peut pousser des juges à s'appuyer sur une telle bêtise? L'organe judiciaire suprême ainsi se ridiculise et discrédite l'ensemble des tribunaux. Ce fait n'a été relevé par personne, si ce n'est par Vigousse et La Tuile. Pour le reste, aucun organe de presse, aucun journaliste, aucun parlementaire n'en a dit mot. C'est l'omerta.
  Je dis solennellement que ce silence complice est d'une extrême gravité. Que ce manque d'indignation est honteux. Et qu'on peut se faire du souci pour notre démocratie.
  Bien entendu, les mots qui précèdent n'engagent que moi, et je suis prêt à assumer toutes les conséquences de ces déclarations.

  1. Voir "Une nouvelle ONG", mardi 25 mai 2021.
  Vient de paraître: "Helvétiquement vôtre", coffret de 3 CDs, www.epmmusique.fr
Michel Bühler

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