Chine, environnement : le Ministère des Ressources naturelles (MRN) veille sur la Biodiversité

  Quand le " en même temps " si cher à notre " timonier " national fait echo en Chine au sujet du climat : d'un côté, vous avez la pollution mortelle pour tout être vivant engendrée, par exemples, par la production des usines à charbon, l'extraction des terres rares, ..., et de l'autre, la volonté de " limiter les conflits sur l’usage des ressources naturelles. " :  forêts, zones humides, terres agricoles.

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La planification stratégique du delta du Yangzi, une région paysagère et culturelle majeure aux abords de Shanghai


Françoise Ged, Cité de l’Architecture et du Patrimoine, responsable de l’Observatoire de l’architecture de la chine contemporaine, architecte, HDR, chercheur associé Centre Chine Corée Japon, UMR 8173, XU KANDA Université Tongji
Shao Yong  Université Tongji, vice-présidente du Comité scientifique de l' ICOMOS [Conseil international des monuments et des sites] sur l'architecture vernaculaire
2021 07

Vue du ciel, la petite ville d’eau de Zhenze, dans la province du Jiangsu. © Zhenze Tourism Culture Development Co., Ltd.

Vue du ciel, la petite ville d’eau de Zhenze, dans la province du Jiangsu. © Zhenze Tourism Culture Development Co., Ltd.

  Avec l’instauration du ministère des Ressources naturelles (MRN) en 2018, une impulsion nouvelle à l’aménagement du territoire a été donnée. Ainsi, le MRN, chargé d’inventorier l’état et la distribution des forêts, des zones humides, des terres agricoles, et de leur attribuer une valeur, est devenu le seul ministère en charge de la planification, auparavant attachée au ministère de la Construction1 . Après trois décennies de consommation effrénée de foncier autour des agglomérations pour la construction, l’objectif est de limiter les conflits sur l’usage des ressources naturelles. Aux abords de la métropole de Shanghai, près du lac Tai, un secteur où l’espace rural prédomine, grand comme l’aire urbaine de Paris sert de test pour une approche intégrée. Reconquérir une qualité paysagère là où 3 % des superficies lacustres et fluviales ont été asséchées en quinze ans au profit de l’urbanisation, est devenu un enjeu majeur.
  Lors du séminaire organisé le 24 février 2021 par l’Observatoire de l’architecture de la Chine contemporaine à la Cité de l’architecture et du patrimoine, avec le réseau Our World Heritage2, voir notre dernier article, et en partenariat avec l’ INALCO [Institut national des langues et civilisations orientales], Zhou Jian, urbaniste, professeur à l’Université Tongji, directeur du World Heritage Institute for Training and Research Asia-Pacific (WHITRAP) à Shanghai, a présenté ses travaux portant sur l’aménagement de la nouvelle “ zone écologique pilote pour un développement intégré du delta du fleuve Yangzi ” et plus particulièrement sur la planification stratégique associant patrimoine et tourisme dans un secteur pilote.

 

Niveau administratif des agglomérations, de deux cent mille à plus dix millions d’habitants. En jaune : de un à deux millions d’habitants ; en orange : de deux à quatre millions d’habitants ; en rose : de quatre à dix millions d’habitants ; en rouge : plus de dix millions d’habitants. Le Delta du Yangzi est une région densément urbanisée.

  Le delta du Yangzi est marqué par son développement économique dynamique, son ouverture et sa forte capacité d’innovation. Stratégique au niveau national, il comprend des villes majeures comme Hangzhou, Suzhou et Shanghai, une région célèbre dès la dynastie des Song du Sud, 1127-1279, pour son environnement culturel, ses ressources naturelles fondées notamment sur la création d’un réseau fluvial sophistiqué. Ce réseau a été en partie asséché du fait de l’intense construction des dernières décennies, dans un territoire densément peuplé. À la jonction de Shanghai, des provinces du Jiangsu et du Zhejiang, une zone expérimentale de deux mille quatre cent treize kilomètres carrés a été instituée pour expérimenter un développement écologique intégré (à titre de comparaison, l’aire urbaine de Paris représente deux mille huit cent quarante-cinq kilomètres carrés). L’un des enjeux est de redonner une qualité environnementale à ce territoire doté d’une longue histoire, de paysages et de ressources culturelles riches et diversifiés. 

Le paysage du Jiangnan, du point de vue écologique et culturel, est unique. Son nom 江南 qui signifie “ au sud du fleuve ”, sous-entendu le Yangzi, évoque la culture lettrée des jardins et des peintres-poètes-calligraphes, celle des villes marchandes qui se sont développées le long et à l’intersection des canaux, sous les dynasties Ming et Qing, avec des spécialisations par bourg révélatrices d’un développement économique poussé. L’eau y était tout à la fois ressource pour les cultures agricoles, coton, soie, riz, sur des terres alluvionnaires fertiles et piscicoles dans les multiples lacs, canaux et étangs, ainsi qu’un moyen de transport reliant la région jusqu’à la capitale Pékin, grâce à l’entretien d’un vaste réseau fluvial connecté au Grand canal, lui-même classé au Patrimoine mondial en 2014. © Zhenze Tourism Culture Development Co., Ltd.

   La zone pilote, administrativement située à cheval entre les provinces du Jiangsu et du Zhejiang, comprenant les villes de Wujiang, Jiashan et Qingpu compte une population de plus de trois millions deux d’habitants. L’objectif est d’intégrer le développement du tourisme et la protection du patrimoine, en prenant pour base l’analyse du patrimoine naturel et culturel. En d’autres termes, comment les ressources culturelles locales permettent d’envisager un développement soutenable à différentes échelles, locales et régionales, comment associer dans une approche intégrée les ressources issues de la culture, du tourisme et de l’agriculture. Une stratégie d’aménagement du territoire en quatre étapes est proposée. Elle comprend la restauration des trames bleues et vertes, le remodelage du trafic fluvial entre les villes d’eau, la mise en place d’itinéraires culturels et touristiques et la valorisation du patrimoine spécifique au Jiangnan.

La restauration des trames bleues et vertes


 La restauration des lacs et des voies d’eau a pour objectif d’atteindre à court terme un pourcentage de surface d’eau de 33 %, contre 30 % actuellement.

  Elle est menée par secteur, avec la volonté d’augmenter de 10 % la superficie globale des cours d’eau, des rivières et des lacs, le “ bleu ”, dont le pourcentage doit passer de 30 à 33 % d’ici cinq ans et le remodelage de ces trames bleues qui ont longtemps constitué les voies principales reliant les agglomérations, mais aussi les réserves pour la pisciculture et pour les cultures. 
 

Restauration des espaces verts et bleus. Paysages de lacs, de canaux et de zones humides.

   La planification des espaces “ bleu ” et “ vert ” sera menée par petites unités territoriales. Les secteurs qui ont été construits à l’encontre de l’environnement seront identifiés et démolis. Ceux où le maillage des canaux et rivières est majeur devront être optimisés pour une meilleure utilisation. Enfin, des forêts, composées de différentes espèces et formant des paysages diversifiés, seront plantées.

Remodeler le réseau fluvial des villes d’eau
  Les recherches menées sur l’histoire des villes du Jiangnan ont permis de comprendre l’organisation de ce territoire construit grâce à la maîtrise et à la gestion de l’eau, dans lequel un véritable réseau écologique est associé à un maillage culturel : 生态网 + 文化脉, shengtai wang + wenhua mai. La planification territoriale s’intéresse de près à ces mécanismes et propose des voies d’eau dévolues au tourisme culturel, dotées d’un rôle de coulée écologique tout en préservant des eaux nécessaires à l’irrigation. Avec des fonctionnalités distinctes, ces trois types de voies d’eau relient des centres historiques, des lacs et des villages, et sont susceptibles d’offrir aux touristes des chemins de découverte expérientielle des paysages du Jiangnan. Désormais, leur potentiel doit être pris en compte de manière holistique.

 

Remodelage des voies d’eau et du transport fluvial dans les villes d’eau. Le réseau d’eau dans la zone de démonstration atteint une densité de trois kilomètres et demi par kilomètre carré et dessert dix-huit villes historiques. Les villes sont reliées les unes aux autres par des voies navigables qui constituent un réseau écologique et culturel.
 
Construire des itinéraires culturels et touristiques dans les cités et les villages d’eau
   La petite ville de Lili 黎里 sera prise comme centre géographique autour duquel seront identifiés des centres anciens dans un rayon de trente kilomètres, qui seront reliés les uns aux autres en créant des chemins culturels et touristiques de qualité. La mobilité douce sera privilégiée, le vélo, le bus “ vert ”, la randonnée, la marche…
 
 
Circuits culturels et touristiques. Les canaux permettent de créer des connexions entre les paysages culturels et naturels de la région : les lacs, les zones humides, les villes d’eau et les villages.

L’héritage du Jiangnan, un paysage naturel et culturel de petites cités historiques

  Une première phase aura pour objet d’identifier les différentes typologies de paysage urbain des villages et des petites villes du Jiangnan, de noter précisément leur inscription dans les trames bleue et verte. Puis, la planification proposera des projets adaptés aux conditions locales, en proposant différents types de paysage, qui seront en fait les héritages spécifiques des petites villes du Jiangnan, dont la personnalité sera renforcée.
   Pour ce faire, la planification stratégique de ce territoire patrimonial et touristique s’appuiera sur une approche top-down qui, bien sûr, nécessite la coopération de nombreux bureaux d’urbanisme locaux. Ainsi, dans la circonscription de la petite ville de Tongli —qui a fait l’objet d’un programme expérimental avec la France au début des années 2000— le paysage urbain et rural, le lac et les terres cultivées sont protégés grâce au plan de protection du territoire de Tongli : administrativement un zhen 镇. Différents itinéraires touristiques, terrestres ou sur les canaux, sont prévus dans une approche intégrée, associant les différentes circonscriptions administratives partageant des objectifs culturels, touristiques et agricoles communs sur l’ensemble du territoire, avec la perspective de développer l’économie locale et de promouvoir un développement régional.
  Par ailleurs, la planification territoriale dans le delta du Yangzi est au premier plan ; en 2019, elle a fait l’objet d’un concours international dans la province du Zhejiang, portant sur l’impact des changements climatiques, la prise en compte globale des ressources, l’urbanisation et le milieu naturel. Sans surprise, le premier prix est revenu à un institut majeur de Pékin, mais le jury, sous l’égide de l’architecte Cui Kai et auquel participait Zhou Jian, a mis en exergue les travaux remarquables de la petite équipe conduite par l’architecte français Oliver Greder, enseignant à la China Academy of Arts à Hangzhou. 
 
 
Quatre types d’espaces naturels et culturels

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