France : la Transition énergétique sans une politique industrielle ha doc, c'est le sacre du déclin à un coût pharaonique

  "(...) L’évolution nécessaire de l’industrie française pour accompagner cette transition n’a pas été organisée. La très grande partie des équipements nécessaires à la production d’électricité par les renouvelables est achetée à des entreprises étrangères. Celles-ci construisent quelquefois des usines en France, mais généralement, bureaux d’études et centres de recherches, où se prépare l’avenir ne sont pas dans l’Hexagone. Le pouvoir de décision concernant choix techniques et localisation des sites de production des équipements sont ailleurs. Les programmes généreux d’aides aux renouvelables profitent aux industriels étrangers. Pour le nucléaire, l’Etat tarde à prendre la décision poli-tique, indispensable à la mise sur pied d’une stratégie industrielle. Une transition énergétique doit comprendre un volet industriel. Aux Etats-Unis, en Allemagne, et en Chine elle s’appuie sur des entreprises comme General Electric, Siemens ou des grands groupes étatiques..."
Adieu, va!

 À suivre, morceaux choisis.

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France : une transition énergétique sans politique industrielle

Géopolitique de l'électricité
2021 09
   La France a choisi une transition énergétique aux objectifs ambitieux . En 2050, la consommation d’énergie se ferait principalement sous forme d’électricité produite à partir des renouvelables et, si cela est confirmé, du nucléaire. L’objectif politique d’une chute décisive des émissions de gaz à effet
de serre serait atteint. L’obtention d’électricité par les renouvelables demandent des équipements particuliers. Le secteur des renouvelables français est essentiellement composé de promoteurs ne fabriquant pas ces matériels et les achetant à des entreprises étrangères. Celles-ci construisent quelquefois des usines en France, mais généralement bureaux d’études et centres de recherches, où se prépare l’avenir, ne sont pas dans l’Hexagone. Le passage au stade industriel d’innovations françaises passe difficilement par des firmes françaises. Les efforts français, avec aides publiques, concernant les éoliennes flottantes vont-ils, comme pour les premières éoliennes marines, terminer chez General Electric? Une partie non négligeable des importantes aides publiques renforce des compétences industrielles étrangères, rendant plus difficile le développement de concurrents français. Le pouvoir de décision concernant la localisation des installations de production des équipements n’est pas en France. Plus grave, celui des choix techniques engageant l’avenir n’y est pas non plus...

I. Défense du climat et énergie
   Lors de la Conférence de Paris sur le Climat, 2015, la quasi-totalité des Etats de la planète
ont décidé une réduction des émissions de gaz à effet de serre liées à l’activité humaine. Ces
émissions sont considérées comme la cause du réchauffement climatique actuel. L’utilisation de
l’énergie est responsable de la plus grande partie de ces émissions : 65% pour le monde entier, 83%
pour la Chine, 65% pour la France1 et 74% pour l’Union Européenne2
. Réduire les émissions liées à l’énergie est la priorité de toute politique climatique. La quasi-totalité des émissions de gaz à effet de serre liées à l’énergie proviennent de l’utilisation de combustibles fossiles, charbon, pétrole, gaz naturel, Cf. GIEC3 et Commission Européenne4. La fin de l’utilisation des combustibles fossiles entrainerait une réduction des deux tiers des émissions mondiales, et françaises, et des trois quarts des émissions européennes. Ne seraient alors utilisées comme seules sources d’énergie les renouvelables, solaire, éolien, hydraulique et bioénergie, et le nucléaire. Ces sources produisent essentiellement de l’électricité, d’autant plus que 95% des investissements renouvelables vont à l’éolien et au solaire5. Une énergie consommée sous forme d’électricité issue des renouvelables et du nucléaire diminuerait des deux tiers les émissions de gaz à effet de serre mondiaux. Une stratégie menant à terme à une telle forme de consommation d’énergie serait efficace dans la lutte pour le climat. C’est bien le choix d’une telle stratégie que la France a fait.
(...) Dans le cadre de ses missions légales, Bilan prévisionnel, et en réponse à une saisine du
Gouvernement, le gestionnaire de réseau français (RTE) a entrepris une large étude sur l’évolution du système électrique intitulée «Futurs énergétiques 2050»7. Six scénarios sont décrits. RTE prévoit que l’électricité serait produite en 2050 essentiellement à partir de trois sources, le solaire, l’éolien et l’hydraulique, auxquelles pourraient s’ajouter dans certains scénarios un apport de l’atome. RTE accorde peu d’importance à la bioénergie pour la production d’électricité. L’hydrogène n’est pas cité
car il n’est pas une source primaire d’énergie et doit être fabriqué...
(...) Le solaire devrait fournir en 2050, selon le scénario, de 13 à 36% de l’électricité française, soit
de 7% à 20% de l’énergie finale
, Cf.RTE7. L’électricité est issue essentiellement des cellules
photovoltaïques dont la production est la fonction basique d’une industrie manufacturière solaire.La production européenne de cellules solaires a été balayée par les entreprises chinoises. En
2019, les droits de douane sur les importations chinoises ont été supprimés, car il ne restait plus
guère d’activités européennes à défendre dans ce domaine. Voici la situation française :

  • Total est l’entreprise française qui a le plus investi dans une tentative de production de modules solaires en achetant la société américaine SunPower. La réussite n’a pas été au rendez-vous. L’ardoise finale est probablement supérieure au milliard de dollars. Aujourd’hui, Total a isolé la fonction fabrication de modules solaires dans une entreprise séparée, Maxeon Solar Technologies, basée à Singapour dont une entreprise chinoise TZS a acquis 28,8% des parts, Total n’en gardant que 36,4%8. La fabrication des cellules photovoltaïques n’a jamais eu lieu en France. L’usine de Porcelette en Moselle, relevant désormais de Maxeon, n’assemble que des cellules importées.
  •  Photowatt est une entreprise fort modeste de fabrication de cellules photovoltaïque, en déficit
    permanent. EDF qui l’a repris il y a une dizaine d’années cherche un repreneur9.
  • Le Liten (Laboratoire d’Innovation pour les Energies Nouvelles et les Nanomatériaux)
    appartient au CEA. Il a mis au point des cellules photovoltaïques de haut rendement relevant
    d’une technologie de point, l’hétérojonction (HJT). Le Liten cherche un débouché industriel.
  Pour le reste suivant l’Ademe : «Une dizaine de PME françaises poursuit une activité de
fabrication de modules, panneaux),... souvent à partir de cellules importées ...
» La capacité de
production est de 0,820 GWc/an... ces entreprises emploient au total entre 600 et 800 personnes
»10.
Les entreprises françaises d’équipement solaire sont le plus souvent de simples promoteurs, comme Neoen11, qui importent les composants des installations solaires. Quelques-unes assemblent des cellules photovoltaïques importées, souvent de Chine. La proportion des cellules fabriquées en France est infime. L’industrie manufacturière solaire française est marginale et ses initiatives ne sont pas coordonnées.  

IV. La Chine à la rescousse. Une « megafactory » en Lorraine...

VI. Hydraulique et Eolien : General Electric (GE), Siemens... 
 L’hydraulique française
  L’hydraulique devrait fournir en France, en 2050, 9% de l’électricité française, soit 5% de la con-
sommation finale d’énergie pour tout scénario. L’éolien fournirait, selon le scénario choisi de 25% à
52% à l’électricité
soit de 13,5 à 28% de l’énergie finale dont un peu plus de la moitié viendrait de l’éolien marin, Cf. RTE7.

L’hydraulique française

  Elle fut l’une des premières du monde. Le quart des turbines mondiales furent conçues en
France. Des équipements pensés dans l’Hexagone se retrouvent dans le monde entier, comme en
Chine ou en Egypte. Le pôle industriel français correspondant se trouve à l’heure actuelle très large-
ment inclus dans le groupe américain General Electric (GE). (...) L’industrie hydraulique française est en voie de marginalisation. Le pouvoir de décision n’est plus en France. General Electric a préféré Tianjin, en Chine, comme pôle hydraulique...

L'éolien français 

  • Eolien terrestre : on lit dans un Rapport de l’Ademe26 : «Les éoliennes terrestres construites en France sont majoritairement équipées de turbines de marque étrangères». Vestas (Danemark) et Enercon (Allemagne) sont cités. Une centaine de petites entreprises françaises, compétitives et exportatrices, fabriquent des matériels spécialisés comme les lidars. Les équipements fabriqués en France ne représentent que 10% des équipements des éoliennes françaises30. Dans ce total, certains proviennent d’entreprises étrangères implantées dans l’Hexagone.
  •  Eolien marin : Alstom et Areva s’y étaient lancés séparément (!). L’activité «éolienne marine»
    d’Alstom est passée sous la coupe de General Electric (GE), qui a reprit les modèles Haliade
    . GE investit largement dans ces éoliennes gigantesques et engrange des commandes dans le monde entier. Les mâts sont fabriqués en Espagne. L’usine française ex-Alstom fabriquant les nacelles est bien utilisée. Les pâles sont conçues par l’entreprise danoise LM Wind, filiale de GE, qui a construit une usine à Cherbourg. L’activité «éolienne marine» d’Areva a été vendue à Gamesa, qui appartient à Siemens (Allemagne). GE et Gamesa-Siemens possèdent des usines, des bureaux d’études et centres de recherches dans le monde entier, Chine, Inde, Etats-Unis..., Sauf dans certains cas, les nacelles avec GE, la France possède essentiellement des usines de fabrications et non les bureaux d’études et les centres de recherches où se prépare l’avenir. Cet aspect est de mauvaise augure. Or la concurrence est rude. GE et Siemens ne font pas de cadeau.

   La fabrication des équipements d’éoliennes construites en France - marines et terrestres - est largement dominée par des entreprises étrangères. Ce qui signifie que l’avenir des industries correspondantes de l’Hexagone ne se décide pas en France. Il est à craindre que certaines usines de fabrications, une fois les projets français terminés, soient fermées...

VII. Le nucléaire. L’avenir à décider
  Le nucléaire devrait fournir en France en 2050, suivant le scénario choisi de 0% à 50% de
l’électricité soit de 0% à 27% de la consommation finale d’énergie, Cf. RTE7.
  À la fin du XXe siècle l’industrie nucléaire française, en construisant les réacteurs en série, a notablement contribué à faire passer l’atome à un niveau industriel supérieur. Il en est résulté un parc nucléaire de production d’électricité fiable, bon marché et sûr. En plus en deux mille ans de fonctionnement cumulé, aucun accident ni incident important n’a été relevé. La stratégie utilisée a largement inspiré l’industrie nucléaire chinoise, aujourd’hui la première du monde. Les principaux acteurs français furent à l’époque EDF, comme architecte ensemblier, Framatome comme constructeur de la partie nucléaire proprement dite, et des entreprises de haute valeur technique comme Alsthom,parmi des centaines d’autres. Leur compétence était mondialement reconnue.
  Cette situation a considérablement évolué. Une décision politique, celle du Président de la République François Mitterrand, a mené à l’abandon de la stratégie industrielle de la construction en série pour l’élaboration d’un prototype, l’ EPR. Un tel choix peut permettre un saut technologique, mais il peut aussi mener à l’échec. Les dirigeants politiques ayant négligé durant une quinzaine d’années d’autoriser de nouveaux chantiers nucléaires, les industriels français ont perdu la main. Une notable perte de compétence a touché EDF, dans son rôle d‘architecte-ensemblier, ainsi que les autres grands acteurs industriels. Les graves difficultés dans la construction des EPR menées par les Français sont décrites dans un Rapport de la Cour des Comptes27. Cela s’est traduit par de lourdes difficultés financières pour EDF.
  Le fond du problème est politique. Les dirigeants français ont mis très longtemps à comprendre
que l’industrie nucléaire française n’était plus celle de la fin du XXème Siècle, situation pourtant connue depuis des années par les professionnels du monde entier28. Ils ne semblent pas qu’ils aient saisi leur responsabilité dans les pertes de compétence, abandon de la stratégie industrielle, pas d’ouverture de chantier durant quinze ans. Il leur revient aujourd’hui de décider si la France doit garder cette source d’énergie et, s’il la garde, d’en définir l’importance.
  Si le recours à l’atome est maintenu, il est nécessaire, comme l’écrit un grand industriel, Jean
Martin Folz, dans un Rapport demandé par le Ministre de l’Economie29, que le pouvoir politique autorise «des programmes stables à long terme de construction de nouveaux réacteurs en France et d’entretien du parc existant donnant aux entreprises concernées la visibilité et la confiance nécessaires pour qu’elles engagent les efforts d’investissements et de recrutement nécessaires». Le Rapport Folz ajoute : seul EDF peut conduire une telle tâche. Les dirigeants politiques ont eu la curieuse idée d’affaiblir ce groupe, déjà mal en point du fait de l’ EPR, en lui faisant subventionner ses concurrents. Un dispositif législatif, nommé Accès Régulé à l’ Electricité Nucléaire Historique (ARENH), permet aux concurrents d’EDF d’acheter le courant nucléaire d’EDF à un prix calculé pour qu’ils lui prennent des clients. L’ ARENH est contraire aux lois de la concurrence comme l’a écrit l’Autorité de Concurrence Française30. Il est un obstacle à la mise en œuvre d’une stratégie industrielle par EDF, comme l’indique son Président.
  Il revient aux dirigeants politiques français de décider de l’avenir du nucléaire. S’ils déci-
dent de continuer à utiliser l’atome, ils doivent définir des «programmes stables à long terme»,
ne plus affaiblir EDF par des dispositifs anticoncurrentiels comme (ARENH) et lui rendre les
capacités élémentaires d’une entreprise, dont la fixation de ses tarifs....

L'analyse dans son intégralité, est à lire ICI 

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