04-12-2014
L'Allemagne devrait, pour se relancer, dégager 8 milliards d'euros à mettre dans des investissements divers.
Crédit Photo : Shutterstock
Gouverner c'est prévoir
S'il est pourtant une période où les décisions qui engagent les États doivent anticiper l'évolution du contexte géopolitique et stratégique, c'est bien ce début de XXIe siècle, témoin de bouleversements dont bien peu avaient été anticipés.Ce manque d'anticipation pour gérer la crise que traverse l'Europe est susceptible de la faire définitivement disparaître de la scène mondiale.
Et prévoir c'est un métier
Loin des postures ou des clivages, France Stratégie est l'organisme référent dans le domaine de la réflexion et de l'expertise concernant l'analyse de la situation et des solutions privilégiées. À la demande d'Emmanuel Macron et de Sigmar Gabriel, vice chancelier allemand, Jean Pisani-Ferry, commissaire à France Stratégie et Henrik Enderlein viennent de rendre leur rapport proposant au couple franco allemand des actions tendant à lui permettre de redevenir le moteur de la croissance européenne.Côté français, des mesures d'assouplissement des conditions d'embauche et d'autres, concernant l'évolution de la formation et de l'assurance chômage ont été proposées.
La réduction des dépenses publiques est préconisée, tandis que l'Allemagne devrait augmenter ses investissements.
Mais Sigmar Gabriel a émis des doutes sur la possibilité de dégager les 8 milliards annuels préconisés par le rapport.
L'énergie, au cœur du problème
L'énergie, qui est la condition première du développement des nations, n'échappe pas à la nouvelle donne mondiale. Dans ce domaine aussi, « les faits ont démenti les anticipations sur lesquelles cette politique avait été construite », comme le remarquait France Stratégie.Comment ne pas faire un parallèle entre ces 8 milliards qui manquent à l'Allemagne, pour relancer la croissance européenne, avec les 20 milliards d'euros de surcoût annuel de ses énergies renouvelables ?
L'« Energiewende » ou transition énergétique allemande est pourtant désormais considérée comme un échec et une folie par Sigmar Gabriel.
Le graphique ci-dessous montre que le coup de frein brutal de cette politique (voir, plus bas, les raccordements photovoltaïques) n'empêche pas la facture de continuer à s'envoler sous la seule pression des contrats déjà engagés, pour atteindre 23.6 milliards en 2014.
La dictature refuse au peuple le droit de se mêler de ce qui le regarde. Mais la démocratie peut l'obliger à décider pour des problèmes où il n'entend rien.
Les promesses électorales ou calculs politiques de tous ordres n'en deviennent que plus figés et moins connectés au réel.
On connait les risques de vouloir « faire évoluer les choix politiques ».
Des problèmes qui étaient clairement identifiés
Il pourrait, cependant, être édifiant de (re)lire ce qu'écrivaient les experts de la question que sont les commissaires de France Stratégie dans leur rapport de janvier, sur « la crise du système électrique européen », sous la direction de Jean Pisani-Ferry.
Ce rapport tire, en effet, à boulets rouges sur la politique énergétique européenne qui menace à la fois la sécurité d'approvisionnement, la croissance économique et choisit des technologies « qui sont parmi les plus chères et les moins agissantes sur le changement climatique ».
« Trois principales technologies renouvelables ont gagné en diffusion : l'éolien, le photovoltaïque et la biomasse. Reconnaissons qu'aucune de ces technologies ne peut avoir de réel impact sur le changement climatique » (p75)
« Si l'UE souhaite continuer sur la voie d'un développement rapide des énergies renouvelables actuelles, alors il sera nécessaire de mettre en place des subventions permanentes pour ces technologies et de développer des marges de capacité plus importantes pour répondre à l'intermittence. L'UE devra accepter le fait qu'elle n'accueillera pas d'industries fortement consommatrices d'énergies et que les consommateurs devront faire face à des factures d'énergie élevées»....
Le problème du développement (actuel) des énergies renouvelables est qu'il est probablement inabordable.Toute politique énergétique doit réunir deux critères : «les clients doivent pouvoir payer ; et s'ils le peuvent, ils doivent voter pour des hommes politiques qui vont les forcer à payer. La ruée vers les énergies renouvelables ne remplit vraisemblablement aucun de ces deux critères». (p81)
Pourtant, pour « sauver la planète » et au nom d'une certaine « croissance verte », la loi sur la transition énergétique vient d'introduire tout un arsenal de dispositions permettant d'accélérer les procédures d'implantation d'éoliennes au détriment de nombreuses consultations.
Bien sûr, que nous avons voté pour des hommes politiques qui vont nous forcer à payer. Si toutefois nous le pouvons.
Mais toutes ces données du problème avaient elles bien été éclairées?
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