"...Les défis sont gigantesques, à la limite de la faisabilité et de l´acceptabilité sociétale. [...] La réalisation des objectifs climatiques nécessiterait des investissements supplémentaires de 2300 Md € dans le scénario « 95% » entre 2015 et 2050, soit une moyenne d´environ 70 Md € par an. Un avancement à 2045 de la neutralité carbone portera les coûts à environ 80 Md € par an soit le même ordre de grandeur que l´estimation d´Agora Energiewende. En pourcentage du PIB, 3450 Md € en 2019, ces dépenses représentent une part d´environ
2,3% /an..."
Indiscutablement, l' Allemagne a "mis tout à gauche" et a accéléré l'allure dans la dure ascension qui la mène à la neutralité carbone. Dans sa roue, la France s'accroche. Au risque de "prendre un coup de grisou" et de se "retrouver à pied"?
La seule certitude que l'on ait dans la course à la "neutralité carbone" c'est que, pour l’essentiel, c'est le consommateur/contribuable/automobiliste à essence qui payera! De quoi "prendre un sacré coup de bambou" question pouvoir d'achat...
PS : toutes les expressions proviennent du jargon cycliste.😉
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Quelles mesures concrètes pour atteindre la neutralité carbone en 2045 ?
Hartmut Lauer
07/07/2021
Le gouvernement compte réduire les émissions de gaz à effet de serre de 65% d´ici 2030 par rapport à 1990, contre 55% auparavant, puis 88% d´ici 2040 avec l´intention d´atteindre en 2045, précédemment 2050, la neutralité carbone. C´est ce qu´a décidé le Conseil des Ministres en mai 2021 pour mettre en œuvre les exigences de la Cour Constitutionnelle Fédérale et anticiper en même temps la contribution allemande au nouvel objectif de l´Union Européenne en matière de climat. Le nouvel objectif du gouvernement a reçu le feu vert du Parlement et du Conseil Fédéral (Bundesrat) fin juin 2021. Pour plus de détails voir /1/ .
La neutralité carbone en 2045 implique une accélération du changement structurel par rapport à une année cible de 2050. Cependant des mesures concrètes pour atteindre le nouvel objectif restent en attente. Pour plus de précisions il faudra certainement attendre la formation du nouveau gouvernement après les élections fédérales en septembre 2021.
Entre temps le Think Tank Agora Energiewende a publié des propositions pour des mesures concrètes ce qui est le sujet du présent texte.
Les défis sont gigantesques, à la limite de la faisabilité et de l´acceptabilité sociétale. La neutralité carbone en 2045 sera une tâche herculéenne dans la mesure où l´Allemagne persiste dans son hostilité vis-à-vis du nucléaire.
Figure 1 : nouveaux objectifs de réduction des gaz à effet de serre
Concept énergétique – neutralité carbone à l´horizon de 2050
Pour atteindre la neutralité carbone à l´horizon de 2050, la transition énergétique repose sur 3 piliers
- amélioration de l´efficacité énergétique et réduction de la consommation d´énergie primaire
- augmentation de la part des énergies renouvelables dans la consommation d´énergie finale et dans la consommation d´électricité
- « Couplage sectoriel », c´est-à-dire électrification des autres secteurs de l´économie et transformation d´électricité en un autre vecteur énergétique, hydrogène, combustible de synthèse.
Le concept énergétique actuel vise une réduction de la consommation d´énergie primaire de 30% d´ici 2030 et de 50% à l´horizon de 2050 par rapport à 2008. Il est prévu d´augmenter la part des énergies renouvelables dans la consommation d´énergie finale brute de 30% d´ici 2030 et de 60 % à l´horizon de 2050. Une part de 65% est actée dans la consommation brute d´électricité en 2030 et la neutralité carbone de la production d´électricité fixée à 2050.
La Loi sur les énergies renouvelables (EEG 2021), entrée en vigueur début 2021, prévoit à l´horizon de 2030 une production de 377 TWh ce qui nécessite une capacité installée d´énergies renouvelables d´environ 200 GW, dont 100 GW photovoltaïque, 70 GW éolien terrestre et 20 GW éolien en mer.
Le Plan de Déploiement National de l´Hydrogène, adopté en juin 2020, se fixe un objectif de 5 GW d´électrolyseurs installés en 2030. À l´horizon 2040 il est actuellement prévu d´accroitre la capacité de production d´hydrogène à 10 GW /3/.
De plus, le gouvernement fédéral a introduit à partir de 2021 une taxe carbone sur les émissions des produits combustibles non couverts par le Système Européen d´Échange de Quotas d´Émissions de l´Union Européenne. Cette taxe vise à inciter le développement des technologies respectueuses de l´environnement.
Nouvel objectif – neutralité carbone à l´horizon de 2045
L´avancement de la date de neutralité carbone à 2045 implique une accélération du changement structurel par rapport à une année cible de 2050. Le gouvernement compte réduire les émissions de gaz à effet de serre de 65% d´ici 2030 par rapport à 1990, contre 55% auparavant, puis 88% d´ici 2040 avec l´intention d´atteindre en 2045 la neutralité carbone, soit cinq ans plus tôt qu´initialement prévu. Un avenant à la Loi sur la Protection du Climat, fixant le nouvel objectif, a reçu le feu vert du Parlement et du Conseil Fédéral (Bundesrat) fin juin 2021 /1/.
À partir d´une valeur initiale en 2020 de 813 Mt CO2éq laquelle correspond à peu près aux émissions de gaz à effet de serre en 2019, l´avenant à la Loi prévoit maintenant à l´horizon de 2030 un objectif de 438 Mt CO2éq/an, soit une réduction de 37,5 Mt CO2éq par an en moyenne. Cela signifie un facteur de 2,5 par rapport à la réduction entre 1990, 1250 Mt CO2éq, et 2019, 810 Mt Co2éq, soit 15 Mt CO2éq par an en moyenne. La part la plus importante des réductions supplémentaires d´ici 2030 sera supportée par le secteur énergétique (cf. figure 2) soit une réduction de 172 Mt CO2éq/an.
Figure 2 : réduction des émissions de gaz à effet de serre d´ici 2030 par secteur selon l´avenant à la Loi sur la Protection du Climat
Le gouvernement n´a pas encore précisé les mesures concrètes pour atteindre le nouvel objectif plus ambitieux. Une taxe carbone plus élevée et un développement plus rapide des énergies renouvelables, éolien et solaire, sont considérés comme des mesures d´accompagnement possibles. Pour plus de précisions il faudra attendre la formation du nouveau gouvernement après les élections fédérales en septembre 2021.
Compte tenu des réductions des émissions de gaz à effet de serre dans le passé (cf. figure 3) les nouveaux objectifs seront un défi important.
Figure 3 : réduction des émissions de gaz à effet de serre entre 2010 et 2020 par secteur /4/
Seuls les secteurs de l´énergie et du bâtiment ont réalisé des baisses d´émissions notables entre 2010 et 2019. Les émissions ont baissé d´environ 30%, soit de 110 Mt CO2éq/an, dans le secteur de l´énergie, cf. figure 3. La réduction drastique des émissions de gaz à effet de serre en 2020 est en grande partie due aux conséquences de la crise sanitaire, principalement dans les secteurs des transports et de l´énergie.
Propositions des mesures concrètes du Think Tank Agora Energiewende
Quasi concomitamment aux décisions du gouvernement allemand, le Think Tank Agora Energiewende a publié des propositions pour des mesures concrètes pour atteindre la neutralité carbone en 2045 /2/.
L´étude propose trois étapes vers la neutralité carbone :
- réduction des gaz à effet de serre à l´horizon de 2030
- au-delà de 2030, seules des technologies sans carbone seront implémentées dans l´industrie, l´électricité, le chauffage et les transports
- les 5% d’émissions de gaz à effet de serre non évitables provenant des usages difficilement décarbonables, agriculture et cimenteries, seront compensés par le déploiement des technologies à émissions négatives : puits de carbone naturels, forêts, sols…, et technologiques, captage et stockage du carbone.
Les principaux indicateurs et mesures pour la neutralité carbone en 2045 de l´étude d´Agora Energiewende sont résumés dans l´annexe 1.
L´étude énumère cinq stratégies centrales pour atteindre la neutralité carbone.
Stratégie 1 : Forte augmentation de la part des énergies renouvelables dans la production d´électricité
Dans le secteur énergétique qui comprend la production d´électricité et de chaleur, les raffineries et la fabrication de combustibles fossiles solides, les propositions d´Agora Energiewende /2/ sont axées sur l´augmentation de la part des énergies renouvelables à 70% minimum dans la production d´électricité, la décarbonation de la production de la chaleur à distance et l´accélération du déploiement de la production d´hydrogène par électrolyse.
La part des énergies renouvelables devrait représenter 70 % de la production d´électricité d’ici 2030 et presque 100 % au plus tard en 2045, cf. figure 4.
Pour atteindre une part de 70% des énergies renouvelables, et en tenant compte d´une hausse de la consommation brute de l´ordre de 50 TWh par rapport à 2019, ~ 590 TWh, il faudrait selon /2/ porter la capacité installée à 268 GW dont 150 GW photovoltaïque, 80 GW éolien terrestre et 25 GW éolien en mer.
La hausse de la consommation est due aux nouveaux consommateurs dans le cadre du «couplage sectoriel», c´est-à-dire une électrification des autres secteurs de l´économie, pompes à chaleur, véhicules électriques, production d´hydrogène par électrolyse, numérique.
Le doublement de la capacité actuelle des énergies renouvelables, 2020 : ~ 132 GW, en une décennie nécessite un boom de la construction sans précédent. À titre de comparaison, entre 2010 et 2020, l´augmentation annuelle moyenne de la puissance éolienne terrestre a été de 2,8 GW et celle du photovoltaïque 3,6 GW /5/. Il faudrait donc doubler l´ajout annuel de la capacité de l´éolien terrestre et tripler celle du photovoltaïque d´ici 2030.
À l´horizon de 2045, la consommation brute d´électricité pourrait augmenter à plus de 1000 TWh/an selon /2/ et la production nette d´électricité serait de l´ordre de 900 TWh. L´augmentation de la consommation d´électricité d´ici 2045 sera imputable pour environ 160 TWh aux transports, pour 150 TWh à la production d´hydrogène et pour environ 90 TWh à l’industrie.
La production serait neutre en carbone grâce à un parc d´énergies renouvelables de presque 610 GW, ~ 385 GW photovoltaïque, ~ 145 GW éolien terrestre et ~ 70 GW éolien en mer. Cela signifie encore un doublement par rapport à l´objectif de 2030, cf. figure 4.
Une tâche herculéenne dans la mesure où l´Allemagne persiste dans son hostilité vis-à-vis du nucléaire.
Figure 4 : puissance installée et production nette des énergies renouvelables selon /2/, la valeur de 2019 selon /5 /
Une puissance installée d´énergies renouvelables intermittentes de l´ordre de 600 GW peut causer des surplus de production importants. On s´attend à un certain lissage grâce à l´absorption du surplus de production par les électrolyseurs et les grands sites de stockage d´énergie dans les Alpes et en Scandinavie et à court terme par le stockage en batterie et la vente à la bourse. Une partie des pics de production volatile d´énergies renouvelables ne pourra être absorbée malgré l´augmentation de la flexibilité du système électrique.
Agora Energiewende suppose qu´il faudrait écrêter de l´ordre de 50 TWh de la production des énergies renouvelables en 2045, soit environ 5 % de la production totale, cf. figure 4.
Dans le même temps, la capacité des systèmes de stockage sera considérablement augmentée. Il s´agit notamment du stockage central par batterie, du stockage domestique associé à une installation photovoltaïque et aux véhicules électriques, vehicle to grid. Grâce à leur potentiel de gestion de la demande, ces systèmes de stockage apportent une contribution importante à l´intégration des énergies renouvelables et à la réduction des pics de la demande «résiduelle», c´est-à-dire non couverte par la production renouvelable.
Un autre pilier de la sécurité d´approvisionnement sera le développement des capacités d´interconnexion entre les pays.
La demande d´électricité en Allemagne varie actuellement entre environ 40 GW en été et 85 GW en situation de pointe en hiver. En revanche, on peut s´attendre à une augmentation de la pointe annuelle à environ à l´horizon de 2045 en raison des nouveaux consommateurs d´électricité. Selon les gestionnaires de réseaux /7/, la pointe annuelle pourrait atteindre 100 GW.
Selon Agora Energiewende /2/ il faudra à l´horizon de 2045 maintenir, pour suppléer aux carences des énergies renouvelables intermittentes, un parc de moyens pilotables en back-up, de l´ordre de 80 GW, dont notamment des centrales à gaz.
Une capacité de 20 GW supplémentaires à faible émission de CO2, centrales à gaz ou à cogénération, turbines à combustion, sera nécessaire d´ici à 2030 et 30 GW de plus d´ici à 2045. Ces centrales seront alimentées dans un premier temps par gaz naturel et à l´horizon de 2045 par l´hydrogène.
Cependant la construction de nouvelles centrales au gaz n´est pas rentable à l´heure actuelle et le gouvernement n´offre pas de sécurité aux investisseurs pour encourager le remplacement des centrales à charbon par des centrales à gaz. Même les 30 GW de centrales à gaz existants sont soumis à une pression économique considérable.
Pour l´avancement de la sortie du charbon à 2030, proposé par Agora Energiewende /2/, il serait nécessaire de rouvrir l´accord qui a été conclu, après des mois d´âpres négociations, avec les régions charbonnières et les énergéticiens.
Une autre option pour accélérer la sortie du charbon serait une hausse importante de la tonne de CO2 dans le cadre du système d´échange de quotas d´émission (SEQE) sur décision de l´UE. Agora Energiewende prévoit une augmentation du prix de la tonne de CO2 dans le cadre de SEQE à 52 €2019 en 2030 et à 80 €2019 en 2045 (voir annexe 1).
En revanche, l´Agora Energiewende n´a pas étudié l´impact sur le développement des réseaux d´électricité. Le développement des réseaux électriques ne suit pas actuellement le rythme de développement des énergies renouvelables et ceci sans tenir compte de l´accélération préconisée de leur développement. Selon la Cour des Comptes /8/, le planning accuse actuellement un retard de 5 ans qui pourrait encore augmenter.
Le développement massif des énergies renouvelables pose également un défi majeur aux gestionnaires de réseaux de distribution, car cette électricité est principalement injectée dans leurs réseaux.
Stratégie 2 : efficacité énergétique, la consommation d´énergie primaire sera réduite de moitié d´ici 2045 par rapport à 2018, en particulier dans le secteur du chauffage
Selon Agora Energiewende il faudrait baisser la consommation d´énergie primaire à environ 8600 PJ d´ici 2030, soit une réduction de 40% par rapport à 2008 contre les 30% actuellement prévus par le gouvernement. À l´horizon de 2045, la consommation d´énergie primaire baissera à environ 6500 PJ, soit – 55% par rapport à 2008. L´objectif actuel est une réduction de 50% par rapport à 2008 d´ici 2050.
Figure 5 : Objectifs de réduction de la consommation de l´énergie primaire, valeurs jusqu´à 2020 selon / 9 /
Suite à la crise sanitaire, la consommation énergie primaire a baissé à un niveau historique en 2020, soit 8% par rapport à 2019. L´objectif de la transition énergétique d´une réduction de 20% par rapport à 2008 a néanmoins été manqué /10/.
Stratégie 3 : couplage sectoriel – l´électricité remplace le pétrole et le gaz dans les secteurs des transports et du bâtiment
Le «couplage sectoriel», c´est-à-dire une électrification des autres secteurs de l´économie est le principal instrument pour leur décarbonation et baisser la consommation.
Agora Energiewende prévoit à l´horizon de 2030 un parc de 14 millions de voitures électriques, 6 millions de pompes à chaleur et une augmentation d´au moins 50% du taux de rénovation des bâtiments à 1,6% par an.
À titre de comparaison, l´objectif actuel à l´horizon de 2030 est un parc de 7 à 10 millions de véhicules électriques, 3 à 4 millions de pompes à chaleur et une production d´hydrogène « vert » d´environ 14 TWh. Jusqu´à maintenant le taux de rénovation des bâtiments s´est élevé à environ 1% par an /11/.
Le taux de rénovation annuel moyen du bâtiment devrait passer à près de 1,75 % entre 2030 et 2045.
Dès 2032, la vente de véhicules essence et diesel neufs sera interdite. D´ici 2045, la quasi-totalité des véhicules à moteur thermique seront remplacés par des voitures électriques. Le transport routier sera également assuré presque exclusivement par des véhicules à batterie ou des véhicules reliés aux caténaires ou des véhicules à pile à combustible hydrogène dès 2045, tout comme les bus et les trains.
L´installation progressive des systèmes de chauffage décarbonés et le raccordement des bâtiments aux réseaux de chaleur à distance permettront d´éviter presque totalement les émissions de CO₂ du secteur du bâtiment. Entre 2030 et 2045, le nombre total de pompes à chaleur sera porté à 14 millions.
Stratégie 4 : hydrogène – pour garantir la sécurité d’approvisionnement du système énergétique et créer une industrie neutre en carbone
À partir de 2030 le gaz naturel sera successivement remplacé par l´hydrogène et des combustibles synthétiques, cf. figure 6.
Figure 6 : besoins en hydrogène et combustibles synthétiques selon Agora Energiewende /2/
Un déploiement de l´ordre de 63 TWh d´hydrogène « vert » est prévu d´ici à 2030. Environ la moitié de cette quantité d´hydrogène sera employée pour la décarbonation de l´industrie.
Il faudrait donc accroitre la capacité de production d´hydrogène à 10 GW à l´horizon de 2030, soit une production d´hydrogène « vert » d´environ 19 TWh. Environ 44 TWh d´hydrogène seront importés.
À l´horizon de 2045 les besoins d´hydrogène et combustibles synthétiques sont estimés à 422 TWh par an dont presque 80% seront importés.
Stratégie 5 : CCS (Carbon Capture and Storage), à partir de 2030 mise en place d´une infrastructure de captage et stockage du carbone
L´avenant à la Loi sur la Protection du Climat s´appuie sur l´augmentation des puits de carbone naturels, comme les forêts, permettant de capter du CO2, ou les sols), pour compenser les émissions résiduelles. Les contributions des puits de carbone naturels sont définies dans l´avenant à la loi pour les années 2030, 2040 et 2045, soit au moins 25 Mt CO2éq en 2030, 35 Mt CO2éq en 2040 et 40 Mt CO2éq en 2045 /1/. Selon Agora Energiewende, la contribution des puits de carbone naturels serait seulement de 11 MtCO₂eq en 2045 (voir annexe 1).
Agora Energiewende estime les émissions résiduelles en 2045 à environ 63 Mt CO2éq, environ 5% des émissions en 1990, dont 65% dans le secteur de l´agriculture et 22% dans le secteur de l´industrie. Les autres secteurs, bâtiments, déchets et énergie, contribuent à environ 13%.
L´élimination de ces émissions résiduelles nécessite la prise en compte des technologies à émissions négatives, cf. figure 7.
Figure 7 : émissions résiduelles et leur élimination grâce aux technologies à émissions négatives à l´horizon de 2045
La réduction des émissions et la séquestration de CO2 seraient donc principalement effectuées via des puits technologiques, cf. figure 7 :
- bioénergie avec captage et stockage du carbone, en anglais BECCS : Bioenergy with Carbon Capture and Storage, processus consistant à extraire le CO2 de la bioénergie produite à partir de la biomasse et le stocker dans des formations géologiques appropriées
- captage direct dans l´air et stockage du carbone, en anglais DACCS : Direct Air Carbon Capture and Storage, ce qui consiste à extraire le CO2 de l´air ambiant à l’aide d´absorbants liquides ou solides et à le stocker dans des formations géologiques appropriées
- captage du CO2 par transformation en polymère organique. Les matières premières « vertes » naphta ou autres hydrocarbures seront produites avec du CO₂ capté dans l’air ou à partir de la biomasse.
Estimation des coûts
L´étude /2/ ne contient pas d´estimation des coûts. Lors du séminaire du 20 mai 2021 “Neutralité climatique d'ici 2045 : qu'est-ce que cela signifie pour l'Allemagne ? Qu'est-ce que cela signifie pour le contrat vert de l'UE ?” un investissement additionnel de l´ordre de 75 Md € par an a été évoqué /12/.
L´étude de Boston Consulting Group (BCG) et Prognos AG /13/ pour le compte de la Fédération de l´Industrie Allemande modélise des trajectoires climatiques jusqu´en 2050 en prenant en compte de manière détaillée les cinq secteurs suivants : industrie, transports, ménages/commerce/artisanat, énergie/transformations énergétiques et agriculture/déchets.
La réalisation des objectifs climatiques nécessiterait des investissements supplémentaires de 2300 Md € dans le scénario « 95% » entre 2015 et 2050, soit une moyenne d´environ 70 Md € par an. Un avancement à 2045 de la neutralité carbone portera les coûts à environ 80 Md € par an soit le même ordre de grandeur que l´estimation d´Agora Energiewende. En pourcentage du PIB, 3450 Md € en 2019, ces dépenses représentent une part d´environ 2,3% /an.
Conclusion
L´avenant à la Loi sur la Protection du Climat instaure un cadre pour les prochaines années et décennies. Il est toutefois regrettable que l´Allemagne ne mène pas une politique climatique en coordination avec ses partenaires européens et fasse cavalier seul.
Avec le nouvel objectif climatique, le gouvernement a considérablement augmenté les contraintes imposées aux citoyens et aux entreprises. La protection du climat et la transition énergétique seront certainement des sujets clés de la campagne électorale en vue des élections fédérales fin septembre 2021. Le nouveau gouvernement devra ensuite définir des mesures concrètes.
Les défis sont gigantesques, à la limite de la faisabilité et de l´acceptabilité sociétale. Les ambitions de l´Energiewende seront à l´épreuve des faits dans les prochaines années, il est donc important de suivre l´avancement de près.
Annexe 1 : Principaux indicateurs pour la neutralité carbone en 2045 selon Agora Energiewende /2/
Références
/1/ Allemagne-Energies (2021) Le Conseil des Ministres allemand adopte le 12 mai 2021 le projet révisé de la Loi Fédérale sur la Protection du Climat (Bundes-Klimaschutzgesetz) suite au jugement de la Cour Constitutionnelle Fédérale, en ligne : https://allemagne-energies.com/2021/05/13/le-conseil-des-ministres-allemand-adopte-le-12-mai-2021-le-projet-revise-de-la-loi-federale-sur-la-protection-du-climat-bundes-klimaschutzgesetz-suite-au-jugement-de-la-cour-constitutionnelle-feder/
/2/ Agora-Energiewende (2021) Towards a Climate-Neutral Germany by 2045, en ligne : https://www.agora-energiewende.de/en/publications/towards-a-climate-neutral-germany-2045-executive-summary/
/3/ Bundesregierung (2020) Le gouvernement fédéral adopte une stratégie hydrogène. Bundesregierung Deutschland. En ligne : https://www.bundesregierung.de/breg-fr/actualites/wasserstoffstrategie-kabinett-1758986
/4/ UBA (2021) Treibhausgas-Emissionen, Umweltbundesamt (Agence fédérale de l´Environnement), en ligne : https://www.umweltbundesamt.de/themen/klima-energie/treibhausgas-emissionen
/5/ BMWi (2021) Zeitreihen zur Entwicklung der erneuerbaren Energien in Deutschland. Informationsportal Erneuerbare Energien. Bundesministerium für Wirtschaft und Energie. En ligne : https://www.erneuerbare-energien.de/EE/Navigation/DE/Service/Erneuerbare_Energien_in_Zahlen/Zeitreihen/zeitreihen.html.
/6/ Allemagne-Energies (2021) Bilan 2020 de l´éolien en Allemagne, en ligne : https://allemagne-energies.com/2021/02/08/bilan-2020-de-leolien-en-allemagne/
/7/ BNetzA (2020) Bundesnetzagentur genehmigt Szenariorahmen Strom 2021-2035. Communiqué de Presse du 26.06.2020. Bundesnetzagentur. En ligne : https://www.bundesnetzagentur.de/SharedDocs/Pressemitteilungen/DE/2020/20200626_Szenariorahmen2021-2035.html?nn=265778
/8/ Allemagne-Energies (2021) La Cour des Comptes allemande critique à nouveau la transition énergétique du gouvernement fédéral, en ligne : https://allemagne-energies.com/2021/04/06/la-cour-des-comptes-allemande-critique-a-nouveau-la-transition-energetique-du-gouvernement-federal/
/9/ AG Energiebilanzen (2021) Energieverbrauch in Deutschland im Jahr 2020, en ligne : https://www.ag-energiebilanzen.de/
/10/ Allemagne-Energies (2021) Allemagne – l´essentiel des résultats énergétiques 2020 sous l´influence de la crise sanitaire, en ligne : https://allemagne-energies.com/2021/01/08/allemagne-lessentiel-des-resultats-energetiques-2020-sous-linfluence-de-la-crise-sanitaire/
/11/ BMWi (2021) Achter Monitoring-Bericht « Energie der Zukunft ». Bundesministerium für Wirtschaft und Energie, éd. En ligne : https://www.bmwi.de/Redaktion/DE/Publikationen/Energie/achter-monitoring-bericht-energie-der-zukunft.html
/12/ Agora-Energiewende (2021) Climate Neutrality by 2045: What does this mean for Germany? What does it mean for the EU Green Deal?, en ligne : https://www.agora-energiewende.de/en/publications/climate-neutrality-by-2045/
/13/ BCG et Prognos (2018) Klimapfade für Deutschland. Bundesverband der Deutschen Industrie e.V. (BDI), éd. Bonston Consulting Group; Prognos AG. En ligne : https://bdi.eu/publikation/news/klimapfade-fuer-deutschland/
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