Nicolas Stiel
Le 24.02.2017
Hier l’écologiste Yannick Jadot a annoncé le retrait de sa candidature à l’élection présidentielle au profit du candidat socialiste Benoît Hamon. Et leur accord stipule une sortie du nucléaire d'ici 2025. Analyse de cette annonce iconoclaste.
Dans l'accord EELV-PS, Yannick Jadot s'est félicité d'avoir obtenu un engagement sur "la sortie du nucléaire en 25 ans", la fin de l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes ou encore davantage de proportionnelle aux élections. (GUILLAUME SOUVANT/AFP)
Hier l’écologiste Yannick Jadot a annoncé le retrait de sa candidature à l’élection présidentielle au profit du candidat socialiste Benoît Hamon. Les termes de l’accord comprennent des volets sur la géopolitique, l’égalité des territoires, le rapport au travail, la santé environnementale, l’agriculture, l’alimentation et la transition énergétique. Sur ce dernier thème, le point le plus saillant concerne bien sûr le nucléaire. La plateforme présidentielle PS-Verts stipule la «mise en œuvre d’une sortie progressive et intégrale du nucléaire, avec l’objectif d’y parvenir à horizon d’une génération, soit 25 ans, avec fermeture des premiers réacteurs durant la mandature.» Cette annonce a bien sûr fait bondir les pro-nucléaires. «C’est irresponsable, s’insurge Valérie Faudon, déléguée générale de la Société Française d’énergie nucléaire (SFEN). Si on veut limiter la hausse de la température moyenne sous les deux degrés en 2100, on a besoin du nucléaire qui est une énergie décarbonée.»
L’annonce a également surpris du côté de la rue de Solferino, car le PS compte dans ses rangs de nombreux nucléocrates. Mais depuis Fukushima en 2011, l’atome est devenu un totem. Suite à la catastrophe japonaise, l’Allemagne prenait la décision unilatérale de se retirer du nucléaire. L’Italie a aussi renoncé. «Pour Les Verts, sortir du nucléaire est devenu un élément essentiel de la négociation avec le PS», indique Daniel Boy, directeur de recherche à Sciences-Po. Il y a six ans, le candidat François Hollande avait, dans son engagement 41, annoncé la fermeture de Fessenheim, la plus ancienne centrale française. «Je vais fermer Fessenheim pour deux raisons, avait-il dit. La première, c'est que c'est la plus ancienne centrale. La seconde est qu'elle est proche d'une zone sismique.»
Le cas Fessenheim
Son adversaire Nicolas Sarkozy lui avait alors répondu: «Vous avez vendu les ouvriers de Fessenheim et du nucléaire sur l'autel d'un accord méprisable, politicien!» On sait ce qui est advenu. Aujourd’hui, Fessenheim continue à fonctionner. Les deux réacteurs fermeront peut-être fin 2018 ou début 2019 lorsque l’EPR de Flamanville sera branché au réseau. Mais si François Fillon l’emporte à la présidentielle, la centrale alsacienne tournera jusqu’en 2022. Et peut-être dix ou vingt années de plus si l’Autorité de sûreté nucléaire délivre son blanc-seing.
Le nucléaire est l’industrie du temps long. Le PS et les Verts le savent parfaitement et c’est pour cela qu’à chaque grand-vous électoral, ils concluent un accord. Une fois au pouvoir, il s’ensuit un sketch tragi-comique. Le gouvernement retarde les échéances. Quant à l’allié Vert, il attend la fin de mandat pour hurler à la trahison alors qu’il savait parfaitement que son «partenaire» n’allait pas honorer son engagement. Et il en sera de même pour la période 2017-2022 dans l’hypothèse où Benoît Hamon entre à l’Elysée. Le zéro nucléaire d’ici 25 ans est une chimère.
Le jeu de dupes PS-Verts pourrait laisser indifférents les pro-nucléaire. Ce n’est pas le cas. Valérie Faudon, de la SFEN, qui vient de publier un livre blanc sur le nucléaire souligne que cette industrie en France, c’est 220.000 employés dans 2.600 entreprises. Elle ajoute que ces déclarations «mortifères» (sur le zéro nucléaire) marquent les esprits et créent des tensions inutiles dans les usines. «On aimerait qu’il y ait un consensus républicain, une ambition pour cette industrie. Un revirement tous les cinq ans sur le nucléaire, ce n’est pas possible.»
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