PUBLIÉ LE 11/09/2015
Nicolas Totet
Une plainte pour « prise illégale d’intérêt » autour d’un projet éolien dans la Somme fait l’objet d’une enquête de gendarmerie. Une de plus après la procédure engagée dans l’Aisne.
Les plaintes se succèdent en Picardie contre des projets éoliens. Après le département de l’Aisne, au tour de la Somme de connaître sa première plainte au pénal « Dans notre département aussi, certains élus pourraient être concernés par des procédures de prise illégale d’intérêt », prédisait ainsi Jean-Marie Desachy, opposant féroce aux éoliennes (Courrier picard du 24 avril dernier). Le retraité de Lamaronde, à l’ouest d’Amiens, ne pouvait pas mieux dire.
Me Grégoire Frison a, en effet , déposé une plainte début juillet auprès du procureur de la République d’Amiens, pour prise illégale d’intérêt, au nom d’un collectif anti-éolien de Rouvrel (dans la Somme) et de plusieurs agriculteurs s’estimant lésés par les pratiques.
La Préfecture informée de la procédure
Une copie de la plainte a été adressée à la Préfecture d’Amiens qui instruit le dossier du promoteur sur le plan administratif et qui « doit rendre un arrêté dans les deux mois », précise l’avocat amiénois. Lequel représente dans cette affaire onze particuliers de Fouencamps, Rouvrel, Dommartin et Moreuil et de l’association Vent debout. Les plaignants reprochent au promoteur, d’avoir démarché des propriétaires fonciers, pour certains élus locaux, en pleine procédure de remembrement de terres. Le projet de la ferme éolienne de l’Argillière prévoit quatre éoliennes sur le territoire de Rouvrel, trois sur Dommartin, une sur Hailles et deux sur Morisel. La plainte vise des membres de la commission intercommunale d’aménagement foncier, dont le Conseil général de la Somme avait modifié la composition en février 2012. Des gendarmes locaux ont commencé à entendre des plaignants la semaine dernière.
Ce projet de dix éoliennes de plus de 90 mètres de haut pour une production annuelle estimée à 92 000 MW/h, a fait l’objet d’une enquête publique du 7 avril au 7 mai 2015 « Lors de l’enquête publique, les requérants ont constaté avec surprise que les parcelles de membres de la commission du foncier, ou certains de leurs proches, avaient été retenues et des promesses de baux établies à leur profit dans le cadre du projet d’Energie team », argumente Me Frison « (…) la société Energie Team aurait pu faire plaisir à plusieurs propriétaires ; cela aurait été plus équitable pour tout le monde et plus juste. Je suis intervenu à plusieurs reprises, elle n’en a pas tenu rigueur », a ainsi reproché dès l’enquête publique, le maire de Rouvrel, Jean-Maurice Leroy « La concomitance des tractations et les prospections d’Energie Team aux opérations de remembrement constituent à elles seules une suspicion légitime de conflits d’intérêt », étaye encore l’avocat. Trois membres de la commission, intéressés à eux trois par sept des dix éoliennes, sont directement visés par la plainte. Un profit espéré « en défaveur de l’intégralité des membres du village qui ne subiront que les nuisances ». Plusieurs mis en cause dans la procédure ont été contactés par le Courrier picard mais ne nous ont pas répondu pour le moment.
Un opposant à l’éolien de la Somme dépasse le litige premier de Louvrel, pour analyser tout ce qui se trame autour de l’éolien « Il y a un tel appétit d’argent. L’éolien, c’est une énergie financière et non pas écologique. Ce type d’affaire montre les pratiques opaques, le business, la marche forcée proposée à des élus qui se laissent parfois embarquer. Les éoliennes, c’est beaucoup d’argent pour quelques-uns et beaucoup de nuisances pour tous les autres. Dans les villages, elles ne soufflent que la zizanie », milite ce Samarien, en verve pour dénoncer, selon lui, une mystification d’envergure.
Dans sa dernière livraison, sous le titre Éoliennes le scandale, Le Figaro magazine ne dit pas autre chose, en dénonçant, défiguration des paysages, dépréciation immobilière, corruption et dégâts sanitaires. Malgré les doutes persistants, le gouvernement compte doubler le nombre d’éoliennes sur le territoire d’ici cinq ans. Et la Picardie resterait l’une des régions les plus peuplées de pâles géantes.
Deux cents plaintes possibles
Vingt et un élus locaux ont été identifiés dans un premier temps, suspectés de prise illégale d’intérêt, selon Stop éolien 02 qui a déposé plainte une première fois en mars auprès des procureurs de Laon et de Saint-Quentin. Une quarantaine d’autres se sont succédé avant l’été « Les enquêtes suivent leur cours », disent les parquets laconiques. La présidente de Stop éolien va beaucoup plus loin, en parlant de plus de 200 plaintes possibles rien que dans le nord de l’Aisne « C’est vrai que des agriculteurs intéressés par les loyers sont venus me faire pression pour que j’accepte », témoigne aujourd’hui le maire de Lehaucourt, Raymond Froment (FDG) l’un des premiers à avoir accueilli onze éoliennes sur son territoire en 2007.Commentaire: Qui peut croire un seul instant qu'en Champagne Ardenne, 1ère région de France en Mw installés, les «choses» se passeraient différemment?.... Encore un peu de patience...
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