On apprécie d'autant mieux une situation que l'on en subit les conséquences...
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Le quasi-black-out en Allemagne
Alex Reichmuth2021 09 05
Le 14 août, une situation critique d'approvisionnement s'est produite. Plusieurs entreprises industrielles allemandes ont été temporairement privées d'électricité. En raison de l'abandon imminent du nucléaire, le risque de pannes continue d'augmenter. Cela pourrait également affecter la Suisse. Pénurie d'électricité, partie 1.
Image : Shutterstock
Plusieurs médias allemands, dont le "Frankfurter Allgemeine Zeitung" (FAZ), ont fait état d'une situation délicate concernant l'approvisionnement en électricité en Allemagne. Le soir du 14 août, la production d'énergie renouvelable s'est effondrée. La production d'électricité ne pouvait plus suivre la consommation d'électricité. Il a été signalé que la demande d'électricité en Allemagne était d'environ 50 gigawatts en début de soirée le 14 août. Cependant, la production d'énergie solaire, qui était encore supérieure à 30 gigawatts dans l'après-midi, s'est effondrée à seulement 3 gigawatts. Les gestionnaires de réseau ont donc dû faire appel à toutes les réserves disponibles. Mais la production des centrales à accumulation par pompage et des centrales au charbon à charge maximale n'était pas suffisante. Il n'y avait pas non plus assez d'importations d'électricité disponibles
Délestage de la charge peu avant 20 heures
C'est pourquoi un délestage a eu lieu peu avant 20 heures. Les gestionnaires de réseau ont coupé sans avertissement l'alimentation en électricité de plusieurs installations industrielles à forte consommation d'énergie. Par exemple, l'entreprise d'aluminium Trimet à Essen s'est retrouvée sans électricité.
La phase d'arrêt a duré plus d'une heure. Il a ensuite été possible de stabiliser le réseau électrique
Mais le réseau ne pouvait toujours pas être stabilisé. Afin d'éviter un black-out, les gestionnaires de réseau ont, peu de temps après, déconnecté du courant d'autres gros consommateurs dans toute l'Allemagne, cette fois avec un délai d'avertissement de quelques minutes. La phase de déconnexion a duré plus d'une heure. Il a ensuite été possible de stabiliser le réseau électrique.
On peut se réjouir que le goulet d'étranglement de l'approvisionnement se soit produit un samedi soir, écrit le portail "Blackout News". "Un jour de semaine normal, alors que beaucoup plus d'installations industrielles sont connectées au réseau électrique, d'autres étapes du concept de sécurité auraient probablement dû être déclenchées. Cela aurait alors pu conduire à la déconnexion des sous-réseaux, ce qui déconnecte également les ménages privés du réseau."
"Encore une fois, le jeu des montagnes russes"
L'expert autrichien en infrastructures Herbert Saurugg a également enregistré l'incident. Le 14 août, la production d'électricité en Allemagne était "une fois de plus en dents de scie", écrit-il sur son site web. Cependant, le délestage était une procédure planifiée. Un entretien avec Herbert Saurug ici
L'Agence fédérale des réseaux, qui est responsable de la sécurité de l'approvisionnement en électricité, tente également de garder un profil bas. Il ne s'agissait ni d'"incidents" ni d'"interruptions involontaires de l'approvisionnement", mais de "procédures d'exploitation normales", précise-t-elle. "Les entreprises concernées par les déconnexions de charge ont conclu des contrats avec les gestionnaires de réseau, dans le cadre des réglementations desquels les déconnexions ont eu lieu." Il n'y a pas eu d'augmentation de ces opérations.
De plus en plus de centrales électriques sont fermées
L'industrie, en revanche, a trouvé le quasi-blackout moins amusant. "La sécurité d'approvisionnement est un grand atout pour le site industriel allemand", a souligné Alexander Kronimus, de l'Association allemande de l'industrie chimique, devant la FAZ. "Même de brèves interruptions de l'approvisionnement peuvent causer de grands dommages économiques à l'industrie.
L'expansion des énergies renouvelables, notamment de l'énergie éolienne, est très en retard sur les plans en Allemagne
Aucune anomalie n'a été détectée sur le réseau à très haute tension suisse le 14 août, comme le confirme le gestionnaire du réseau de transport Swissgrid. Néanmoins, on ne peut pas être rassuré : "S'il y avait une perturbation de l'approvisionnement à grande échelle en Allemagne, cela pourrait également avoir un impact sur la Suisse", indique Swissgrid.
En Allemagne, on craint en effet que les situations critiques dans l'approvisionnement en électricité ne deviennent plus fréquentes à l'avenir. D'une part, de plus en plus de centrales électriques qui fournissent une énergie de base fiable, comme les centrales au charbon, sont fermées. D'autre part, la demande d'électricité augmente en raison de l'électrification des transports et des bâtiments. En juillet, le ministre fédéral de l'économie, Peter Altmaier, a dû admettre que la demande d'électricité allait augmenter d'au moins 10 % d'ici à 2030, au lieu de rester stable comme prévu. Mais l'expansion des énergies renouvelables, notamment de l'énergie éolienne, est très en retard sur les plans, voir ici et ici.
La sortie du nucléaire resserre l'offre d'électricité
Les choses pourraient devenir particulièrement délicates si l'Allemagne mettait hors service les six centrales nucléaires restantes d'ici à la fin de 2022, comme prévu. Ces derniers ont contribué à hauteur de 12,5 % à la production d'électricité en 2020. Les spécialistes de la plateforme d'analyse américaine BloombergNEF ont calculé que la production d'électricité en Allemagne ne dépassera la consommation que de 3% en 2023. En 2019, cet excédent était encore de 26 %. Cela augmente considérablement le risque de pénurie temporaire d'électricité.
La Suisse est reliée aux autres pays par 41 lignes électriques. Une panne d'électricité en Allemagne, ou dans tout autre pays européen, entraînerait donc probablement une extinction des lumières dans notre pays également.
L'article a été publié pour la première fois dans Nebelspalter
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