Malgré tout, cette minorité politique, à l' anti-nucléarisme viscéral, comme l' Union européenne dirigée par l' Allemagne, s'est avérée suffisamment influente auprès des différents présidents de la République et des gouvernements successifs quand il s'est agit de faire des choix décisifs en matière de politique énergétique ; quitte à affaiblir l'indépendance énergétique de la France, à fragiliser le service rendu et à renchérir la facture pour les particuliers et entreprises.
Rappel : ; liste non exhaustive...
- 1981 : abandon du projet de centrale nucléaire à Plogoff, Finistère, par le nouvellement élu président de la République : François Mitterrand, PS ; Ministre de l'Environnement : Michel Crépeau, Mouvement des radicaux de gauche (MRG) ; premier ministre : Pierre Mauroy, PS.
- 1997 : abandon du projet Advanced Sodium Technological Reactor for Industrial Demonstration (Astrid) : projet de prototype de réacteur nucléaire français de quatrième génération porté par le Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) : ministre de l'Aménagement du territoire et de l'Environnement : Dominique Voynet, Verts ; premier ministre : Lionel Jospin, PS.
- 2000 : loi 2000-108 relative à la modernisation et au développement du service public de l'électricité et du gaz : ministre de l'Aménagement du territoire et de l'Environnement, Dominique Voynet, Verts ; premier ministre : Lionel Jospin, PS.
- L'activité de fourniture d'électricité est ouverte à la concurrence, art. 22,
- L'obligation d'achat de l'électricité d'origine renouvelable par EDF est instituée, art. 10,
- La Commission de Régulation de l'Energie est créée, art. 28,
- La CSPE est instituée, art. 5...
- 2010 : La loi NOME, Nouvelle Organisation du Marché de l’Électricité : ministre de l'Écologie, du Développement durable, des Transports et du Logement (MEDDTL) : Nathalie Kosciusko-Morizet, RPR/UMP/LR ; premier ministre : François Fillon, RPR/UMP/LR.
- Pallier le déficit de concurrence en améliorant l'accès des fournisseurs alternatifs à la production nucléaire historique (ARENH)
- Assurer le financement du démantèlement des centrales nucléaires d'EDF
- Garantir un prix juste pour le consommateur final.
Si les syndicats et EDF y étaient fortement opposés, estimant que cette loi allait détruire le système électrique français et brader les actifs d'EDF, au contraire, le gouvernement Fillon, la Commission européenne et les fournisseurs alternatifs la soutenaient au prétexte que ses diverses mesures favoriseraient une concurrence équilibrée sur le marché français.
- 2015 : loi du 17 août 2015 relative à la transition énergétique pour la croissance verte, comprenant la réduction de 75 % à 50 % de la part du nucléaire dans la production d’électricité à l’horizon 2025 : ministre de l’Environnement, de l’Énergie et de la Mer, chargée des Relations internationales sur le climat : Ségolène Royal, PS ; premier ministre : Manuel Valls, PS.
- 2017-2020 : fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim :
- 2017 : signature du décret prévoyant l'arrêt en 2018 : ministre de l’Environnement, de l’Énergie et de la Mer, chargée des Relations internationales sur le climat : Ségolène Royal, PS ; premier ministre : Bernard Cazeneuve, PS.
- 2018 : report de la fermeture en 2020 : Emmanuel Macron, président de la République : ex PS, 2006-2009 ; ministre d'État, ministre de la Transition écologique et solidaire : François de Rugy, Groupe écologiste (Eco)/Groupe socialiste et apparenté (SRC)/LREM/Démocrates et progressifs (DP) ; premier ministre : Edouard Philippe, PS, années 1990, RPR/UMP/LR/Horizons.
- 2020 : mise à l'arrêt, définitive? : ministre de la Transition écologique et solidaire : Elisabeth Borne, LREM, premier ministre : Edouard Philippe, PS, années 1990, RPR/UMP/LR/Horizons.
Et l'histoire n'est malheureusement pas finie... Voire les taxe carbone et systèmes d’échange de quotas, la voiture électrique, l'autoconsommation, la colonisation éolienne, terre et mer, les usines de méthanisation, les Zones à faibles émissions (ZFE), etc.
Quand on fait le compte des victoires politiques remportées par le "petit mousse" écolo, qui sont autant de défaites pour la France et les citoyens, on veut encore espérer que celui-ci ne deviendra jamais le capitaine du navire...
php
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Nucléaire : le festival Jadot
Sylvestre Huet
2021 10 04
Yannick Jadot lors d’une visite à l’usine de Château-Feuillet pour soutenir les salariés en grève, à La Léchère (Savoie), le 30 septembre 2021. PHILIPPE DESMAZES / AFP
Lors du débat entre Yannick Jadot et Sandrine Rousseau, les deux candidats écologistes ont réaffirmé leur détestation de l’électro-nucléaire. Soit. Mais au prix d’un festival de désinformations. Listons en quelques unes.
« Cela fait 30 ans que l’on aurait pu débattre sur le nucléaire. Il y a une communication de l’Etat et d’EDF qui a tué le débat ». Yannick Jadot.
Le propos de Yannick Jadot est pour le moins stupéfiant. Depuis le choix nucléaire de 1974, confirmé en 1981 sous Mitterrand, ce sujet s’est toujours taillé une place de premier plan dans la vie publique. Des milliers d’articles de presse, de tracts, des manifestations, contre en général, des prises de positions à chaque élection nationale… c’est le sujet énergétique qui a le plus mobilisé le débat public. Et depuis bien plus que 30 ans, si l’on se souvient des vifs débats des années 1974-1980. Mais peut-être que Yannick Jadot est-il trop jeune pour se souvenir des manifestations contre le projet de centrale nucléaire à Plogoff en Bretagne à la fin des années 1970. Quant à la communication de l’Etat et d’EDF qui aurait « tué le débat », on ne peut qu’ironiser sur son inefficacité en observant ce résultat d’enquête sociologique montrant que la majorité des Français ignorent que le nucléaire est, en France tout au moins, l’électricité la moins carbonée possible : 6 grammes par kWh produit et qu’une majorité d’entre eux – écrasante dans deux cas : les jeunes et les personnes opposées à l’usage du nucléaire pour l’électricité – croient que les centrales nucléaires émettent beaucoup de gaz à effet de serre
Cette enquête IPSOS montre que 44% des Français opinaient, en 2017, que les centrales nucléaires émettent « beaucoup » de gaz à effet de serre. Ce pourcentage monte à 63% chez les 18/24 ans et à 75% chez les personnes tout à fait « contre » l’usage du nucléaire pour l’électricité.
« Les déchets, après 50 ans de nucléaire, on ne sait toujours pas quoi en faire ». Yannick Jadot.
Yannick Jadot est certes député européen, mais cela ne devrait pas l’empêcher de se renseigner sur les lois françaises. En 2006, le Parlement a voté une loi qui retient la solution de l’enfouissement géologique profond pour les déchets nucléaires de Haute activité et à vie longue (HAVL) et ceux dit de Moyenne activité et à vie longue (MAVL) qui concentrent plus de 99% de la radioactivité issue des centrales nucléaires. En 2016, le Parlement a voté une nouvelle loi qui précise cette solution, sous la forme du projet CIGEO, prévu dans la couche géologique d’argilite, à 500 mètres de profondeur, près du laboratoire souterrain exploité par l’ ANDRA depuis 2005 à la frontière de la Haute Marne et de la Meuse. Cette nouvelle loi décrit les modalités de création de cette installation et en prévoit la réversibilité jusqu’à la fin du processus d’enfouissement des déchets actuels et futurs des réacteurs existants : EPR de Flamanville compris. L’ignorance de Yannick Jadot d’un projet aussi important pour la sécurité des populations ne plaide pas en faveur de sa capacité à exercer la haute responsabilité à laquelle il prétend.
« On sait à peine démanteler une centrale nucléaire ». Yannick Jadot.
Les équipes d’EDF qui sont en train de démanteler la centrale nucléaire de Chooz-A en toute sécurité et en respectant les coût et délais prévus apprécieront ce dénigrement de leurs compétences professionnelle. Neuf centrales nucléaires sont en cours de démantèlement en France.
Sinon, on peut suggérer à Yannick Jadot de méditer sur ces photos avant/après de la centrale nucléaire de Maine Yankee, tout à fait similaire à celles d’EDF. En haut, la centrale nucléaire en exploitation. En bas le même site, où l’on voit qu’il ne reste absolument plus rien de la centrale, on peut y faire paître un troupeau de vaches.
La centrale nucléaire de Maine Yankee
L’emplacement de la centrale nucléaire de Maine Yankee dans son état actuel : le retour à l’herbe.
« Aujourd’hui, vous avez des énergies renouvelables qui sont deux fois moins chères que le nucléaire ». Yannick Jadot.
C’est presque vrai… sauf que cela ne l’est que pour l’électricité produite par les barrages hydrauliques et comme personne n’imagine qu’on va noyer de nouvelles vallées pour en construire en France, ce n’est pas de cela que parle Yannick Jadot. Mais c’est faux pour ce qui concerne l’électricité nucléaire produite en France comparée à l’électricité éolienne et encore plus photovoltaïque. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’elles sont massivement subventionnée, environ 120 milliards d’euros pour les contrats signés avant décembre 2016 selon la Cour des Comptes et on ne peut que conseiller à un candidat à la Présidence de la république de lire les rapports de la Cour des Comptes ou du moins de se le faire résumer, comme ici par votre serviteur, L’ordre de grandeur des subventions à l’éolien et au photovoltaïque est de 6 milliards d’euros par an actuellement, pour une production électrique intermittente et très limitée. Pour une étude récente du coût de production de l’électricité nucléaire, lire ici. Par ailleurs, les partisans des ENRI se contentent des coûts de fabrication et d’installation des éoliennes et panneaux solaires, en oubliant, volontairement, que ce qu’il faut compter c’est le coût du système électrique, or pallier l’intermittence des énergies renouvelables éoliennes et solaires présente un coût qui croît au fur et à mesure de l’augmentation de leur part dans le mix électrique.
« L’ EPR en chine, ils ont été obligés de le fermer parce qu’il fonctionne mal ». Yannick Jadot
Il y a 2 réacteurs EPR en fonctionnement en Chine. L’un d’entre eux a battu dès sa première année pleine de fonctionnement le record du monde de production d’électricité par un réacteur nucléaire sur 12 mois. Il est a l’arrêt actuellement pour étudier pourquoi quelques un de ses crayons de combustibles? sur plus de 40 000? présentent une légère fuite de gaz radioactifs sans conséquence pour l’environnement. Un problème classique sur les réacteurs nucléaires. Le second fonctionne.
Soyons honnête, sa compétitrice Sandrine Rousseau en a fait des tonnes elle aussi. Mais pour ne pas être trop long, en voici deux exemples seulement.
« Il y a des études de l’Ademe, RTE, Negawatt. Toutes disent que l’on peut sortir du nucléaire, et avoir un mix énergétique complètement renouvelable » Sandrine Rousseau .
Les études de l’Ademe, ici une analyse critique, et de RTE ne portent pas sur le mix énergétique mais sur le mix électrique uniquement. Elles montrent surtout que l’hypothèse de commande de ces études – un choix a priori 100% renouvelable – montre que la sécurité d’approvisionnement n’est pas assurée, notamment avec la perspective de l’électrification des transports. Le rapport de RTE liste quatre conditions à réunir pour qu’un très fort pourcentage d’ ENRI, le I de Intermittent, ne soit pas incompatible avec la qualité et la quantité d’électricité nécessaires :
- la compensation de la variabilité des ENR,
- le maintien de la stabilité du réseau,
- la reconstitution des réserves et des marges d’approvisionnement,
- une évolution importante du réseau.
Sur les coûts, le rapport de RTE est presque muet. Il précise dans son introduction que « l‘évaluation économique de ces différentes conditions dépasse le cadre de ce rapport. » La seule indication donnée par le rapport sur l’évaluation de ces coûts devrait donner des boutons aux militants du solaire et de l’éolien, car elle démolit leur argument comptable favori : le LCOE. Autrement dit, c’est un acronyme en anglais, le coût moyen de l’électricité par technologie. Voyez comme le coût de fabrication des éoliennes et surtout des panneaux solaires s’écroulent !, s’enthousiasment-ils. Or, avertit le rapport, le LCOE n’est pas capable de compter « l’ensemble des coûts associés à une part élevée d’ ENR, dont ceux liés au stockage, à la flexibilité de la demande et au développement des réseaux. L’analyse montre que ce type de coûts pourrait être important après 2035 ». Pourquoi 2035 ? Parce que cette date correspond à un objectif de 40% d’ ENR dans le mix électrique. Une manière de souligner que les vrais gros problèmes commencent là.
« Le coût estimé du grand carénage est de 100 milliards d’euros. Cela veut dire que ce cout se répercutera sur le prix de l’électricité ». Sandrine Rousseau.
Un chiffre sorti de nulle part, voire de l’imagination de la candidate à la primaire écologiste. Le vrai coût est de 49,4 Mds d’euros courants sur la période 2014-2025, donc une bonne partie est déjà dépensée et les travaux effectués. L’impact du grand carénage sur le prix de l’électricité est de quelques euros par MWh. Mais, sur ce sujet, le pompon a été décroché par Jean-Luc Mélenchon qui a hissé ce coût imaginaire à 150 milliards.
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